Ecoanxiété : s’engager dans des mouvements de résistance, pour tenir et peser face aux désastres

Pour éviter de sombrer dans la dépression : passer à l’action et résister, porter et faire vivre d’autres mondes

jeudi 5 mai 2022, par Auteurs divers.

Les destructions de la nature et du tissu du vivant faites par le système techno-industriel productiviste sont terrifiantes, énormes et déprimantes, et peuvent affecter notre équilibre mental et physique.
On est face à un tel mur gigantesque, on pleure trop souvent les lieux, forêts, animaux, forêts détruits H24 par la mégamachine, on se sent impuissant et dépassé.
Il n’y a pas à se soigner de cette réaction « naturelle » d’anxiété et de désarroi profond, mais à intensifier les luttes, à se serrer les coudes, à se réconforter mutuellement, à porter et faire vivre d’autres réalités.

Il ne s’agit pas du tout d’apaiser nos angoisses comme le souhaiteraient l’Etat et le système capitaliste dans le but de nous faire accepter les catastrophes et de nous adapter aux carnages croissants, mais au contraire d’attiser la rage et la colère, et de les déployer dans les actions de résistance.

Ecoanxiété : s’engager dans des mouvements de résistance, pour tenir et peser face aux désastres
Résister ensemble et porter d’autres mondes - Transformer l’anxiété en rage inextingible

L’écoanxiété, le mal de l’époque - Sur Reporterre

- Le dossier de Reporterre : L’écoanxiété, le mal de l’époque

L’angoisse liée à la crise climatique a désormais un nom : l’écoanxiété. Comment les jeunes vivent-ils en s’attendant au pire ? Pourquoi l’écoanxiété est-elle devenue un outil au service du pouvoir ? Comment les émotions peuvent-elles devenir une arme politique ? Enquête en trois parties.

- 1. Écoanxiété : ces jeunes racontent le mal qui les rongent - Face à la la catastrophe climatique, l’écoanxiété mine de plus en plus sévèrement notre psyché. Elle s’enracine chez les nouvelles générations, dont les vies seront dramatiquement affectées par les désastres à venir. Reporterre a recueilli leurs témoignages.

- 2. Écoanxiété : « On veut soigner les individus, mais c’est le système qui est malade » - Thérapies, stages... Un business se développe autour de l’écoanxiété. Autant d’injonctions à prendre soin de soi, qui dépolitisent la question écologique. Pour les chercheurs, le pouvoir chercherait ainsi à rendre les opposants « inoffensifs ».
(...)
Sans dénier la réalité des émotions que suscite la crise écologique, de nombreux chercheurs constatent que la focalisation actuelle sur l’écoanxiété entraîne de facto une psychologisation des enjeux climatiques.
« On délocalise les problèmes vers les individus et l’on traite l’écoanxiété comme une névrose personnelle, alors que la source de ces problèmes se trouve dans les rapports de production capitaliste et dans l’inertie des États. On développe une approche thérapeutique dans le but de soigner les individus alors que c’est le système qui est malade », poursuit la sociologue.
(...)
Le très conservateur gouvernement australien vient de décider, par exemple, d’augmenter l’enveloppe budgétaire pour accompagner les jeunes écoanxieux à l’école grâce à des aumôniers scolaires, formés « pour apaiser les inquiétudes » et lutter contre « le discours apocalyptique d’Extinction Rebellion ». Les autorités prolongent, en même temps, leur politique du charbon et accusent les activistes climatiques « de priver d’espoir nos enfants ». En France aussi, face à une jeunesse qui se dit « apeurée » par la crise environnementale, Emmanuel Macron n’hésite pas à tenir des discours paternalistes et condescendants.

Depuis plusieurs années, le régime néolibéral a très bien su capturer les émotions des populations et en jouer pour continuer tranquillement le ravage. « Le conflit et la critique sociale ont été délaissés au profit d’un encadrement thérapeutique des émotions, écrit Renaud Garcia [7]. Le pouvoir thérapeutique avance masqué sous les oripeaux de la bienveillance et dessine une forme insidieuse de dépossession. Nous entrons dans ce moment où l’anticipation du désastre implique à la fois le repli narcissique et l’expérience tous azimuts des débordements émotionnels. Avant le déluge, le moi. »
(...)

