Souvent, pas assez malgré tout, on entend des envies de révolte, d’insurrection, de révolution, de changements radicaux, mais s’en donne t’on vraiment les moyens ?
Les capitalistes rapaces, les flics ripoux, les mafieux patentés, les politicards aux dents qui rayent le parquet sont à fond sur leur projet, ils y vont, parfois ils fomentent même des complots, ils se donnent les moyens d’y arriver, ils ont souvent de l’argent et des employés, certains sociopathes y travaillent même H24.
Et nous ?
Pour nos objectifs altruistes, utopiques, solidaires, démocratiques, est-ce qu’on prend la peine de se donner les moyens ?
Je ne dit pas qu’on ne fait rien et qu’il faudrait se sacrifier ou devenir aussi répugnants et sans scrupules que les tyrans et autres arrivistes starteupés, mais que peut-être y aurait moyen d’accorder un peu plus nos actions et notre vie quotidienne à nos objectifs.
Et vu qu’on est plus nombreux que les minorités de raclures qui ne pensent qu’au fric et au pouvoir, on devrait pouvoir arriver à quelque chose sans s’y épuiser H24.
A moins qu’on ne fasse que de la fanfaronnade, que ce soit du flan pour se faire mousser, et qu’en fait on n’a pas envie vraiment de voir des changements radicaux sympas survenir à une échelle conséquente ?
A moins qu’au final on préfère se la couler tranquille, faire la fête, se faire son trou sans prise de tête, se faufiler habilement dans les intestices qui restent ?
A moins d’être cynique, désabusé, fatigué (y a de quoi) ?
A moins qu’on se fasse des illusions sur les capacités du système en place à s’auto-réformer, à se transformer positivement par ses propres moyens ?
- Idées d’actions socio-économiques locales pour contribuer à une insurrection globale
- Pour être interdépendants, accroître la confiance et l’entraide, offensifs et constructifs dans une culture de résistance
Mais soyons plutôt positifs méthode coué, voici quelques recettes simples pour les motivé.e.s, à creuser, discuter, et adapter au contexte.
Tant qu’on restera trop séparé et concentré sur comment s’en tirer tout seul dans notre coin au détriment des actions collectives d’autonomie et de luttes, ça restera difficile de résister et construire du (bien) mieux.
Donc l’astuce de base, révélation du siècle, c’est de moins séparer nos vies quotidiennes des luttes, et de créer ou renforcer des communautés locales de vie/de lutte.
Quelques idées socio-économiques locales
# 3 fois par semaine minimum, s’interdire de rester chez soi le soir, et faire des veillées élargies chez des potes, des voisins, des complices, dans un lieu collectif, un café associatif, une place publique...
# Imaginer et créer (ou renforcer des projets existants) des tas d’activités collectives complémentaires liées à la culture de résistance (entraide, résilience alimentaire, luttes, médias autonomes, actions directes, éducation populaire auto-gérées, activités d’autonomisation du capitalisme et de l’Etat, etc.) (voir aussi cette brochure) - Microscopiques ou géantes, on s’en fout, ce qui compte c’est que des choses se fassent, et collectivement.
# Créer des caisses de mutualisation collective de tout ou partie des revenus, pour répartir nos ressources ou juste avoir une caisse de secours en cas de pépin d’un des membres.
Idées pour avoir plus de temps et d’énergie pour résister :
- Celleux qui bossent à plein temps essaient de diviser par deux leur temps de travail
- Partager la « garde » des enfants dans un réseau d’amis et voisins
- Mutualiser des véhicules et des outils pour moins dépenser et donc avoir moins besoin de travailler (en plus c’est bon pour le C02)
- ....
Tout ça se fait déjà dans votre bled ? Super, alors il faut aller plus loin et élargir le(s) cercle(s) et les ambitions, voyez par exemple l’exemple des coopératives intégrales en Catalogne.
Un des points clés est d’être interdépendants, de créer des liens matériels et humains, d’avoir besoin des autres, de leurs compétences et/ou outils, pour aider à se connaître, à s’apprécier, à se faire confiance, et à savoir pratiquer les décisions à plusieurs, supporter et dépasser les conflits, pratiquer la vie politique, la démocratie directe, l’auto-organisation.
Si on reste isolé en comptant sur les magasins et les services étatiques, il n’y a alors que des alliances ponctuelles et faibles, ou un « chacun pour soi » qui n’est brisé qu’au moment d’une crise via des solidarités éphémères.
Au lieu d’adopter l’idéologie libérale (et viriliste bien souvent) et d’à tout prix essayer de s’en sortir seul, assumons les fragilités et manques, et cultivons l’entraide et le partage, la joie (malgré les conflits et difficultés) de faire ensemble, de s’appuyer sur les diverses aptitudes.
Ce qui ne veut pas dire non plus qu’il ne faut pas apprendre des tas de choses et s’autonomiser sur des tâches quand c’est possible.
Autres idées d’activités, plus « classiques »
- Sports d’auto-défense
- Entraînement au déplacements de groupes
- Apprendre à lire des cartes, des paysages, des villes
- Mise en place de modes de communication hors numérique et téléphones
- S’imprégner de toute sorte de textes utiles (et aussi documentaires, films...), les disséquer et en parler à plusieurs
- Apprentissage de techniques low-tech concernant tous les besoins essentiels
- Connaître au moins les bases de l’auto-défense numérique
Tout ça n’exclue pas bien sûr les choses se passant à des échelles plus grandes, les grands rassemblements, les manifestations « unitaires » classiques, les débordements, les soulèvements spontanés et les éventuelles grèves générales.
Mais des activités constantes menées à l’échelle du quartier, du village, d’une petite région, sont dans tous les cas indispensables, vitales et primordiales à tout point de vue.