Appli Source App Drôme pour achats de produits locaux en circuit court : fuite en avant dans le numérique et le sans contact ?

Une application qui accentue le système techno-industriel sous prétexte de consommation locale vertueuse

vendredi 22 janvier 2021, par Les Indiens du Futur.

En premier lieu, on serait tenté de croire qu’une application pour smartphone destinée à faciliter la consommation locale chez les producteurs est une bonne chose.
Le journal Le Crestois a d’ailleurs publié en rubrique « Mag’ » le 25 décembre 2020 un article enthousiaste sur « The Source App », un article qui d’ailleurs ressemble plutôt à une « publication-commerciale »...

L’écologie, la consommation locale et une application « en mode startup » sur des smartphones sont-elles compatibles ??

Cette appli « The Source App » veut sortir en version consommateurs en mai 2021 en Drôme, Ardèche et Rhône.
Elle met en avant partout dans sa com bien léchée le côté local, éthique et circuit court, et en filigrame un côté écologique et social (voir infos sur https://fr.ulule.com/jaimesourceapp/ et https://www.thesourceapp.com)

Seulement...
Seulement, « The Source App » c’est encore une « startup » commerciale qui vient faire l’intermédiaire et encaisser du cash en vendant du service ?
Ces entrepreneurs « jeunes et modernes » se présentent comme des bienfaiteurs désintéressés, qui veulent sensibiliser à la condition des petits producteurs, et invitent à faire des dons pour les aider via la plateforme de « crowdfunding » Ulule.
Seulement dans toute leur communication cool, nature et branchée on ne trouve aucune mention de leurs modes de rémunérations. Sans doute un pourcentage sur toutes les ventes ?

Appli The Source App Drôme pour achats de produits locaux en circuit court : fuite en avant dans le numérique et le sans contact ?
Le monde numérique n’est pas immatériel et pur, il nécessite force énergies et extraction de matières premières

Seulement, la multiplication des applis et des utilisations de smartphones connectés donnera des arguments pour multiplier les antennes relais mobile et la saloperie de 5G...

On sait que le réseau internet et son stockage exponentiel de données sur serveurs sont une cause croissante de consommation d’énergie et d’extraction de matières premières.
Les smartphones ne poussent pas gentiment dans des buissons bios en les arrosant de purin d’ortie, ils sont directement issus du système industriel mondialisé, nécessitent énergie et matières premières à gogo, avec des tas d’humain.e.s exploité.e.s en usine carcérale en Asie pour les fabriquer en série.
Ces objets « high-tech » participent aussi à notre aliénation générale aux machines, aux algorithmes et (de plus en plus) aux « intelligences artificielles », à la surveillance généralisée, à la perte de la vie sociale authentique, à la virtualisation du monde.

Appli The Source App Drôme pour achats de produits locaux en circuit court : fuite en avant dans le numérique et le sans contact ?
Le monde numérique de masse fait parti du système industriel polluant et destructeur

Encourager l’utilisation d’internet, du stockage de données et de smartphones n’a rien d’éthique, « vert » ou responsable !

Il est plutôt paradoxal, absurde, scandaleux et mensonger de prétendre favoriser la consommation locale, « verte », responsable en encourageant son contraire : des logiciels complexes et connectés qui mettent à distance les gens, favorisent le « clic and collect » type commerce en ligne, augmentent la consommation d’énergie et de matières premières (toutes participant à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, de mines et d’extractivisme détruisant et polluant sols, forêts, animaux et rivières).

Mais les effets de ces destructions écologiques touchent des pays lointains, on n’en subit pas encore trop les conséquences par ici, alors on s’en fout, on se fait illusion en jouant aux « électrologistes », aux faux écolos qui s’illusionnent avec des applis dépendantes d’une énorme machinerie techno-industrielle polluante, émettrice, destructrice et anti-sociale.

Cynisme je m’en foutiste en mode business, aveuglement volontaire ou ignorance des enjeux ?

S’il s’agissait vraiment de favoriser la production et la distribution locale de produits issus de secteurs responsables et éthiques (socialement et écologiquement), de « Se nourrir sainement tout en respectant l’environnement et en rémunérant le travail des producteurs à sa juste valeur », il y aurait de biens meilleurs moyens que des applis telles que « Source App ».
Par exemple, on pourrait multiplier les halles, les marchés, les magasins de producteurs, favoriser partout l’installation de petits paysans et artisans, même atypiques, multiplier les systèmes coopératifs sans intermédiaires commerciaux, favoriser des modes de productions et de distributions sans but lucratif.
Ainsi, les produits seraient disponibles partout, sans prendre la voiture ou passer par internet, et à des prix abordables.
Les marchés de producteurs sont des lieux de rencontres, de vie sociale, politique et artistique (contrairement aux désirs de certains élus crestois qui voudraient les réduire à un espace marchand), toute chose que ne permet pas le « clic and collect » via « e-commerce » propagé par les applis.

Pour faciliter ça, il faudrait sortir de la logique capitaliste, du consumérisme, de l’instantanné tout cuit, de la course à la productivité et à la compétitivité, remettre en cause les rapports commerciaux producteurs/consommateurs..., pour favoriser la lenteur, l’échange humain direct, l’entraide, le partage.

