Le mercredi 14 octobre, Macron déclare que « c’est dur d’avoir 20 ans en 2020 », montrant ainsi qu’il comprend que l’état d’urgence sanitaire prive la jeunesse de notre pays des plaisirs qui sont les siens, qu’il est plein d’empathie et de compassion pour ces citoyens contraints de sous-vivre.
Samedi 26 octobre à 0h00, le couvre-feu sera étendu à 38 départements supplémentaires et ce seront donc 46 millions de personnes qui ne pourront plus se déplacer entre 21h et 06h00, sauf pour raison de première nécessité et pour le travail. La mesure devrait courir pendant 6 semaines et pourra être encore renforcée par les autorités. C’est pour le moment moins sévère que le confinement de mars à mai, mais c’est pas jouasse.
Alerte maximale et bruits de sirènes dans une rue vide
En vertu d’une décision bureaucratique, la zone d’alerte maximale d’une ville ou d’un département ou du pays est atteinte quand on dépasse 250 nouveaux cas pour 100.000 habitants. Voilà le genre de chiffres qu’il est difficile d’appréhender. Pour le visualiser et le comprendre, faites l’expérience suivante : imaginez les Champs-Elysées depuis la Place de la Concorde jusqu’à l’Arc de Triomphe, videz-les mentalement de tout véhicule, de tout piéton, de tout Gilet Jaune (bon, ça en fait, c’est le cas depuis un moment !). Vous voyez ces 2.7km de bitume désert qui s’étendent sans fin, avec l’Arc de Triomphe tout au bout ? Bien maintenant déposez sur l’avenue deux Twingo de la couleur de votre choix. Elles en ont de la place pour rouler, non ? Et bien, ça y est ! Vous avez atteint la cote d’alerte maximale ! En effet, la longueur de deux Twingo est à cette portion des Champs-Elysées ce que 250 est à 100.000. C’est le même rapport, la même proportion. Vous ne trouvez pas que c’est moins terrible quand on visualise le chiffre ?
Bouh ! T’as eu peur !
En même temps qu’il bouclait 38 départements supplémentaires, Jean Castex annonçait gravement que « chaque jour le nombre de morts augmente » ! Voilà encore une annonce effrayante. On a vraiment l’impression d’être pris à la gorge. En fait, si la Covid-19 tuait UNE personne par jour, on pourrait dire aussi que « chaque jour le nombre de morts augmente ». Donc là, Castex ne nous dit rien, ne nous apprend rien mais cherche à nous effrayer.
Le Mystère des Insaisissables Grands Nombres
Mais justement qu’en est-il des décès en France ? Nous en sommes aujourd’hui à environ 33.000 morts. C’est beaucoup et je n’aimerais pas que moi ou mes proches fassions partie de ces victimes de la maladie.
Vous avez tous lu ou entendu que l’on ne comprenait rien aux exponentielles. C’est vrai et je n’en dirai rien car il existe sur Internet une grande quantité d’articles à ce sujet. Mais je vais aller plus loin : en fait notre cerveau est seulement capable de comprendre, d’un point de vue pratique, des chiffres beaucoup plus petits, ceux que nous gérons au quotidien depuis des centaines de milliers d’années : le nombre de frères et soeurs que l’on a, le nombre d’amis, le nombre de chèvres ou de moutons que possède la famille, le nombre de jours que l’on tient avec un cuissot de mammouth... Au-delà de quelques dizaines commencent le territoire des abstractions. Il faut une aptitude particulière, ou avoir fait des études poussées, pour véritablement comprendre ce que sont des chiffres plus importants. Vous l’aviez vu que 250/100.000, c’est deux Twingo sur les Champs Elysées ? Non ? C’est normal, rassure-vous. Ce sont ceux qui le voient tout de suite qui ne sont pas tout à fait normaux.
Tous concernés ? Oui, mais quand et à quel point ?
Revenons aux 33.000 morts. L’épidémie a commencé à se propager en France il y a environ 8 mois, soit, pour simplifier, 250 jours. Ca aussi ça commence à être long. Bon, calculons un peu. 33.000:250, ça fait 132. Chaque jour, en moyenne, l’épidémie a tué 132 personnes. Ca aussi ça nous semble énorme. Si nous perdions du jour au lendemain 132 amis et membres de la famille, on se sentirait sûrement très seul, et on le serait sûrement. Il est rare que l’on fréquente plus de 200 personnes différentes au point de tisser des liens de proximité avec elles. Heureusement, nous sommes 67 millions à supporter cette charge mortelle. 132:67.000.000, ça fait 0.000002. Je vous passe le calcul mais c’est un peu comme si chacun de nous enterrait un proche tous les 500.000 jours, soit tous les mille cinq cents ans. Ou, de manière moins tirée par les cheveux, sachant que cet évènement de 0.000002 décès/citoyen se produit tous les jours et qu’on a chacun deux cents proches (en tous cas ceux qui ont de la chance et une vie sociale bien remplie), que dans 3 ans, à ce rythme-là, on aura une « bonne chance » (supérieure à 1/2) d’avoir tous perdu au moins un proche. Comparez cela au nombre de fois que dans une année vous apprenez le décès de quelqu’un que vous connaissiez : cela arrive sûrement deux ou trois fois par an si vous êtes un adulte.
