Chili : après des émeutes et d’énormes manifestations, le gouvernement de Pinera démissionne - Le pouvoir lâche du lest afin de garder l’essentiel

Cette grande victoire populaire devrait se méfier de cette manoeuvre réformiste du pouvoir chilien et de ses oligarques

dimanche 27 octobre 2019, par Camille Pierrette.

Les ministres du président chilien Sebastian Pinera ont du démissionner suite au rapport de force instauré par le peuple chilien dans la rue.
Une grande victoire pour le peuple sur la peur, la résignation et la domination capitaliste et politique, mais quelle va être la suite ?
- Au Chili comme ailleurs, il n’est plus possible de s’arrêter en chemin (voir mes remarques plus bas).

LE GOUVERNEMENT CHILIEN DEMISSIONNE

(un post de Désobéissance Ecolo Paris)
Encore une victoire des Chiliens qui ont été plus d’un million dans la rue hier. Attention à ne pas en exagérer la portée, car il s’agit du troisième remaniement gouvernemental en un an et demi. Soutien aux Chiliens, il faut qu’ils continuent !

« Le président chilien Sebastian Pinera a annoncé samedi un vaste remaniement de son gouvernement, au lendemain d’une manifestation historique dans le pays contre les inégalités sociales. »J’ai demandé à tous les ministres de remettre leur démission pour pouvoir former un nouveau gouvernement et pouvoir répondre à ces nouvelles demandes", a déclaré le chef de l’Etat dans un message à la nation.
Plus d’un million personnes ont défilé vendredi au Chili pour protester contre les inégalités du modèle économique chilien et réclamer plus de justice sociale. « Nous sommes dans une nouvelle réalité. Le Chili est différent à celui que nous avions il y a une semaine », a ajouté le chef de l’Etat. Il s’agit du troisième remaniement gouvernemental en un peu plus d’un an et demi mis en oeuvre par le président conservateur, entré en fonction en mars 2018.
M. Pinera a également annoncé une levée de l’état d’urgence dimanche si « les circonstances le permettent » afin de « contribuer à cette normalisation que tant de Chiliens désirent et méritent ». L’état d’urgence avait été décrété le 18 octobre à la suite de violentes émeutes, point de départ d’une vague de contestation sociale sans précédent dans ce pays de 18 millions d’habitants, réputé en Amérique latine pour sa stabilité politique et économique."

- Source : Chili : le président annonce un vaste remaniement du gouvernement

Renuncia Pinera !

Remarques persos

Ce remaniement de gouvernement chilien prouve une fois de plus que la lutte paie, que la conjonction de divers modes d’actions marche (y compris les émeutes violentes, des sabotages et des incendies, dont celui de la tour ENEL de l’EDF local), que les élections ne sont pas adaptées, que quand le régime a peur il lâche du lest.
On remarque que le peuple chilien a été davantage motivé encore que les français, ayant davantage souffert, qu’il est moins éclaté entre divers intérêts individualistes, classes sociales et culturelles, qu’il a moins de scrupules à utiliser la puissance de l’émeute et moins de frilosités à faire la grève générale. On remarque qu’en france le soulèvement a du mal à s’étendre pour l’instant au delà des tenaces gilets jaunes.

Ce remaniement est une belle bonne nouvelle, avec la fin du couvre feu et de l’état d’urgence. C’est une énorme victoire pour le peuple, bravo pour cette détermination courageuse, mais ce n’est qu’une bataille, une étape.

Les remaniements de gouvernement et les réformes ne peuvent faire oublier les morts et les blessés dus à ce régime et à son président, ni que le système oligarchique, capitaliste et industriel est toujours bien en place...

