Face au régime Macron et son monde : quelle grève gagnante ? pour quels objectifs ?

Déborder les directions syndicales, sortir du cadre, aller plus loin que la question des retraites, inclure le climat et l’écologie...

samedi 29 février 2020, par Camille Pierrette.

Commençons par cet article : Pour gagner contre Macron et sa réforme
Coordonner des grévistes isolés ou œuvrer à la grève massive et reconductible ?
- Après l’annonce par l’intersyndicale d’une prochaine date de mobilisation le… 31 mars, il semble évident que ce n’est pas du côté des directions syndicales qu’il faudra attendre un plan de bataille sérieux. La question de la coordination des secteurs prêts à aller vers une véritable grève interprofessionnelle capable de faire plier le gouvernement se pose donc légitimement. Mais il faut encore savoir comment et autour de quelles tâches.

Mieux vaut tard que jamais comme on dit....
Il était pourtant certain que le régime Macron ne plierait pas comme ça. Malgré l’expérience des lois « Travail », l’échec des grèves SNCF de 2018, malgré la répression des gilets jaunes, on dirait que les syndicats et la plupart des syndiqués n’ont pas voulu en tenir compte jusque là, répétant des formes qui ne peuvent pas gagner. Ils s’imaginaient peut-être vivre en démocratie ou que Macron allait les entendre ?

La « recette », on la connaît depuis longtemps et en tout cas depuis cet automne :

  • s’organiser horizontalement à tous les échelons (national, régional, local) en dehors des directions syndicales
  • organiser une grève reconductible, longue si besoin, de secteurs clés qui bloquent sérieusement l’économie : transports, énergie, raffineries, ports... (soutenus par des gilets jaunes, des jeunes et d’autres secteurs en grève, qui peuvent récolter des sous, soutenir les piquets de grève et les blocages, empêcher les services « minimums » abusifs et les brisages de grève divers)
  • multiplier les discussions, les débats, les assemblées pour approfondir nos objectifs, notre réflexion et notre conscience collective
  • avoir des exigences qui dépassent très largement le retrait de la contre-réforme retraites
  • Si besoin, multiplier les coupures (de gaz, électricité...)

Avec tout ça normalement il n’y aurait même pas besoin de multiplier les manifs ou les émeutes, ni que les travailleurs et autres en reviennent aux anciennes méthodes du sabotage.

Déborder les directions syndicales, sortir du cadre, aller plus loin que la question des retraites, inclure le climat et l’écologie...

L’autre raison pour laquelle il faudrait faire cette grève reconductible (qui passe complètement à la trappe, alors qu’elle est sans doute encore plus importante que la question des retraites), et la faire avec des exigences très élargies, c’est pour l’écologie et le climat.
Il serait grand temps que les travailleurs des secteurs clés de l’économie s’interrogent en profondeur sur leur avenir et celui du vivant, car il n’y aura ni retraites, ni salaires, ni sécurité sociale, ni chômage sur une planète morte transformée en étuve.

Il serait grand temps de sortir du cadre, de ne plus se contenter d’éventuels non-reculs des conquis sociaux, de ne pas se contenter de quelques miettes supplémentaires, même grosses comme en 68.
Les syndiqués et travailleurs des secteurs clés de l’économie doivent à présent participer pleinement aussi à la lutte contre le capitalisme et la civilisation industrielle qui détruisent à vitesse grand V le climat, le vivant, et les bases même de la vie, l’attaque contre nos conditions d’existence ne se fait pas seulement dans le domaine social et politique.
De toute façon, tout est lié, c’est le même système mortifère qui détruit les écosystèmes et des retraites décentes pour tous.

J’invite donc les syndiqués et travailleurs des secteurs clés de l’économie à :

  1. se rendent compte de leur pouvoir énorme de bloquer l’économie, et en particulier les secteurs polluants/destructeurs
  2. remettre en cause profondément le capitalisme, la Croissance, la propriété privée des moyens de production et le travail si ce n’est pas déjà fait, pour pouvoir imposer les transformations radicales indispensables à la préservation d’une planète à peu près habitable pour tous.

Les syndiqués et travailleurs des secteurs clés de l’économie doivent être en première ligne pour abattre le capitalisme (ou le mettre en laisse très courte) et pour sortir de la civilisation industrielle. Au lieu de freiner l’arrêt ou la conversion de certains secteurs pour garder des emplois, ils doivent plutôt accélérer les choses, en imposant par la grève concertée, forte et longue une transformation radicale de l’emploi et de la répartition des richesses, ce dans l’optique écologiste d’une production soutenable limitée aux besoins essentiels définis collectivement.
En sachant que forcément il faudra viser une forme de décroissance, de sobriété conviviale, où la consommation et l’avoir sont remplacés par le partage et la qualité de vie, où les hautes technologies seront remplacés par du low tech, etc.
Non seulement relocaliser, mais démanteler le capitalisme et la plupart des structures industrielles.
On n’a pas le choix, pour notre avenir, celui de nos enfants et du vivant en général, pour le présent des animaux et humains détruits ou opprimés, on ne peut plus se contenter d’attendre, de demander aux gouvernants, de rêver au capitalisme dit « vert ».

Il faudra à tout prix éviter de s’embourber dans les illusions suicidaires du développement durable, de l’économie circulaire et autres avatars du capitalisme.

Bref, les raisons de faire grève et de se révolter ne manquent pas. Le tout est de creuser les objectifs et les modes d’actions, afin d’éviter tout retour à la normale, afin que les rebelles se coordonnent sérieusement et imposent à temps aux systèmes totalitaires et aux minorités oligarchiques une bifurcation résolue vers des mondes viables et vivables pour toutes et tous.

Dit autrement, la plupart des travailleurs n’arrivent pas vraiment à remettre en cause l’économie, ses dogmes du travail et de la croissance, et au contraire réclament des emplois et du développement économique, sans se rendre compte qu’ils réclament ainsi plus d’épaisseurs à leurs chaînes et demandent la poursuite du désastre écologique et climatique qui les affecte en premier.
Ayant intériorisé leur rôle et n’ayant que le travail pour vivre et être valorisés socialement, les opprimés par l’économie en viennent à glorifier leur capacité à supporter n’importe quel travail sans broncher ni faire grève.
C’est là qu’on voit la puissance de la propagande et des conditionnements, la force destructrice de la lutte quotidienne pour la survie qu’imposent les conditions inhumaines du capitalisme et de la civilisation industrielle.
Sans doute aussi que c’est un moyen pour les exploités de sauver la face et de supporter l’oppression.
Il faudra briser ce cercle vicieux si on souhaite vraiment un changement radical au niveau social et écologique.

- A lire pour plus de développements sur ces questions :

P.-S.

- Voici une sélection d’articles pour étayer et renforcer ces propos :

- Et aussi :


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