Témoignages Répression : « Moi, petit blanc éduqué, j’ai découvert le monde des oubliés en passant une nuit en garde à vue » - Alors qu’ils manifestaient dans la Drôme pour interpeller Emmanuel Macron et pour réclamer une autre politique agricole, trois agriculteurs ont été interpellés avant de passer une nuit en garde à vue. L’un deux raconte.
Les mots peinent à venir. Moi, petit blanc privilégié, éduqué, j’ai passé la nuit en garde à vue (GAV). Oh, rien de nouveau, ça fait longtemps qu’on oublie les oubliés, ça fait longtemps. Mais moi, petit blanc éduqué, j’ai passé la nuit en GAV. J’avais rien fait. Ils le criaient aussi les autres. On était trois dans la cellule, trois sur une dalle en ciment. On essayait de respirer, une trappe pour seule entrée d’air.
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On prend une douche, on fait une sieste, mais ça ne part pas, ça ne veut pas partir. C’est pas l’odeur, c’est pas le manque de sommeil : c’est notre voisin de cellule qui hurle, c’est nous parachutés dans la misère. C’est nous qui n’avions rien fait. Nous qui sommes la Confédération paysanne, nous qui sommes éleveurs, maraîchers. On connaît la terre, les animaux, on fait le marché. On fait la traite, les foins, les récoltes. Mais cette nuit-là, on était en GAV. Et on a mal. On fait les foins, le marché, mais on a encore mal.
Monter sur un Abribus, le 8 juin 2021, à Valence, tenir une banderole, se faire plaquer au sol, menotter, embarquer, passer la nuit en GAV, résister, et signer un procès-verbal ; sortir, et sentir une douleur qu’on n’arrive pas à saisir, comme un os démocratique qui se serait brisé, quelque part dans l’anatomie d’un pays.
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- 8 juin à Valence, la police de Macron met en garde à vue des membres de la Confédération paysanne venue se faire entendre
- Voilà comment le macronisme traite les paysans soucieux de notre santé et de celle de la Terre : par la répression et la GAV
Voir aussi :
- Valence, 6 paysans de la Conf en garde à vue pour avoir manifesté ! - Macron gesticule sur la gastronomie, tandis que sa police arrête des défenseurs du vivant, de la bonne nourriture et des écosystèmes
- Communiqué en soutien aux personnes arrêtées et gardées à vue à Valence le 8 juin 2021 - Communiqué CRS 26 - 09 juin 2021 - Contre la Répression et pour la Solidarité Drôme
- Valence, 6 paysans de la Conf en garde à vue pour avoir manifesté !
- Mardi 8 juin, lors de la visite de Macron, à Valence pôle Bus
NOTE : Le plus grave n’est pas peut-être pas le côté brutal, absurde et arbitraire de ses incarcérations injustifiables, le plus grave c’est que cette répression autoritaire des paysans, des résistants et autres lanceurs d’alertes contribue à invisibiliser et étouffer les nécessaires luttes pour l’écologie, pour la défense d’un climat vivable et d’écosystèmes vivants.
Et puis, les plus pauvres et les minorités opprimées continuent de subir régulièrement ce que les blancs éduqués subissent occasionnellement et généralement de manière moins violente.
Toutes les répressions sont à bannir. La police est à bannir, et donc l’Etat, les gouvernements et le système capitaliste qui en ont fortement besoin. Ce qui, entre autre, pourrait commencer à résoudre les problèmes écologiques et climatiques.