Etat d’urgence sanitaire : les violences policières continuent dans les quartiers populaires

Arrestations arbitraires, tabassages, insultes...

vendredi 27 mars 2020, par Auteurs divers.

ETAT D’URGENCE SANITAIRE : BARBARIE POLICIERE EN BANLIEUE

Texte et vidéo par Sihame Assbague

« Violences policières, encore. Cette fois, ça se passe aux Ulis (91), le 24 mars 2020. Sur cette vidéo, Sofiane, 21 ans, violemment interpellé par des agents de la BAC. Livreur pour Amazon, il sortait du domicile de son père & se rendait au travail.

Sur sa route, Sofiane aperçoit des policiers. « Pris de panique » parce qu’il a oublié son attestation, il rebrousse chemin & se met à courir. Les agents se lancent à sa poursuite & finissent par le rattraper. La suite est sur la vidéo. « Ils l’ont défoncé » raconte un témoin.

La mère de Sofiane ne décolère pas : « Il n’avait pas à fuir, d’accord, mais ça ne justifie pas toute cette violence. Ils l’ont tabassé, torturé. On nous parle de dialogue. C’est ça, le dialogue ? Et pourquoi l’emmener sous le porche ? Pourquoi ? »

La colère est d’autant plus grande que la maman elle-même a été contrôlée et verbalisée...alors qu’elle emmenait son fils à l’hôpital pour les blessures infligées par des policiers. Il faut s’imaginer cette scène. « On nous a traités comme des moins que rien » raconte-t-elle.
« On ne peut pas laisser passer ça, on peut pas accepter cette violence. » La mère de Sofiane a décidé de porter plainte. Pour lui & pour toutes les autres victimes de violences policières. Aux Ulis (mais pas que), l’état d’urgence sanitaire semble avoir exacerbé les tensions. »

Etat d’urgence sanitaire : les violences policières continuent dans les quartiers populaires

SEINE SAINT DENIS : FRAPPÉE ET TASÉE PAR LA POLICE ALORS QUELLE FAIT LES COURSES

Cette histoire, accablante, a eu lieu dès le début du confinement. A Aubervillier, en Seine-Saint-Denis, une jeune femme noire, Ramatoulaye, a subi de graves violences policières alors qu’elle allait faire des courses pour son enfant et son petit frère. Des coups et un tir de Taser qui lui vaudront 5 jours d’ITT, sans aucun motif valable. Cette affaire n’est pas isolée : dans les quartiers, la police se comporte comme une armée d’occupation. Un comportement raciste et violent, qui s’est aggravé avec la crise du Coronavirus.

« J’étais juste sortie faire des courses pour nourrir mon bébé ». Cette phrase Ramatoulaye B., 19 ans, la répète de façon lancinante. Jeudi 19 mars 2020, il est dans les environs de 16 h lorsqu’elle sort faire des courses près de son domicile à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

Sur le chemin du retour, alors qu’elle ne se trouve plus qu’à quelques mètres de chez elle, une patrouille de police décide de contrôler son attestation de dérogation de sortie, dans le cadre du confinement lié à la propagation du coronavirus Covid-19.

A la suite de ce contrôle musclé, la jeune femme se voit prescrire cinq jours d’incapacité temporaire totale (ITT). Quatre jours après les faits, la colère est toujours là.
« Je veux témoigner parce que ce qui m’est arrivé aurait pu arriver à n’importe qui et ce n’est pas juste ! »
Le cas de Ramatoulaye B. ne semble pas isolé. Depuis la mise en place des mesures de confinement, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux ont dénoncé des contrôles policiers musclés, notamment dans les quartiers populaires. Contactée, la préfecture de police n’a pas répondu à nos sollicitations.

Sortie faire des courses

Ce jour jeudi là, Ramatoulaye B. était sortie faire des courses pour son fils, un nourrisson âgé de seulement quelques mois.« Il n’y avait plus rien à manger pour lui, il fallait absolument que je sorte ! », se justifie-t-elle. Elle se rend donc au magasin le plus proche, accompagnée de son petit frère de sept ans. De retour rue Lopez Jules et Martin, le caddie chargé de courses, ils croisent une patrouille de police qui leur demande leur attestation de sortie.

