Depuis le meurtre de Nahel par 2 policiers, le fait « d’appeler au calme » est parfaitement scandaleux et indécent. « Appeler au calme » des personnes légitiment révoltées c’est mépriser une expression naturelle et appeler à une chose impossible dans pareille situation.
Les tenants du système devraient plutôt dire : « svp malgré votre colère immense, évitez de piller et casser, exprimez votre colère légitime autrement ».
Vu qu’on subit un système anti-démocratique et autoritaire et que les jeunes des quartiers populaires sont encore plus méprisés et réduits à l’impuissance politique, on ne voit pas trop comment ils pourrait exprimer leurs colère autrement.
Patienter gentiment jusqu’au prochaine élection ? et voter pour qui d’ailleurs, pour quoi ? Hurler dans une cour jusqu’à être fatigué ? Détruire à la masse un mur de béton pour se défouler ? Attendre gentiment que les politicards fassent du blabla, des « débats » et d’énièmes promesses ? Ecouter de la musique à fond dans un casque ? Faire un footing ou un jeu vidéo ?!
Que proposent au juste le pouvoir infâme et ses valets pour que la colère soit utilisée ailleurs que dans la révolte politique via émeutes et pillages ? Ils proposent que dalle, ils n’ont rien à proposer de décent, ils n’ont à proposer que la soumission, les belles paroles, la patience et l’attente du vide.
Alors ils envoient leurs bandes armées policières et la justice condamne très lourdement à de la prison, et ils dépolitisent la révolte en la réduisant à de la délinquance de jeunes écervelés qui font trop de jeux vidéos et seraient « mal » « éduqués (il y aurait à redire sur ça, de quelle éducation on parle, par qui, pour quoi faire, comment ? Les jeunes bourgeois égoïstes sont ils mieux »éduqués" que les jeunes émeutiers de banlieue ?).
Après le mépris et les violences énormes envers les gilets jaunes, l’ignorance au 49.3 et la répression de l’opposition à la « réforme » des retraites, de très nombreuses personnes devraient comprendre intimement ce sentiment d’impuissance politique, d’impasse, d’absence d’avenir, de relégation, de mépris, de rage face à la répression et à la dégradation de nos conditions d’existence, ressenti au carré et à raison dans les quartiers populaires, d’autant que s’y ajoutent le harcèlement et le racisme des flics.
Les bonnes âmes de gauche et de droite sont complètement hors sol, sans arrêt elles font mine de croire qu’on est en démocratie, dans la liberté-égalité-fraternité-unité, elles ignorent sciemment la réalité violente et sanglante du chaos capitaliste qui fragmente tout, elles minimisent les effets dévastateurs de la misère et des catastrophes climatiques/écologiques.
Quand on subit un régime autoritaire et un système économique totalitaire et fondamentalement inégalitaire, sans échappatoire politique autre que des élections éparses « d’élus rois » qui reconduisent sans fin le même système dévastateur, et où la gauche ne percent pas à l’échelle nationale (et il faudrait encore voir si la gauche veut et peut autre chose qu’un vague réformisme). Que reste-t-il ? La résignation ou la révolte.
Hélas, comme toujours, la plupart choisissent la résignation, et des minorités, surtout des jeunes, la révolte. Mais à force, peut-être que le nombre de révoltés va franchement augmenter.
La cagnotte de soutien pour Christophe Dettinger qui avait boxé un flic (sans blessures graves) lors du soulèvement des gilets jaunes avait été fermée sous pression du pouvoir (et le pouvoir avait cherché à connaître l’identité des donateurs). La grosse cagnotte de soutien scandaleuse à la famille du flic assassin de Nahel sera-t-elle fermée par le gouvernement en signe « d’apaisement » ?
Les médias dominants et les conservateurs de tout bord ont trouvé un os en or pour ne plus parler de Nahel et des flics : l’attaque contre un maire et sa famille, et ils se jettent dessus.
Ainsi, la brutalité républicaine (l’Etat-capitalisme et la non-démocratie), légale, institutionnelle, quotidienne est occultée.
Le tyran Macron fait mine de « chercher à comprendre » l« origine et les causes du soulèvement des banlieues. C’est comme les castastrophes climatiques, »qui aurait pu prévoir" n’est-ce pas ???!
Le tyran Macron et sa bande n’arrêtent pas de jeter de l’huile bouillante sur le feu depuis des années, et à présent ils veulent se poser en sages réconciliateurs au dessus du conflit qui portent l’apaisement ! Honte ! Qu’ils dégagent tous !
Et toujours pas de grands rassemblements à Paris lancés par la gauche, pour Nahel, contre les violences d’Etat, contre les lois sécuritaires et le permis de tuer, contre le racisme et l’extrémisme policier, contre l’extrême droitisation générale et en particulier celle des flics, etc.
Actus, Analyses, le témoignage des deux passagers de Nahel :
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux
- 30 juin à St Etienne
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux quand la colère est là
MORT DE NAHEL : LA VERSION DES PASSAGERS
Alors que tout l’appareil politique, médiatique et policier tente de justifier l’exécution de Nahel et de criminaliser la révolte suite à sa mort, la version des deux passagers est à lire et diffuser pour contrer le poison de la propagande. Il s’agit d’une agression suivie de coups, de menace de mort puis d’un tir mortel sur un adolescent ne représentant aucun danger, par deux policiers aguerris. Nahel, qui emmenait un ami aux épreuves du Brevet des collèges, aurait paniqué et lâché la pédale de frein de sa voiture automatique. Les deux témoignages, concordants, ont été recueillis par Le Parisien :
🔴 Passager avant :
« Le premier policier est venu et a demandé à Nahel de baisser la fenêtre. Le motard qui était près de la fenêtre a dit : ’’Éteins le moteur !’’. Et il a mis un coup de crosse à Nahel, gratuitement. Le deuxième motard s’est penché par la fenêtre, et il lui a mis un coup de crosse, lui aussi. […] Il ne savait pas quoi faire. Il avait la tête qui tournait, il ne pouvait rien faire, même pas parler. » Une arme est alors braquée. Le policier placé près de la vitre conducteur est alors « passé par la fenêtre » et aurait « mis un nouveau coup de crosse. Il a dit : ’’Éteins le moteur, ou je te shoote !’’ » Le deuxième dit « un truc comme : ’’Je vais te mettre une balle dans la tête !’’ Et comme il était un peu sonné, son pied s’est enlevé de la pédale de frein. Comme la voiture, c’est une automatique, elle a avancé toute seule. Le policier situé près de la fenêtre a dit à son collègue : ’’Shoote-le !’’ C’est là qu’il a tiré. Le pied de Nahel s’est bloqué sur l’accélérateur. Il a réussi à être là encore pendant trois secondes, et il a klaxonné vers la voiture devant. Et, d’un coup, il s’est mis à trembler. Il ne me répondait pas ». Après l’accident, ce passager s’enfuit : « J’avais peur. Peur qu’on me tire dessus ».