- 3. Écoanxiété, quand les émotions deviennent énergie collective - L’écoanxiété ressentie par les jeunes générations ne conduit pas nécessairement à l’impuissance. Comme l’ont montré les mouvements écoféministes des années 1980, nos émotions peuvent devenir un moyen d’action.
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Le mouvement écologiste chemine sur une ligne de crête. Il doit éviter plusieurs écueils : Il serait d’abord illusoire de penser qu’à notre époque — alors que nous sommes sous perfusion d’informations anxiogènes — l’on pourrait simplement se couper de ses émotions, les marginaliser et les ignorer. Une idée de la politique, froide et purement cérébrale, a vécu. À l’inverse, il serait sans doute tout aussi vain de se contenter de rechercher son bien-être psychique et mental.
À la fin des années 1970, l’historien Christopher Lasch avait déjà analysé cette dérive possible : « La catastrophe qui menace, devenue une préoccupation quotidienne, est si banale et familière que personne ne prête plus guère attention aux moyens de l’éviter, écrivait-il [1]. Les gens s’intéressent plutôt à des stratégies de survie, à des mesures destinées à prolonger leur propre existence ou à des programmes qui garantissent bonne santé et paix de l’esprit. [...] N’ayant pas l’espoir d’améliorer leur vie de manière significative, les gens se sont convaincus que ce qui comptait était d’améliorer leur psychisme. »
(...)

Textes complémentaires

- Contre l’épuisement militant : Penser stratégiquement
En tant que militant-es en mal de succès, il est tentant de se donner un but accessible à la symbolique forte pour pouvoir crier victoire lorsque celui-ci est atteint. Nous assistons donc à des « marches historiques » et des blocages font la une des journaux. Objectif atteint donc ?
Nous le savons par expérience : être nombreux dans une manifestation ou bloquer un siège social n’est pas efficace en soi. Si une manifestation a de fortes chances de rencontrer un succès (entendre ici « être nombreux »), mais que le succès de la manifestation n’a aucun impact plus global (par exemple, qu’elle n’influence aucunement les dirigeants), alors la tactique n’a aucun intérêt, qu’elle soit couronnée de succès ou non.
Nous avons tendance à penser « à l’envers » : nous envisageons d’abord les actions que nous pourrions mener, puis le plan plus global dans lequel elles pourraient s’inscrire.
Cet article tire des leçons déjà appliquées en stratégie militaire comme en marketing. C’est une tentative de rappel : il nous faut plutôt partir du contexte extérieur imposé, pour revenir vers le local, puis l’individu, l’échelle où nous pouvons agir.
Concrètement, les étapes de la réflexion sont assez simples, même si la mise en place est souvent plus ardue.
(...)

D’un autre côté, se lancer sur le chemin de la révolte, ce saut pour franchir l’abîme entre notre appréhension et notre pratique, la tentative de se libérer autant ue possible del’étreinte mortelle de la socité technologique et de l’attaquer dans ses tentacules afin de freiner son expansion et de favoriser sa chutte, ne nous immunise pas contre ces « maux d’époque ». Si le combat rend libre (peu importe son issue réelle), il ne fournit pas de bouclier impénétrable contre la détresse, le désespoir, l’angoisse et le sentiment de perdition. A plus forte raison alorsq ue les syndromes de « l’écoanxiété » témoignent justement de réactions vitales et saines face à l’embalelement climatique et au désastre industriel qui le prooque, il ne s’agit pas de les repousser ou de croire que l’action (comprise comme acte offensif) est le seul antidote thérapeutique et définitif. L’action a besoin d’un tissu qui la favorise, de liens qui la soutiennent de rapports conscients et plus libres qui lui donnent de la force. Pour colmater le décalage existentiel qui ne manque pas de provoquer des ravages psychiques, y compris chez la minorité de celles et ceux qui luttent et se battent plutôt que de subir et de se plaindre comme la grande majorité, un simple saut dans l’action ne suffit pas : il faut être porteur d’autres mondes ...et les faire vivre ici et maintenant.
Extrait d’un article de la revue mensuelle « anarchie » d’avril 2022 : « Un nouveau mal s’empare des coeurs et des esprits - Anxiété et dépression à l’ère du changement climatique »


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