Drôme : des conflits entre certains chasseurs, éleveurs, agriculteurs conventionnelles et des écologistes

Loup, réserves, pesticides..., des tensions s’exacerbent - Manif le 21 août à Crest - Comment se sortir des impasses ?

jeudi 13 août 2020, par Les Potins de la Vallée.

Le 21 août 2020, des chasseurs, soutenus par des agriculteurs (souvent proches de la FNSEA), viennent manifester à Crest contre les réserves naturelles créées en Drome par l’association ASPAS.

Dans la Drôme il y avait déjà eu des tensions récemment à propos de l’interdiction de la chasse dans la réserve des Ramières (pétition avec plus de 50.000 signatures) ou de l’extension du bâtiment de la fédération chasse construit illégalement à Crest.
On pourrait aussi citer ce projet de Poulailler industriel à Sauzet

- Voici le texte qui annonce la manif du 21 août, posté par les Jeunes Agriculteurs Drôme :

NON à la mainmise sur le foncier naturel drômois :

Toujours des conflits entre certains chasseurs, éleveurs, agriculteurs conventionnelles et des écologistes {JPEG}
Le réensauvagement tue les territoires ruraux !
MANIFESTATION le VENDREDI 21 AOUT à 10H à CREST (26).
Les acteurs du monde rural se réunissent pour dire non au discours et aux acquisitions d’entreprises ou d’associations pour l’ensauvagement des espaces ruraux. En drôme, c’est en particulier la mainmise de l’ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages) sur le foncier agricole et forestier drômois par l’aquisition et la création de Réserves de Vie Sauvage qui met en danger les activités sociales, culturelles et économiques de nos territoires ruraux.
Le principe même de Réserve de vie sauvage pose question pour l’avenir des activités agropastorales caractéristiques de notre département. Ainsi, ces acquisitions de centaines d’hectares de terres agricoles et forestières ont pour but de participer à leur ré-ensauvagement en y excluant de façon stricte toute activité humaine.
Cette manifestation, familiale, sera accompagnée d’animaux (brebis, chevaux, génisses). Venez nous rejoindre !!!

Les organisateurs
FDO 26
ACCA LEONCEL
Association des Eleveurs et Bergers du Vercors
Association ILOUPDEV
Avec le soutien de :
La FDSEA (26)
LA COORDINATIONS RURALE (26)
Les JEUNES AGRICULTEURS (26)
La FNDC 26

Des conflits entre certains chasseurs, éleveurs, agriculteurs conventionnelles et des écologistes
Les conflits entre mondes vivants et structures industrielles ne datent pas d’hier

Comment construire en ruralité des sociétés soutenables et vivables ?

Peut-être qu’il y aura une « contre » manfestation le 21 août ou à un autre moment ?

A l’heure où les catastrophes climatiques et écologiques produites par la civilisation industrielle s’aggravent et se précisent, il n’est guère étonnant, dans une société morcellée par des intérêts divergents et de multiples classes sociales, que des conflits de visions et de droits d’usage s’exacerbent.

Les questions de survie économique et d’intérêts de certains lobbys se mélangent avec les besoins de préservation et de respect du monde vivant, trop souvent des conflits se durcissent au lieu des tentatives de voies collectives servant l’intérêt commun dans des sociétés soutenables.

Ici, il semble que des chasseurs veulent se réserver les plus grandes surfaces possibles de chasse, tandis que des écologistes font valoir la destruction générale du vivant et des animaux en particulier.

Dans leur tract, des « jeunes agriculteurs » pointent avec raison la disparition des surfaces agricoles, mais ils s’en prennent bizarrement à des écologistes qui essaient de préserver des zones plus au moins sauvages au lieu de critiquer plus sévèrement l’urbanisation, l’étalement urbain, les zones commerciales et industrielles.
Ce qui met en danger les territoires ruraux ce sont plutôt les projets de centre de loisirs (type Center Parcs), les centres logistiques géants et leurs camions (qui détruisent les meilleures terres), les autoroutes et leurs échangeurs, les lotissements en rase campagne, les villages dortoirs, les centrales à biomasses, les monocultures forestières...

Alors que tout le monde constate les désastres écologiques et climatiques, personne ne veut changer de système afin de décroître et sortir du productivisme. La plupart des acteurs économiques veulent surtout continuer comme avant, espérant passer à travers les gouttes ou que des technologies nouvelles nous sauveront par miracle.

- voir aussi : Sécheresse structurelle, pesticides, insecticides neurotoxiques « tueurs d’abeille », gestion de l’eau

Par ailleurs, on observe que le foncier agricole est souvent « accaparé » par les gros exploitants, par l’agriculture conventionnelle soutenue par les instances de l’Etat alors que les petits projets et/ou les projets écologiques plus atypiques ne trouvent pas de terre, ne se font pas ou alors dans des conditions difficiles.

La situation est donc très complexe et très conflictuelle, et il serait suicidaire de ne rien changer.
Les conflits d’intérêts aggravés considérablement par la concurrence généralisée, la précarité de nombre d’agriculteurs, les destructions de milieux naturels et d’animaux par la civilisation capitaliste ne pourront pas se résoudre en restant dans le cadre de pensée et les structures économiques actuelles.

