Continuer de produire et travailler, quitte à reproduire la pandémie

« Les couvre-feux sont vains quand c’est le monde entier qui brûle »

jeudi 22 octobre 2020, par Camille Pierrette.

LA NUIT SANS FEU

Le gouvernement impose un couvre-feu. Des militaires gardent la sortie des métros parce que, quelles que soient les raisons de santé publique, il est hors de question de ralentir à nouveau l’économie. L’école et l’entreprise, les plus grands foyers de contaminations restent ouverts. Alors le gouvernement fait ce qu’il peut, il rogne la vie qui reste. Il faut bien que la foule travaille, et que ses enfants travaillent pour qu’elle puisse continuer à trimer. Mais à quoi ? Au maintien du cycle économique qui a causé la pandémie. Les exploités travaillent aux épidémies futures, à la poursuite des désastres, à la fin du monde. C’est la loi de la marchandise. Il faut continuer de produire, quitte à reproduire la pandémie.
Avec le couvre-feu, l’État déclare la guerre qu’il a toujours menée contre la population, et avoue que, sous sa tutelle, les gens ne sont bons qu’à travailler. Que la classe dominante, dans sa grande indulgence, ne maintient la masse en vie que pour l’exploiter, puisqu’elle peut lui ôter tous les semblants de plaisir qui lui restaient. Il n’y a pas de « politique sanitaire ». Les fonctions vitales du capital sont tout ce qui compte.
Les démocrates ont perdu leur jouet, cette fois pour de bon. Voter contre « le fascisme » tous les cinq ans est la seule liberté qui reste. L’État poursuit sa mue bureaucratique. Reste que l’ennui peut créer des vocations, comme donner envie de braver la nuit. Et que les couvre-feux sont vains quand c’est le monde entier qui brûle.

Post de Véloce - site web et revue : http://www.lisez-veloce.fr/

Continuer de produire et travailler, quitte à reproduire la pandémie
Les braises couvent sous les cendres : « Les couvre-feux sont vains quand c’est le monde entier qui brûle »

Remarques

La brutalité violente et absurde de cette suicidaire civilisation industrielle nous éclate au visage de plus en plus.
Avec le couvre-feu, bientôt étendu à peu près partout ?, c’est plus que jamais "travaille, consomme, et ferme ta gueule".
Désormais nous sommes des grands brûlés, le feu nous dévore de l’intérieur comme dans la série Moloch d’Arte, le couvre-feu brûle nos dernières libertés et détruit les illusions des derniers naïfs sur la nature du régime en place, qui préfère une fois de plus renforcer la flicaille plutôt que les soignant.e.s et leurs moyens.
Mais le feu couve sous les cendres encore vivantes, et des braises pourraient jaillir de grands bouleversements qui renverseraient la civilisation industrielle, son étatisme et son capitalisme totalitaires.
Aux rebelles de souffler nombreux dans le bon sens pour que l’énergie des flammes aille vers la construction de sociétés vivables, solidaires et soutenables, et non pas vers le grand éteignoir du néo-fascisme sous une forme ou une autre.

- Voyez comme le régime et son monde de mort veut continuer à favoriser ce qui contribue à créer des pandémies de type coronavirus (ou d’autres cataclysmes), et en même temps en profite pour étendre son emprise autoritaire (nombreux autres exemples disponibles sur le web et sous nos yeux) :

