Covid 19, climat : la société industrielle est de plus en plus dépassée par le chaos qu’elle a créé, elle n’a pas de solutions

Elle improvise au fur et à mesure en cherchant à contenir et cacher ses ravages croissants

dimanche 12 décembre 2021, par Antitech 26.

En subissant la pandémie de covid-19 ou les dérèglements climatiques, on se retrouve dans un profond désarroi.
Beaucoup vont alors tendre à blâmer les gouvernements, les experts et certains intérêts économiques, et en même temps à espérer ou réclamer de « meilleures » mesures, des « solutions », de l’action « efficace » et salvatrice, aux mêmes gouvernements, experts et forces économiques, en leur demandant d’être meilleurs ou en voulant les remplacer par d’autres plus avenants.
Il est repproché à certains humains, les dirigeants, d’être des incapables, des vendus, des corrompus...
Même si la plupart le sont effectivement, on se trompe en réalité de cibles et souvent on ne comprends pas bien l’ampleur du problème.

Covid 19, climat : la société industrielle est de plus en plus dépassée par le chaos qu’elle a créé, elle n’a pas de solutions
Le chaos inextricable ne sera pas résolu par un sucroît de technologie et de complexité

En réalité les chaos de la pandémie de coronavirus ou du réchauffement climatique planétaire ne sont pas des situations transitoires et récupérables, ce sont des situations structurelles, irrécupérables et incontrôlables.
La société industrielle et ses technologies ont créé des chaos qui les dépassent, qui ne peuvent pas être réversibles tant qu’on veut rester dans le cadre existant et continuer la fuite en avant.

- Quelques exemples récents de chaos incontrôlables, avant de reprendre nos remarques plus bas :

  • En 2021, les incendies ont entraîné des émissions records de carbone - L’année 2021 a été marquée par de longs incendies de forêt, particulièrement intenses et dévastateurs, dans plusieurs régions du monde. (...) Selon eux, quelque 1 760 mégatonnes de CO₂ auraient été émises, soit 2,6 fois l’empreinte carbone de la France en 2016 (666 Mt CO₂ éq).
  • Le hantement du monde - Zoonoses, pandémies, tout semble indiquer que la fréquence des catastrophes sanitaires provoquées par la modernité industrielle va s’accélérer au cours des prochaines décennies. Faut-il alors parler de Pathocène pour désigner notre temps ?
  • Samuel Alizon : « La stratégie ’zéro Covid’ devient irréaliste » - Un constat : le virus du Covid accompagnera longtemps l’humanité.
  • Du risque industriel clés en mains, as soon as possible - Par ces temps d’état d’urgence productiviste, high-tech et nucléaire, il n’est pas inutile de mesurer, depuis la loi de 1976 sur le risque industriel, l’extension de la « simplification administrative » en matière d’environnement et de risques... (...) En France, entre 1992 et 2017, au total, 40 000 accidents industriels sont survenus, et les statistiques disponibles suggèrent une inquiétante évolution : on a ainsi recensé 827 accidents dans les établissements classés en 2016, 978 en 2017 et 1112 en 201819. Mais plus largement, un peu partout dans le monde, ces accidents se multiplient – l’Université de Louvain a comptabilisé moins de 100 accidents technologiques majeurs par an dans les années 1980, près de 200 dans les années 1990, 300 au cours de la décennie 2000. Contrairement à une idée répandue, le risque industriel n’a pas disparu ; il tend même à croître. Non seulement les dispositifs techniques de sécurisation des sites ne sont pas parvenus à faire baisser le nombre et la gravité des accidents et à contrebalancer l’assouplissement de la réglementation, mais les citoyens sont mis à distance et ne peuvent plus exercer un réel contre-pouvoir. Ainsi, la concertation, prise en charge par les commissions de suivi de site (CSS), depuis 2012, apparait pour ce qu’elle est : un moyen de canaliser les contestations des projets industriels dangereux.
  • Pollution, érosion, raréfaction : la FAO s’alarme de la dégradation des terres et des eaux - Un rapport de l’agence de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture dresse un constat accablant de l’état des sols et des eaux, soumis à un niveau de pression inédit pour nourrir la population.
  • Tornades et rafales s’abattent sur cinq États des États-Unis
  • (Il faudrait ajouter aussi les mégafeux de ces dernières années, la famine à Madgascar, les graves problèmes d’eau en Iran, la faillite du Liban...)
Covid 19, climat : la société industrielle est de plus en plus dépassée par le chaos qu’elle a créé, elle n’a pas de solutions
Gesticuler, empiler les mesures sécuritaires, faire diversion, ne masquera pas indéfiniment l’étendue inexorable du chaos meutrier

Vaccins ou pas vaccins, masques ou pas masques, pass « sanitaire » ou pas, la réalité est que la pandémie de coronavirus est incontrôlable, qu’elle échappe largement aux institutions et aux technologies. Il n’y a aucune solution fiable et bonne, juste des bricolages, des protections d’urgence pour limiter la casse, des décisions prises au fur et à mesure coincées entre les impératifs contradictoires et insolubles du modèle social en vigueur (consommation, productivisme, confinement, travail, transports de masse, santé, vie sociale, pseudo-démocratie, mesures autoritaires, ordre policier, libertés...).

