En ces temps d’enfermement, d’horizon en berne, de replis sur soi, de confusion totale on aurait vraiment besoin de retrouver, de renouer avec l’art populaire, sauvage, illégal... L’occupation des théâtres et des lieux artistiques lors du troisième confinement ouvrait des chemins ou ces espaces pouvaient devenir des lieux de rencontres, de folie créatrice, d’émancipation, mais la porte s’est vite refermée...
"Il est grand temps de rallumer les étoiles" clamait le poète Apollinaire.
Et qui d’autres que des saltimbanques pour allumer les feux dans nos ventres et nos imaginaires ? Que ce soit par une marionnette se baladant sur un bout de trottoir et divaguant sur le monde, une séance de film sauvage sous le ciel étoilé, des musiciens qui s’invite là où on ne les attend pas, des êtres qui écrivent sur les murs des poésies révoltées, du théâtre de l’invisible qui provoque des situations afin que les cœurs se révoltent, de la poésie qui se clame dans la rue, des clowns qui viennent se moquer de l’ordre….
Je crois à la puissance émancipatrice de l’art et aux rêves trimballés à fleur de peau.
Je crois aussi que nous pouvons toutes et tous être saltimbanque.
Créer pour pourfendre ce monde normalisé.
Créer pour permettre aux pensées sauvages de prendre vie.
Créer une rupture dans la trame du quotidien
« Vous êtes un soleil dans l’imagination de l’enfant qui vous vois passer et jouer devant lui. »
Là, peut-être, résulte le rôle du saltimbanque, créer du rêve, poélitiser le monde, faire fleurir les imaginaires, créer une boule de feu qui, tel un soleil, viendrais illuminer le cœur de l’inconnu.e. Faire exister une tache de rêve dans le fade, une histoire qui nous parle du passé dans la course au futur. Montrer ce qui est peut-être beau, vivant, odorant dans le monocorde et le triste.
Car si on inscrit la révolte comme quelque chose qui nous accompagne toute l’existence et bien on peut la placer à plein d’endroit différent. Et l’art est une révolte. Une révolte face au temps qui régit nos vies, face à l’uniformisation, face à l’art aseptisé et marchand.
Peut-être est-il enfin temps de reprendre son autonomie face à l’art institué.
De créer des zones d’art libre durant quelques minutes, quelques heures, quelques jours. Que les saltimbanques accompagne par leurs folies, leurs fougues, leurs imaginaires les révoltes d’aujourd’hui et de demain.
Que l’art sauvage soutienne des devenirs désirables, des utopies à brandir pour faire advenir des mondes sans dominations, sans États, sans frontières.
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