Attractivité et compétitivité des territoires : quelle est au juste l’attractivité économique d’une planète morte ?

Attractivité et compétitivité à mort, pour satisfaire les investisseurs martiens et les présidents zombies ?!

jeudi 6 mai 2021, par Camille Pierrette.

Il faut être un territoire attractif pour les investisseurs, développer l’attractivité économique, ne pas taxer les entrepreneurs qui réussissent, soigner la compétitivité du pays et rechercher l’agilité... Le mantra capitaliste est décliné à toutes les sauces pour créer de la richesse pour les riches et de la Valeur pour le Capital accumulé auparavant, euh pardon ...pour créer des emplois et que les richesses ruissellent en très fines gouttelettes vivifiantes du haut de la pyramide vers les gueux du bas.
Voyons ça de plus près, et voyons un peu à quoi ça mène.

- Parmi des tas d’autres clones insipides et prévisibles de « l’attractivité des territoires », le macron y va de son couplet éculé afin que surtout rien ne change, quoi qu’il en coûte au climat, aux animaux, aux plantes, aux humains d’ici et (surtout) d’ailleurs. Le macron est assez mauvais acteur, on dirait qu’il surjoue et ment à chaque phrase, qu’il n’arrive même pas à croire aux imbécillités factices qu’il débite comme un prompteur rayé de Cnews tournant en boucle.

Attractivité et compétitivité des territoires : quelle est au juste l’attractivité économique d’une planète morte ?
Un désert mort, métaphore de ce à quoi entraîne la civilisation industrielle si compétitive

En accentuant le développement technologique, la recherche orientée et l’innovation les pôles de compétitivité des métropoles imprégnées de résilience et de développement durable rendront les territoires performants plus attractifs et compétitifs dans le grand marché des territoires en concurrence tout en permettant une bonne gestion environnementale générale.
Pour profiter des avantages de la mondialisation des échanges, il est donc temps d’alléger les impôts (surtout celui des riches), de simplifier l’environnement administratif et réglementaire, et d’alléger bien sûr le coût du travail et de ses charges pour que la Croissance et l’emploi s’envolent enfin à toute blinde vers le paradis des investisseurs iréniques qui bénissent le monde de leurs billets parfumés. - ;)

- Ce petit dérapage verbeux sur l’attractivité territoriale est librement inspiré de ce genre d’article : La France qui reste attractive – quelques exemples à suivre
(...) En essayant d’encourager les innovateurs étrangers, la France fait la preuve de sa propre progression dans les nanotechnologies et les biotechnologies, ainsi que dans la gestion environnementale générale. Cette dynamique en matière de R&D, en croissance depuis 2007, permet de promouvoir la France comme terre d’innovation et, donc, renforce son attractivité.

- L’INSEE n’est pas non plus avare de conseils avisés :
L’attractivité économique des territoires - Attirer des emplois, mais pas seulement
Pour se développer, les territoires ont plusieurs cordes à leur arc : accueillir usines et bureaux, mais aussi miser sur la venue de touristes, de retraités ou de salariés travaillant ailleurs. Une carte de l’attractivité économique française se dessine à travers l’importance des loisirs, le développement des transports ou encore la recherche de meilleures conditions de résidence. Ainsi émergent des territoires maritimes ou montagneux qui font valoir leur patrimoine naturel et leur qualité de vie. Mais aussi la périphérie de grandes métropoles où vivent des salariés et leurs familles venus y trouver des logements abordables sans pour autant y travailler. Ce sont d’abord le nord de la France, le sillon rhodanien et les grandes villes du Sud qui attirent des emplois. L’arrivée de salariés qualifiés se concentre à Paris et dans quelques grandes métropoles régionales. En dehors de ces zones, le Grand Sud-Ouest peine à faire valoir son attractivité résidentielle, et une partie de la France industrielle du Nord-Est demeure ignorée de ces flux économiques.

La très sainte attractivité territoriale et l’intangible compétitivité du territoire servent partout à justifier la poursuite du business as usual, les nouveaux marchés, les projets inutiles petits ou gros, à faire taire toute contradiction (« m’enfin vous voulez tuer la croissance ! ...et les emplois !!!!!!!!!!!!! »). Pratique pour se faire passer pour LE sauveur du monde alors qu’en réalité il s’agit de poursuivre, voir d’augmenter, ce qui le détruit.
Lotissements tout béton, hangar logistique, EPR, échangeur autoroutier, centre aquatique, musée vitrine, supermarché hard discount, centrale photovoltaïque sur serre « agricole », éolien industriel, tiers lieux... Tout doit servir à l’attractivité du territoire compétitif qui innove tout en jouant sur le « vert ».
Tout territoire peut trouver sa fonction dans le grand marché mondialisé : zone touristique ou de loisirs, pôle d’innovation techno-numérique-biotech, cité dortoir, zone d’extraction minière... Les coins dépeuplés ou situés dans des pays néo-colonisés pourront recevoir de grands projets industriels « propres » ou des déchets indésirables ici.
- La belle vallée de la drôme n’est pas en reste dans cette compétition : L’attractivité de la vallée de la Drôme est renforcée grâce à une image positive qui se diffuse au-delà des frontières nationales et de nouvelles activités associant développement durable et innovation s’installent.

