Déconfinement : Robot de surveillance dans un parc de Singapour - Black Mirror déjà dépassé par la réalité ?

Dystopie high tech pour faire régner l’harmonie sociale à distance physique réglementaire

dimanche 10 mai 2020, par Camille Pierrette.

On a toustes vu des films et des séries terrifiants où des systèmes autoritaires et totalitaires se servent de technologies high tech pour réprimer, domestiquer et asservir les populations réduites à des numéros.
Depuis quelques années, ces visions d’anticipation se retrouvent dans notre réalité quotidienne. A présent, Etats et capitalistes profitent partout de la pandémie de covid-19 pour accélérer l’acceptation et la mise sur le marché de leurs joujoux lucratifs et panoptiques. Comme ils ont toujours fait.
- La série Black Mirror déjà dépassée par la réalité ?

Déconfinement : Robot de surveillance dans un parc de Singapour - Black Mirror déjà dépassé par la réalité ?
Un robot flic imitation chien, tout est bon pour faire avancer la gestion étatique centralisée et le marché du robot et de la surveillance

- Déconfinement - Dans un parc de Singapour, un chien robot pour faire respecter la distanciation sociale (...) Il doit être “une sorte d’ambassadeur des distances de sécurité”, dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, explique The Straits Times : depuis vendredi 8 mai, un chien robot nommé Spot “patrouille” dans le parc de Bishan-Ang Mo Kio, à Singapour, pour “rappeler aux gens les mesures de distanciation sociale”.
Dans une vidéo mise en ligne par le journal, on peut voir l’appareil de couleur jaune avancer à quatre pattes, d’une démarche un brin mécanique. Et diffuser un message pré-enregistré à l’adresse des visiteurs du parc, leur enjoignant, d’une voix féminine, de respecter une certaine distance entre eux, “pour votre sécurité et celle de ceux qui vous entourent”. (...)
- Autre article sur ce même sujet + VIDEO plus longue du robot Spot avec ses messages vocaux

- Flics en tout genre, vous avez du soucis à vous faire pour vos jobs, bientôt ils vont sauter aussi. Je serais vous je me mettrais "en grève" illico : "non au remplacement de nos métiers humains par des robots". “Notre métier de "gardiens de la paix" (sic) exige du contact humain (voir nombreux exemples ici), de l’échange social, du flair, non aux robots”.
Entre les robots, l’Intelligence Artificielle et les agents de sécurité privé, le métier de flic fonctionnaire a du plomb dans l’aile...

Déconfinement : Robot de surveillance dans un parc de Singapour - Black Mirror déjà dépassé par la réalité ?

En France, on en est encore aux drones et aux balbutiements du traitement automatisé des données de caméra de surveillance (et autres : data de Facebook & Google, mobiles...) par des Intelligences Artificielles, mais les choses s’accélèrent, les entreprises et les lobbyistes sont à fond, et les élus représentants de commerce nous fourgueront tout ça lors des crises générées et amplifiées par la civilisation capitaliste qu’ils soutiennent coûte que coûte.

La Chine, pays miroir, montre la voie, la France suivra.
La France n’est peut-être pas encore tout à fait une dictature, mais elle est tout aussi anti-démocratique, centralisée, étatiste, paternaliste/maternaliste, ultra-capitaliste que la Chine, donc elle développera les mêmes technologies dystopiques qu’en Chine, mais avec de beaux emballages, des jolies phrases, des RGPD bétons.
Quand un régime règne structurellement par la peur, l’infantilisation, la domination d’une oligarchie, il DOIT forcément aller toujours plus loin dans les techniques de contrôle et de surveillance pour se maintenir et contenir les éventuels rebelles, sans parler bien sûr de la nécessité pour les marchés de la sécurité de croître et donc de vendre des nouveautés en permanence. Et sans oublier les gros marchés du traitements des données dans tous les domaines (santé, immobilier, comportement d’achat...), alimentés par les machins en cours d’installation : 5G, Linky...

Aïbo, le robot aspect chien mignon de BD pour faire avancer l'acceptation de la robotique {JPEG}La reconnaissance faciale et les autres traitements par IA augmenteront, d’abord « anonymes », puis moins.
Les drones ou les robots au sol scruteront la nuit avec des infrarouges, patrouilleront partout 24/24 en suivant un parcours aléatoire, puis ils seront armés de lacrymos, puis de LBD, puis de vrais flingues comme les drones tueurs de terroristes à l’étranger.
Des volontaires apeurés utiliseront volontairement une application « anonymisée » Stop-covid, puis ce sera obligatoire (pour une pandémie ou autre prétexte), puis tout le monde devra porter une sorte de bracelet électronique de traçage permanent (avec paiement sans contact intégré bien sûr).