Que de morts, que de morts...
En France, chaque jour de chaque année, environ 1750 personnes décèdent. De cancers, de maladies cardio-vasculaires, de la grippe, d’accidents de la route, d’accidents domestiques, d’accidents de chasse, d’accidents du travail, tranquillement dans leur lit à 98 ans, de chutes en montagnes, d’homicides, de suicides... Il y a beaucoup de manières de mourir. Imaginons que la Covid-19 viennent simplement s’additionner à ce chiffre de 1750 pour le porter à 1882 (1750+132). Ignorons le fait que le confinement a peut-être épargné des vies en diminuant le nombre d’accidents de la route ou qu’il a conduit des gens à mourir plus vite faute de soins puisque les hôpitaux ne recevaient pratiquement plus de malades autres que Covid. Ce bilan exact on le connaitra que quand les statisticiens de l’INSEE nous fourniront les chiffres de la mortalité pour l’année 2020 entière. Donc, attendons et faisons comme si les deux chiffres s’additionnaient simplement. Dans ce cas, la Covid ne représente que 7,5% des décès journaliers. Tout ça pour ça ? C’est pour cela que l’on écrase les libertés publiques, que l’on pulvérise la culture et les loisirs, que l’on nous contrôle, que l’on nous infantilise et nous brime et que l’on nous prune à hauteur de 135€ ? Pour 107 morts à la place de 100 ? 15.000 personnes meurent chaque année de la grippe, 20.000 dans des accidents domestiques (première cause de mortalité des enfants), 30.000 de la pollution, 150.000 du cancer etc
Propaganda ?
Et pour ne pas parler uniquement de décès, il y a chaque année entre 100.000 et 200.000 viols ! Entre 300 et 700 par jour ! Pourquoi le journal de BFM ne s’ouvre-t-il pas tous les jours comme ceci : « Mesdames et Messieurs, bonjour ! Hier, ce sont 584 femmes qui ont été violées, soit 35 de plus qu’avant-hier. Rien ne semble pouvoir arrêter ce fléau ! Nous allons bien sûr, comme tous les jours, entendre nos experts présents sur le plateau, mais d’abord rejoingnons notre envoyée spéciale au Ministère de l’Intérieur ! » Vous trouvez ça absurde ? Une grande partie de ce que nous ressentons face à l’épidémie et le fruit du matraquage médiatique.
Mais, au fait, qui meure ?
J’ai gardé le meilleur pour la fin... C’est ce dernier chiffre, que j’ai découvert récemment, qui m’a poussé à écrire cet article. C’est lui qui m’a inspiré le titre « C’est dur d’avoir 98 ans en 2020 ». Je l’ai trouvé cette page : https://sante.journaldesfemmes.fr/fiches-maladies/2622115-victimes-covid-19-coronavirus-france-moyenne-age-deces-profil-jeune-femme-homme-qui-meurt-chiffres/
Vous pouvez y voir que pour les 33.000 victimes l’âge médian est de 84 ans !!! La médiane est la valeur qui partage une série statistique en deux parties égales. Il y a donc 16500 morts de moins de 84 ans et 16500 morts de plus de 84 ans. On y voit aussi que 92% des personnes décédées ont plus de 65 ans et que 55% des victimes sont des hommes. L’espérance de vie à la naissance d’un homme né en France est de 79 ans et celle d’une femme de 85 ans (j’arrondis un peu). De cela on peut dire que plus de la moitié des personnes décédées de la Covid-19 sont des gens qui avaient dépassé, et parfois de beaucoup, l’espérance de vie. Ce sont des gens dont le décès a été un peu accéléré (quelques mois ou l’une ou l’autre année). C’est pour cela que nous avons besoin des statistiques de mortalité pour l’année 2020. Cela lissera les effets et nous pourrons mesurer les véritables conséquences de la maladie sur le nombre de décès. Quant aux autres, ils étaient déjà âgés ou très âgés. Bien sûr quelques enfants, adolescents et jeunes adultes sont morts. Mais devons-nous endurer confinement et couvre-feu, détruire la petite économie locale, pulvériser la culture pour cela ? Faut-il interdire aux gens de vivre chez eux ou faut-il les y faire surveiller par des drones ou des flics parce que 20.000 personnes décèdent chaque année d’un accident domestique, y compris de très nombreux enfants ?
Que se passe-t-il dans notre pays et chez nos voisins qui connaissent eux aussi un durcissement des conditions de vie et une restrictions des libertés ? Je ne dis pas qu’il ne se passe rien, je ne dis pas que la Covid est inoffensive. je dis qu’elle est un peu plus dangereuse qu’une grippe et que la réaction des autorités masque le fait que l’hôpital, démoli par des dizaines de milliers de suppression de lits, ne peut plus encaisser la moindre fluctuation des admissions. Je dis que la restriction de nos libertés est une grande répétition de ce qui nous attend dans les prochaines années, je pense que c’est la stratégie du choc qui est à l’oeuvre (on peut relire Naomi Klein), et je pense que quand on va devoir payer la note des dépenses engendrées par le confinement, nos services publics vont encore prendre un sacré coup sur la figure. Sauf les forces de l’ordre bien sûr, dont les autorités ont et auront tant besoin pour contenir notre colère et pour étouffer nos cris de désespoir.
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