« CELUI QUI DIT LA VÉRITÉ….. »
Lettre ouverte à Madame la préfète de la Drôme.
MADAME,
J’ai entendu votre indignation à la radio et la dénonciation d’actes intolérables et de dégradations importantes lors de la manifestation hier au plateau des couleures à Valence.
J’étais présent ; mon fils, mon petit-fils y étaient aussi.
Ma fille aînée manifestait à Paris.
Mon autre fille infirmière était là, bien déterminée à se faire entendre. Au quotidien elle palpe la détresse des gens, la précarité de plus en plus grande, l’impossibilité de se faire soigner, la médecine à 2 vitesses…la liste est de plus en plus longue !
Au début, nous étions derrière, à la fin nous étions devant.
Rien d’original certes, mais nous avons tous vu la même chose.
Et comme vous n’étiez pas là, je vais vous raconter….
Les syndicats ont demandé aux personnes présentes de ne pas rentrer sur la « lacra », mais ils n’ont pas été entendus.
Avec prudence, nous avons décidé d’aller manifester notre mécontentement sur cette chaussée, fatigués d’être contenus par votre volonté au cœur de la ville, loin des regards et lassés d’être la proie de vos services qui sans cesse sous estiment les chiffres de la participation aux rassemblements.
Les gens ont vu, parce que nous avons décidé de ne plus vous obéir, au risque de froisser votre égo.
Ils ont vu qui nous étions et combien nous étions.
Ils ont vu une fois de plus que vous aviez bidouillé les chiffres.
Ils ont vu que vous aviez commis une grave faute professionnelle en ne mettant aucun service d’ordre à l’entrée de la « Lacra ». On peut légitimement se demander si ce n’était pas volontaire.
Ils ont vu également que vous n’aviez prévu aucun service pour sécuriser la venue des gens à la manifestation.
Pendant une heure, des centaines de personnes de tous âges, ont arpenté l’avenue de Romans sur la partie nord, frôlées par des véhicules circulant à 70/80 Km/h. J’ai eu peur pour eux. Quelques policiers sur les voies adjacentes, 3 motards en tête du cortège c’est tout. Circulation fermée au dernier moment à 14H30. La santé ou la vie des « croquants » n’a pas grande valeur à côté de l’économie.
Où est l’irresponsabilité, Madame la préfète ? Où est la violence dans cette préparation bâclée volontairement ou pas ?
Afin de continuer mon information, Madame, sachez que la manifestation se passait dans une bonne humeur festive qui faisait plaisir à voir, et même lorsqu’une voiture banalisée de la police (BAC ?) est venue au milieu de la foule, sirène hurlante, pour provoquer peut-être un incident qui vous aurait servie, ils ont été invités, sous les huées, certes, mais sans dommage, à faire demi-tour. Quelques bosses sur les portières…seulement ; heureusement !
Rien de désagréable ne s’était produit jusqu’à l’arrivée de deux véhicules de CRS qui se sont positionnés en face de nous et nous ont copieusement arrosé de grenades lacrymogènes lancées par-dessus la foule et devant elle, afin que nous en prenions plein la gueule.
Une femme bloquée dans sa voiture est sortie pour me proposer son aide. Elle est venue vers moi probablement émue de voir ma réaction aux produits toxiques et s’est écriée du fond du cœur :
« Je ne suis pas toujours d’accord avec les manifestations, mais c’est scandaleux de voir comment ils vous traitent ». Et je vous jure que cette anecdote est vraie, Madame.
Étiez-vous avec eux ? Car je me souviens vous avoir vue sur le pont de Granges les Valence il n’y a pas si longtemps, au milieu de vos protégés, donner l’ordre d’envoyer des gaz qui sous l’effet du vent du nord avaient indisposés les parents et leurs enfants dans les poussettes, les contraignant à fuir à toutes enjambées.
La ville de Valence ne s’en était pas émue, l’agglo non plus. Cherchez vos soutiens…
C’était bien rigolo, mais comme divertissement Madame je vous conseillerais plutôt le tir aux pigeons d’argile !
A partir de là, oui, je le revendique solidairement, NOUS avons déplacé des poutres de béton pour les mettre au milieu de la route et nous avons allumé 2 ou 3 feux de bois, avec le bois mort récupéré sur la butte avoisinante.
Je crois sincèrement ne rien avoir minimisé et mes proches que je vous ai cités au début de cette lettre ouverte ont vu la même chose que moi. Nombre de mes amis présents, aussi.
Pas de quoi s’offusquer si ce n’est de la violence dont vous avez été à l’origine.
A moins que ?
A moins que tout cela ne soit que stratégie de communication. Dans ce cas, vous perdez votre peine, car les Français ont compris votre fonctionnement et ne sont pas dupes !
Soyez Madame la préfète assurée de mon respect même si hier vous en avez beaucoup manqué à notre égard.
Bernard PELURSON
26120 OURCHES
PS : Lettre « ouverte » que je vous adresse en premier lieu, mais que je m’autorise à diffuser le plus largement possible, soucieux de faire valoir la vérité.