Economiser l’eau, la stocker dans des bassines et technologiser encore davantage l’agro-industrie ne réglera pas les problèmes de sécheresse, n’empêchera pas les catastrophes climatiques produites par la civilisation industrielle et même aggravera les désastres écologiques et sociaux.
S’adapter en vain à un monde rendu invivable et confier notre avenir à l’Etat et à l’agro-industrie via l’administration des désastres, la marchandise, le libre marché et la technologie ??! Pas question !
- Agro-industrie et mégabassines = sécheresse et dévastations
- Impossible de s’adapter à des conditions invivables
La sécheresse hivernale en Espagne et au Portugal : miroir de notre futur proche en France
Depuis deux mois, la péninsule ibérique n’a pas reçu une goutte de pluie. Le Portugal, pays où 30% de l’énergie est d’origine hydraulique, a dû suspendre la production hydroélectrique de cinq barrages pour préserver l’approvisionnement public en eau. En Espagne, les niveaux des réservoirs d’eau dont dépendent notamment les agriculteur∙rices, se situent à moins de 45% de leur capacité. Ces sécheresses deviennent la norme en se manifestant toujours plus tôt dans l’année. Le modèle agricole basé sur l’irrigation massive détient une grande part de responsabilité dans la fréquence de ces sécheresses.
Rétrospective sur la politique de l’eau en Espagne :
L’eau, notamment l’irrigation, a toujours été pour l’Espagne un outil politique d’expansion économique et d’intensification de son agriculture. Sous la dictature de F. Franco, les barrages se sont multipliés, il y a, aujourd’hui, environ mille deux cents barrages dont huit cents qui ont été construits pendant le XXe siècle. L’Espagne est l’un des pays où il y a le plus de barrages en Union Européenne. Malgré une politique de l’eau découpée en bassin hydrographique depuis 1926, près de quarante ans avant la France, permettant une meilleure gestion de la ressource il faudra attendre le retour de la démocratie, en 1975, pour que la société civile puisse faire pression pour réguler davantage l’expansion de ces constructions. Ces barrages et autres réservoirs privatisent l’eau pour une petite minorité de la population, les agriculteur∙rices. La surface agricole irriguée représente, en effet, 22% de la surface agricole globale contre 5% en France. Par conséquent, l’irrigation représente 60% des prélèvements anthropiques.
Des infrastructures (barrages, réservoirs...) amplificatrices des sécheresses :
De nombreuses études, notamment l’une concernant l’Espagne publiée dans le Journal of Hydrology en 2017, ont démontré que la construction de ces barrages et réservoirs a un impact sur la fréquence, la durée et la gravité des sécheresses hydrologiques. Par ailleurs, il a été observée qu’il y a une augmentation significative des sécheresses climatiques. Cette augmentation est liée à plusieurs phénomènes qui dérèglent le cycle de l’eau à l’échelle locale et globale :
• Une perte de l’eau par évaporation : dans ces infrastructures 20 à 60 % de l’eau s’évapore
• L’eau stockée ne pénètrent pas dans les sols et par conséquent ne rechargent par les nappes phréatiques indispensables à l’équilibre du cycle de l’eau
• L’utilisation irrationnelle de l’eau présente dans ces barrages et réservoirs
Le modèle destructeur espagnol, source d’inspiration du gouvernement français :
Depuis des décennies, les gouvernements et les ministères de l’agriculture français successifs font la promotion de l’irrigation et des mégabassines [réservoirs de 8 à 10 hectares qui pompent dans les nappes phréatiques pour l’irrigation des cultures de maïs destinées à l’exportation et à l’alimentation animale]. L’Espagne est pourtant l’exemple flagrant du contresens de ces mesures. Pour éviter que ces projets se multiplient dans les campagnes françaises, nous avons porté ces projets de bassines devant la commission des Pétitions du parlement européen depuis l’année dernière afin que l’État français rende des comptes. Il n’entrave pas moins de neuf directives européennes dont la directive cadre sur l’eau (DCE 2000/60 CE). La semaine dernière, c’est au tour de la commission Environnement, Agriculture et celles des affaires juridiques d’avoir été saisies pour se pencher sur le dossier. Le combat continue !
(post de Benoît Biteau, député écologiste au parlement européen)
Agriculture : la bataille contre l’accaparement de l’eau s’intensifie - Le porte-parole de la Confédération paysanne, Nicolas Girod, a été entendu par les gendarmes pour le démontage de la pompe d’une mégabassine. Soutenus par le gouvernement et voulus par l’agriculture intensive, ces réservoirs géants se multiplient et inquiètent les hydrologues à cause de leurs conséquences sur le cycle de l’eau.
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Sauf que de nombreux spécialistes, telle l’hydrologue Emma Haziza, attirent l’attention sur les nombreux inconvénients de ces réserves : « L’eau est essentiellement prélevée dans les nappes en milieu souterrain, avant d’être stockée en surface à l’air libre et traitée avec du chlore, a-t-elle expliqué au journal Le Parisien. Vous créez ainsi de l’évaporation. Entre 20 et 40 % de l’eau est perdue. Les probassines affirment capter un trop-plein d’eau en hiver mais cela ne relève d’aucune logique sur le plan hydrologique. Le premier utilisateur de l’eau reste le milieu naturel. » En clair, les nappes se rechargent en hiver, et cette eau n’est pas un surplus, mais une assurance pour un bon fonctionnement des écosystèmes tout au long de l’année.
D’autant plus que la saison froide se fait de plus en plus sèche et chaude. En janvier, il y a eu moitié moins de pluie que d’habitude dans les Deux-Sèvres ; les précipitations ont même été de 60 % inférieures aux normales de saison dans la région de Niort. Des tendances que le changement climatique pourrait amplifier. Dans ce contexte, quelle eau restera-t-il pour les écosystèmes et pour les autres usages une fois les bassines remplies ?
- 25-26-27 mars pour des rassemblements et luttes contre les mégabassines
- dans les Deux-Sèvres
Luttes contre les mégabassines
RDV les 25-26-27 mars pour des rassemblements et luttes contre les mégabassines et l’accaparement de l’eau de l’agro-industrie.
Voir https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/un-printemps-maraichin-contre-les-megabassines
En Drôme aussi la préfecture veut autoriser de multiples bassines géantes.
Voir notamment à Divajeu les projets en cours de réalisation