Les territoires petits ou gros sont à présent considérés comme des entreprises à faire fructifier, ils sont sur le Marché comme nos corps, comme tout le reste et doivent être prêts à se relooker la façade pour se vendre au meilleur prix.

Quel progrès génial ! Avant, les territoires c’était juste des lieux où on vivait plus ou moins tranquille (même si très souvent, civilisation oblige, ça partait déjà en carnage), avec des paysages façonnés lentement à la main, des habitants humains ou non humains et des aléas météo spécifiques, maintenant les territoires sont de vraies start up ripolinées qui doivent sans cesse innover grave pour rester dans la grande course à tombeau grand ouvert pour les meilleurs investissements et pour faire venir du people solvable.

Donc chaque territoire se doit d’être plus attractif que son voisin d’à côté ou de l’autre bout du caillou terrestre.
Donc chaque territoire va prendre à ses voisins du Capital, des ressources et des humains pour croître plus vite que les autres.
Du coup, les autres territoires seront dépassés, condamnés à la « crise », ...ou à surenchérir par un magnifique surcroît de compétitivité et d’attractivité, de dérégulation et de baisse du coût du travail.
Pas grave si ça tourne à la foire d’empoigne mondiale où les pauvres et les travailleurs sont laminés sur fond de dévastation du vivant.

Super cette spirale qui nous emmène jusqu’au bout de la nuit de l’ultra-capitalisme.
Pas grave si la croissance infinie est impossible sur une planète finie et que des tas d’humains et de non-humains restent sur le carreau. Tant que le Capital rutile et enfle, tant que les civilisés se croient les rois de l’univers et du pétrole, tant que les riches peuvent consommer et polluer à fond pourquoi on s’arrêterait ?!
La main (très très très) invisible redistribuera les richesses ruisselantes de sang et les innovations qui innovent la nouveauté créeront de nouveaux marchés pour profiter au mieux des désastres, gérer rationnellement les carnages et assurer une résilience sereine aux maigres survivants, s’il y en a.
Mais tout sera parfait et conforme à la règle de l’Economie car la planète aura été maintenue jusqu’au bout dans la plus pure attractivité compétitive créatrice d’emplois ...pour les rats et les lombrics qui nous survivront.

- Dans le domaine écolo-climatique, voici quelques exemple parmi des tas d’autres des effets ravageurs du techno-monde, de la civilisation industrielle, donc de la course capitaliste à l’attractivité et à la compétitivité :

  • Dans les océans, la pollution chimique menace toute la chaîne alimentaire - Le rapport du Réseau international pour l’élimination des polluants constate que les rejets de l’homme impactent l’ensemble de la vie océanique, du plancton aux oiseaux.
  • Vers un monde sans oiseaux ? - Comment la monoculture intensive et les pesticides font chuter la population des oiseaux des champs. Gros plan sur des espèces que nous pouvons encore sauver.
  • Record de CO2 dans l’air : vers un retour en arrière de 15 millions d’années - La concentration de CO2 dans l’atmosphère a atteint un record en dépassant les 420 parties par million (ppm), un taux qui n’avait pas été mesuré depuis 5 millions d’années. La trajectoire est telle que nous pourrions bientôt connaître les mêmes taux de dioxyde de carbone qu’il y a 15 millions d’années, quand les êtres humains n’existaient pas. (...) Depuis la révolution industrielle, nous aurions ainsi parcouru en deux ou trois siècles le chemin inverse des quarante derniers millions d’années de refroidissement progressif du climat. Selon les termes de Simon Lewis, climatologue à l’University College de Londres, « un changement aussi dramatique est l’équivalent d’une météorite humaine percutant notre planète ».
  • La forêt amazonienne brésilienne émet désormais plus de CO2 qu’elle n’en absorbe - Un des poumons de la planète est en train de basculer à cause des dégradations et de la déforestation. La forêt brésilienne, étendue sur 60% de l’Amazonie, ne joue plus son rôle de puits de carbone qui freine le réchauffement de la planète.
  • Climat : Le changement climatique a modifié l’axe de rotation de la Terre - En accélérant la fonte des glaciers et en modifiant la répartition des masses d’eau à la surface de notre planète, le changement climatique a modifié l’emplacement des pôles et l’axe de rotation de la Terre, selon une étude scientifique.
  • La fonte des 220 000 glaciers du monde s’accélère - Une étude publiée le 28 avril met en lumière l’accélération de la fonte des glaciers sous l’effet du réchauffement climatique. Une dizaine d’organismes internationaux de recherche y ont participé, dont le CNRS en France (avec le soutien du CNES, Centre national d’études spatiales) : ils ont établi la cartographie la plus précise et la plus complète de ce phénomène à ce jour. L’ensemble des 220 000 glaciers de la planète ont été auscultés.
  • Fonte des glaciers : l’Antarctique va-t-il atteindre un point de non-retour ? - Deux études, publiées mercredi dans « Nature », explorent les risques de montée du niveau de la mer en fonction de différents scénarios d’émissions de gaz à effet de serre.