Sauf que cette attestation, Ramatoulaye B. ne l’a pas imprimée. « J’avais mon attestation écrite. Je devais passer au taxiphone pour l’imprimer mais il était fermé. Un autre policier, que j’avais croisé plus tôt, m’avait affirmé que l’attestation manuscrite était suffisante », raconte-t-elle, toujours dépassée.

« Ils m’insultent devant mon petit frère »

Très vite, le ton monte entre les policiers et la jeune femme, qui selon elle, n’a pas le temps de s’expliquer. « Tout de suite, ils se mettent à m’insulter devant mon petit frère », relate-t-elle. Selon la jeune femme, des insultes fusent. « Sale pute » et « pétasse », sont lancés de la part des policiers.
Face à la situation, elle admet alors perdre son sang-froid. « Je ne comprenais pas comment on en était arrivé là. J’étais juste sortie faire des courses », rappelle celle qui, aujourd’hui encore, n’a toujours pas compris ce qu’elle avait fait de mal.
Un coup de taser à la poitrine

Ramatoulaye B. est alors seule, face à huit policiers, dont deux qui s’occupent de son petit frère, pris à part. Alors qu’elle ne semble démontrer aucune violence à leur encontre, elle reçoit un coup de taser à la poitrine.

Sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le cri de la jeune femme déchire le silence au moment de l’impact. Elle est ensuite plaquée au sol par un autre policier avant d’être embarquée dans le fourgon de police.

Sauf que pour Ramatoulaye B., les coups ne s’arrêtent pas là. « Dans le camion, ils ont continué à me donner, cette fois-ci, des coups de pieds en me disant que j’étais « une petite merde » ». Arrivée au commissariat, elle passera une heure en cellule avant d’être relâchée.

« Je ne sais même pas pour quel motif j’ai été arrêtée ! »
A sa sortie du commissariat, la jeune femme décide de se rendre chez le médecin pour faire constater ses blessures. Sur le certificat qu‘Actu Seine-Saint-Denis a pu consulter, il est stipulé que « l’examen médical met en évidence un trauma épaule gauche et poignet droit, des hématomes et des douleurs de la cuisse gauche » dans le cadre de « coups et blessures volontaires« . Un état qui, selon le médecin, nécessite cinq jours d’ITT.

Quatre jours après, Ramatoulaye confie avoir « des difficultés à dormir la nuit » suite à ces événements. Son petit frère, qui a assisté à la scène, est selon, elle, « traumatisé ». Ce lundi, elle souhaitait déposer plainte au commissariat de police. « Mais on m’a dit qu’avec le coronavirus, tout se faisait ligne ».

(post et image de Nantes Révoltée)
Article : https://actu.fr/ile-de-france/aubervilliers_93001/coronavirus-seine-saint-denis-est-tasee-frappee-ne-pas-avoir-montre-attestation_32488961.html

La vidéo de l’agression : https://twitter.com/nader2Binks/status/1240660649572786177 ?

P.-S.

- voir aussi : Verba­lisé (parce que)


Forum de l’article

  • Etat d’urgence sanitaire : les violences policières continuent dans les quartiers populaires Le 14 novembre 2020 à 19:03, par Auteurs divers

    - Lettre à Jérôme, mon frère, paysan tué par un gendarme - En 2017, l’éleveur Jérôme Laronze était abattu par un gendarme. À l’occasion de ce qui aurait du être son quarantième anniversaire, sa sœur Marie-Pierre rappelle ses combats, l’engrenage infernal ayant conduit à son homicide, le poids des normes. Et s’interroge : « Quels crimes avais-tu commis pour justifier le recours à des hommes armés pour de simples contrôles administratifs ? »

