Au lieu de guetter les nouvelles heures de couvre-feux, les annonces du régime sur l’ouverture ou la fermeture de tel ou tel commerce, de guetter l’accélération de la distribution des nouveaux vaccins ou les mutations du coronavirus, de craindre les confinements partiels ou totaux, de râler contre les interdictions de circulation ou les nouvelles amendes aux petits oignons, on pourrait commencer à reprendre nos vies en main.
Ok il y a des nécessités de vie et de travail, mais au delà de ça on n’est pas obligé de subir et d’attendre trop passivement la suite du programme gouvernemental ultra-libéral.
Ok on sait bien qu’on subit un régime antidémocratique et policier extrémiste qui réprime à tout va de manière terroriste, mais raison de plus pour réfléchir et s’organiser en fonction.
Pour l’instant qu’est-ce qui empêche de multiplier les rassemblements déclarés, petits ou gros, où on peut se retrouver et discuter ? On pourrait au passage exprimer qu’on ne veut plus du régime, de ses lois et mesures, ni de l’état d’urgence permanent.
Comme c’est l’hiver et que les lieux publics de réunion sont fermés, on pourrait surtout en profiter pour multiplier les petites réunions à pas nombreux plusieurs fois par semaine dans des espaces privés ou en balade s’il fait beau (la marche stimule le cerveau), pour réfléchir, discuter, préparer la suite, créer ou approfondir alliances et coordinations.
Il en émergera sans doute des tas d’envies d’actions faisables.
D’habitude on n’a pas le temps, on est pris par le travail, les soirées festives, les terrasses de café, les loisirs culturels, là on a tout le temps les week-end et en soirée.
Il y a peut-être mieux à faire que juste jouer à la belote avec ses potes ou mater des séries en streaming ?
En plus ça permettrait de sortir de l’isolement, d’éviter de broyer du noir.
Ce cirque d’état d’urgence dure depuis mars, et n’est pas prêt de se terminer (même si la pandémie se tasse, autre chose prendra la suite), alors on ne va pas rester sidéré indéfiniment, se contenter de râler sur le web ou au marché ou de faire quelques manifs épisodiques ?
Se contenter de réagir épisodiquement aux déclarations et aux mesures du système ne permettra pas de construire une stratégie offensive et des actions diverses pour la soutenir et l’inscrire dans la vie quodienne.
La loi Sécurité Globale n’est qu’un des sommets de l’iceberg géant du système policier.
Le port du masque à l’école on s’en fout quand c’est le système scolaire en lui-même qui pose de gros problèmes.
Le masque obligé en extérieur on s’en fout, et c’est cool vu que la répression oblige à l’anonymat permanent. ;-)
On va encore se plaindre du chômage accru sans jamais chercher à échapper au marché de l’emploi, au capitalisme, sans construire un rapport de force pour mettre fin à la civilisation industrielle ?
On va juste essayer de survivre, de limiter la casse, de faire de l’assistance sociale ?
On va encore tourner en rond en 2021 dans les mêmes ornières et refaire un tour du manège ?
On va attendre 2022 et ses élections miracles ??
On va se plaindre des privatisations et lois antisociales et adresser de gentilles doléances aux technocrates qui nous chient à la gueule en permanence ?
On est un peu au fond du trou, donc on ne peut que prendre appui sur du solide et rebondir.
A un moment, il faut une stratégie, des objectifs ambitieux, des tactiques, et s’y mettre même si y a peu de monde actif au départ.
- Et si on arrêtait de subir l’agenda de l’état d’urgence sanitaire gouvernementale ?
- Multiplions les réunions pour réfléchir et s’organiser
Un petit article qui parle un peu de ça aussi :
Nous sommes dans une impasse - Si se protéger du virus est indispensable, les moyens mis en œuvre par le gouvernement peuvent apparaître comme une aubaine pour entraver notre appétence au collectif, notre capacité à réfléchir et inventer ensemble. Lettre ouverte depuis le bocage bourbonnais à nos élu.e.s et à nos voisin.e.s, ami.e.s, inconnu.e.s ainsi que toutes celles et ceux que nous sommes impatient.e.s de rencontrer.
(...)
Si se protéger du virus est indispensable, les moyens mis en œuvre par le gouvernement peuvent apparaître de plus en plus comme une aubaine pour entraver notre appétence au collectif, notre capacité à réfléchir et inventer ensemble.
Il est d’ailleurs frappant de constater que – tandis que nous végétons, masqués et reclus – la machine législative continue à plein régime, instruisant des lois toujours plus polémiques : séparatisme, sécurité globale, loi sur la recherche et l’enseignement, réintroduction des néonicotinoïdes… Autant de sujets sur lesquels il semble inconcevable de se passer du débat public.
Il apparaît clairement, un an après le début de la crise, qu’il n’y aura pas de retour à la normale. Les réponses aux crises finissent toujours par se sédimenter dans le Droit. Depuis 20 ans, par exemple, tous les régimes d’exception liés au terrorisme n’ont fait que se renforcer, années après années, pour finalement s’institutionnaliser.
Il n’y aura pas de monde d’après. C’est maintenant que cette situation nous incombe.
C’est maintenant que nous devons réfléchir, ensemble, à comment absorber cette épidémie sans démanteler ce qui fait précisément le ciment de la vie, c’est-à-dire la communauté, la circulation, la rencontre des corps et des idées.
Jusqu’à maintenant, le choix a été fait d’isoler sous contrainte l’ensemble de la population et de fermer strictement tous les lieux collectifs et de partage, sans considération pour les efforts pouvant y être faits pour s’adapter au contexte sanitaire.
On a d’abord joué le jeu – abasourdis. Mais, une année plus tard, l’évidence finit par nous sauter aux yeux : on ne peut plus nous demander ça, alors qu’en face, rien n’est fait pour travailler à la refonte d’un vrai service de santé publique.
(...)
de tout mettre en œuvre pour nous réunir, en dehors de la seule occasion du travail salarié. De trouver les moyens de nous voir à nouveau, de nous rassembler, de créer ensemble, de protéger le lien qui nous unit. Il est évident que cela peut se faire en minimisant les risques de contagion.
de réclamer la réouverture des lieux de culture : musées, théâtres, bibliothèques dont rien ne prouve qu’ils sont des lieux de propagation, et d’inventer autre chose que la fermeture obtuse de ces lieux essentiels de convivialité que sont les bars et les restaurants.
Aujourd’hui, nous sommes gouvernés par la peur de tomber malade. Hier, nous étions gouvernés par la peur d’être victime d’un attentat.
Nous ne supportons pas d’être gouvernés par la peur.
Forum de l’article