C’est la même chose pour les dérèglements climatiques, la civilisation industrielle s’agite : solutionnisme à tout va, énergies alternatives, autre croissance, innovations technologiques, techno-monde numérique, verdissement du business et du vocabulaire, positivisme et adaptation, transitions fantasmatiques... Tout y passe, sans résultats positifs concernant l’arrêt des dérèglements climatiques ou de la destruction de la biosphère. Bien au contraire, les désastres ne font que s’aggraver partout.

Il est bien connu que les systèmes hyper complexes deviennent de plus en plus fragiles, imprévisibles et instables. De plus, des écosystèmes vivants sont nettement moins "contrôlables" qu’une usine, et on ne sait pas les recréer ou les déplacer.

Du fait de la compétition économique et politique permanente et des impératifs structruels imposés par la quête de puissance et la valorisation du capital, les dirigeants agissent à court terme et pondent des mesures au fur et à mesure que les problèmes se présentent, en essayant bien sûr de toujours préserver leurs intérêts.

Quand ils se sentent ou savent dépassés, alors les puissants et leurs valets en rajoutent encore plus dans les grandes émotions, les mesures autoritaires et policières, le spectaculaire, histoire de faire diversion et de ne pas montrer qu’ils sont complètement largués, de laisser croire qu’ils maîtrisent les choses ou vont arriver à contrôler le chaos, l’incendie, que le système qu’ils défendent alimente en permanence en carburant très inflammable.

Ils angoissent qu’on se rende compte (qu’on accepte l’évidence) que leur société industrielle adorée se transforme inéluctablement en chaos mortel et qu’ils ne peuvent aucunement améliorer la situation puisqu’ils veulent au contraire continuer à tout prix (comme presque tout le monde d’ailleurs) ce qui cause les crises : la société industrielle, le capitalisme et l’Etat, le techno-monde, le productivisme, le patriarcat, le règne de la marchandise.

Jusqu’à quel stade de décomposition chaotique les populations vont-elles volontairement se soumettre et fermer les yeux ?
Quand est-ce qu’un sursaut de survie, un éclair de lucidité consenti, une atrocité de trop lanceront une véritable résistance portée par un nombre suffisant et déterminé de personnes ?

- Suite des remarques après ces deux articles intéressants :

- Les raisons de la vaccination : peut-on encore être perplexe ?
en voici un extrait :
Les gouvernements, dans la panique, ont expérimenté des mesures qu’ils ne laisseront probablement pas tomber dans des situations analogues. Un tel glissement n’a rien d’exceptionnel. Nous venons de voir New Delhi imposer tout à coup à sa population un confinement pour cause de pollution de l’air extrême (et non pour cause de pandémie). Pourtant, la seule mesure véritablement sensée – si la santé des gens importait réellement – ne pourrait être que d’interdire le trafic routier individuel, fermer les usines, etc. Dans l’incapacité de prendre de telles mesures, qui sont antinomiques à la logique de la société productrice de marchandises, les gouvernements seront toujours plus tentés de sanctionner les comportements individuels que d’entraver la production. La logique qui se dégage de cette situation est que, devant l’approfondissement de la « société du risque » (Ulrich Beck) , ce sont en dernier ressort les individus qui se verront sanctionnés de manière toujours plus intime et ces individus réagiront avec toujours plus de défiance envers leur « représentants », avec toujours plus de labilité dans leurs opinions, et avec une tendance toujours plus barbare à comptabiliser leur propre préjudice et accuser un autre groupe de jouir d’un avantage réel ou imaginaire. Ce n’est pas en invoquant le soi-disant bon sens de la vaccination qu’on peut s’opposer aux complotistes, mais dans la critique de l’unité négative du « traitement de la contradiction » (Robert Kurz) dans laquelle s’enracine cette dynamique.

Devant le train agressif de mesures sanitaires et les polarisations qu’il entraîne, il ne s’agit pas de nier la réalité pandémique, mais de rappeler qu’on est en droit d’être perplexes sur sa gestion. Non pas parce que nous pensons avoir une meilleure réponse et une meilleure explication que ceux qui en ont la charge, mais parce que nous reconnaissons, au contraire, qu’aucune réponse politique ne peut être adéquate à la présente crise. Les institutions et leurs représentants, qui ont garanti tant bien que mal le fonctionnement du capitalisme jusqu’à aujourd’hui, ne savent plus convaincre, pendant que le mantra de la relance économique persiste à être tenu pour intangible. Il est de plus en plus répandu d’accuser l’impéritie politique de tous les maux, mais nulle part on ne questionne les catégories fondamentales du système capitaliste, dont le virus, tel un grain dans la machine, met en évidence l’incapacité à protéger les vies. Ce hiatus accroît tous les jours la confusion ; nous n’avons plus aucune intelligibilité des décisions prises et, en plus de toutes les plaies qui nous accablent, nous sommes, collectivement, en train de perdre complètement la boussole. Les moyens démesurés apparemment déployés pour enrayer l’épidémie ne sont que des pansements sur une civilisation moribonde.