    Répondre à ce message

  • Etat d’urgence sanitaire : les violences policières continuent dans les quartiers populaires Le 14 novembre 2020 à 19:02, par Auteurs divers

    Novembre 2020 : « Le policier m’a dit : "si tu bouges, t’es mort" » : deux collégiens grenoblois portent plainte contre des agents de police - Deux collégiens assurent avoir été pris en chasse et frappés par plusieurs membres des forces de l’ordre, mardi 3 novembre, à la sortie de leur établissement, à Grenoble. Soutenues par les professeurs, les familles des élèves ont porté plainte contre des policiers.
    (...)
    « Presque que tous les professeurs du collège nous ont accompagné au commissariat, sourit Lahouaria Khacir. Au début, j’avais hésité à porter plainte. Mais quand je me suis rendu compte qu’en plus le policier lui avait demandé ses origines, qu’il lui a dit : ’Je vais te mettre dans une cave’, j’ai trouvé ça vraiment choquant. Je suis très en colère. »

    « Comment le fait de ne pas porter un masque et de prendre peur a-t-il pu déchaîner une telle violence ? Serait-ce parce qu’ils vivent dans un quartier populaire qu’ils sont ainsi les premiers contrôlés et stigmatisés dans le contexte politique et sanitaire actuel ? », se sont à leur tour indignés les enseignants, dans leur communiqué. Contactée ce jeudi, la direction départementale des services de police n’a pas souhaité communiquer.

    Répondre à ce message

  • Etat d’urgence sanitaire : les violences policières continuent dans les quartiers populaires Le 30 mars 2020 à 13:13, par Camille Z

    LA POLICE EN ROUE LIBRE PENDANT LE CONFINEMENT
    Témoignage hallucinant d’un employé de Santé Publique France victime de bavure policière. Informaticien, il gère les serveurs de cette structure de santé, et notamment pour les épidémiologistes qui luttent face au Covid. Il a donc un laisser passer pour se déplacer pour son travail. Jeudi soir, il rentrait d’une mission chez lui. La police l’interpelle et le verbalise : son autorisation n’était pas complète (il manquait l’année de naissance) et la date du laisser passer n’était plus la bonne (minuit venait tout juste de passer !). S’ensuit des insultes : « tête de con », mais surtout « Sale arabe », une amende et 7 points de permis en moins (pour usage de téléphone au volant, alors qu’il était garé) et des menaces de GAV s’il ne rentrait pas de suite chez lui. H. a accepté de témoigner. Si son employeur va intervenir pour faire annuler la première amende (sortie pour non confinement), il se retrouve seul pour se battre sur les points de permis supprimés, sur les insultes et les menaces.

    Plus que jamais, le climat de peur et le régime d’exception instauré par l’état donne des ailes aux membres les plus violents et racistes des forces de l’ordre. Ils se sentent encore plus qu’avant protégés par une impunité totale au plus haut niveau du pouvoir. A juste titre malheureusement. C’est donc par la base, et tous ensemble, qu’il faudra riposter.

    Post et VIDEO de Cerveaux non Disponibles

    Répondre à ce message

Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
[Se connecter]
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Partagez la page

Site réalisé avec SPIP | | Plan du site | Drôme infos locales | Articles | Thèmes | Présentation | Contact | Rechercher | Mentions légales | Suivre la vie du site RSS 2.0
Médial local d'information et d'expression libre pour la Drôme et ses vallées, journal local de contre-pouvoir à but non-lucratif, média participatif indépendant :
Valence, Romans-sur-Isère, Montélimar, Crest, Saillans, Die, Dieulefit, Vercheny, Grane, Eurre, Loriol, Livron, Aouste sur Sye, Mirabel et Blacons, Piegros la Clastre, Beaufort sur Gervanne, Allex, Divajeu, Saou, Suze, Upie, Pontaix, Barsac, St Benois en Diois, Aurel...
Vous avez le droit de reproduire les contenus de ce site à condition de citer la source et qu'il s'agisse d'utilisations non-commerciales
Copyleft