Mais ATTENTION, les oligarchies politico-économiques au pouvoir font toujours des réformes et des remaniements ministériels pour essayer de calmer les moins virulents, et pouvoir justifier davantage la répression si l’insurrection continue (« on a fait des réformes importantes, vous n’êtes donc pas légitimes à continuer la révolte, comptez plutôt sur les prochaines élections et sur les commissions ou grand débat national que nous allons mettre en oeuvre »).
Le nouveau gouvernement, après quelques réformes, continuera à peu près la même politique (capitalisme partout et absence de démocratie réelle), en gardant au pouvoir économique les mêmes mafias d’oligarques.

Le changement de quelques pantins politiciens ne change rien au fait que le pouvoir économique capitaliste continue à écraser les peuples, à détruire le monde vivant, ...et à pouvoir diriger le monde politique via son fric et ses lobbies.
Pinera et la clique qu’il représente se gardent bien de tout changement de fond, comme : constitution écrite par le peuple, démocratie directe, démantèlement des oligarchies et du capitalisme, diminution du pouvoir de l’Etat au profit de l’autonomie locale fédérée, etc.

Les prochaines étapes de cette insurrection comme de toutes les autres sont donc bien plus difficiles : démanteler l’omnipotence de l’Etat, destituer les propriétés privés des capitalistes, créer de la démocratie directe depuis la base...
Pour que rien ne puisse redevenir comme avant, il faudra s’attaquer aux structures du pouvoir économique, à leurs soubassements, il faudra savoir s’organiser sans s’institutionnaliser, débattre et avoir des désaccords sans se déchirer...

Si la révolte s’arrête à des réformes et à changement du personnel gouvernemental, rien ne changera vraiment, et tôt ou tard les oligarques du bloc bourgeois reprendront le dessus grâce au chantage à l’emploi, à l’immobilier et aux terres en leurs mains avides, à la menace agitée de la concurrence mondiale, au besoin de Croissance pour soi-disant créer des emplois, ce qui entraînera comme d’habitude des dégradations environnementales et sociales, aux menaces de délocalisation et d’inflation, comme ici en france, comme partout dans la civilisation industrielle.

Si la révolte continue, le deuxième fusible (ou contrefeux) utilisé pourrait être la démission de Pinera et la convocation d’élections anticipées. Ainsi, les pouvoirs tenteraient de noyer la dynamique de l’insurrection dans les combats des processus et débats électoraux. Ainsi, le pouvoir des capitalistes resterait intacte.
Partout dans le monde, les peuples devront être lucides et tenaces, afin de conserver l’avantage et de pousser le bouchon jusqu’au démantèlement complet du pouvoir capitalisto-politicien et de ses valets.
Il n’est plus possible de s’arrêter en chemin.

« El pueblo unido jamás será vencido ! »

- Voir cet article d’un collectif chilien : Au Chili et ailleurs, étendre la ligne de front

Dans tous les pays du monde, il faut à présent montrer sa solidarité avec les insurrections chiliennes, équatoriennes, hong-kongaise, mais surtout descendre là aussi dans la rue, cesser les activités quotidiennes, attaquer les centres du pouvoir économique et financier, construire les structures de reconversion écologique et sociale vitales à l’humanité. Le moment, tant attendu, semble peut-être venu de porter enfin le coup de grâce à un mode de production qui est la mort personnifiée ; de l’attaquer, sans répit, dans tous les pays et tous les lieux du monde.

En soutien avec les peuples qui, sous nos yeux, se battent jusqu’à leur dernier souffle, en appui aux vies qui se sont mises en jeu pour lutter contre ceux qui cherchent à conserver leurs répugnants privilèges, il faut que naisse une solidarité internationale telle qu’on n’en a peut-être encore jamais vue dans l’histoire, et que, loin des massacres qu’ils semblent ne vouloir cesser de provoquer, s’ouvre enfin une époque nouvelle, un autre temps, une vie enfin digne d’être vécue !

VERS UNE REVOLTE MONDIALE
par [Le Média->https://www.youtube.com/channel/UCT67YOMntJxfRnO_9bXDpvw]
https://www.youtube.com/watch?v=MUrZLJDDIhs&feature=share

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