🔴 Le passager arrière, 14 ans, qui allait passer son brevet :
Son père explique : « Nahel, c’est son grand frère du quartier. Il a tout de suite proposé à mon fils de l’emmener au brevet ». Il s’installe à l’arrière. « Mon fils ne savait pas que Nahel n’avait pas de permis de conduire. » Le jeune homme raconte : « les policiers […] ont pointé leurs armes sur Nahel » qui prend « environ trois » coups, et tente de « se protéger la tête ». L’un des policiers lance « qu’il allait lui mettre une [balle] dans la tête ». Le pied de Nahel aurait « lâché le frein sûrement par panique, en essayant de se protéger. La voiture a avancé toute seule. C’était une automatique. Et le policier a dit à son collègue de tirer. Et le coup est parti. Nahel, après avoir reçu la balle, il a dit : C’est un fou, il a tiré. » Lorsque l’adolescent parvient à s’extraire du véhicule, il lève « les mains pour qu’il ne me tire pas dessus » avant de subir une balayette et d’être mis en garde à vue, comme en attestent les images. « Je me suis retrouvé par terre. J’ai dit (au policier) que je n’avais rien fait, et il m’a dit : Ferme ta gueule. Et il m’a menotté. » Il comprend que son ami est mort.
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux
Témoignages
- Révolte populaire dans les rues de Saint-Étienne ! - En réponse au meurtre de Nahel, 17 ans, tué par un policier à bout portant à Nanterre, des émeutes éclatent dans toute la France depuis maintenant trois nuits ! Ce vendredi 30 juin, à Saint-Étienne, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées sur la place Hôtel de Ville et la Place Jean Jaurès dès 20h. Dès que la manifestation s’élance vers la préfecture en scandant « Justice pour Nahel », la police lance immédiatement les sommations, des feux d’artifices sont tirées en direction de la police et quelques secondes plus tard la place est remplie de gaz lacrymogènes. S’ensuivra une longue émeute qui durera jusqu’au petit matin.
- St Etienne : La révolte populaire continue malgré le couvre feu partiel instauré par le maire ! (...) Cette nuit-là, la sainte propriété a été durement attaquée et les réappropriations populaires étaient si massives et éparses que cela donnait lieu à des situations surréalistes où l’on pouvait largement attendre 30 min/1 heure avant de voir une intervention policière. Ces agissements sont hautement politiques, qu’ils soient conscientisés ou non, que ce soit des vols de plaisir ou de nécessité, ce sont des attaques contre la propriété privée, ardemment protégée par l’état et sa police. Qui plus est, la plupart du temps, des attaques contre les grosses enseignes.
- Vérité et justice pour Safyatou, Salif et Ilan - Le 13 avril, 3 adolescent.es en scooter étaient volontairement percuté.es par une voiture de police et gravement blessé.es. Les policiers avaient alors tenté de camoufler cette énième violence policière et intimidé les témoins.
- Nanterre, Nahel, émeutes, Réseaux sociaux : stream et café de messe - Le faux communiqué attribué au ministère de l’intérieur qu’Au Poste a débunké tôt ce matin. Les arrière-pensées qu’il révèle.
- Dingueries - 28 juin : de la marche blanche à l’émeute généralisée - Récit d’une très longue journée
Mercredi 28 juin, se tenait à Nanterre une marche blanche en solidarité avec Nahel, abattu par la police. L’un de nos reporters raconte ici l’explosion qui s’en est suivie et s’est poursuivie jusque dans le coeur de Paris, toute la nuit. - « C’EST LA GUERRE ! » - Alèssi Dell’Umbria
A Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), au cours d’une séquence émeutière jeudi 29 juin, une armurerie a notamment été pillée, et au moins deux fusils à pompe et trois fusils de chasse dérobés. La Mafia K’1 Fry, dont la plupart des membres sont précisément issus de Vitry-sur-Seine, avait annoncé voici quinze ans dans un rap fameux : « C’est la guerre ! ». Nous y voilà.
(...) La France bien-pensante peut à la rigueur déplorer la mort de Nahel -même Micron a dit que c’était « inexcusable » !- mais elle juge sévèrement l’accès de colère qui l’a suivi. « Si tu es en colère, c’est que tu es pas capable de raisonner logiquement, puisque, en tout cas en Occident, la colère c’est l’ennemi de la réflexion, ça c’est un truc paternaliste tu vois, ces façons de dire en gros que tu es primitif, tu ne sais pas organiser ta pensée, ça c’est une façon de te disqualifier, de disqualifier le discours et c’est aussi une façon de s’assurer d’un certain confort c’est-à-dire je veux bien t’entendre mais dis-le moi gentiment que ça soit pas inconfortable : non des fois c’est un crachat dans ta gueule que j’ai envie de t’envoyer pour que tu comprennes, ça c’est réel, ça… » remarquait déjà il y a quelques années la rappeuse Casey.
(...) La violence ne fera pas revenir Nahel, entend-on répéter. Mais elle aura au moins le mérite de nourrir la mémoire, et c’est déjà beaucoup pour inaugurer une tradition politique des révoltés. Sans cela, qui se souviendrait encore de Zyed et Bouna ? Les adultes si raisonnables et en réalité si résignés déplorent la violence aveugle de la révolte, mais eux, qu’ont-ils transmis aux jeunes, à cette génération révoltée par la mort d’un des leurs ? Rien qu’un vide politique total qui disqualifie d’emblée leurs jugements moralistes.
(...) La révolte qui éclata dans nombre de villes nord-américaines après l’assassinat de George Floyd, en mai 2020, amena à poser publiquement la question de la dissolution de la police. En France, c’est la question que nul n’ose encore poser et c’est dommage. Car lorsqu’un régime ne tient plus que par sa police, cela signifie qu’une situation décisive va bientôt arriver, et qu’il faut y penser sans trop tarder. - Une personne tabassée dans le bar Tabac de la Plaine
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux
Communiqué de Désarmons-les ! par rapport aux émeutes suite au meurtre de Nahel
Communiqué de Désarmons-les ! par rapport aux émeutes suite au meurtre de Nahel
(...)
En 40 ans, la police a tué plus de 800 personnes. Sous la présidence Sarkozy, nous étions à 15 morts par an, sous Hollande à 22, et sous Macron nous sommes passés à 30 par an, avec un pic à 52 morts en 2021.
