Pour l’assemblée d’ouverture de la seconde édition « Curieuses démocraties », ce 15 octobre à Saillans, le chapiteau comble accueillait une audience exceptionnellement attentive venue de toute la France. On y écoutait trois orateurs de la Corogne en Espagne , ville de 250 000 habitants, gagnée en 2015 sur un programme communaliste dont ils sont artisans. Beaucoup sous la tente partageaient d’ailleurs cette même expérience d’avoir osé le scrutin municipal, et pour certains, l’avoir gagné. D’autres envisagent l’expérience. Ce fut une véritable transmission pragmatique d’expérience politique.
« Quand nous sommes rendus compte qu’on pouvait gagner parce qu’on nous le répétait partout, explique Maria Martinez, [1] la dimension du problème a changé. Si nous gagnions, qu’allions-nous vraiment faire ? Comment construire un programme réaliste ? On a décidé de consulter tout le monde, toutes les associations, tous les syndicats, tous les collectifs, même ceux auxquels on ne parlait pas. On leur a demandé ce qu’ils souhaitaient faire. Et à partir de ça, on a construit un programme."
"Elu, on passe brutalement du virtuel au réel. Ce n’est pas facile de passer d’assemblées en paroles à des assemblées d’élus qui doivent décider, sous contrainte légale, de temps, d’argent, de normes, ici et maintenant. Il faut aussi s’attendre à beaucoup de résistances du système. En Espagne, la loi a été changée plusieurs fois pour entraver les municipalités. »
Une élue de Saillans confirme : « Ces expériences de conquêtes municipales citoyennes sont enthousiasmantes ! Mais avec le temps, il y a aussi la colère pour tous les bâtons qu’on nous jette dans les roues. On nous attend au moindre détour. On nous harcèle ».
A part les édiles de Saillans, un édile de Crest, l’absence de la représentation élue aura été brillante. Loin des médias, loin de Paris, des rapports et des big data, proche de la démocratie qui s’incarne, on aurait pu à Saillans se former à la libre parole citoyenne, écouter les signaux faibles qui chuchotent l’avenir.