Les miliieux naturels crèvent déjà, mais le système doit continuer à tourner, quitte à pomper trop d’eau ou à faire des rejets d’eaux trop chaudes dans les fleuves.
Dépasser les limites, et continuer, et les dépasser encore pour faire tenir le système
Il n’y a pas de solutions dans la civilisation industrielle, ni solutions technologiques ni solutions politiques, il n’y a que des problèmes qui s’ajoutent aux problèmes
- Des centrales nucléaires et des agriculteurs irrigants autorisés à dépasser les limites écologiques de cours d’eau
- 2022 : gros incendie même au coeur de la Bretagne !
Situation en Drôme
En Drôme, la préfecture a une fois de plus autorisé les agriculteurs irrigants à prélever dans la rivière Drôme davantage que le débit réservé ("volume minimal" laissé pour la vie aquatique), 1.7 m3/s au lieu de 1.9 m3/s, ce contre l’avis de la CLE (Commission Locale de l’Eau) qui pour la première fois s’y est opposée.
Un Scandale pour les écologistes et les pêcheurs.
Extrait du Daubé à ce sujet : Sécheresse : « Le milieu aquatique est sacrifié »
Plus d’un kilomètre de la rivière Drôme totalement asséché, et des poissons morts par centaines. C’est la conséquence la plus visible de la sécheresse qui perdure sur le département. La fédération de pêche du département dénonce une situation prévisible, faute d’action forte sur le niveau de prélèvements. Des centaines de poissons morts jonchent les galets autrefois recouverts par la rivière Drôme. "On avait 400 mètres de linéaires mortalité totale début juillet, on est aujourd’hui à 1350 mètres d’assèchement total", constate avec amertume Christian Brély, président de la Fédération de pêche de la Drôme.
A présent, la rivière Drôme est de toute façon sous les 1.7 m3/s (1.6 à Saillans), et la préfecture a déclenché l’alerte crise sécheresse (le niveau maximum) sur quasi tout le département.
Le 18 juillet, la préfecture a encore abaissé ce seuil de prélèvement dans la rivière Drôme au seuil SMARD, à 1.1m3/s malgré l’opposition de la CLE, l’assèchement de la rivière Drôme pourrait remonter plus en amont d’Allex...
Avec l’arrêté "crise", les piscines ne peuvent plus êtres remises à niveau et les golfs ne peuvent plus du tout être arrosés.
Comme souvent, pas assez d’anticipation, chacun tire à soi, et on bricole dans l’urgence des trucs pour tenir.
Il va bien falloir imaginer ici une agriculture adaptée à un climat type Maghreb, qui respecte et restaure les sols et le cycle de l’eau (permaculture), tout en éliminant tout ce qui contribue au réchauffement climatique. Et voir ce qu’il y aurait à faire pour le secteur eau potable.
Limiter fortement les piscines privées ? Généraliser les toilettes sèches (pas d’eau utilisé, et fertilisants disponibles) ? Diminuer la consommation de viandes, notamment celles demandant beaucoup d’eau ?
Tout ça est archi connu et prévu de longue date, mais les capitalistes, les partisans du système en place et les élus majoritaires se contentaient de se moquer avec les expressions d’« écolos-amish », d’« anti-tout », d’écologie « punitive », etc. Ils vantaient (et ils continuent de manière insensée à le faire, gouvernement en tête) l’agri-tech, les technologies salvatrices, le toujours plus, l’écologie « pragmatique » (qui ne touche pas au système dominant)..., tandis que les masses laissaient faire, approuvaient, avec de trop petites minorités qui se rebiffaient (souvent trop sagement).
Ce déni et ce refus de remettre complètement en cause le modèle en place à des conséquences, on les subit tous maintenant, et les autres êtres vivants encore plus. C’est le système en place et ses effets qui est « punitif », pas une société écologique et sociale, démocratique et soutenable.
Que les responsables de ce désastre se taisent et dégagent, ils ont fait assez de mal.
En Drôme, la FDSEA26 est vent debout contre la préfecture. La FDSEA26 ne semble pas vouloir admettre que certaines pratiques agricoles ont largement contribué au réchauffement climatique que tout le monde subit, y compris leurs adhérents. Si l’Etat est hautement critiquable (et aussi le Crédit Agricole et les banques, le libre marché, la PAC, les lobbies des pesticides et des machines...), ça ne veut pas dire non plus de continuer en gros « comme avant ».
