Des gilets jaunes appellent à la grève générale

Retrouver la fonction et les objectifs anticapitalistes de la grève générale - Pour l’émancipation des travailleurs

samedi 2 novembre 2019, par Gilets jaunes.

Post des Gilets Jaunes de Damigny, Normandie :

Ce qu’est la grève générale quand elle est consciente, quand elle s’inscrit dans l’histoire du mouvement ouvrier et qu’elle retrouve sa fonction anticapitaliste

La lutte syndicale, lorsqu’elle est fidèle à ses origines, lorsqu’elle n’est pas compromise avec le pouvoir, a deux objectifs - ce que l’on trouve dans la Charte d’Amiens, adopté en 1906 par la CGT.

1/ « Dans l’œuvre revendicatrice quotidienne, le syndicat poursuit la coordination des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires, etc. »

Cette lutte syndicale, économique, est celle que les gens connaissent en général, et celle que les médias retiennent. Et ce serait tout. Avoir plus, vivre un peu mieux.

Mais il y a un deuxième but au syndicalisme, lorsqu’il retrouve sa mémoire, syndicaliste révolutionnaire et anarchosyndicaliste.

2/ « Mais cette besogne n’est qu’un côté de l’œuvre du syndicalisme, il prépare l’émancipation intégrale qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste ; il préconise comme moyen d’action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera dans l’avenir le groupe de production et de répartition, base de la réorganisation sociale. »

Il s’agit d’exproprier les patrons, c’est-à-dire leur reprendre les moyens de production, DONC d’en finir avec le capitaliste et de se préparer à gérer autrement la société, débarrassée de « toutes les formes d’exploitation et d’oppression, tant matérielles que morales, mises en œuvre par la classe capitaliste contre la classe ouvrière. »

Et la grève générale est le moyen d’y arriver.

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Dans une grève locale et sectorisée, une grève oppose un employeur particulier, privé ou public, aux travailleuses et travailleurs. Dans la grève générale, c’est la classe ouvrière (qui doit vendre sa force de travail manuelle et intellectuelle pour vivre, ou recherche un emploi, ou est en formation, ou se repose après une vie entière de labeur) qui se mesure à la bourgeoisie capitaliste qui possède les moyens de production - et à toutes les personnes, police, politiques, idéologues qui lui permettent d’exercer sa domination.

C’est la lutte des classes, dans la rue et dans les lieux de productions. Partout.

Bien sûr, dans le mouvement ouvrier, la conscience de la force de l’adversaire amène au réalisme. La vocation de toutes les grèves générales n’est pas de renverser le système capitaliste. Il s’agit de lui faire comprendre qu’en face il y a une classe qui n’a pas peur, une classe consciente de sa force. Il s’agit d’une gymnastique révolutionnaire permettant de voir qu’uni le monde du travail est puissant. Il s’agit de faire suffisamment trembler la bourgeoisie pour qu’elle abandonne de larges privilèges. En 1936, ce n’est pas le gouvernement de front populaire qui nous a donné nos congés payés ou une réduction du temps de travail... c’est la grève générale ! Et la bourgeoisie a eu chaud, à tel point que la droite à l’assemblée a voté pour accorder au prolétariat ce qu’il demandait.

Mais la grève générale en nous permettant de comprendre notre force et notre capacité à vaincre, nous permet aussi de comprendre que nous n’avons pas besoin de chefs, de représentants, de politiques, de gouvernements pour obtenir ce que nous voulons. S’approprier les lieux de production, les écoles, les moyens de transport et de distribution nous permettra un jour d’exproprier les patrons et de gérer directement le monde auquel on aspire. Quand une extrême majorité de la population se lèvera, il nous suffira de tout reprendre, et de nous organiser nous-mêmes.

A partir du 5 décembre, nous allons pouvoir mesurer notre force et nous battre pour de larges revendications.
Ce ne sera sûrement pas le moment d’une révolution, mais - qui sait ? - peut-être un autre 36 ou 68.

La grève, si elle est souvent joyeuse, est difficile. C’est un sacrifice. Pour tout le monde. Personne n’est payé pour la faire. C’est un prix à payer pour vivre mieux. Si on réussit à tout bloquer, les capitalistes perdrons beaucoup plus que nous, et devront céder à une bonne part de nos exigences. Mais il faudra tenir. En 1968, il a fallu 3 semaines de grève, et 10 millions de personnes mobilisées !

Certaines et certains se demandent pourquoi la date de la grève est si lointaine. Peu importe. Profitons de ce temps pour convaincre nos proches de nous rejoindre, pour battre en brèche leurs doutes, pour qu’ils aient confiance dans notre collectif, dans notre classe. Ça va nous coûter. Si vraiment vous ne pouvez pas faire grève, n’oubliez pas les caisses de grève qui permettront aux autres de tenir, venez ravitailler les points de blocage avec ce que vous pouvez.

Pour celles et ceux qui ne sont plus là, pour nos blessé.e.s.

Les Gilets Jaunes de Damigny, 2 Novembre 2019.


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