Sans surprise, les désastres climatiques ont continué de se développer en 2024, tout particulièrement en Europe qui voulait se croire épargnée sur le court et moyen terme.
La réalité cuisante des désastres et l’écoanxiété croissante vont-ils pousser à sortir vraiment de l’impuissance, des faux espoirs techno-solutionnistes, de l’individualisation des problèmes/solutions, du réformisme dépassé, du recours aux marchés ou aux Etats ?
A quand la rupture consommée ? Le basculement révolutionnaire qui ne s’arrête pas dès un changement de régime ?
Infographies : l’Europe, le continent qui se réchauffe le plus vite sur Terre - Records de chaleur, désastres climatiques : en 2024, l’Europe a été particulièrement touchée par le dérèglement climatique, révèle un épais rapport de Copernicus. Le point en infographies.
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Sans grande surprise, les signaux sont au rouge. Parmi les principaux éléments à retenir figure la question du réchauffement. L’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée sur le territoire. Que ce soit sur terre ou à la surface des océans — avec un record à +1,2 °C en mer Méditerranée comparé à la normale. Le continent ne déroge pas aux tendances observées depuis les années 1980, et se réchauffe le plus rapidement sur Terre.
Le quart sud-est de l’Europe a été le plus violemment frappé par ces températures. Il décroche au passage la triste médaille d’or de la vague de chaleur la plus longue… avec une durée de treize jours consécutifs. Et ce n’est pas tout : le nombre de jours de stress thermique « fort » à « extrême » — où la température ressentie par le corps humain est comprise entre 32 °C et plus de 46 °C — a été le deuxième plus élevé de l’histoire. Même chose pour celui de nuits tropicales, où le mercure ne descend pas sous la barre des 20 °C. À l’inverse, l’année a atteint le plus faible nombre de journées fortement froides.
Ceci n’est qu’un avant-goût du désastre climatique approchant à grands pas, préviennent les auteurs. Un monde à +1,5 °C de réchauffement pourrait notamment entraîner 30 000 décès annuels en Europe. « Chaque fraction de degré supplémentaire compte »
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En parallèle : L’écoanxiété, ce mal qui ronge 4,2 millions de Français - Si certains profils sont plus à risque, aucune catégorie de la population n’est épargnée par l’angoisse liée à la catastrophe environnementale en cours, selon une étude de l’Ademe.
(...) Face à la crise climatique, l’écoanxiété mine de plus en plus notre psyché. Avec 10,5 millions de personnes concernées en France, c’est désormais un enjeu de santé publique, estime l’Agence pour la transition écologique (Ademe), dans un rapport publié le 15 avril.
(...) Si l’écoanxiété n’est pas une maladie mentale, 420 000 personnes « seraient en risque psychopathologique », selon l’Ademe, car elles pourraient tomber en dépression ou souffrir de troubles anxieux, du fait de leur angoisse.
(...) L’Ademe rappelle d’abord que « l’écoanxiété est une réponse légitime (et non irrationnelle) au regard de la crise environnementale ». « La probabilité pour que le nombre de 420 000 individus en situation de risque psychopathologique s’accroisse est grande », au fur et à mesure de la crise climatique et si rien n’est fait pour l’atténuer, alerte l’Ademe
(...) Cependant, l’Ademe estime que l’écoanxiété n’est pas qu’une mauvaise chose, dès lors qu’elle emmène « à “l’écoaction”, meilleure “médication” pour traiter l’écoanxiété ». En effet, l’écoanxiété ne conduit pas nécessairement à l’impuissance. L’angoisse, la peur ou la colère peuvent se transformer en force et libérer notre pouvoir d’agir.
C’est ce qu’ont montré les mouvements écoféministes des années 1980 : face à la menace d’une guerre nucléaire, aux États-Unis, des milliers de femmes se sont réunies pour partager leur affect et leur terreur. Elles ont bloqué des centrales nucléaires, fait des rituels, des danses spirales, joué du tambour, encerclé le Pentagone...
Avec toutes les injonctions à prendre soin de soi, attention toutefois à ne pas individualiser et dépolitiser la question écologique. « On délocalise les problèmes vers les individus et l’on traite l’écoanxiété comme une névrose personnelle, alors que la source de ces problèmes se trouve dans les rapports de production capitaliste et dans l’inertie des États, expliquait la sociologue Léna Silberzahn à Reporterre en 2022. On développe une approche thérapeutique dans le but de soigner les individus, alors que c’est le système qui est malade. »
RQ :
Si on compte sur l’Etat et le capital pour arranger les choses, tout va empirer, ainsi que l’impuissance, l’angoisse et l’écoanxiété.