Comme dans les films de science-fiction, les vendeurs fabriqueront des robots avec un look sympa, des grands yeux, un aspect humain ou de gentille peluche pour que l’acceptation sociale se fasse plus rapidement.
Comme les actuels CRS, les robots flics auront un look moins sympa, revoir les Terminator, destiné au contraire à faire peur. L’intimidation et la dissuasion ont toujours fait partie de l’arsenal de la guerre.

Robot avec aspect sympa pour l’assistance médicale

Dans de telles sociétés capitalistes et étatistes muées en termitières géantes, il est indispensable de faire régner l’harmonie sociale et l’obéissance pour que le château de carte tienne debout, pour que le business as usual continue.

Le summum est d’arriver à le faire de manière « douce », via la propagande merdiatique et des dispositifs high tech réclamés et acceptés par la population, plutôt que de contraindre brutalement par la force, la torture et les coups (qui restent bien sûr disponibles pour les classes exclues et les rebelles rétifs).
Les dictatures à l’ancienne sont obsolètes, le capitalisme, les Etats et la technologie disposent à présent de bien mieux, de bien plus efficace que des tanks dans les rues pour faire régner l’ordre qui sied aux riches, aux oligarques et aux lobbys économiques.
Plutôt que de contraindre par une force extérieure trop visible et ressentie trop oppressive, les dictatures modernes s’efforcent de contraindre par l’auto-contrôle intérieur des assujettis. Quelques drones, une bonne propagande à l’école et partout, une surveillance permanente (voir le documentaire d’Arte : Tous surveillés), et le tour est jouée, l’oppression est invisible, chaque personne devient son propre flic sans plus s’en rendre compte (relire notamment les romans 1984 et « Le meilleur des mondes »).
C’est encore plus vicieux que la servitude volontaire, car l’auto-contrôle moderne n’est plus vue comme une servitude, mais comme un comportement vertueux et social désirable, responsable.

Pour l’instant, il y a quelques résistances, qui restent minoritaires.
Des collectifs comme la Quadrature du Net font du bon travail d’information, de décryptage, mais ils ne pourront pas entraver tout ça par les outils du système, de même que les écologistes n’arrivent pas à entraver les projets inutiles par les seuls recours juridiques.

Si nous refusons ces dispositifs dystopiques déjà bien En Marche, nous devons bien comprendre qu’ils sont inhérents au modèle de société en vigueur, à la civilisation industrielle.
Et donc, la seule manière d’éviter vraiment ces dystopies est d’arrêter cette civilisation, de faire autre-chose.

Dans une société autre, non capitaliste et non étatiste, où on aurait le temps de vivre, de prendre soin les un.e.s des autres, des vieux et des personnes handicapées, où on ne serait plus confinés en cellules individuelles ou familiales de travail et de consommation, où la concurrence et le profit ne créerait plus un champ de bataille et de ruines permanent, où la production ne détruirait pas le vivant et nos santés, il y aurait moyen de vivre bien sans ces robots et ces high tech.

L’utopie ou l’auto-contrôle des fourmis esclaves ?
La dystopie totalitaire ou l’insurrection ?

P.-S.

- Compléments :

  • Acceptation de la gestion autoritaire et policière des catastrophes et pandémies produites par la méga-Machine sans tête ? - OU luttes acharnées pour la liberté, l’autonomie et la démocratie directe ?
    On doit bien avoir conscience que ce monde totalitaire en Marche est inéluctable si les structures politico-économiques restent inchangés ou juste réformées. Ce monde dystopique est déjà là.
  • Il n’y a pas de dérives sécuritaires, l’Etat capitaliste déroule juste sa planification industrielle - Appli StopCovid, vidéo-surveillance, drones, reconnaissance faciale, traçage numérique via IA sont indispensables ...à CE système
  • Le meurtre du bon sens : la Dictature Sanitaire - Le nouveau fascisme ordinaire, acceptable et accepté - Interdiction de sortir, de contact physiques, de recevoir des gens chez soi. Délations, dénonciations, police des « mœurs » qui sillonne les rues à la recherche des vils subversifs qui ne se soumettraient pas à la « loi martiale » décrétée par un gouvernement qui s’est octroyé les « pleins pouvoirs ». Voici quelques exemples du quotidien des gens dans la plupart des pays du monde.
    Selon Hannah Arendt la différence entre une dictature et un régime totalitaire ne se situe pas dans l’ampleur de l’arbitraire, de la répression et des crimes, mais dans le degré de contrôle du pouvoir sur la société : une dictature devient « totalitaire » lorsqu’elle investit la totalité des sphères sociales, s’immisçant jusqu’au cœur des sphères privée et intime (familles, mentalités, psyché individuelle). Source : Hannah Arendt, La nature du totalitarisme

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