Depuis la loi de 2017 qui définit les situations dans lesquelles les forces de l’ordre peuvent ouvrir le feu sans craindre d’être inquiétés par la justice, le nombre de morts par balle a explosé.
Avant, la légitime défense n’avait qu’une définition, qui était la même pour tout.es. Depuis, les policiers bénéficient d’un régime spécial, leur accordant une présomption de légitime défense.
L’article L.435 du Code de la Sécurité Intérieure a ainsi considérablement allégé le poids de détente. En ce sens, c’est un permis de tuer. La peine de mort n’a pas été abolie, son application a juste été confiée aux seules forces de l’ordre. C’est comme si l’on donnait au « crétin du village » la liberté d’apprécier la pertinence d’exécuter une personne pour un moindre délit. Sans intervention d’arbitres ou de juges.
Les syndicats de police sont un État dans l’État. Leurs discours sont autant d’incitations à l’émeute policière et aux exactions, tout cela au nom de la raison d’État et d’une République qui n’a de républicaine (en latin : « chose » ou « affaire publique ») que le nom.
Et l’État, dirigé par des pyromanes néo-libéraux entièrement inféodés à des patrons libertariens, ne tient plus que par sa police. L’État réduit à son seul rôle de gendarme, c’était le rêve des théoriciens ultra-libéraux et minarchistes. Sarkozy, Hollande et Macron l’ont réalisé, pas-à-pas et de manière implacable.
(...)
Le terrorisme islamiste n’est que l’une des têtes de l’hydre fasciste, dont le berceau est bien en occident, et en France en particulier. L’islamophobie et la résurgence du fascisme le plus violent en sont la conséquence directe, fruit de l’ignorance et des discours essentialistes et autoritaires d’un Pouvoir dirigé par les enfants de la bourgeoisie coloniale pétainiste et gaulliste. Une élite bercée d’une mythologie chauviniste dont les idoles sont bien souvent des seigneurs et des guerriers sanglants, plutôt que des philanthropes ou des artistes inspirants.
Plus de 60% des policiers et gendarmes votent pour des partis d’extrême-droite fascistes. Soyons plus précis : néo-pétainistes.
(...)
Les prolo blancs racistes gangrènent la police, suppléés par des prolos racisés qui ont oublié leur histoire ou qui obéissent aveuglément aux logiques racistes et masculinistes dominant leur corporation. Dans la rue, ils reçoivent désormais le soutien actif de bandes armées néo-pétainistes constituées par les petits-enfants de la grande bourgeoisie, excités à l’idée de reproduire les croisades et les pogroms du passé.
Chaque semaine désormais, à Lyon, Paris, Nantes, Bordeaux, Montpellier, Angers ou encore Annecy, des groupuscules fascistes sortent frapper des gens avec des barres de fer et des bâtons. Leur projet de société, c’est des murs, des barbelés, des milices et des pendus. Comme l’État islamique ou Wagner, pas mieux.
Et la police les protège, la Justice les couvre, les partis politiques de droite les recrutent. Parce que ce sont les enfants de ceux qui siègent à l’Assemblée et au Gouvernement.
(...)
Le Gouvernement lui, poursuit sa destruction de la protection sociale, de l’éducation et de ce qui fait société, tout en accélérant la destruction du vivant et de l’environnement, écrasant et humiliant toujours davantage le peuple qui travaille contre son gré pour que cette absurde machine tourne. Macron, avec sa tête de banquier ahuri, détruit tout frénétiquement pour satisfaire son microcosme de super riches libertariens et de premier·e·s de cordée, avec la croyance crétine que l’économie se régulera d’elle-même, apportant paix et prospérité dans un monde où chacun serait son propre maître. Le néant de la pensée philosophique, terreau de l’individualisme le plus méprisant.
Et quand le peuple se révolte, quand les jeunes issus de l’immigration post coloniale se révoltent, quand les antifascistes, les écologistes et les féministes résistent, alors la police et les fascistes les répriment avec violence, en parfait larbins d’un système capitaliste et individualiste qui court à sa ruine.
La France se pensait comme le phare de la civilisation. Il se pensait comme le pays des Lumières, de la Révolution, des Droits de l’Homme et de la démocratie sociale. Elle n’en aura été que la négation coloniale. Sa mégalomanie et son suprémacisme l’auront amené à coloniser un tiers de la planète, imposant son modèle par la force et par la violence, pillant le Sud pour permettre au Nord de bénéficier d’un État Providence et à sa population de se nourrir d’illusions. Tant qu’il y avait des sous…
Mais l’État Providence n’était qu’une illusion de courte durée.
Le capitalisme ne s’embarrasse pas avec le fait d’aider les pauvres à survivre.
Les valeurs universelles que la France croyait promouvoir n’étaient qu’une illusion.
La sociale-démocratie n’était qu’une illusion.
Plus encore, c’était un mensonge.
La réalité, c’est l’autoritarisme, la prédation et la violence des mercenaires de la Bourse.
Aujourd’hui enfin les masques tombent. Après la révolte des Gilets Jaunes, il n’en restait déjà plus beaucoup.
Et s’il faut que l’illusion s’évapore dans les flammes des émeutes, alors nous l’acceptons.
Ce n’est qu’un juste retour de bâton. “Nous brisons vos vitrines parce que vous brisez nos vies”.
Et si c’est de la racaille, alors nous en sommes, toujours solidaires des émeutes populaires.
Pour honorer Nahel et toutes les victimes de la violence d’État, le seul apaisement qui vaille, c’est une transformation sociale totale et radicale ! Sans État, sans flics, sans prisons, sans patrons et sans fachos !
Le Collectif Désarmons-les !
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux
Une révolte des laissés pour compte n’est jamais illégitime et doit être soutenue et appuyée
La séquence actuelle nous plonge dans des sentiments très paradoxaux. Car nous n’avons que peu d’espoir sur le fait qu’elle débouche sur des avancées significatives en terme de recul du racisme systémique ou de lutte contre un état oppresseur et ultra libéral. On pense même assez probable que l’État et son appareil répressif en ressortent renforcés, et encore plus autoritaires. Et que l’extrême droite profite de cette « crise » pour continuer sa morbide ascension.
Mais même avec un horizon aussi sombre, les révoltes actuelles nous paraissent salutaires et importantes.
Evidemment, brûler des voitures ou même des commissariats et des banques ne fera pas disparaître le racisme dans la police et dans toutes les structures de notre société. Cela ne donnera pas de travail à tous ces laissés pour compte.
