Drôme : polluer terres et nappes en irriguant avec l’eau au PFAS du Rhône ?

A long terme : terres, légumes, céréales et eau potable pollués ?

jeudi 22 décembre 2022, par Les Indiens du Futur.

En basse Vallée de la Drôme (et ailleurs), le fait de pomper l’eau ultra-polluée du Rhône pour irriguer des terres nourricières ne semble pas inquiéter grand monde.

Ni les autorités politiques, ni le SID (syndication d’irrigation Drômois), ni la majorité des agriculteurs, ni la population (peu au courant, et souvent peu désireuse de l’être) ne semble s’être posés la question de l’impact à long terme des polluants du Rhône introduits par l’irrigation agricole dans les écosystèmes, les terres, l’eau et les aliments produits.
Pourtant, il pourrait bien exister des conséquences sanitaires et écologiques de la diffusion de polluants persistants dits « éternels » tels que les PFAS pour la rivière Drôme, pour la réserve des Ramières et sa biodiversité, pour l’eau potable des nappes avoisinantes dont celle d’Allex (qui alimente notamment Crest), pour notre santé et celle des autres vivants ?!

Drôme : polluer terres et nappes en irriguant avec l’eau au PFAS du Rhône ?
Irriguer des culltures agricoles avec de l’eau polluée : une bonne idée ?

Quelques infos sur les PFAS, des produits présents dans le Rhône au sud de Lyon :

  • Les perfluorés, des polluants « éternels » et omniprésents - Utilisés dans de nombreux produits de consommation, les PFAS restent très longtemps dans l’environnement et dans nos corps. (...) « Nous sommes tous exposés aux PFAS, comme aux autres POP, tels que les PCB, les dioxines ou encore les pesticides organochlorés », poursuit Bruno Le Bizec. L’eau que l’on boit est l’une des principales sources d’exposition. Vient ensuite ce que nous mangeons, en particulier les poissons, mollusques et crustacés (surtout de rivière), les fruits (les PFAS peuvent être absorbés au niveau racinaire par les plantes), les œufs… ainsi que le contact des aliments avec les surfaces antiadhésives. Les PFAS peuvent aussi être inhalés, surtout par des professionnels en contact avec ces molécules, comme les pompiers. Autre source d’exposition : le contact dermique, notamment via les vêtements imperméables ou les cosmétiques. (...)
  • PFAS : focus sur des produits chimiques dits « immortels » - Un groupe de substances artificielles regroupées sous l’appellation PFAS rentre depuis des années dans la fabrication d’une multitude de produits ménagers et industriels. Aujourd’hui, nous découvrons que nous avons peut-être fait une erreur.
  • À Rouen, l’eau est contaminée par des polluants éternels - Une pollution aux PFAS, des produits chimiques hyperpersistants, a été détectée dans le réseau d’eau de la ville, selon les mesures auxquelles Mediapart a eu accès. Les communes ouvrières au sud de la Seine semblent particulièrement touchées.
Drôme : polluer terres et nappes en irriguant avec l’eau au PFAS du Rhône ?
Dans 20 ans, s’horrifier des taux de polluants dans l’eau potable ?

Aucune étude publique sur la question

Jusqu’où s’étend la pollution aux PFAS, PCB et autres dans le Rhône ? Quelles sont les taux présent dans le fleuve au niveau du département de la Drôme ? Des organismes ont -ils mesuré sérieusement ces taux avant de lancer l’irrigation agricole ? Qui a réfléchi à l’impact à moyen et long terme de l’irrigation avec de l’eau polluée ?
Aucune réponse. Secret défense. Silence radio. Secret des affaires. On verra plus tard. Circulez y a rien à voir. Allumez la TV et regardez le sport ou les jeux du cirque.

- Quand on voit les occultations du passé concernant les PCB et les préoccupations tardives et partielles concernant les PFAS, on peut grandement s’interroger :