  • Contre le Covid, renforçons l’hôpital, pas l’autoritarisme - Pourquoi ne crions-nous pas pour exiger que tous les moyens nécessaires à la lutte contre la pandémie soient immédiatement donnés à l’hôpital ? Pourquoi nous interdisons-nous de questionner les mesures autoritaristes comme le couvre-feu quand nous savons que la question n’est pas là ?, s’interroge l’autrice de cette tribune. Avec deux autres réalisatrices, elle interpelle les représentants politiques.(...) « Il faut faire avec le manque de moyens de l’hôpital. » Au nom de cette phrase, on peut plonger dans la pauvreté des millions de gens, faire grandir dans la peur et la restriction de libertés grandissante des millions d’enfants et d’adolescents, écraser des pans entiers de la société, soutenir à coups de milliards des industries qui s’effondrent, plonger dans la psychose et la dépression des millions de personnes fragiles... la liste est longue. Et, cette phrase, il est interdit de l’interroger. Nous suivons plus ou moins allègrement le joueur de flûte, comme des enfants, vers le désastre. Hypnotisés au point de ne plus voir l’évidence… Logique de noyade exactement identique à celle à l’œuvre face au réchauffement climatique. Pourquoi ne réclamons-nous pas l’indispensable ? (...) Samedi 17 octobre, dans ce pays, nous avons franchi la limite entre une politique de précaution (quoi qu’on pense de celle-ci, et de ses raisons et modalités) et le pur autoritarisme. Une bascule. Masque en extérieur, couvre-feu, décisions au mieux dérisoires pour arrêter la circulation du virus — voire inutiles, voire délétères, puisque provoquant nouveaux clusters et comportements à risque. Mise au pas de la société très nette, en revanche : les moyens qui ne sont pas donnés à l’hôpital le sont à la police. L’ordre est-il justifié pour arrêter la pandémie ? Peu importe, ce qui compte, c’est que nous y obéissions.
  • Benoît Biteau : « La PAC va continuer à provoquer des désastres sociaux et écologiques » - La Politique agricole commune (PAC) est discutée cette semaine à Bruxelles et doit être adoptée d’ici vendredi 23 octobre. Selon un eurodéputé Vert français, comme à l’accoutumée, elle « correspond aux attentes des lobbys agrochimique et agroalimentaire » et a des conséquences sociales et écologiques désastreuses.

Forum de l’article

  • Continuer de produire et travailler, quitte à reproduire la pandémie Le 23 octobre 2020 à 00:38, par Camille Pierrette

    Protéger la vie ou l’économie ? Pris en étau dans ce dilemme fondamental, nous ne cherchons que des responsables désignés : macron, les « élites », les fêtards, les travailleurs, les écoliers... Dans la civilisation industrielle et son capitalisme, il n’y a pas de « sortie de crise » possible, c’est l’économie et son monde totalitaire qui priment toujours sur tout.
    - Lire : Couvre-feu : le message brouillé - Post-scriptum à De virus illustribus

    Accuser le cynisme des dirigeants, c’est oublier qu’ils ont été élus exactement pour remplir cette mission. Ceux, donc, qui dénoncent le couvre-feu au nom du refus « de voir un pervers présidentiel jouir obscènement de nous serrer la vis » (dixit le collectif des Cerveaux non disponibles) persistent à personnifier la situation de manière infantile. Les mêmes qui affirment que « tout gouvernement n’a de principal souci que le contrôle de la population » ne veulent rien savoir de la nature fondamentale du mandat politique, quel que soit la couleur du gouvernement, et qui est de préserver l’économie quoi qu’il en coûte, sans quoi aucune des promesses de l’État moderne ne tient cinq minutes. Il n’y a évidemment ni sécurité publique, ni santé publique, ni éducation publique, ni routes publiques, et certainement pas des masques et des tests gratuits si l’économie s’effondre. Emmanuel Macron est bien conscient de la gravité de la situation (économique). Mais pas plus lui que ses critiques de gauche ne sont prêts à nommer et dépasser le dilemme dans lequel le système capitaliste nous tient en étau. Peut-être ne sont-ils pas prêts à renoncer à ses promesses en toc : plein-emploi, villa, bagnole, vacances pour tous… Tous préfèrent se réfugier dans le discours régressif consistant à chercher à qui la faute d’une telle situation générale, certains désignant les jeunes fêtards ou les réunions de famille, les autres désignant le soi-disant pervers qui nous dirige. De telles cristallisations constituent un terrain favorable aux grands mouvements anti-élite et conspirationnistes de tous bords qui fleurissent en ce moment et jettent le monde dans une barbarisation intellectuelle aussi dramatique que la barbarisation économique : c’est un feu croisé d’incriminations ciblées qui évitent de remettre en cause les catégories fondamentales d’un système auquel chacun participe à des places différentes.

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