Quelques réflexions pour aller nettement plus loin que les opérations de com du gouvernement et quelques réformettes de surface qui ne changeraient rien aux problèmes de fond.
DÉFINANCER LA POLICE » : UNE URGENCE VITALE
« Defund the police, defend our communities » : définançons la police, défendons nos communautés. Le mot anglais « defund » signifie retirer des fonds, définancer, et non « défendre ».
- Définancer la police : une urgence vitale
- Définir collectivement d’autres priorités que la répression et la surveillance, développer la solidarité et le partage
C’est le slogan qui déferle dans les manifestations aux Etats-Unis. Une revendication lumineuse et réaliste, qui fait écho au slogan français « désarmons la police ». L’idée est simple : la répression coûte cher, très cher en argent public. Armes, salaires, véhicules, hélicoptères, drones et autres gadgets. Elle coûte cher aussi en vies humaines, en dépenses de santé lorsque les gens sont mutilés ou blessés. Puisque les gouvernants prétendent faire des économies, il est urgent de réinvestir les fonds gaspillés dans la répression vers d’autres priorités.
Le maintien de l’ordre est un marché de plus en plus conséquent, qui augmente au fur et à mesure que la police se militarise et que le contrôle s’accroît. Aux USA, ce sont les villes qui financent leurs polices, et dépensent ainsi des dizaines de millions de dollars alors que la pauvreté frappe des pans entiers de la population, que de nombreux habitants n’ont pas accès à un logement ou à des repas décents. Depuis des années, le mouvement Black Lives Matter propose d’investir cet argent public dans des structures populaires, dans les communautés, et ainsi régler les conflits et les problèmes de sécurité sans répression, par des systèmes d’entraides. Bref, définancer la police et commencer à se passer concrètement de répression. Cette idée est sur le devant de la scène depuis la mort de George Floyd.
Et en France ? C’est l’État qui dépense des sommes astronomiques pour sa police et sa gendarmerie. La France est même l’un des plus grands pays vendeurs d’armes du monde, y compris d’armes destinées à réprimer. La France exporte son « savoir faire » en matière de répression. Il y a toute une économie policière qui est enracinée chez nous, et prospère d’année en année. Concrètement, cela se traduit par des policiers suréquipés et armés, avec des LBD, des fusils d’assaut, des grenades en quantités industrielles. Cela se traduit aussi par une explosion des procédures absurdes pour des faits anodins, par un quadrillage de l’espace, par des agents en surnombre, par une répression judiciaire implacable, par des caméras partout. Nos sociétés étouffent sous les uniformes.
Par exemple, pendant le confinement, le gouvernement a dépensé plusieurs dizaines de millions d’euros pour de nouveaux drones, des lacrymogènes, des menottes et autres, alors que l’hôpital manquait cruellement de simples masques ! Une situation révélatrice de l’impasse des choix budgétaires de ceux qui nous gouvernent. Il est urgent de définancer la répression pour financer ce qui est réellement utile et vital. Comment appliquer la revendication des manifestants Etats-Uniens chez nous ? On peut déjà lister ce qu’il est prioritaire de « définancer » dans un premier temps :
Les Lanceurs de Balles de Défense et les armes qui mutilent
Les unités de police uniquement chargées de terroriser la population : BAC, BRAV, Compagnies d’intervention ...
Les milliers de fusils d’assaut distribués aux policiers et les millions de munitions qui vont avec
Les blindés, hélicoptères et autres engins militarisés de la gendarmerie
Les caméras qui envahissent nos villes
Etc …
En France comme aux USA, soyons réalistes et responsables : désarmons la police, définançons la répression !
(post et visuel de Nantes Révoltée)
voir aussi :
- Tout le monde peut se passer de la police - Organisations communautaires pour abolir la police à Chicago - Scandale après scandale, meurtre après meurtre, la police états-unienne s’est taillée une solide réputation de brutalité, notamment auprès des populations noires. Dans le South Side de Chicago, des militant.e.s de terrain s’organisent pour dépasser la simple critique de l’institution policière, et mettre en place des contre-institutions rendant inutile l’intervention de la police. Inspiré.e.s par le concept d’abolition de la prison porté par Angela Davis, ou par la notion de « justice réparatrice » héritée des traditions indiennes, le but est de montrer que la fonction de la police tient plus dans la répression que dans la protection. Cercles de parole, repas de quartier servant de défense collective, ou bien encore résolution des délits à l’intérieur des communautés et des quartiers, les idées pour abolir la police ne manquent pas. Et certaines sont mises en pratique.
- MINNEAPOLIS ANNONCE LA DISSOLUTION DE LA POLICE MUNICIPALE - Des jours d’émeutes et des manifestations dans tous les Etats Unis suite au meurtre de George Floyd commencent à montrer leurs conséquences politiques. La police de Minneapolis gangrénée par le racisme est maintenant en voie de démantèlement. (...) La police n’a d’ailleurs pas toujours existé et la résolution de nombreux types de conflits est quelque chose d’expérimenté dans plusieurs endroits du monde à une échelle plus communautaire ou communale qu’institutionnelle. Gérer la violence, ses conséquences et ses réparations est quelque chose que des groupes au sein d’une communauté peuvent assumer collectivement.
- « Les violences policières ne sont qu’une partie des problèmes suscités par l’existence de la police » - Penser l’abolition de la police. Entretien avec Gwenola Ricordeau.
- « La police n’a pas lieu d’exister dans un monde qui va bien » - Les mobilisations mondiales contre les violences policières après la mort de George Floyd ont conduit le gouvernement français à faire des annonces concernant la police française : « Tolérance zéro » contre le racisme et abandon de certaines méthodes d’interpellation. Pour le collectif Désarmons-les, ces mesures ne s’attaquent cependant pas au problème de fond.
- 8 mesures pour abolir la police - Un monde sans prisons ni police, où nous pouvons être en sécurité. Nous croyons en un monde sans meurtre policier car sans police. L’Abolition ne peut pas attendre.
NOTE : Pour changer les choses en profondeur, dépasser les effets de communication, les réformettes et les mesures d’enfumage qui servent à ce que rien ne change, il faudra bien sûr un rapport de force nettement plus puissant que de simples manifs, déclarations et pétitions.
Et pour faciliter l’abolition de la police, il est nécessaire de construire des sociétés non-capitalistes, auto-gouvernés en démocratie directe, où la fin des classes sociales et de la concurrence généralisée pour tout permet des rapports sociaux pacifiés, et où les conflits divers sont moins nombreux et moins intenses, donc plus facilement "solutionnables".
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