Le 7 mai 2012, à Gênes (Italie), Roberto Adinolfi prenait une balle dans la jambe. Une revendication paraît quelques jours plus tard : ce patron de l’industrie atomique avait été choisi pour sa responsabilité dans le retour du nucléaire en Italie. « Faire travailler ensemble les armes de la critique et la critique des armes ». Après Fukushima, que les responsables paient, voilà le message.
Au cours de l’année 2022, trois anarchistes ont été condamnés à des longues peines dans les taules italiennes. Alfredo Cospito, qui a déjà purgé dix ans de prison pour l’attaque contre Adinolfi, et Anna Beniamino ont été condamnés à perpétuité et Juan Soroche à 28 ans fermes. Les deux premiers pour une série d’attaques dont celle contre une école de carabiniers (qualifiée de « massacre politique » malgré l’absence de victimes), le troisième pour l’attaque contre le local du parti d’extrême droite Ligue du Nord pendant les élections de 2018. Ces trois peines, au milieu d’un déluge d’années de prison distribuées aux anarchistes en Italie ces dernier temps, sortent du lot pour leur poids. Un poids qui ne se compte plus en années, un poids que nous portons tous sur les épaules. L’État envoie un message : il prend des vies entières pour punir ceux et celles qui lui font face.
A cela s’ajoutent les régimes carcéraux spéciaux imposés aux prisonniers considérés comme des « terroristes » ou des chefs mafieux. Alfredo Cospito est actuellement en isolement total, emmuré vivant dans les modules d’anéantissement régis par l’article 41bis : interdiction de tout moment commun entre détenus et de toute activité en prison, censure et limitation drastique du courrier, une heure de parloir par mois avec hygiaphone, enregistrée et filmée, interdiction de recevoir des journaux ou des livres, ainsi que de fortes limitations quant aux possibilités de garder des objet en cellule.
Ces trois compagnons sont en train de payer de leur vie d’avoir affronté directement le pouvoir tel qu’il s’est cristallisé de nos jours : à la fois économique, raciste, énergétique, technologique. Pendant que Fukushima pétait. Pendant que les migrants se noyaient en mer ou crevaient dans des camps. Pendant que l’Europe faisait la guerre au loin. Pendant que le monde était transformé en une machine de contrôle.
Le 20 octobre 2022, Alfredo Cospito a entamé une grève de la faim contre le régime carcéral qui lui est imposé. Le 25 octobre, Juan Soroche est lui aussi entré en grève de la faim en solidarité avec la lutte d’Alfredo, tout comme, le 28 octobre, l’anarchiste Ivan Alocco, détenu en France. Derrière ce combat, ce qui se joue c’est l’accroissement général de la répression en Europe et l’extension des régimes spéciaux aux réfractaires de l’ordre établi.
La grève de la faim est l’arme ultime des prisonniers. Dehors, nous avons toutes les autres pour faire résonner leurs voix au-delà des murs.
Mise à jour : le 7 novembre, Anna commence elle aussi une grève de la faim à la prison de Rome-Rebbibia, en solidarité avec Alfredo, contre le régime 41bis qui lui est appliqué.
- Et si les portes se fermaient pour toujours ?