Je m’interroge sur la liberté d’expression. Ce qu’elle induit. Dans mes croyances, venant des tréfonds de mon éducation, elle est incontestable, il s’agit d’un droit inaliénable. Pourtant je prends doucement conscience de la responsabilité qui m’incombe à en user, du lien que cela implique avec les autres et des conséquences.
Le terme « Expression » est construit avec le préfixe « ex », qui signifie sortir de soi, aller vers l’extérieur. Quand je m’exprime librement, je fais aller ma pensée à l’extérieur, vers les autres. Mais avant cette sortie, cette ouverture au grand jour, il est dans mon intérêt, je crois, de « l’imprimer », c’est-à-dire à mon sens de faire vivre et vibrer cette pensée à l’intérieur de moi. De la tourner dans ma tête et dans mon cœur, de la rêver, de la sentir.
J’ai l’impression que la liberté d’expression est devenue un dû, un droit, quelque chose d’inaliénable et donc auquel on peut avoir recours en toute circonstance. Notre société donne tout pouvoir à cette Expression. Sur internet, qui veut, peut s’exprimer librement (blogs, réseaux sociaux…). Toute idée, pensée, image … même tyrannique peut donc littéralement « sortir de soi », et aller facilement à la rencontre des autres.
La liberté d’expression … n’est-ce pas également le « j’ai raison » contemporain ? S’il en est ainsi, la motivation à « sortir une idée de soi » me rappelle alors une sorte de patriarcat et de domination par le pouvoir.
Le risque, selon moi, de la liberté d’expression telle qu’elle est perçue aujourd’hui, est que l’on parle, que l’on brode, et que l’on en oublie la beauté du silence. Le silence, c’est justement ce langage de « l’impression », ce partage que je me fais à moi-même, et à toutes les parts qui me composent.
Ainsi, je pense que notre société est en train de dépasser cette « liberté d’expression », et que les individus vont vers d’avantage de conscience de leur intention, mêlant sensations et « im-pressions ».
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