Ces conflits entre préservation du monde vivant et activités humaines ne datent pas d’hier. La mécanisation d’après guerre, la concentration des exploitations, la disparition des petits paysans, la technocratie centralisée, la mainmise des grandes surfaces sur la distribution, l’impératif de Croissance, les endettements encouragés par des banques, les pollutions et les pesticides, l’insertion dans le marché mondial et ses spécialisations par régions... ont beaucoup mis à mal les campagnes et ses divers habitants.

Que produire et comment, par qui, pour qui ?
Comment distribuer les terres, pour quels usages ?
Comment stopper le productivisme et l’industrialisation tout en vivant décemment ?
Comment distribuer, vers qui ?

Ces questions dépassent très largement les clivages entre néo-ruraux et « anciens natifs ».
Si on souhaite répondre à ces questions en construisant des sociétés vivables, il faudrait se libérer du joug de l’individualisation des problèmes et des structures/visions capitalistes, et aussi les traiter dans de vrais instances de démocratie directe, après moult débats approfondis.


Forum de l’article

  • Drôme : des conflits entre certains chasseurs, éleveurs, agriculteurs conventionnelles et des écologistes Le 19 août 2020 à 11:44, par Un simple citoyen qui aime la nature en générale

    Les chasseurs, qui habitent près du parc de Valfanjouse que l’ASPAS a acheté, c’est ses déclarations ; elle annonce qu’elle veut reprendre les daims et les cerfs sika pour les mettre chez Brigitte Bardot : on est pas contre ça, c’est correct, ils l’avait dit et ils aiment pas la chasse.
    Par contre elle veut enlever les grillages (ça va) et ensuite laisser partir les sangliers et les cerfs ; ça ça va pas : pour le sanglier les chasseurs du Royans on en veut pas car il y en a assez chez nous ; il fait des dégâts aux cultures qu’ on paye p nous les chasseurs ; on n’a pas de gros moyens car on est des petits chasseurs des villages ,pas riches sur le Royans et aussi le Vercors.
    Le cerf il existe c’est suffisante aussi même si le loup en mange ; mais surtout les cerfs d’Europe de Valfanjouse sont mélangés depuis cinquante ans avec des cerfs sika et sont croisés ; par précaution l’ASPAS doit les donner aussi à la fondation Bardot (ils l’avaient dit) mais pas les lâcher car ils vont polluer nos cerfs sauvages du dehors ; eux c’est nos familles avec l’ONF qui les ont introduits et ils sont naturels.
    C’est pour ça qu’avec 3 copains on va à Crest ; on chasse mais on aime aussi l’écologie ; on comprend pas pourquoi on veut plus de nous chez nous, alors qu’on fait attention à nos animaux qui sont pas en danger.

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  • Drôme : des conflits entre certains chasseurs, éleveurs, agriculteurs conventionnelles et des écologistes Le 18 août 2020 à 22:06, par Les Potins

    Réponse de l’ASPAS : Manifestation du 21 août à Crest : l’ASPAS réplique à la fausse polémique diffusée par certains acteurs ruraux (...) Puisque les motifs revendiqués pour cette manifestation sont tous faux ou mensongers, comment expliquer la colère de cette partie du monde agricole qui n’est pas forcément représentatif de la profession ?
    Nous savons bien que l’ASPAS, et les associations de protection de la nature, sont le bouc-émissaire de filières en crise (notamment la filière ovine) et de pratiques qui sont légitimement questionnées par la société (agriculture industrielle, chasse). Pour autant, cette manifestation ne fait qu’attiser une polémique inutile au lieu de rechercher des solutions et des points de convergence.

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  • Drôme : des conflits entre certains chasseurs, éleveurs, agriculteurs conventionnelles et des écologistes Le 17 août 2020 à 15:46, par juste observateur

    Parlons donc de la Drôme : les rives de la riviere sont dans un tres mauvais état.On y trouve des excavations sauvages de graviere de 2m de prof et de plusieurs m2.Des depots de gravats etc.Des amoncellements de fumier divers que dire de cette« vallée bleue »....les touristes vont fuire.Quand à l’eau de celle ci qui arrive difficilement au Rhône pas tous les ans ;en ce moment 10cm par endroit avec déja des algues et des puanteurs sur la ville de Crest.En vallée du Rhône des belles terres agricoles saccagées par des ZAC, la construction de lotissement aussi ;voir St Paul 3 châteaux.
    Donateur régulier de l’ASPAS aucun regret.

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  • Drôme : des conflits entre certains chasseurs, éleveurs, agriculteurs conventionnelles et des écologistes Le 16 août 2020 à 20:13, par Les Potins

    Un point de vue sur le site de l’ASPAS : Pourquoi défendre les forêts en libre évolution ? - À l’ASPAS, nous pensons que la libre évolution de la nature est UNE des réponses possibles à la crise du climat et de la biodiversité. Or notre démarche est mal comprise par certains acteurs de la société. Dans ce texte, le philosophe Baptiste Morizot ouvre des perspectives qui, nous l’espérons, pourront clarifier les enjeu

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  • Drôme : des conflits entre certains chasseurs, éleveurs, agriculteurs conventionnelles et des écologistes Le 16 août 2020 à 19:50, par misterrenard

    je suis donateur régulier de médecin sans frontière. Suite au sujet des discriminations au sein de ce mouvement, mon don ira à l’ASPAS, plus local, plus efficace.

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