Ce matin le sang a encore coulé.

Les kurdes comptent leurs morts.

samedi 24 décembre 2022, par janek.

Un homme à ouvert le feu dans un centre kurde à Paris tuant trois personnes avant d’être maîtrisé par d’autre personnes. Cette attentat ne semble aucunement le fruit du hasard d’un dégénéré voulant faire couler le sang.


Des trois personnes assassinées, l’une était responsable du mouvement féministe kurde, un autre était un célèbre musicien kurde. L’homme semblait renseigné et n’a pas frappé au hasard. Ces trois morts font écho aux trois militantes kurdes assassiné en plein Paris il y a 10 ans par un homme à la solde d’Erdogan, le président turc aux mains pleines de sang. Légitimement, de nombreuses personnes rassemblées en hommage aux trois tués d’hier scandaient des messages contre l’état turc. L’infâme Darmanin, qui s’empresse de crier à l’attentat lorsqu’il y a le moindre doute quant à la présupposé religion musulmane des auteurs de crime se fait ici bien discret en disant de l’assassin qu’il voulait « manifestement s’en prendre à des étrangers ». « Il n’est pas sûr que le tueur qui a voulu assassiner ces personnes […] l’ait fait spécifiquement pour les Kurdes » ...

Partout ou la diaspora kurde existe elle se fait pourchassé, torturé, tué. Mais qu’est-ce qu’ils leur valent tant d’animosité et de haine ?

En effet que ce soit en Turquie, en Syrie, en Iran les kurdes sont en première ligne pour se battre pour leur dignité, leur culture, et la liberté.
En Iran, la révolte actuelle a démarré lorsque Jina Mahsa Amini s’est fait assassiné par la police des mœurs iranienne, car quelques cheveux dépassaient de son voile, et surtout parce qu’elle était kurde. Directement, la famille a politisé les funérailles et des manifestations ont éclaté au Kurdistan iranien et dans tout le pays. Le slogan « Femme, vie, liberté » scandé en boucle par toutes les manifestations contre le régime est un slogan kurde.

En Syrie, les kurdes ont été le fer de lance de la bataille contre Daesh, les faisant reculer pour la première fois dans la célèbre ville de Kobané. Profitant de la quasi-disparition de l’état syrien et de ses victoires contre Daesh les kurdes ont mis en place dans le nord de la Syrie le confédéralisme démocratique qui se base sur plusieurs piliers tels que le féminisme, l’écologie, la démocratie directe, la lutte contre l’état nation.

En Turquie, les kurdes se battent et résistent depuis des dizaines d’années contre l’état turc. Le PKK, la branche armé de la résistance kurde, donc beaucoup de militant.e.s sont parti.e.s se battre en Syrie. Le HDP, Le Parti démocratique des peuples, est la représentation politique des kurdes. Ce parti politique se bat pour le droit des minorités, une démocratie plus direct, etc... Nombre de ses membres et députés sont assassinés et enfermés par Erdogan et sa clique.

Les kurdes ont depuis longtemps une grande culture de résistance et des valeurs émancipatrices qui font qu’ils et elles sont pourchassé.e.s et assassiné.e.s à travers le monde. Leurs luttes sont des phares dans le brouillard nauséeux, autoritaire et fasciste dans lequel baignent de plus en plus les états modernes. Alors que le sang à encore coulé dans le cœur de Paris, il faudrait peut-être comprendre que lorsque des kurdes, des femmes, des homosexuels, des personnes trans, des sans papiers, des gens déjà opprimés sont pourchassés, battus, assassinés, ce ne sont que les premier.e.s d’une liste bien longue de celles et ceux qui se battent pour que la liberté et l’émancipation ne soient pas de vains mots…


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