Nous ne voulons pas non plus essentialiser et romantiser les actes qui ont lieu ces dernières nuits un peu partout en France. Car oui, il y a une part de « kiff » pour certains dans le fait de brûler des poubelles ou des voitures, et il y a un intérêt personnel, immédiat et matériel, à piller des magasins de fringues, de luxe ou d’informatique. Et alors ? Ces actes sont largement moins condamnables que les écritures comptables des criminels en col blanc, qui, en l’espace d’une saisie informatique, volent des millions, avec des conséquences bien plus graves pour ceux en bas de l’échelle.
Mais même avec ces considérations individuelles, matérialistes et presque « nihilistes », nous pensons que ces révoltes sont à soutenir.
Car ce que font ces gamins est assez unique : ils contribuent à dévoiler le vrai visage de l’état dont le masque s’effrite un peu plus chaque jour.
On pourrait évidemment se dire qu’il n’y a aucun intérêt à voir un pouvoir autoritaire devoir montrer son vrai visage si cela ne permet pas de le renverser. Sauf qu’à l’inverse, si l’on pense vivre dans un état autoritaire (et raciste) et qu’on préfère ne pas le provoquer de peur de sa réaction, on offre un boulevard à ce que rien ne change.
Car qui peut encore croire que faire des pétitions, des manifestations ou des tribunes peut faire changer cette société ? Ce n’est même plus le cas pour le monde du travail, pour les luttes ecolo, et cela n’a jamais été le cas pour les Gilets Jaunes... alors imaginez pour ces sauvages de banlieue ? Or cette société, elle tue, quotidiennement. Et pas qu’avec sa police.
Et si jeunes soient-ils, ces enfants de 2023 l’ont totalement compris. Ils l’ont même intégré sans avoir eu à le verbaliser.
Et pour cause... Ces gamins sont de purs ’produits« de la France. La quatrième voir cinquième génération d’ancêtres »issus de l’immigration" pour utiliser le langage policé et policier. En vrai, ce sont des français, mais ils sont noirs et arabes. Et ils ont très vite compris qu’ils n’étaient pas vus comme les autres français. Ils l’ont compris face à la police, mais également dans tous les moments de leur vie.
Car il faut être aveugle (ou raciste et donc malhonnête intellectuellement) pour ne pas voir la réalité de notre société : les noirs et les arabes sont des citoyens de seconde zone, cantonnés dans une précarité sociale et économique, et sans cesse stigmatisés.
Ces gamins voient bien que leurs aînés travaillent principalement pour faire le ménage, la sécurité ou du Uber/Deliveroo. Et encore, quand ils arrivent à trouver un taff.
Ils ont bien compris que l’ascenseur social n’était qu’un mirage. Qu’à part avec le foot ou le rap, personne de leur quartier n’a de chance de réellement s’en sortir.
Par ces révoltes, ces jeunes reprennent également un pouvoir, un rapport de force, une existence. Qu’importe s’ils sont stigmatisés et traités de sauvages. Au moins, ils existent. Ils comptent. Et c’est déjà énorme. Par leurs actes, ils ont réussi à faire annuler des concerts, des festivals, fermer des centres commerciaux, couper des services de transport. Alors oui, on peut se dire, à raison, que ce n’est pas ça qui fera avancer la question des inégalités sociales et du racisme systémique. C’est vrai ; Mais c’est aussi vrai que toutes ces répercussions obligent le pouvoir et le système à regarder le problème. A défaut de le régler, c’est déjà un énorme progrès.
Les gamins de 16 ans sont nés en 2007. Deux ans après la révolte des quartiers suite à la mort de Zyed et Bouna. D’ailleurs, il est fort probable que parmi les émeutiers de 2023, certains soient des enfants d’émeutiers de 2005.
La grande question est donc de savoir comment cette révolte pourrait déboucher sur plus d’avancées que celle d’il y a 18 ans. Comment pourrait-elle faire mieux également que le soulèvement BLM de 2020 après la mort de George Floyd, lui aussi tué par un policier, et lui aussi filmé.
Nous n’avons évidemment pas la réponse.
Mais nous sommes convaincus que les nuits de révoltes permettent d’ouvrir une brèche. Cette brèche n’est pas un boulevard pour les idées progressistes et pour la lutte contre ce système et cette société. Mais elle reste une brèche, quelque chose de si rare de nos sociétés désormais totalement atomisées et contrôlées. Où on nous rabâche qu’il n’y a pas d’autres « vivre ensemble » possible que ce capitalisme puant et raciste.
Il faut donc entrer dans cette brèche et tenter d’y apporter des éléments qui permettront d’infléchir, au moins un peu, la dérive actuelle du pouvoir. Espérer que ces jeunes (dont ne nous faisons pas partie et dont on ne prétend savoir comment ils pourront s’en sortir) sauront trouver des espaces et des structures pour peser durablement, et même pour lutter efficacement. Espérer aussi que la rencontre Beauf et barbares devienne une réalité. Que les oubliés de toutes les périphéries comprennent que c’est le système capitaliste qui est responsable de leur situation.
Le faire en comprenant qu’en plus d’être des citoyens de dernière zone, les habitants des quartiers populaires racisés subissent en plus un racisme systémique et permanent. Et qu’on ne peut mettre cette réalité abjecte en second plan. Qu’il faut l’aborder frontalement, en même temps que la question sociale.
Dire cela ne donnera certainement aucune clé pour sortir d’une impasse que nous craignons. Mais nous n’avons, à l’heure actuelle, pas d’autres mots que ceux-ci.
Et dire, redire, et répéter, qu’une révolte des laissés pour compte n’est jamais illégitime et doit être soutenue et appuyée.
« Ceux qui ont pris tout le plat dans leur assiette, laissant les assiettes des autres vides, et qui ayant tout disent avec une bonne figure “Nous qui avons tout, nous sommes pour la paix !”, je sais ce que je dois leur crier à ceux-là : les premiers violents, les provocateurs, c’est vous !
Quand le soir, dans vos belles maisons, vous allez embrasser vos petits enfants, avec votre bonne conscience, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d’inconscients, au regard de Dieu, que n’en aura jamais le désespéré qui a pris les armes pour essayer de sortir de son désespoir. »
L’Abbé Pierre, 1984
Photo Tulyppe
(post de CND)
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux
Analyses
- Prendre part à la révolte, soutenir les émeutiers - Encore une fois, un policier a tué. De sang froid. C’était le 27 juin à Nanterre, dans la matinée. Hier, c’était à Angoulème, un jeune guinéen abattu au volant de sa voiture sur le chemin du travail ; avant-hier sur un parking de Carrefour à Vénissieux, la nuit, deux jeunes hommes plombés dans leur mégane par une brigade de la BST. Des « refus d’obtempérer » s’empressent de justifier policiers, journalistes et procureurs. Circulez y’a rien à voir.