D’une part, aucune des causes qui ont soit provoqué, soit aggravé cette pandémie n’est stoppée : déforestation, bétonisation, autorisation de pesticides, élevage de masse, etc. Mais la longue liste des autres risques qui plombent l’avenir de cette civilisation n’est, elle aussi, en aucun cas traitée à la hauteur des enjeux et démontre tous les jours que la sécurité et la santé des populations n’est pas du tout la véritable priorité. La priorité de tous ceux qui occupent des fonctions politiques ou économiques, comme de ceux qui les élisent ou en dépendent et de ceux qui attendent d’eux une solution magique et crachent dessus à la première désillusion – c’est-à-dire à peu près tout le monde – est de sauver un système qui coule au risque de sacrifier tous ceux qui coulent avec lui. La croyance fétichiste en la viabilité de ce système est de toute évidence plus tenace que la survie même de ceux qu’il prétend servir.

- La Chine, un exemple ?
Extraits :
C’est par une mécanique qui dépasse les intentions particulières des acteurs politiques que les États sont forcés d’emprunter la voie de la surveillance généralisée (et ceci de manière toujours plus frappante). La gestion biopolitique du monde est la destination logique de la modernité : habillée de la rhétorique mielleuse du respect des libertés ou de celle, autoritaire, du respect de l’ordre public, elle se présente assurément sous plusieurs modes discursifs. Mais quelle que soit la rhétorique adoptée, face à la montée de ce que Ulrich Beck appelait la société du risque, les États sont tenus de prétendre qu’ils assurent la sécurité et les conditions minimales de la reproduction de l’existence. Mais compte tenu de l’amplification des crises globales, la seule manière d’assurer cette prétendue sécurité ne peut être que la gestion de plus en plus serrée du « parc humain ».

Contrairement toutefois aux interprétations paranoïaques qui fleurissent ici et là, il y a une contrainte systémique à déchiffrer derrière l’empressement occidental à encenser l’exemple chinois. Moins les crises seront maîtrisables – à l’image de la propagation rapide et imprévisible du Covid-19 – plus les États tenteront de survivre à leur déconfiture en pactisant avec le solutionnisme des entreprises hi-tech pour contenir des populations toujours plus exposées, inquiètes et instables. A chaque invective contre ces « connards qui nous gouvernent14 » incapables de résoudre les crises qui se profilent et se multiplient, se manifeste un peu plus l’infantilisme des attentes exorbitantes à leur endroit et le glissement imperceptible de l’autorité étatique vers la gouvernance algorithmique assistée par des plateformes dont plus rien n’arrête l’ascension. A force d’être traités de « connards » en toute situation, on peut imaginer que la classe politique préfèrera de plus en plus s’en remettre au traçage glacé des moindres comportements de la population, plutôt qu’à la responsabilité de gérer des crises insolubles à l’intérieur du cadre politique que s’est donnée la modernité.
(...)
On cherche dans les représentants de l’État aussi bien la faute et l’incompétence personnifiée que la solution à tout, au lieu d’analyser la mécanique implacable à laquelle nous avons collectivement consenti pour en arriver là. Tremblons que l’État chinois ne vienne nous tendre une main généreuse et un exemple à suivre dans la résolution des crises universelles et que nous nous jetions sur cette aubaine parce que nous sommes devenus incapables de prendre en charge la reproduction de nos existences.

Covid 19, climat : la société industrielle est de plus en plus dépassée par le chaos qu’elle a créé, elle n’a pas de solutions
Il est impossible de résoudre des problèmes en accentuant toujours plus ce qui les crée

Dernières remarques

Le système complexe et hiérarchisé du techno-capitalisme et des Etats engendre inéluctablement des catastrophes et du chaos dans tous les domaines, ce qui en retour appelle et justifice un système techno-numérique totalitaire toujours plus poussé de gestion des foules, des objets, des stocks, des énergies et des individus.
La dépendance croissante des humains à la méga-machine techno-industrielle pour leurs besoins essentiels de survie entraîne souvent la soumission intégrale et la demande de davantage encore de sécurité, d’autorité plus ou moins dictatoriale et de technologies régulatrices, pouvant conduire aux néo-fascismes.
Dans cette société totalitaire les individus (surtout les classes les plus dominées) toujours plus alliénés sont/seront dépossédés de toute autonomie et liberté vivante.

Malgré (ou plutôt « avec ») les surcouches de mécanismes de contrôle et de gestion cybernétique de plus en plus sophistiquées, ces cercles vicieux finiront par s’écraser dans des cataclysmes meurtriers et une planète rendue plus ou moins inhabitable.
...A moins que des révoltes suffisamment puissantes et destructives ne parviennent à stopper ces processus ravageurs à temps, notamment en attaquant les organes vitaux de la méga-machine en priorité dans les pays industrialisés puissants ?
Si de surcroît des zones d’extraction de matières premières indispensables à la société industrielle sont mises hors service également, le monstre pourrait sombrer avant qu’il n’ait le temps de nous entraîner avec lui au fond des gouffres brûlants qu’il creuse à grande vitesse sous nos pieds ?


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