Déplorer les ravages de l’industrie, mais célèbrer les progrès de l’industrie

Protéger la nature, oui, mais seulement dans la mesure où ça ne nuit pas — pas trop — à l’économie, à l’ordre établi, au progrès de l’industrie, de la civilisation

mercredi 13 juillet 2022, par Antitech 26.

La nature ou la techno-industrie ? Le capitalisme et les Etats ont choisi l’industrie et son monde et n’ont aucune intention de revenir en arrière.
Ils continuent de prétendre que système industriel et nature peuvent être compatibles.
Ils se contentent de greenwashing, de verbiages tendance, d’ajustements techniques superficiels pour tenter de tenir, et de l’impossible "écologie industrielle".
Pire, ils veulent consciemment instrumentaliser et transformer la biosphère selon les besoins de leur mégamachine, voir la remplacer carrément par un technomonde plus "performant" et plus profitable pour les exigences du transhumanisme et de la valorisation du Capital.

PLUS D’UN SIÈCLE DE « PROTECTION DE LA NATURE » FINANCÉE PAR LES INDUSTRIELS ET LES ÉTATS : UNE BELLEUSSITE !


L’inquiétude des gens ordinaires aussi bien que des riches, des puissants, des classes dirigeantes vis-à-vis de la destruction de la nature n’est pas nouvelle. Dès les prémisses de l’industrialisation du monde, dès les débuts de la révolution industrielle, dans divers milieux, on remarque et on se préoccupe de la destruction industrielle du monde. Y compris dans les hautes sphères.

Du 17 au 19 novembre 1913, à Berne, en Suisse, une « Conférence internationale pour la protection de la nature » est organisée à l’initiative du gouvernement helvétique. Cependant, la Première Guerre mondiale interrompt les efforts des sociétés naturalistes et des gouvernements (17 parmi lesquels le gouvernement français) qui s’y étaient engagés à constituer au plus vite une organisation internationale de protection de la nature.

Par la suite, il y a presque un siècle, du 31 mai au 3 juin 1923, eut lieu à Paris, au Muséum national d’histoire naturelle, le « Premier Congrès international pour la protection de la nature, faune et flore, sites et monuments naturels ». Il fut organisé conjointement par la Société nationale d’acclimatation de France, la Ligue française pour la protection des oiseaux et la Société pour la protection des paysages de France. Y participent « surtout des scientifiques — avec de plus en plus d’écologues –, mais aussi les représentants d’intérêts économiques (pelletiers, chasseurs professionnels...) et des sociétés de chasse ».

Déplorer les ravages de l’industrie, mais célèbrer les progrès de l’industrie
Le techno-capitalisme et le système industriel rêvent toujours (ou font semblant) de devenir compatibles avec la nature

Rebelote en 1931, avec le Deuxième Congrès international pour la protection de la nature. Les images ci-jointes sont tirées du livre rapportant les principaux actes de ce congrès.

& ce qu’on remarque — de manière parfaitement logique, parfaitement attendue — c’est que dès le départ, les premières organisations et les premiers évènements majeurs visant à promouvoir la « protection de la nature » sont marqués du sceau contradictoire du « développement durable » (même si l’expression n’avait pas encore été inventée). On déplore les ravages de l’industrie, mais on célèbre les progrès de l’industrie. C’est attendu parce que les puissants, les riches, les aristocrates, ne sont pas complètement suicidaires. Protéger la nature, oui, mais seulement dans la mesure où ça ne nuit pas — pas trop — à l’économie, à l’ordre établi, au progrès de l’industrie, de la civilisation. La contradiction qui mine l’essentiel des mouvements écologistes, l’essentiel des aspirations dites écologistes qui ont voix au chapitre aujourd’hui, c’est déjà celle-là. On ne peut pas avoir une société industrielle ET préserver la nature. On ne peut pas favoriser l’économie ET préserver la nature. On ne peut pas avoir le progrès technique ET préserver la nature. D’ailleurs, on ne peut pas non plus avoir ces choses-là ET avoir l’égalité, la démocratie, la liberté humaine.

