1er mai 2022 : un désir profond de renverser ce système s’est exprimé, et ensuite ?...

Beaucoup de manifestants ne veulent plus se justifier de leur détermination

mardi 3 mai 2022, par Stratégie & co.

Au delà de l’apathie relative des syndicats et de la focalisation de la gauche sur les élections, d’autres personnes se sont exprimées vigoureusement dans la rue ce 1er mai. Puis quelques questions essentielles à se poser individuellement et collectivement pour la suite, sur comment et pour-quoi agir, avec qui...?

  • Tout n’est pas mort - 1er mai 2022. A peu de choses près, on retrouvait partout la passivité et la torpeur terrifiante des défilés syndicaux. Heureusement dans certaines villes, comme à Paris, Nantes ou Rennes, les manifestations ont pris une tournure émeutière. Faut-il le rappeler, se battre contre le pouvoir en place ne se joue pas et ne se jouera jamais dans un bureau de vote. (...)
1er mai 2022 : un désir profond de renverser ce système s’est exprimé
...et ensuite ?

🔥1ER MAI. PARASITER CE MONDE🔥

On attendait pas grand chose de ce premier rendez-vous dans la rue du 2e quinquennat Macron. Pourtant, ce dimanche 1er mai, Paris a repris des airs de résistance et de riposte populaire. Pour la première fois depuis bien longtemps, on a senti de l’envie, de la puissance et du plaisir à lutter dans la rue. N’en déplaise aux petits bourgeois de la lutte pour qui la révolte est belle que lorsqu’elle est passée. Ou lointaine.

Le cortège de tête a compté plusieurs milliers de personnes. Cela faisait plusieurs mois qu’un si gros cortège pré syndical n’avait pas vu le jour. S’étalant sur plusieurs kilomètres, il se composait de différents groupes et ambiances, l’avant étant clairement noir et jaune, et très offensif. Sans nasse mobile, avec des forces de l’ordre à distance du cortège (sauf sur la fin en approche de Nation), ce cortège du premier mai a pu déployer différentes formes d’expression de la colère sociale qui couve : tags, banderoles, chants, barricades, banques défoncées, fanfares...

Ce n’était certes pas les premiers actes GJ, ni les manifs les plus deter de la Loi Travail. Il n’empêche, cela faisait du bien de retrouver une puissance collective.

C’est aussi et surtout un marqueur fort pour les mois et années à venir. On aurait pu penser que la réélection de Macron allait résonner comme un coup de massue. Le coup de massue est passé. Et les sauvages commencent à se relever. Qu’un seul tienne. Les autres suivront.

Évidemment, la classe politique et médiatique s’est vautrée dans la diarrhée verbale des condamnations, comme des cochons peuvent se rouler avec délectation dans la boue. Y compris au sein de « l’Union Populaire » et de son leader Jean-Luc Mélenchon, qui regrette que la préfecture n’ait pas agi plus fermement. Comme l’a dit Nantes Révoltée, « La sociale-démocratie réclame une répression plus efficace. Une gauche de rupture aurait expliqué que la colère est légitime et aurait protégé le cortège de la police. Une gauche révolutionnaire aurait appelé et participé directement aux actions anticapitalistes. »

Cela aura eu le mérite de confirmer que ce monde là n’a rien compris de ce qui se passe dans notre société depuis plusieurs années. Que les alertes du cortège de tête, des Gilets Jaunes, des actions climats ou de la révolte BLM n’ont absolument jamais été comprises pour ce qu’elles étaient. Un désir profond de renverser ce système.

Pour beaucoup de manifestants, il n’y a même plus à chercher à « justifier » en quoi casser une vitrine d’une banque ou brûler une voiture de luxe est moins « grave » que détruire des vies avec une politique ultra libérale, voler des milliards grâce à des optimisations fiscales et détruire la planète par pur intérêt personnel. Sans même parler de comparer la pseudo violence des manifestants avec la violence de l’État et de son bras armé.

Non, pour beaucoup désormais, il n’y a plus à chercher à convaincre ces gens là, ni même les médias. Ce temps est révolu. Il a duré des mois avec les Gilets Jaunes. Ceux qui, aujourd’hui, ne comprennent toujours pas le font par choix idéologique. Il n’y a donc pas lieu de chercher à les convaincre que nous ne sommes pas des parasites.

La planète brûle, littéralement. Des millions de citoyens sombrent dans la pauvreté, et cela ne va que s’accentuer. Nos libertés ne font que diminuer de mois en mois. Pendant ce temps, les milliardaires et multi millionnaires n’ont jamais été aussi riches et puissants. Et leur président a été réélu pour cinq ans. Ce président responsable de milliers de blessés en manif, et de millions de personnes devenues pauvres. On est reparti pour 5 ans d’horreurs ultra libérales alors que le GIEC ne nous donne que 3 ans pour éviter la catastrophe climatique.

Ces barbares qui ont défilé devant les syndicats dimanche semblent donc bien plus conscients et bien plus humanistes que ceux qui tentent de les salir.

