Et si on arrêtait de voter ? vu par un Belge

mardi 11 avril 2017, par Auteurs divers.

Pour un Belge qui débarque dans la vallée de la Drôme et qui de plus, s’intéresse au débat, à l’exercice de l’opinion, l’occasion était trop bonne pour se taire…

Dans mon pays, la politique elle aussi, prend des airs de comédie burlesque à laquelle il est cependant de plus en plus dur de rire…

. Elle semble de plus en plus apte à se soucier de ce qui ne concerne pas le peuple, si ce n’est en trouvant d’habiles sophismes pour justifier l’achat de nouveaux avions de guerre, ou pour légitimer une cure austère que le bon contribuable assumera, pendant que d’autres « notables » ne se privent guère de s’octroyer des jetons de présence dans des conseils d’administration fictifs (Publifin pour ceux qui connaissent)… Oui chez nous aussi la classe politique fatigue ! Il existe cependant une différence entre nos deux patries, et pas des moindres. Au pays de la frite, le vote est obligatoire. Obligation citoyenne ou atteinte à la liberté ? Il y a là un débat à mener… Cependant, dans le cadre de cette tribune libre, je me positionnerai sur le contexte français que j’observe avec attention.

En 2012, vous étiez près de 20% à vous abstenir de voter à la présidentielle et presque 43% aux législatives. Dans un contexte où la médiocratie, l’extrême-centre, pour reprendre le concept d’Alain Deneault philosophe critique québécois, est omni présent dans une palette ou s’assemblent de fébriles nuances néo-libérales, tant à gauche qu’à droite, je comprends assez bien le « non-votant ». Comment ne pas voir que l’alternance de ces deux pôles ne mène in fine qu’à une idéologie commune, soumise à la finance, aux grandes entreprises, en bref aux règles d’un marché toujours plus libre ? Et quand apparaît par chance, dans un paysage médiatique converti et possédé par cette pensée unique, l’ombre d’une alternative politique, écologique, économique, ce n’est que pour mieux la détruire, la marginaliser... Le discours néo-libéral est aujourd’hui encore et toujours « naturalisé », « there is no alternative ». L’exemple de David Pujadas donnant une leçon à J-L Mélenchon sur les guerres lors de l’émission « Des paroles et des actes » le 26 mai 2016 (disponible en ligne), illustre à merveille cette naturalisation du discours politique dominant.

Et gare aux nouvelles formations dites « ni de gauche, ni de droite » de type « En marche », qui en surfant sur la « modernité » et autres techniques de communication insidieuse s’affirme d’emblée comme un énième cheval de Troie de cette pensée unique. Gare aussi à ce Front National, alternative très à droite, qui surfant sur le dégout des Français vis-à-vis de cette classe politique médiocratique ou sur d’autres pulsions nationalistes, racistes, se présente déjà comme vainqueur du premier tour. Dans ce contexte, où les sondages impactent le réel, comment ne pas tomber dans le vote utile, celui qui prévient le « pire » ? On demandera alors, à droite comme à gauche un vote responsable. Et vous voilà coincé à choisir entre le mal et le pire… Tout cela ne donne pas envie de voter, le sentiment est au « tout est déjà joué… ». Dans un tel contexte, je peux entendre que l’abstention s’apparente à un acte politique engagé contre un système que l’on ne soutient plus, c’est une sorte de boycott.

Dès lors, est-il encore utile de penser le politique dans le cadre d’une 5e République où toute participation semble non seulement inutile, mais pire, légitime un système obsolète ? C’est la question que posait Frédéric Lordon, Philosophe et économiste critique, lors d’une Interview accordée à l’émission « Là-bas si j’y suis » de Daniel Mermet le 27 janvier dernier (disponible en ligne). D’après Lordon, cette élection n’a pas de pareille, entre autres car elle voit apparaître pour la première fois depuis longtemps une réelle alternative de gauche dans le paysage de l’offre politique. Il existait une alternative populiste à droite (le FN), il existe aujourd’hui une alternative pour ceux qui se revendiquent de la vraie gauche. Si la « France insoumise », pour la citer, mérite elle aussi méfiance quant à son programme et sa marge de manœuvre pour l’appliquer, il semble honnête d’admettre qu’elle offre une occasion de changements structurels, ne serait-ce que par la volonté d’en finir avec la 5e République, en plus d’un programme éco-socialiste assez ambitieux.

Dans un climat d’élection où la confusion règne, où les médias, d’un lendemain à l’autre, disent les choses et leurs inverses, où les sondages apparaissent comme de dangereuses spéculations produisant sur l’électorat français des effets non prévisibles, il apparaît un espace de probabilité où le choix de voter peut créer une surprise… En imaginant l’élection de J-L Mélenchon à la présidence, qui serait non la fin, mais le début d’un processus, il faudrait -pour reprendre l’idée de Lordon- qu’un mouvement social d’ampleur fasse office de garant de la parole politique. Celui-là même que le quinquennat d’Hollande, cette droite déguisée, a réveillé et qui témoigne de la mobilisation et de la colère montante d’un peuple en attente de justice sociale.

Attention, on a vu d’autres partis de gauche radicale (en Grèce, en Espagne) céder face au système en place et il ne s’agira sans doute que d’un premier pas. Mais peut-être pouvons-nous voir là la première étape des grands changements...

Cher-e-s voisin-e-s, camarades, veuillez croire en mon humble soutien dans cette période agitée qui s’annonce. Que le juste guide vos choix autant que votre esprit, dépris d’émotions et apte à ne pas se laisser berner par les idéologies cachées, et que prévale l’intérêt d’un grand nombre plutôt que celui de quelques « puissants »

Piton le Wallon.


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