  • Pollution du Rhône au PCB : les pouvoirs publics savaient depuis vingt ans - L’Agence de l’eau était au courant au moins depuis vingt ans de la présence anormalement élevée de pyralène (ou PCB) dans les eaux du Rhône, selon une analyse de cette agence datée d’avril 1986, publiée par le site du "Nouvel Observateur" mercredi.
  • Reportage TV : S3 : Polluants éternels - Les perfluorés sont des composés chimiques également appelés "polluants éternels", car ils ne se dégradent pas dans la nature. Ils cochent quasiment toutes les cases de la dangerosité : effet nocif sur le système reproductif, cognitif, immunologique et sur les hormones thyroïdiennes. Les industriels les utilisent pourtant, en raison de leurs propriétés anti-adhésives ou anti-taches. Martin Boudot et une équipe de chercheurs indépendants ont mesuré les taux de perfluorés dans l’air, les sols, l’eau du Rhône, l’eau potable de la région lyonnaise et dans le lait maternel de jeunes mamans exposées. L’équipe de "Vert de rage" a ainsi mis au jour une pollution massive.
  • DREAL : Substances perfluorées (PFAS) - Le sujet des pollutions aux substances perfluorées dans la région lyonnaise soulève des questionnements à la suite d’une enquête journalistique diffusée sur France 2 le 12 mai 2022 et d’une réunion publique à la maison de l’environnement de Lyon le 10 mai 2022.
    Les services de l’État locaux (préfecture de région, préfectures de départements, direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement, agence régionale de santé), en lien étroit avec l’administration centrale, sont pleinement mobilisés et coordonnés dans leurs différentes compétences. Leur objectif est d’objectiver la situation, de mieux connaître ces polluants émergents et leurs mécanismes, et de prendre les mesures nécessaires.
    Les résultats d’analyse, les mesures prises, les recommandations sanitaires, seront publiés régulièrement sur cette page internet.
    (...) La direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) a lancé un plan de surveillance exploratoire sur le maraîchage, sur des légumes irrigués avec de l’eau du Rhône. Les recherches ciblent différents types de légumes (feuilles, racines, fruits), cultivés par des exploitations maraîchères sur 6 communes de l’Ouest lyonnais. Les analyses portent sur les 4 PFAS du nouveau règlement européen sur les denrées alimentaires (PFOA, PFOS, PFNA, PFHxS). 22 prélèvements ont été réalisés mi novembre 2022. De nouveaux prélèvements seront réalisés en 2023, notamment sur les pommes de terre. (...)
  • Les produits chimiques perfluorés : une « nouvelle » pollution dans les eaux du Rhône - Présents dans les mousses, les revêtements ou encore dans les cosmétiques, les produits chimiques perfluorés et polyfluorés sont signalés dangereux, et possibles cancérigènes, depuis 2009. Mais en France, les pouvoirs publics ferment les yeux et ne font rien pour limiter la contamination de la population. La Vallée de la chimie fait partie des zones les plus touchées.
  • Perfluorés : les poissons du Rhône contaminés à ces « polluants éternels », l’ARS déconseille de les consommer - De récentes analyses montrent que les poissons du Rhône sont saturés de « polluants éternels ». Les PFAS étant toxiques et dangereux pour la santé, l’ARS recommande de ne pas les consommer.
    (...) Aujourd’hui, il découvre donc les nouvelles analyses de la DREAL avec un sourire amer, dénonçant la méthode d’échantillonnage. « Ils ont utilisé des lots et broyé ensemble tous les poissons d’un même site et d’une même espèce », raconte Marc Babut. Si la méthode a l’avantage d’être moins couteuse, « à mon sens cela minimise la perception de la contamination », explique le scientifique qui préconise des analyses individuelles.
    « C’est un problème qui est peut-être pire que les PCB », ajoute-t-i, « car ce sont des composés plus persistants et ce qu’on commence à comprendre de leur toxicité fait que c’est quand même un vrai sujet de préoccupation ». (...)
  • PFAS : Une contamination importante du sol, de l’air et de l’eau par des composés perfluorés - Générations Futures dénonce dans un rapport une contamination importante du sol, de l’air et de l’eau par des composés perfluorés (PFAS) en région lyonnaise.

- Des miliants ont récemment ciblé l’Usine Arkema au sud de Lyon :
Arkema, fléau éternel - Samedi 17 décembre 2022, sur Lyon, des centaines de rebelles ont participé à une action contre un des géants de la pétrochimie : Arkema
Cette ancienne filière de TotalEnergies trop peu connue au regard des méfaits qu’elle commet, a subit un coup de projecteur suite au reportage de Vert de Rage et Envoyé Spécial sur la pollution aux perfluorés autrement appelés polluants éternels - dans la banlieue sud de Lyon.

Un futur scandale en vue ?

Si la situation semble plus inquiétante au sud immédiat de Lyon (la "vallée de la chimie"), que sait-on des niveaux de pollution de l’eau du Rhône au niveau de la Drôme ?
Améliorer laborieusement la qualité de l’eau de la rivière Drôme, essayer avec lenteur et retards d’étendre l’agriculture biologique, puis arroser le tout massivement avec de l’eau hyper-polluée du Rhône (à Allex, Eurre, Crest..., même chose sur Montélimar ou près de Valence), une eau chargée de produits chimiques toxiques et persistants qui s’accumulent dans les sols et la chaîne alimentaire ? Une bonne idée ?

Le SID (syndication d’irrigation Drômois), à l’aide de subventions publiques massives (préfecture, département...), étend l’irrigation de terres agricoles en Drôme avec l’eau du fleuve. (Le SID rencontre en ce moment de grosses difficultés en raison de l’augmentation du prix de l’électricité)
Tout le long du Rhône, son eau est pompée pour irriguer des terres agricoles ou des espaces verts, surtout en ces temps de sécheresses récurentes où l’agro-industrie co-responsable du réchauffement climatique tire la langue. Dans 20 ans on « découvrira » un scandale de plus, avec des nappes phréatiques (et donc l’eau potable) polluées et des légumes toxiques ?

Les polluants chimiques, c’est comme les radiations nucléaires, c’est invisible à l’oeil nu, ça n’a pas d’odeurs, et quand on est malade c’est trop tard.
Les dirigeants politiques sont beaucoup plus « sensibles » aux déchets visibles qui jonchent les rues qu’aux insidieuses pollutions chimiques produites par le système industriel qu’ils soutiennent. Pourtant ces produits chimiques persistants, nombreux et volontairement très mal évalués (ce sont les industriels de l’agro-chimie qui évaluent eux-mêmes leurs produits avant mise sur le marché), sont beaucoup plus dangereux que les papiers gras et les crottes de chien, mais comme ils ne se voient pas, en tout cas pas tout de suite, pas de problèmes ?

Il semble qu’ici comme ailleurs, les intérêts industriels, politiciens et productivistes passent avant la santé humaine, et encore plus avant les écosystèmes et leurs habitants.
Si on ne se révolte pas et qu’on ne s’organise pas pour résister et faire autrement en mieux, rien ne changera.


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