La civilisation industrielle (étatisme, productivisme et capitalisme, patriarcat et hiérarchies, technologisme et autoritarisme) est très clairement une faillite monumentale et irréformable, un échec flagrant et meurtrier, mais, plutôt que de le reconnaître, les puissants et les technocrates veulent continuer les mêmes recettes empoisonnées, juste en changeant quelques ingrédients ou leur dénomination, et en réprimant violemment via leurs polices en tous genres toutes les luttes qui veulent les entraver.
Pendant ce temps, la plupart des gens regardent ailleurs, vers leur nombril ou leurs loisirs, ou subissent sans la force de se révolter, ou veulent juste repeindre la méga-machine monstreuse et destructrice dans une couleur plus agréable à l’oeil, ou s’accroche au giga-monstre qui les nourrit (mal) en croyant qu’il est indispensable/indépassable.

Mais, sur une planète morte (ou en tout cas en grande partie), il n’y aura ni emplois ni primes, ni allocations ni chômages, ni médailles ni pouvoir, ni argent ni luxe, ni attractivité ni compétitivité, ni innovation ni performance, ni Marché ni Travail, ni loisirs ni retraites, ni pauvres ni riches, ni investisseurs ni actionnaires.
Sur une planète morte, dans les mêmes fosses communes, il n’y aura plus que les cadavres putréfiés et mélangés de toutes les classes sociales, il n’y aura plus que des espèces disparues, des continents dévastés, des déchets sédimentés au fond des océans morts, des terres radioactives
, et, peut-être, quelques survivants humains ou animaux qui lutteront difficilement dans leur territoire en ruine pour rester en vie dans des conditions épouvantables en brûlant pour se chauffer les gentils manuels de résilience et d’adaptation aux désastres.

Mais tout ira bien, cette attractivité et compétitivité à mort pourra satisfaire au final les bienheureux investisseurs martiens ou les chanceux PDG zombies. En effet, dans ce désert mort et dépeuplé tout sera à reconstruire de A à Z, sans propriétaires ni résidents à expulser, de fabuleux marchés et des profits gigantesques en perspective, fonçons !


Forum de l’article

  • Attractivité et compétitivité des territoires : quelle est au juste l’attractivité économique d’une planète morte ? Le 10 mai 2021 à 17:49, par Camille Pierrette

    Le mantra de la compétitivité et de l’attractivité ne cesse jamais, exemple :
    A la recherche de la compétitivité perdue de la France - En 2020, la part de marché des produits français de la zone euro a fondu à 13,5 % des ventes totales, contre 18 % en 2000. Une dégradation due notamment aux charges fiscales et sociales, au manque de compétences disponibles et à l’insuffisante attractivité des territoires.

    On retrouve sur Le Monde toujours les mêmes recettes ultra-capitalistes : baisser le « coût » du travail (= réduire les salaires et les avantages sociaux collectivisés), diminuer l’imposition des entreprises, assouplir le cadre réglementaire (déjà que la nature passe à la trappe face au développement économique attractif compétitif...), favoriser le capital-risque, favoriser « le développement de nouvelles technologies comme l’ordinateur quantique, l’intelligence artificielle, la cybersécurité ou l’industrie connectée », accroître l’attractivité du territoire, meux former pour la performance, « l’innovation, la recherche et le développement et les brevets, clés de la compétitivité hors prix et de la montée en gamme »,

    Question, si tout le monde monte en gamme pour concurrencer ceux qui montent en gamme, à qui vont se vendre les produits vu que la gamme des riches reste réduite ? :-)
    Même si les riches s’efforcent de consommer un max, leur appétit dévorant n’est pas extensible à l’infini...

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