(...) Mais l’incarcération du policier et les déclarations de Macron (« un acte inexplicable et inexcusable » à propos de l’exécution de Nahel) ne suffisent pas : la mécanique de la révolte s’est enclenchée. Les cibles sont claires : principalement les hommes en bleu, les commissariats, les mairies et tout ce qui ressemble à un batiment public. En novembre 2005, les émeutes avaient mis deux semaines à se propager à l’ensemble du territoire. Ici, le mouvement se généralise dès le deuxième soir.
(...) Les journalistes du Monde ne craignent pas d’affirmer, contre l’évidence, que « Les violences commises en France n’ont désormais plus grand-chose à voir avec la mort du jeune Nahel »
(...) Devant de tels assauts, une telle détermination et un tel courage, la situation exige que nous en soyons. Ces moments de révoltes sont tranchant. Tout est facilement lisible. On est soit du coté des émeutiers, soit du coté du maintien de l’ordre et de la réaction. (...) - Le vertige de l’émeute - Entretien avec Romain Huët - Romain Huët est chercheur en sciences sociales, il a notamment publié Le Vertige de l’émeute, de la ZAD aux Gilets Jaunes (PUF 2019), une enquête passionnante et participative au coeur des évènements émeutiers de ces dernières années. Dans cet entretien, il revient sur ses travaux antérieurs afin d’éclairer la vague actuelle de révolte. : Le plus souvent, lorsque les sociologues s’intéressent à la question de l’émeute c’est pour essayer d’en déchiffrer les causes et les « raisons ». Dans votre livre, Le Vertige de l’émeute, de la ZAD aux Gilets Jaunes, vous prenez le contre-pied et tentez au contraire de déplier ce que l’émeute contient en elle-même, d’affects, d’émotions, de rapports à la violence et à la politique. En somme, que l’émeute n’est pas une pure réaction négative mais au contraire, contient une positivité propre. Pouvez-vous pour commencer nous résumer brièvement ce que vous avez tenté de démontrer dans ce livre ? (...)
- Nahel, coeur illégitime, corps nuisible
- Le propriétaire face au pillage, le pilleur face à la propriété - « Propriétaire » est le nom qu’on donne en général à un certain type de forme de vie. Il décrit un rapport au monde qui procède par absorption et identification et non pas par appartenance : le propriétaire est ce qu’il possède et ce qu’il possède le constitue. Le propriétaire n’a pas un jardin avec une haie, il est le jardin et la haie, et les oiseaux qui y nichent, et les fleurs qui y poussent
- Entre la vie et la mort : bilan d’étape (à propos d’une révolte éminemment politique) - Serge Quadruppani - Quel que soit son destin à court terme, la juste et magnifique colère d’une jeunesse directement concernée par l’assassinat de Nahel aura jeté une lumière éclatante sur ce à quoi se ramène toujours plus, dans tous les domaines, la gouvernance moderne : un jeu avec la mort, toujours plus près d’elle. (...) Comme disait un jeune d’une cité voisine à un camarade de la petite bourgeoisie intellectuelle qui lui racontait que lui aussi, il avait connu la garde à vue : « toi, la police t’emmerde parce que tu fais de la politique, nous, c’est parce que c’est notre destin ». L’autolimitation de la violence par la police ne fonctionne que pour autant qu’elle s’inscrit dans une sphère politique. Or, toute la gestion gouvernementale des zones de pauvreté urbaine a toujours reposé sur leur exclusion de la sphère politique (...)
ACTUS et DIVERS
En Drôme, à Crest, dans la nuit de lundi à mardi 3 juillet, pour la deuxième soirée consécutive, des feux d’artifice ont été tirés entre 22 h et 2 h du matin, du côté du quai Reynier et côté Est de la ville.
Valence : 28 mortiers d’artifice et 9 boîtes de pétards retrouvés dans sa voiture : un jeune condamné à 8 mois de prison de ferme !
CE N’EST PAS LA MERE DE NAHEL QUI A TUE NAHEL, C’EST UN POLICIER
LES PARENTS DE CE POLICIER CRIMINEL FERONT-ILS DEUX ANS DE PRISON FERME ?
Par ailleurs, des parents qui travaillent, partent tôt, rentrent tard, ils sont exploités jours et nuits, ils confient leurs enfants à une école qui ne leur promet aucun avenir si ce n’est l’exploitation. Les inégalités sociales sont au fondement de tout. Mais Dupond-Moretti, mis en examen lui-même pour prise illégale d’intérêts mais cependant toujours ministre, veut détourner l’attention en montrant du doigt une fois de plus les pauvres
L’amicale des vitrines de Montreuil va pouvoir dormir en paix. Ce soir, toutes les vitrines de la rue commerçante semblent déjà avoir été remplacées, et la rue est fermée, dans l’attente de la nuit qui vient (et de la journée de soldes de demain). Chacun devrait donc pouvoir s’adonner dès demain à des achats compulsifs.
La mère de Nahel, de son côté, ne reverra jamais son fils. Pas ailleurs que dans son sommeil hanté.
Tous ceux qui chouinent pour de la casse, vous me débectez.
Ce vendredi, une voiture de police poursuit et impacte un piéton. Une autre personne, qui ne fuyait pas les policiers, est violemment attrapée et renversée au sol.
Villiers-le-Bel, 30 juin, 🎥 tiktok/sasou_b.y.b_
Caméras et micros activés à distance : un projet de loi pour surveiller les militants - Le projet de loi Justice, examiné à l’Assemblée le 3 juillet, risque de légaliser plusieurs techniques de surveillance électronique qui pourraient viser des militants écologistes.
GREVE ILLIMITEE DU 15 DANS 50 DEPARTEMENTS POUR PLUS DE MOYENS, D’EFFECTIFS ET UNE AUGMENTATION DE SALAIRE
LE GOUVERNEMENT SACCAGE LA SANTE PUBLIQUE DE FOND EN COMBLE, MET EN DANGER LA SANTE DE MILLIONS DE PERSONNES ET POURTANT IL N’Y A PAS DE CAMPAGNE DE PRESSE HAINEUSE DE LA GRANDE PRESSE ET DE L’EXTREME DROITE CONTRE CES CASSEURS
Une cagnotte scandaleuse ?
