Aujourd’hui, quoi que nous fassions, nos corps sont sexualisés : délivrons-nous du mâle ! - Que nous soyons habillées ou dénudées, voilées ou en crop-top, une très grande partie des hommes considèrent toujours qu’ils ont leur mot à dire sur nos corps, nos sexualités, nos identités. Qu’ils aillent tous en enfer, et qu’ils prennent Christine Boutin avec eux au passage.
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Les hommes redoublent d’ingéniosité quand il faut trouver des arguments qui légitimeraient leurs prérogatives sur les corps féminins. Quand ce n’est pas un argumentaire islamophobe puant qui prévaut, c’est une soudaine préoccupation pour le “républicanisme” des tenues des étudiantes. Ainsi Macron, en fustigeant la « volonté d’exister » des filles portant des crop top à l’école, ou Blanquer et son concept de “tenue républicaine” à l’école, se montrent bons soldats du patriarcat, qui cadre toujours le problème de la « décence » sur l’apparence des filles et jamais sur les comportements des garçons.
- Crop top et tenues dites décentes : Aujourd’hui, quoi que nous fassions, nos corps sont sexualisés
Or, culpabiliser les filles sur leurs tenues, c’est la première étape de la sexualisation des corps, et de la responsabilisation des femmes victimes d’agressions sexuelles. Les mythes et les discours associés au viol dans la culture française entretiennent l’idée d’un viol-type (le soir dans une ruelle sombre alors qu’on rentre de soirée en mini-jupe) et d’une attitude de la femme qui l’aurait “encouragé” (par une tenue, un comportement…). Mais c’est un mécanisme très puissant et mensonger de la domination masculine que de faire croire que les femmes puissent être responsables de leur viol ou de leur agression sexuelle, en inversant la culpabilité. Cela permet d’entretenir la peur (de rentrer seule, de s’habiller comme ci ou comme ça, de traîner dehors, de multiplier les partenaires…) et l’idée complètement inacceptable que la violence que les hommes exercent sur les femmes serait justifiée.
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Même si je ne compare pas un viol à une agression verbale, ça relève de la même logique : les oppresseurs se sont tellement habitués à l’impunité que l’idée même d’une résistance systématique ne nous traverse pas l’esprit. Alors c’est qu’il est peut-être temps de remettre les choses à leur juste place : rendre à nos corps leur pleine liberté d’exister. Prendre notre place, se couvrir et se découvrir à l’envi, gueuler plus fort, se révolter, faire front ensemble – s’aider, se défendre, se soutenir.
Et comme le sexisme est avant tout une affaire d’hommes, petit guide pratique à la gente masculine : arrêtez de nous fixer, de nous parler ou de nous sourire alors qu’on ne vous calcule pas, arrêtez de mater et de filmer des seins et des fesses comme s’ils ne nous appartenaient pas, arrêtez de nous donner des surnoms et de nous renvoyer à nos “qualités féminines”, arrêtez “d’aider” vos meufs à la maison et prenez vos responsabilités, renoncez de temps à temps à votre surexposition médiatique et faites-vous remplacer par vos collègues femmes, éduquez vos fils au respect du consentement et à l’expression non-violente de leurs émotions, renseignez-vous sur les problématiques féministes, arrêtez de prendre toute la place, arrêtez de nous couper la parole et de parler plus fort que nous, en bref fermez-la et laissez-nous vivre.
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