A la FDSEA, il n’y a pas que des petits paysans qui respectent les sols et ne font pas d’agriculture intensive pesticidée et/ou hautement mécanisée.
L’agriculture majoritaire, sous l’injonction de l’Etat et du libre marché capitaliste, s’est fourvoyée dans l’agriculture industrielle, l’irrigation à tout va en dépassant les limites, la mécanisation, la concentration des terres et le gigantisme. A présent la corde sur laquelle tout le monde a tiré est en train de rompre pour de bon, rester dans le déni et vouloir continuer à tirer dessus est suicidaire.
Voir aussi : Du sacrifice de la paysannerie à son renouveau - souhaitable
- Canicule : une quatrième centrale nucléaire autorisée à relâcher de l’eau plus chaude qu’à la normale pour continuer de fonctionner - Vingt-neuf réacteurs français sur 56 sont actuellement indisponibles pour diverses raisons. D’où ces dérogations.
- Réchauffement climatique : la monstruosité écocidaire et suicidaire de l’agriculture industrielle nous explose à la figure - L’agro-industrie est une impasse mortelle enchassée dans l’impasse mortelle du capitalisme
Dépasser les limites, et continuer, et les dépasser encore pour faire tenir le système
Le capitalisme et le système techno-industriel productiviste ne cessent de dépasser les limites écologiques et de provoquer le dérèglement total du climat. Mais ça ne s’arrête pas là. Au lieu d’arrêter en urgence, de tirer le frein, le système et ses défenseurs veulent continuer à bloc sur la même lancée, alors ils dépassent encore plus les limites en achevant les milieux naturels qu’ils ont mis en grave difficulté.
Et après, ils nous disent de nous adapter à leurs désastres, de supporter sagement la canicule et la sécheresse, de construire la « résilience ». Ils auront un jour des solutions. En attendant, il n’y a que des effets d’annonce, du bricolage d’urgence qui ne résoud rien, et des mesures qui aggravent les choses et/ou font durer le système (ce qui lui permet de détruire plus et plus longtemps).
L’eau manque ? On dépasse les limites écologiques des cours d’eau en pompant un maximum, on multiple les barrages et bassines qui n’arrangent pas grand chose et aggravent les dégradations du cycle de l’eau. Faites des économies on vous dit. Crevez de chaud en silence sans clim dans vos passoires thermiques et vos villes tout béton/goudron qui absorvent bien la chaleur. Un peu de végétalisation et tout ira bien.
Le maïs consomme trop d’eau en été ? Pas grave, on invente du maïs OGM « adaptée », on pompe dans le Rhône et on augmente les retenues d’eau.
Les centrales nucléaires ont besoin d’eau pour le refroidissement ? On rejette de l’eau trop chaude dans les fleuves au delà des limites, ce qui achève de détruire la vie déjà mal en point.
On manque de gaz russe ? Importons du gaz de schiste énergivore et relançons le charbon et le nucléaire.
etc.
Il n’y a pas de solutions dans la civilisation industrielle, ni solutions technologiques ni solutions politiques, il n’y a que des problèmes qui s’ajoutent aux problèmes précédents, sur fond de destruction systémique de nos moyens d’existence et de la biosphère dans son ensemble qui s’amplifie.
La solution c’est de démolir et quitter la civilisation industrielle, c’est pas de lui demander de meilleurs salaires, un partage des « richesses », de meilleures technologies, une soi-disant sobriété décarbonée.
De meilleurs salaires dans le système capitaliste qui ravage le monde et réduit tout à des biftons interchangeables ?
Mieux partager les « richesses » générées par la destruction du vivant et l’exploitation des humains ?
De meilleures technologies pour que le techno-capitalisme et l’Etat puissent durer davantage, et mieux sucer jusqu’à la moelle les moindres recoins ?
Rendre sobre et décarbonée le système ?, c’est impossible, et puis si c’était le cas il pourrait détruire le vivant par d’autres biais que les énergies fossiles (extractivisme, expansion urbaine...).