Pour un gj qui boxe un policier, oui. Pour un policier qui tue un gamin ? Non...
https://fb.watch/ly_IrpN4Hf/
1,3 million d’euros. L’indécence de cette levée de fonds pour un tueur, — qui fait en quelque sorte de lui un tueur à gages stipendié par les raclures racistes et nationalistes d’extrême droite (tuez des arabes, ils vous paieront pour ça) —, est phénoménale. Hallucinante.
La Tendresse, Bourvil.
Crédits La Fin de leur Monde.
VIDEO : https://fb.watch/ly_JEZVTYo/
Equipements des nouveaux blindés de la gendarmerie qui seront déployés ce soir en France :
Lance-grenades 30 coups
caméra de vision nocturne longue distance
diffuseurs lacrymogène
mitrailleuse FN MAG 58 (1000 coups/minute)
TRISTE RECORD DE LA POLICE FRANÇAISE, L’UNE DES PLUS MEURTRIERES D’EUROPE
UN MORT EN DIX ANS EN ALLEMAGNE CONTRE UN PAR MOIS EN FRANCE
Des chercheurs européens ont comparé sur une période de dix ans les cas de tirs mortels après refus d’obtempérer en France et en Allemagne.
“Ces vingt dernières années, la police française est celle qui a tué le plus de citoyens en Europe”
NAISSANCE D’ESCADRONS DE LA MORT EN FRANCE ?
Après Angers hier une milice de nazis a défilé à Chambéry avec l’objectif de mener des ratonnades, tranquillement accompagnée par la police.
L’extrême-droite raciste surfe sur la complaisance du pouvoir et l’inaction d’une grande partie de la gauche pour mener des actions violentes et déverser sa haine raciste.
Une résidente crie indignée depuis sa fenêtre "bande de gros trous du cul... et il y a la police derrière, normal"
https://www.facebook.com/santiago.amigo.14/videos/1395286664653162
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux quand la colère est là
[Brochure] Révoltes pour Nahel
[Brochure] Révoltes pour Nahel
Compilation de textes du 1er juillet sous formes de brochures pour diffuser des infos massivement.
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux
- Belfast en soutien
Répression
- La justice enferme les révolté-es - Face à la révolte, la police est mobilisée en masse, et la réponse judiciaire est aussi violente : du ferme et des mandats de dépôts. Compte-rendu des comparutions immédiates au tribunal de Bobigny ce samedi.
Les personnes qui ont comparu ce samedi sont très jeunes, elles ont entre 18 et 24 ans. Le juge a adopté un ton paternaliste pendant toute l’audience. - Appel à soutien toute la semaine du 3 juillet dans les différents tribunaux d’Île de France !! - La révolte gronde et le mouvement nous dépasse toustes. Partout la justice de classe s’abat vitesse grand V sur les émeutier.e.s. Pour ne laisser personne seule face à cette machine, nous appelons à venir soutenir les interpellé.e.s du mouvement dans tous les tribunaux d’Île-de-France dès demain 3 juillet et tous les jours suivants.
- La police tue, les tribunaux accablent et tout est chaos - Récit des comparutions immédiates du 1er Juillet au tribunal de Bobigny
Pour répondre aux directives du ministère de la justice et traiter le nombre massif d’interpellations de cette dernière semaine, dans plusieurs tribunaux en France les audiences s’enchaînent et les peines pleuvent. A Grenoble et à Nanterre, des chambres de comparution immédiate sont exceptionnellement ouvertes le dimanche : c’est la période des soldes, mais ici les remises sont rares, et l’enjeu est de repartir les mains vides. Pour rappel, les audiences sont ouvertes au public : des amis de la Riposte Collective se sont donc rendus samedi après-midi au Palais de Justice de Bobigny, et nous en livrent un premier récit, agrémenté de quelques judicieux conseils de défense. (...) A qui se le demandait encore, le tribunal et le commissariat ne sont pas des confessionnaux : la vérité importe peu et nous importe peu. Les juges et la police sont là pour punir, personne n’y accordera le pardon. Face à eux nous avons seulement à nous défendre. En premier lieu, ne rien leur donner : ne rien déclarer à l’OPJ ni à aucun sous-traitants de la justice (enquêteurs sociaux, médecins et autres sous-flics),« JE N’AI RIEN A DÉCLARER » est la seule ligne de conduite souhaitable. En second lieu, ne pas les laisser nous juger abusivement, quoique nous ayons fait : REFUSER la comparution immédiate qui nous empêche de nous défendre et exiger un délai. Les agents de police sont eux mêmes incapables de respecter leurs propres procédures, il suffit d’observer leurs minables PV pour y trouver de nombreuses failles.
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux
- « La liberté guidant le peuple après avoir trop joué aux jeux vidéos » Delacroix, 1830
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux
INTOXICATION AUX JEUX VIDÉOS
« Chez les plus jeunes, ce qui conduit à une forme de sortie du réel, et on a le sentiment parfois que certains d’entre eux vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués ». Emmanuel Macron
Cette déclaration stupide permet de dépolitiser complètement la révolte en cours et de ne pas parler des violences policières. Le pire, c’est que l’imaginaire autoritaire, militariste et violent qui coupe du réel semble bien présent dans les rues, mais plutôt du côté des policiers lourdement armés.
Depuis des années, des policiers français arborent l’écusson à tête de mort tiré du film, également adapté en jeu vidéo, The Punisher. Un personnage tiré de l’univers Marvel, incarnant un policier ultra-violent qui tue et torture pour se venger. Le Punisher est une image de ralliement de l’extrême droite américaine, et plus récemment des forces de l’ordre françaises les plus agressives.
Quant aux unités anti-terroristes qui sont envoyées dans les rues de Lille, Lyon ou Marseille ces derniers jours avec un équipement militaire et qui tirent avec des fusils à pompe sur des civils, elles semblent tout droite sorties de Call of Duty. Ces policiers « d’élite » semblent avoir complètement perdu pied avec la réalité, et agissent face à la population comme s’ils étaient en guerre, ou chargés d’éliminer des terroristes. Ils tirent avec une facilité déconcertante, comme s’ils étaient hors du réel ou dans un jeu, comme si les personnes qui leur faisaient face n’étaient pas des êtres humains.
D’autres policiers sont parfois photographiés avec des références au film 300, grosse production Hollywoodienne qui met en scène de façon grossière la bataille entre les Spartiates et les troupes Perses pendant l’Antiquité. Un imaginaire caricatural opposant Orient et Occident, lui aussi largement repris par l’extrême droite.
L’imaginaire exporté par les grosses firmes de l’industrie culturelle nord-américaine infuse depuis des années des univers militaristes, brutaux et répressifs, mais jamais la révolte contre l’ordre établi. Leurs héros sont bien plus policiers ou militaires qu’émeutiers ou révolutionnaires.
