Elles sont belles mes poules :
Rassurez-vous : je ne suis ni polygame, ni maquereau :
l’une est toute blanche, l’autre marbrée de gris, la troisième noir et feu.
D’ailleurs elles ont un coq,
un beau grand coq blanc qui se rengorge,
se redresse avant de pousser du fond de la gorge
son retentissant chant de dinosaure raté.
A 3 h 15, puis 7 h 15, précisément.
Il faut dire qu’à l’autre versant du vallon
réside un autre mâle volatile.
Voilà qui nous vaut cette lutte de gosiers, aussi large que l’antique.
Mais sous ses airs macho,
mon coq est un fort galant gallinacé :
il gratte la terre, et vivement se retire,
pour que ses poules accourues
prestement gobent les vermisseaux exhumés.
Il est vrai qu’il a son intérêt.
Car quand l’envie l’en prend,
il les saute sans autre forme de procès !
Il nous est né un poulet, un tout petit poulet.
Il fut mignon quelques temps.
Mais aujourd’hui, il est adolescent, ou l’équivalent.
D’où une drôle de forme :
le croupion tient encore de l’enfant,
tandis que l’avant fait déjà poule.
Il n’est pas très beau : c’est un âge ingrat !
Ah si Esope ou monsieur de Lafontaine
étaient toujours vivants,
ils trouveraient bien quelque savoureuse
chute à cette historiette.
Las, en guise de fontaine,
nous n’avons qu’un ours
pas même de l’ENA !
Etienne Maillet