On ne doute pas qu’une partie de la stratégie de la préfecture (et donc du pouvoir), aura été de laisser « faire » pour montrer le « chaos » qu’instaurent ces « barbares » si la police ne fait pas de nasse mobile et n’est pas au plus proche du cortège.

Qu’importent leurs petits intérêts politiciens et médiatiques. Une manif sans nasse mobile restera toujours plus belle et plus respectueuse de la démocratie que ce qu’on a pu vivre ces derniers mois. Et puis, s’il y a eu plus de vitrines de banques cassées car la police ne nassait pas le cortège de tête, il y a certainement eu, dans le même temps, moins de manifestants blessés ou embarqués par les flics. Peut être que cela ne compte pas, ou beaucoup moins que des vitres de banque, pour les commentateurs médiatiques et politiques. Pour nous, cela compte.

La séquence électorale va bientôt prendre fin, laissant alors le champ totalement libre à une lutte simple : Continuer dans ce système. Ou le détruire. Chacun verra les barbares (ou les parasites) du côté qu’il le souhaite, permettant de clarifier ce qui doit encore l’être.

Photo : Tifaine Blot - Post de Cerveaux non disponibles

Et ensuite ?...

Est-ce que les minorités révoltées et déterminées vont recevoir de vrais renforts à la hauteur des enjeux ?
Ou est-ce que les déçus des élections vont continuer à s’occuper surtout de leur survie personnelle et de leurs petites affaires chacun dans son coin ?

Est-ce que le rejet légitime de la hiérarchie, des chefs et de l’appelisme va empêcher des formes de coordinations, de complicités et d’organisations (horizontales, anti-autoritaires) plus larges que l’échelle de l’individu ou des micro-groupes ?
Est-ce qu’on va surtout réagir de manière dispersée aux innombrables saloperies du pouvoir et du capitalisme, ou est-ce qu’on va d’abord agir pour attaquer (ensemble ou depuis/via divers fronts) les fondements structurels de la Machine ?
Est-ce que le rejet légitime des planifications étatiques et capitalistes va empêcher la réflexion stratégique permanente et son application dans des tactiques et actions ?
Est-ce que le désespoir et l’ampleur de la tâche va empêcher de penser en stratège et d’agir en primitif ?
Est-ce que les violences immenses et innombrables du système en place vont entraîner une généralisation de la contre-violence et de l’auto-défense ?

Est-ce que les écolos et la gauche « traditionnels » vont continuer de manière suicidaire à vouloir s’appuyer sur l’Etat pour fabriquer une civilisation techno-industrielle productiviste « bio-durable-décarbonée » et « alter-capitaliste », ou est-ce qu’ils vont rejoindre les luttes pour la fin du capitalisme, de l’Etat et du système industriel ?

Est-ce que l’échec des stratégies de massification d’une contestation « molle » pour des objectifs merdiques va être enfin remplacé par une généralisation des stratégies offensives vers des objectifs radicaux ?
Est-ce que des formes collectives de coopérations, de coopératives, de culture de résistance vont s’étendre pour de bon ou est-ce qu’on continue à priviliégier les formes libérales de chacun pour sa gueule, de mini-réseaux étanches ?

Après la fin des illusions portées par les législatives, que va-t-il se passer ?
Les « votants » à gauche vont-ils attendre 5 ans, ou vont-ils rejoindre les minorités en lutte pour des changerments radicaux ?
Est-ce que les alternatives concrètes et les luttes vont davantage se radicaliser et davantage se rejoindre/complémenter ?
Est-on prêt au prochain soulèvement populaire ?
Lors de ce futur soulèvement, les gauches et syndiqués vont-ils rester en retrait (voir critiquer et appeler à plus de répression...) comme durant les gilets jaunes, ou vont-ils lancer de suite une grève générale insurrectionnelle et soutenir les émeutes ?

Est-ce qu’on attend tranquillement le 150e rapport du GIEC ou est-ce qu’on agit avant ?
Est-ce qu’on attend d’avoir régulièrement 50° comme en Inde ou on agit avant ?
Est-ce qu’on attend de crever vraiment la dalle et que nos moyens de subsistance soient détruits ou on agit avant ?
Est-ce qu’on prend les choses en main à plus nombreux ou est-ce qu’on se décharge sur les politiciens, les experts et les militants ?
Est-ce qu’on attend d’être sous la coupe d’un régime franchement néo-fasciste ou on agit avant ?
Est-ce qu’on priorise la révolte ou les loisirs ?
Est-ce qu’on est beaucoup plus nombreux à se révolter pour ne pas s’épuiser et avoir du temps pour la sieste et les loisirs ou on laisse les activistes se crâmer en burn out ?

Est-ce qu’on va continuer à se contenter de la défensive, d’une limitation temporaire de la casse sur certains points, ou est-ce qu’on se donne les moyens de passer à l’offensive pour attaquer vraiment les coeurs du système ?
Est-ce qu’on se maintient dans l’illusion que, petit à petit, les choses s’arrangent et que nos quelques victoires locales pourraient renverser la vapeur, ou est-ce qu’on acte que tout empire (concernant l’habitabilité de la Terre, la destruction du vivant les crises sociales, le climat...) et qu’il va falloir sérieusement passer la vitesse supérieure ?


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