Qui est intoxiqué ?
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux
⚫ IL Y A 5 ANS À NANTES : ABOUBACAR TUÉ PAR UN CRS DANS LES MÊMES CIRCONSTANCES QUE NAHEL
La justice n’a toujours pas été rendue, le policier tueur a repris le service -
Nous sommes le 3 juillet 2018, à Nantes. Dans le quartier du Breil, au nord de la ville, l’après-midi est estivale. Mais des CRS qui patrouillent, sur demande de la mairie, mettent le quartier sous tension. Aboubacar, 22 ans, qui conduit son véhicule, subit un contrôle qui s’éternise. Alors qu’il est au volant, le jeune homme reçoit un tir dans le cou. Un tir à balle réelle, sorti du Sig Sauer d’un CRS. Il meurt sur le coup.
Un témoin raconte : « il était immobile, le policier lui a tiré dessus à bout portant ». Les circonstances sont presque exactement les mêmes que pour Nahel : un policier qui braque son arme sur les parties vitales d’un conducteur non-blanc dans un quartier. Le tir à bout portant dans l’habitacle. La mise à mort presque instantanée et sans motif.
Dans les heures qui suivent, la rage s’empare de tout le quartier. Barricades, incendies, affrontements. Des centaines de forces de l’ordre affluent sur Nantes pour étouffer l’incendie. Mais la colère est trop forte. Dans le quartier où vivait le défunt, la solidarité entre habitant-es est importante : les parents accueillent les plus jeunes qui fuient des charges. Les portes des halls restent ouvertes pour se réfugier. Après le quartier du Breil, ce sont toutes les cités de Nantes qui sont en flammes. Une mairie annexe brûle, ainsi que plusieurs bâtiments. La voiture de la maire de Nantes est incendiée le 5 juillet, comme une voiture de la BAC et des centaines d’autres. Un hélicoptère survole la ville toutes les nuits.
Pendant que la révolte gronde, le CRS ment pour se couvrir. La hiérarchie policière ment aussi. Le policier prétend avoir tiré « en légitime défense » et même « pour protéger des enfants » ! Mais deux jours plus tard, sa version est tellement invraisemblable qu’il avoue avoir menti. Il aurait tiré « par accident ». Il n’avait donc aucune raison légitime de tirer. Aboubacar a été tué pour rien. Reste à savoir comment une arme à feu, dotée d’un cran de sûreté, et tenue par un professionnel, a pu « tirer par accident »…
Le 5 juillet 2018, une marche blanche organisée par la famille réunit des milliers de personnes dans le quartier, à l’endroit exact où Aboubacar a perdu la vie. Un puissant moment de recueillement. Peu à peu, la colère s’apaise, mais Nantes vient de traverser l’un des plus importants soulèvements de son histoire récente. Des centaines de voitures et plusieurs bâtiments sont partis en fumée, les traces resteront durablement dans le quartier et dans les esprits.
Cela fait cinq ans exactement. Et la justice fait délibérément traîner l’affaire. Le CRS tireur bénéficie d’une impunité organisée par l’État : il a pu reprendre le travail et n’a été « auditionné » qu’en 2020, près de deux ans après les faits ! Plus étonnant encore, en septembre 2020, une parodie de reconstitution du meurtre a eu lieu « à huis clos, dans un lieu secret », alors qu’habituellement, ces reconstitutions se déroulent sur les lieux des faits. En 2023, « la thèse de la légitime défense est écartée » mais aussi « la volonté de tuer ». L’avocat du policier fait actuellement des recours pour éviter un procès. 5 années d’impunité, toujours aucune justice. Les appels au calme et les marches blanches n’ont pas été entendus.
Par contre, de nombreuses personnes suspectées d’avoir participé aux émeutes ont été arrêtées et condamnées. Depuis, la police nantaise a fait d’autres victimes, dans les manifestations et dans les quartiers. Notamment Steve, un an plus tard, le soir de la fête de la musique.
La mémoire d’Aboubacar, mort il y a cinq ans, plane aujourd’hui sur Nantes. Elle est ravivée par l’exécution de Nahel, tué par la police dans la même situation.
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux
FRANCE FASCISTE : LE TUEUR DE NAHEL BIENTÔT MILLIONNAIRE ?
Chronique de la bourgeoisie ensauvagée
Il y a tellement de fascistes en France que des dizaines de milliers de personnes sont prêtes à subventionner l’exécution d’un adolescent. C’est ce qui se passe avec le tueur de Nahel. Le policier qui a braqué son arme sur l’adolescent de Nanterre en hurlant qu’il allait « lui mettre une balle dans la tête » avant de l’exécuter froidement.
Florian Menesplier, le policier tireur est un ancien militaire passé par le lycée privé catholique Sainte-famille Saintonge, avant de rejoindre le 35e Régiment D’infanterie puis entrer dans la police. En commettant ce crime, il a touché le gros lot. C’est un fait atroce, insoutenable, vertigineux, mais c’est bien réel. Il y a trois jours, le polémiste d’extrême droite Jean Messiha lançait une « cagnotte de soutien » au tireur. Elle dépasse ce dimanche les 700.000€ de dons !
Il faut ajouter à cette somme hallucinante une autre cagnotte : celle lancée par les collègues du tireur, les motocyclistes des Hauts-de-Seine, qui récolte quant à elle près de 50.000€. Preuve supplémentaire que les policiers criminels ne sont pas des « brebis galeuses » et que ces faits ne sont ni des « bavures » ni des « dérapages ». En cas de violences policières, tout un réseau de solidarité extrêmement puissant et organisé, disposant d’importantes ressources médiatiques et financières, s’active au sein des forces de l’ordre.
Le racisme et la propagande policière atteignent un niveau tel que des personnes récompensent massivement ceux qui tuent un jeune d’origine maghrébine. Dans la liste des donateurs, on trouve par exemple le pseudonyme « Jean Culas Mélenchon » qui a versé 1102€, parmi d’autres dons à 4 chiffres. Il y a en France des riches fascistes prêts à mettre près d’un SMIC uniquement pour subventionner un tueur en uniforme. Pour le féliciter financièrement.
Florian Menesplier sera peut être millionnaire pour avoir tué un adolescent ! À ce rythme, le policier peut déjà s’acheter une deuxième maison voire même se mettre en retraite anticipée.
Il s’agit clairement d’autre chose que de soutien, c’est un symbole : financer la répression des quartiers, faire une démonstration de suprématie blanche. Il s’agit d’une manifestation des gens lâches, une manifestation sous forme financière, de tout ce que la France compte d’amoureux de l’ordre, de syndicalistes policiers et de fascistes.
