Contre-révolution masculiniste aux USA : associer le virilisme au nationalisme et à la violence

Etendre la radicalité à gauche au lieu de s’enliser dans des positions molles

lundi 27 octobre 2025

Le masculinisme est une des caractéristiques toxiques du trumpisme. les expressions telles que « masculinité toxique » ou « hégémonique » ne suffisent plus pour décrire ce phénomène.
Un historien en parle :

- Ivan Jablonka, historien : « L’agenda du trumpisme œuvre à une contre-révolution masculiniste »
Avec le second mandat de Donald Trump s’ouvre une nouvelle ère associant le virilisme au nationalisme et à la violence, dans un esprit de revanche dirigé contre les conquêtes féministes des cinquante dernières années, affirme l’écrivain dans une tribune au « Monde ».
(...)
Bien sûr, la loi du plus fort et les revendications territoriales procèdent de valeurs traditionnellement associées au masculin, comme l’a montré, à une autre époque, l’impérialisme européen.

Mais on manquerait la profonde originalité du trumpisme si l’on ignorait que, à cet instinct de prédation sur l’argent, l’environnement et les femmes, s’ajoute une volonté de reconquête fondée sur l’ego viril. Transfusant aux hommes l’esprit MAGA (Make America Great Again), le trumpisme promet la restauration de la « grandeur » masculine : pour enrayer le déclin d’une société censément émasculée, les hommes de pouvoir vont redonner le pouvoir aux hommes.
(...)
Dans cette mythologie où la rancœur le dispute au messianisme, le premier rôle revient aux hommes, considérés comme intrinsèquement supérieurs. Il faut recourir à l’intersectionnalité pour comprendre comment leurs qualités supposées, leurs motifs de fierté et leurs marqueurs d’autorité se renforcent pour fonder la nouvelle société virile.

Les sympathisants de Trump affichent les attributs d’une masculinité triomphante : musculature et tatouages des champions d’arts martiaux ; panoplie tee-shirt et casquette des jeunes magnats de la Silicon Valley ; armes, fanions et barbes des Oath Keepers [milice armée extrémiste et raciste] et des Proud Boys [milice d’extrême droite]. La solidarité masculine semble même l’emporter sur le racisme endémique dans ces milieux, puisque la coalition est ouverte aux Noirs et aux Latinos
(...)
Cette clique néopasséiste, qui réunit militants, patriotes, vétérans, miliciens et factieux, se voue corps et âme à l’ogre en chef, aujourd’hui à la Maison Blanche. Leur éthique combattante les grime en « gladiateurs », ce qui ne les empêche pas de se dire aussi « martyrs », victimes des politiciens, des minorités, des féministes et des femmes en général.

Leur spectacle combine un mélange de folklore rural, de théâtralité urbaine, de pop culture, de religiosité, de show politique, héritage de la télé-réalité dont Trump est l’un des pionniers. Par l’exhibition d’un collectif masculin et l’affirmation d’une fraternité exclusive, le trumpisme élabore une bro culture (de brother, « frère ») faite de références communes, de combats partagés, d’une connivence plus ou moins misogyne et homophobe.
(...)
Multimilliardaires au-dessus du commun, entrepreneurs cool, champions de catch, propriétaires terriens, rejetons des classes populaires, foreurs texans, suprémacistes blancs, émeutiers du Capitole, chantres de la « virilité » néonazie : telle est la tribu – bigarrée, transclasse, multiculturelle. Les soldats du Parti républicain et les capitaines d’industrie sont devenus des généraux masculinistes. Fort de symboles, de slogans et de mises en scène, leur combat associe une masculinité de prédation à une masculinité d’ostentation ; mais c’est Trump qui, par sa personne et sa faconde, en fait la synthèse.
(...)
Une nouvelle ère s’ouvre, qui associe le virilisme à la réaction, au nationalisme et à la violence.
(...)
Il s’agit désormais d’une cosmogonie à part entière. Devant un phénomène à la fois profondément archaïque et résolument moderne, des expressions telles que « masculinité toxique » ou « hégémonique » ne suffisent plus. Il faut s’attacher à mesurer le potentiel destructeur de cette vision du monde et inventer des catégories d’analyse pour comprendre comment elle entend réserver le pouvoir aux hommes, aux dépens des femmes enfin domestiquées.
(...)

- En complément :


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