Depuis 2003, le régime ignore et réprime même les manifestations...

La pseudo-démocratie française ne veut même plus d’un semblant de régulation populaire

jeudi 7 janvier 2021, par Auteurs divers.

Voici une interview intéressante d’une historienne :

« Depuis la guerre d’Algérie, on n’a jamais assisté à un tel climat répressif » : Dans son dernier ouvrage On est là ! La manif en crise, l’historienne Danielle Tartakowsky, spécialiste de l’histoire des mouvements sociaux, décortique les mutations de la manifestation sur les cinquante dernières années. Entretien.

(...)

À partir de 2003, l’affirmation de Jean-Pierre Raffarin selon laquelle « ce n’est pas la rue qui gouverne », en usant du reste du terme « rue » qui dépolitise, a marqué un coup d’arrêt. Excepté le mouvement contre le contrat première embauche en 2006 [qui a obtenu l’abrogation de la mesure, ndlr], toutes les manifestations ultérieures, quelle qu’en soit l’ampleur, ont été mises en échec. Les interactions entre les manifestants et les gouvernements, par la négociation ou une réponse politique aux revendications, sont réduites à néant, si on excepte le maintien de l’ordre, ce qui contribue à une exaspération croissante.

Il s’agit donc bien d’une séquence nouvelle qu’on ne saurait toutefois appréhender de manière univoque. Une manifestation peut produire des effets notables quoique indirects. Si les Gilets jaunes n’ont pas « gagné », ils n’ont pas « perdu » non plus. Ils ont contraint le gouvernement à des reculs et des contournements en contribuant à une reprise des luttes, sensible dans les mouvement dit des « colères » puis dans celui contre la réforme des retraites. Depuis, Macron ne fait que colmater les brèches. Et déplacer le débat là où il n’est pas.

(...)

La manifestation n’a jamais été exclusive d’autres formes d’action. Les mutations formelles des mouvements sociaux ne doivent pas tout à la répression. Les manifestations de salariés n’ont été longtemps que des appendices de la grève qui était première. Beaucoup d’entre elles le sont encore. Or il faut bien être conscient que des manifestations font d’autant plus aisément plier le gouvernement qu’elles sont sous-tendues par une grève généralisée ou déployée dans le secteur stratégique des transports, qui pèse sur l’économie, comme en 1936, 1968 ou encore en 1995. Le déclin des grèves qui s’est amorcé au tournant des années 1970 a contribué à des modifications durables qui s’expriment entre autres, depuis 1995, par des séquences de manifestations réitératives durant plusieurs semaines, plusieurs mois ou, s’agissant des Gilets jaunes dont la sociologie excluait qu’ils recourent à la grève, près de deux ans.

La démultiplication des acteurs qui recourent à la manifestation est également à l’origine de novations. Ce que le sociologue Charles Tilly a nommé le « répertoire d’actions » s’est élargi cette dernière décennie avec l’occupation des places. Les occupations jusqu’alors essentiellement limitées aux entreprises ou universités se sont déplacées dans l’espace public dans des dizaines d’États. Avec en France les Veilleurs, en marge de la Manif pour tous, Nuit Debout, ou les ZAD. Cette modalité d’action dont les acteurs sont souvent composites s’inscrit pareillement dans la durée quoique sur un autre mode, et permet la construction d’un collectif au nom d’un changement qui se revendique en faveur d’un « ici et maintenant ». Mais la temporalité de l’occupation dépend de la maîtrise de l’espace. Qu’on excepte les ZAD où des compromis sont advenus avec les pouvoirs publics, l’évacuation signifie la disparition de ce présent recomposé. Enfin, de nombreuses manifestations se déploient à une échelle planétaire à partir de questionnements mondiaux, qu’il s’agisse de l’urgence climatique ou du racisme.

Remarques

Elle rappelle à propos quelques faits et stratégies gouvernementales vicieuses.
Seulement, elle reste prisonnière de la croyance que la france serait une démocratie, et donc accepte ce cadre tyrannique où les gens "ordinaires" sont dépossédés de tout et n’ont pas de pouvoir de décision. Ils ne peuvent que protester (souvent sans succès donc) dans des manifestations plus ou moins énergiques ou s’exprimer (en étant encore moins "entendus").
De plus, seules, ces protestations et expressions ne permettent pas de faire advenir des changements radicaux, d’en finir avec les institutions antidémocratiques, l’Etat ou le capitalisme.
La fausse démocratie n’a évidemment pas prévu de moyens pour pouvoir faire advenir une vraie démocratie, forcément hors de la civilisation industrielle.

- Autres récits et analyses des manifestations :

Gênes, G8 de 2001 : méthodes de terreur du système

« À Gênes, nous avons assisté au premier meurtre et à la première utilisation claire, au Nord, des fascistes et de leurs méthodes de terreur contre le mouvement. C’est un avertissement et une mesure de la rigidité de l’opposition du système aux demandes populaires. Leur plan est simple : effrayer autant de gens que possible – pour qu’ils restent à la maison ou condamnent la fraction radicale du mouvement – en contribuant à radicaliser et à criminaliser les autres. »

« L’expérimentation du G8 à Gênes a été l’invention de nouvelles formes politiques de ce processus de globalisation, une nouvelle espèce de fascisme de basse intensité et à géométrie variable qui coexiste avec la démocratie formelle et la publicité, pour s’appliquer avec une spéciale rigueur dans les moments nécessaires. Le 20 et 21 juillet, le G8 a montré au Premier Monde que pour la globalisation capitaliste on peut tuer, torturer et en plus le justifier publiquement. »

- NES : 19-20-21 JUILLET 2001 - Multitudes en marche contre l’Empire
samizdat.net & complices
338 pages – 16 euros - Éditions Reflex – Paris – Juin 2002


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