Et dès le départ, donc, les organisations et évènement écologistes sont financés par les riches et les puissants, les États et les industriels, de même que les principales organisations écologistes (ou sociales) d’aujourd’hui (d’Oxfam au WWF).

Le mouvement climat, né aux alentours de l’an 2009 suite à la Conférence de Copenhague de 2009 sur les changements climatiques, né, donc, sous l’impulsion d’organisations étatiques et supra-étatiques (États et ONU) et grâce à des financements massifs d’importantes fondations « philanthropiques » appartenant à des industriels, s’inscrit dans la continuation de cet écologisme absurde, impossible. Mais en pire encore. Si auparavant, l’écologisme autorisé et financé par les États et les industriels s’empêtrait dans une contradiction absurde (préserver la nature ET favoriser le progrès technique, l’industrialisation, le développement économique), le mouvement climat, lui, évince carrément le souci pour la nature. Ne reste plus qu’une préoccupation pour l’avenir de la civilisation industrielle face au réchauffement climatique qu’elle provoque elle-même.

Celles et ceux qui se soucient de la nature et de la liberté devraient, depuis le temps, avoir compris. On ne peut pas avoir à la fois une civilisation industrielle, une industrie, un système technologique, ET préserver la nature, et avoir la liberté. Il faut choisir.

FENDRE LA NATURE, C’EST S’OPPOSER À L’ÉTAT ET À L’INDUSTRIE

(post de N. Casaux)

Déplorer les ravages de l’industrie, mais célèbrer les progrès de l’industrie
Cette fois, record de chaleur en Chine. Comme dans un four à chaleur tournante, à chaque pays son tour de brûler

- et aussi : La nature n’est protégée que si elle rapporte de l’argent, observe le nouveau rapport de l’IPBES : Englués dans une vision productiviste, nos politiques ne protègent pas bien la nature. C’est — en substance — ce que montre le nouveau rapport de l’IPBES [1], le « Giec de la biodiversité », publié ce lundi 11 juillet. Réalisée par 82 scientifiques internationaux, cette évaluation « sur les valeurs de la nature » est le fruit de quatre années d’étude.
Les experts ont constaté que « les décisions économiques et politiques ont surtout donné la priorité à certaines valeurs de la nature, en particulier les valeurs instrumentales de la nature basées sur le marché, telles que celles associées aux aliments produits de manière intensive ». À l’inverse, certains services — plus indirects — que nous rend la nature, comme la régulation du climat ou le sentiment d’appartenance culturelle, sont très mal pris en compte par les décideurs. (...)

- En fait, même si la nature rapporte du fric elle est très mal protégée.
D’autre part, Hélène Tordjman, dans son livre, nous a déjà largement averti des dangers et de l’inefficience (pour l’écologie) de la financiarisation et de la marchandisation du vivant

La protection de la nature est structurellement impossible dans le système existant.
Heureusement, ce système n’est pas indispensable et peut être renversé.

Déplorer les ravages de l’industrie, mais célèbrer les progrès de l’industrie
Recyclage écologique : Le capitalisme et le système industriel à l’incinérateur

Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
[Se connecter]
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Partagez la page

Site réalisé avec SPIP | | Plan du site | Drôme infos locales | Articles | Thèmes | Présentation | Contact | Rechercher | Mentions légales | Suivre la vie du site RSS 2.0
Médial local d'information et d'expression libre pour la Drôme et ses vallées, journal local de contre-pouvoir à but non-lucratif, média participatif indépendant :
Valence, Romans-sur-Isère, Montélimar, Crest, Saillans, Die, Dieulefit, Vercheny, Grane, Eurre, Loriol, Livron, Aouste sur Sye, Mirabel et Blacons, Piegros la Clastre, Beaufort sur Gervanne, Allex, Divajeu, Saou, Suze, Upie, Pontaix, Barsac, St Benois en Diois, Aurel...
Vous avez le droit de reproduire les contenus de ce site à condition de citer la source et qu'il s'agisse d'utilisations non-commerciales
Copyleft