En 2019, le gouvernement avait fait sauter en moins de 48h une cagnotte en faveur de la famille Christophe Dettinger, boxeur Gilet Jaune qui avait repoussé à mains nue des gendarmes en armures qui matraquaient une femme au sol. Les autorités avaient prétexté que cette cagnotte « encourageait la violence ». Le ministre de l’intérieur de l’époque évoquait un « financement de la violence ». Marlène Schiappa demandait à ce que les contributeurs soient identifiés. Élisabeth Borne hurlait son indignation.
Ces centaines de milliers d’euros récoltés par des fascistes pour un agent mis en examen pour « homicide volontaire » contre un mineur, eux, ne provoquent pas la moindre réaction gouvernementale.
LA POLICE LAISSE FAIRE DES NAZIS
Samedi soir, à Chambéry, un groupe de nazillons est sorti dans les rues avec comme objectif (annoncé en amont sur les réseaux) de "nettoyer" la ville en tabassant des jeunes de quartiers.
La police n’est pas intervenue, alors qu’elle est à quelques mètres de cette manif pré-ratonnade. Pire, sur les vidéos, on voit la police laisser les nazis défiler, et dans le même temps, contrôler des jeunes racisés !
Vidéo : https://fb.watch/ly_SBP5jt_/
(post de CND)
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux
« La police exerce sa mission de façon merveilleuse »
Yaël Braun-Pivet, Présidente du Parlement, 3 juillet 2023
6 jours après le meurtre de Nahel, 17 ans, par un policier. Deux jours après une nouvelle alerte de l’ONU contre la France à propos du racisme au sein des forces de l’ordre. Yaël Braun Pivet déclare, euphorique sur Télématin ce lundi : « la police exerce sa mission de façon merveilleuse ».
Oui, « merveilleuse ». Définition du Larousse : « qui cause une très grande admiration par ses qualités extraordinaires » ou encore « ce qui s’éloigne du cours ordinaire des choses ; ce qui est miraculeux, surnaturel ». Synonymes : féerique, surnaturel, magique.
Interrogée par un journaliste qui lui demande « Est-de qu’il y a un problème avec la police en France ? » elle répond du tac au tac : « Non ! », l’air grave, comme si elle venait d’entendre un propos blasphématoire. Pas question de reconnaître le moins problème dans la police. Elle ajoutera, à propos des images de répression de ces derniers jours : « Faut avoir du courage pour y aller, ils en ont, il faut être derrière eux ».
Le macronisme est une secte d’illuminés fascistes. La police est une nouvelle religion d’État.
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⚖️ L’AVOCAT DU TUEUR DE NAHEL AVOUE L’IMPUNITÉ POLICIÈRE
– En 31 ans à défendre des policiers violents, aucun n’avait encore été envoyé en détention –
« En 31 ans de carrière à défendre des cas d’usage des armes, je n’ai jamais eu un client qui parte en détention à l’issue de sa présentation devant un juge ». Ce sont les mots de l’avocat du policier qui a exécuté Nahel, dans un communiqué publié sur Facebook.
Cet avocat, c’est Laurent-Franck Liénard. Un défenseur acharné des policiers violents. Il a prêté serment en février 1992, à l’issue d’études en droit des affaires et en ingénierie de la sécurité. Liénard est un être hybride, à la fois avocat, militant et policier. Sa vie entière est consacrée à l’impunité de la police. Officier de réserve de la Gendarmerie, il est aussi instructeur de tir de police, membre de la Fédération Française de Tir, maître instructeur pour le Taser et donne des cours à l’École Nationale Supérieure de la police de Saint-Cyr… Liénard a même écrit un guide destiné aux policiers qui ont tiré sur des personnes, pour donner les conseils afin d’éviter une condamnation. L’ouvrage s’appelle « Force à la loi », et il fait un carton chez les forces de l’ordre. Il est même mis à jour en fonction de l’évolution des lois.
Liénard milite pour le port d’arme généralisé dans tous les corps de répression et arpente les plateaux télé. En mars dernier, à l’antenne, Liénard a par exemple osé : « Les gendarmes à Sainte-Soline me disent qu’ils n’avaient jamais vu des bandes aussi guerrières […] face à une horde sauvage avec des haches c’est vraiment compliqué », ou encore à propos de policiers ayant tenu des propos ouvertement néo-nazis dans des conversations communes : « être raciste c’est autorisé par la loi » et même, pour explique qu’un de ses client aime son métier en le citant : « je veux être policier. Je veux aller interpeller les gens. Je veux pouvoir les étrangler quand ils luttent ». Oui, c’est ce qu’il a dit, en plateau, face caméra.
En tant qu’avocat, Liénard a notamment défendu un gendarme ayant éborgné un enfant de 9 ans à Mayotte ! Mais aussi un CRS ayant éborgné avec une grenade un syndicaliste à Paris, un policier ayant tiré au LBD dans l’œil d’un lycéen nantais, des policiers ayant tué en tirant à balle réelle, notamment Aboubacar à Nantes... En décembre 2022, à propos de la mutilation par une grenade d’un syndicaliste, il affirme lors du procès que condamner son client reviendrait à « castrer tous les CRS de France » et estime « on lui en veut, simplement parce qu’il est en bleu, la société a tout à perdre sa la condamnation ». Et obtient son acquittement ! Il défendait aussi, en avril dernier, des policiers ayant percuté trois adolescents à scooter à Paris. Des vidéos montraient ces enfants au sol. Parmi eux, une jeune femme de 17 ans qui était dans le coma, et des passants indignés par les actes des agents. Sur BFM TV, l’avocat s’exclamait à propos d’un client : « il n’a fait que son travail ».
Bref, Liénard défend depuis 30 ans ce qui se fait de pire dans la police. Les agents les plus violents, les plus indéfendables, les cas les plus accablants. Son cabinet réalise son chiffre d’affaire sur ces cas, c’est son créneau, sa spécialité.
L’avocat ne s’en rend même pas compte, mais lorsqu’il écrit 24h après la mort de Nahel : « je n’ai jamais eu un client qui parte en détention à l’issue de sa présentation devant un juge », il avoue de la manière la plus claire qui soit le niveau d’impunité absolue dont bénéficie la police dans ce pays. Et c’est pour cela que les "quartiers" n’ont pas fini de brûler.
(posts de Contre Attaque)
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux
Moutouh, ex préfet de la Drôme :
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux quand la colère est là
- Soulèvement des banlieues : appeler au calme est parfaitement scandaleux