Appli The Source App Drôme pour achats de produits locaux en circuit court : fuite en avant dans le numérique et le sans contact ?
Les marchés, pour se rencontrer vraiment au lieu de se connecter à distance via applis et internet

On n’a pas besoin d’applis et de toute l’infrastructure high tech qui va avec (réseaux, serveurs, antennes, 5G, smartphones...) pour connaître les producteurs du coin, allez les voir, s’entendre avec eux.
Comment faisaient donc nos ancêtres pour se nourrir ? Sans téléphone ni internet ils auraient du tous crever de faim !

« The Source App » veut proposer les livraisons à domicile et le « clic and collect », ce qui entraînerait davantage de déplacements individuels motorisés que pour aller sur un marché de producteurs.
En effet la plupart des consommateurs habitent en ville ou au village, près du marché, donc ça fait moins de déplacements d’aller au marché (le plus souvent à pied ou à vélo) plutôt que d’aller chacun son tour chercher des paniers chez plusieurs producteurs éparpillés dans la campagne (sans parler de l’impact du numérique). Ce serait guère mieux pour des livraisons à domicile.

Malheureusement, l’état d’urgence perpétuel lié à la pandémie Covid-19 et ses restrictions souvent absurdes et autoritaires favorisent ce monde sans contact anti-écologique et anti-social, et des tas de mignons petits requins aux dents longues et aux jolis sourires surfent sur la vague en nous faisant prendre des vessies pour des lanternes, ils nous vendent l’aggravation du système industriel capitaliste en le maquillant en vertueux échanges désintéressés et « verts ».

Bref, l’appli « The Source App » ne passera pas par nous, encore une saloperie industrielle numérique maquillée en « vert » à éviter.

P.-S.

« Maîtriser » l’usage du numérique ou « verdir » la production électrique ?

Les articles qui parlent des nuisances dues aux technologies numériques massifiées indiquent toujours des astuces individuelles pour réduire les impacts. C’est mieux que rien, mais c’est une illusion très dangereuse.
Car ça réduira peu les problèmes, et vu l’augmentation de la population et des usages, les effets néfastes continueront de croître au final (effet rebond). Et une grande part de la consommation numérique est due aux entreprises et aux administrations, à la publicité.
A l’aide de marketing agressif visant à créer sans cesse de nouveaux « besoins », les industriels vendent en tout légalité des produits gourmands en énergies et polluants, et ce serait aux acheteurs de faire l’effort de résister aux tentations, de n’utiliser un appareil qu’à 10% de ses capacités ??
La communication de la civilisation industrielle ne cesse de vanter et promouvoir les technologies numériques dans tous les domaines, et ensuite ce serait aux usagers en bout de chaîne de résister à la pression et de refuser ??

La civilisation industrielle a besoin de toujours plus d’énergies pour sa croissance et sa concurrence, des études montrent que les énergies dites « renouvelables » ne font que s’ajouter aux anciennes énergies fossiles, qui elles continuent. Donc miser sur le pseudo « verdissement » des énergies utilisées dans l’industrie numérique pour épargner le monde vivant et les ressources est une escroquerie, d’autant que ces énergies industrielles dites « renouvelables » ne sont « vertes » qu’en apparence.

Au lieu d’arrêter la civilisation industrielle et de faire autre chose, le système préfère tenter de continuer en modifiant superficiellement ses pratiques, c’est « cautère sur jambe de bois ».

Consommer local ne fait pas tout

- Étude : un seul jour sans viande a plus d’effets que de manger 100% local - Une nouvelle étude scientifique vient tordre le cou à quelques idées reçues sur le local. Face à l’urgence climatique, l’un des mantra le plus rapidement adopté a été : manger local. Un comportement grandement utile sur le plan politique et social – quand il s’accompagne d’un soutien aux petits producteurs plutôt qu’aux industriels du pays – mais qui s’avère malheureusement peu efficace dans la lutte contre le réchauffement climatique avec notre régime alimentaire actuel. C’est en effet ce qu’une récente et vaste étude a découvert, après avoir comparé les émissions de gaz à effet de serre de plusieurs productions alimentaires : depuis la naissance de la ferme jusqu’à l’assiette. Les chiffres sont sans appel : il vaut mieux bien choisir ses aliments, que de se focaliser sur leur provenance.

Cette étude alimente la réflexion sur la production et la distribution, sur la nécessaire remise en cause des dogmes de la civilisation industrielle (croissance, productivisme, dominations, hiéarchies, Etat et capitalisme, mythe du progrès par la technologie...).

A rapprocher aussi de la réflexion sur « bio ne veut pas forcément dire écologique ».
Si le bio est emballé avec force plastiques, qu’il vient de loin et est issu de productions industrielles et peu soucieuses du sort des travailleurs...

Et oui, on utilise un ordinateur et internet

Quand on publie ce type d’article anti numérique de masse, il y a toujours des « puristes » pour dire : « vous critiquez les applis numériques mais vous utilisez l’informatique et le web !, honte et incohérence ! ».
On répondra qu’on souhaite des changements collectifs et structurels, et pas de la « consomm’action » individuelle qui résoud peu ou pas les problèmes, et qui va tendre à comparer les individus entre eux en mode libéral sur leurs « performances vertes » au lieu de s’en prendre aux fondements de cette société écocidaire, aux infrastructures et modes de production.
Et oui, on utilise les moyens de communication du moment à même de toucher un maximum de personnes, concession pour l’instant.
Il semble aussi que les usages militants d’internet soient peanuts par rapport aux usages marchands, aux publicités, aux vidéos de chats pêteurs et aux jeux en ligne.


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