Entre ce que j’ai pu voir et les infos de « correspondants », voici un résumé de cette nouvelle journée de révoltes gilets jaunes, soutiens et marcheuses-marcheurs pour le climat, le 8 décembre 2018 à plusieurs endroits de Valence.
N’hésitez pas à compléter par d’autres articles ou des commentaires.
Matinée : plateau des Couleures
Les gilets jaunes de la région ont commencé à 9h par le blocage de plusieurs rond-points d’accès aux grands-magasins du plateau des Couleures.
Les policiers à pied ou à moto ne faisaient pas trop de problème, ils s’inquiétaient surtout pour la circulation et la sécurité, déconseillaient de bloquer tous les rond-points pour éviter de trop énerver des automobilistes.
- Valence Couleures 8 décembre, rond point ralentit par des gilets jaunes
Ca se passait bien, pas d’incidents majeurs avec les automobilistes, on leur expliquait qu’aujourd’hui ils pouvaient être solidaires en n’allant pas consommer, en boycottant tout, qu’on était obligé de bloqué parce qu’on n’était pas en démocratie et que Macron voulait « maintenir le cap ».
D’autres indiquaient : « Noël n’aura pas lieu », « arrêtez de consommer », « faites grève », « ni Macron ni aucun », « taxez le kérozène », « boycott général », « gilets jaunes ou verts, même combat pour la Terre », « Macron en prison », « à bas la dictature », « ras le bol des multinationales qui se goinfrent et détruisent le climat et la vie », etc.
Au bout d’un moment, plusieurs voitures de CRS/gendarmes sont arrivées, ils ont indiqué qu’ils chargeraient si les gilets jaunes, à peu près tous rassemblés au rond point des Couleures (près de l’entrée voie rapide), ne partaient pas à midi.
Les gilets jaunes n’ont pas souhaité partir et ont fait alors à pied un nouveau tour du rond-point.
Ensuite, les CRS se sont mis en ligne avec boucliers et casques baissés.
Précisons, qu’il n’y a pas eu d’objets cassés, juste des poubelles déplacées, et aucun projectile lancé contre les policiers.
Peut-être quelques insultes, mais surtout « Macron démission », « rentrez chez-vous », « vous êtes fatigués, mettez-vous en congé maladie », « vous n’êtes pas légitimes », « on est pacifiques », « valets du dictateur et du capital », « c’est une honte », « on n’est pas des chiens », etc.
- Valence Couleures 8 décembre, CRS gazent et menacent au LDB (genre de flashball)
Les CRS ont ensuite avancé et ont matraqué plusieurs personnes.
Des Baceux ont essayé d’attraper une personne qui se contentait de dire qq chose du genre : « y a pas de démocratie, rentrez chez vous », « cassez-vous, vous n’avez rien à faire là », « valets de Macron et des multinationales ». Mais d’autres courageux gilets jaunes se sont interposés et elle a pu s’extraire.
En même temps, un homme d’un certain âge, matraqué violemment s’est retrouvé à terre inanimé, entouré par plusieurs personnes (photo ci-dessous).
- Valence 8 décembre, un gilet jaune matraqué au rond point des Couleures vers midi ne se relève pas, les pompiers arrivent
En complément, un lecteur nous transmet ces vidéos :
- Plateau des couleurs Valence, vers 12h30. Manifestation pacifique. Les CrS le sont beaucoup moins. Matraque et gazage sont leurs mots d’ordre.... Vive la France
- Les pompiers arrivent. Le gars qui c’est fait tabasser gratuitement avec le coup sur la tête
Les CRS ont envoyé quelques lacrymos, vite retournés à l’envoyeur, et une partie de la foule gilets jaunes, non-équipée en masques et fouloirs, a reculé.
Les CRS n’ont pas insisté et la situation s’est stabilisée.
L’homme matraqué n’était toujours pas relevé et au bout d’un moment les pompiers sont arrivés pour le prendre en charge.
Un peu plus tard, une femme blessée s’est rendue auprès des pompiers, il semble qu’elle ait reçu un tir de LBD (lanceur de balle, genre de flash ball en pire, l’arme qui a mutilé ailleurs gravement plusieurs personnes et lycéen.nes, et qui fait qu’une personne est dans le coma entre la vie et la mort)
Les présents étaient indignés de la charge des CRS : « encore des blessés », « c’est vous les casseurs », « on a été non-violents », « honte », « c’est ça la France ?! », « on lâchera rien », etc.
Ensuite, la situation est restée stable, plusieurs petits groupes de CRS, accompagnés de Baceux et de policiers en civils entouraient les gilets jaunes présents au rond-point.
On se reposait, des gilets jaunes restaient prudemment en retrait.
Les gérants du fast food d’à côté ont donné des verres d’eau et ont abrité des manifestants lors de la charge et des lacrymos. Plusieurs personnes ont pleuré longuement à cause des gaz.
Ensuite, 8 ou 9 vieux camions de CRS supplémentaires sont arrivés.
Là, les gilets jaunes ont reculé un peu plus. Les CRS se sont mis en ligne.
Ils étaient décidés à charger, les gilets jaunes ont donc reflué.
Les CRS ont avancé, certains gilets jaunes se sont attardés, d’autres étaient déjà partis en direction de Conforama.
Les CRS ont avancé un peu plus vite.
Vers Boulanger, on a entendu crier « altercation ».
Plusieurs gilets jaunes ont accouru pour s’interposer devant Boulanger, je ne savais pas qui se battait contre qui au juste.
J’ai compris qu’il s’agissait d’une interpellation policière quand j’ai vu une personne (donc forcément un policier) (certains témoins parlent de deux) sortir une arme de poing de son étui !!! Il pensait peut-être tirer, avec le soutien de Macron et Castaner qui l’auraient disculpé ??!
Des témoins disent qu’une personne a été interpellée à ce moment là.
Ensuite les CRS ont accéléré, et les gilets jaunes se sont dispersés un peu partout.
Certains gilets jaunes se sont réfugiés dans des magasins, qui fermaient leurs portes.
Des CRS voulaient les pourchasser dans certains magasins. A Celio (et peut-être à d’autres endroits ?), les CRS ont gazé à l’intérieur du magasin, et les gilets jaunes présents ont du s’enfuir par la sortie de secours, d’autres ont fui un temps dans les champs. Les rideaux de fer se baissaient un peu partout.
Les passant.e.s avaient l’impression d’assister à un film de guerre.
- Valence 8 décembre, après évacuation du rond point par la force, des CRS se postent devant des magasins
Je ne sais pas combien de personnes se sont faites arrêtées à ce moment là.
Au moins deux ?
Des CRS se sont positionnés devant certains magasins, des voitures de gendarmes et policiers tournaient.
De nombreux gilets jaunes sont partis vers le centre ville ou vers Valence Sud.
Les gros cars de CRS derniers arrivés sont repartis.
Ce fut un sale climat, un peu comme une chasse à l’homme !
Mais la solidarité et les encouragements ont permis de retrouver du courage et de continuer. La détermination reste intacte, voire renforcée.
- 8 décembre manif pour le climat à Valence, même combat
Mi-journée : manif Climat
La Marche pour le climat, malgré le lâche retrait des organisateurs officiels, ANV-COP21 Valence et Alternatiba Valence & co, a bien eu lieu.
Environ 1000 personnes, avec de nombreux gilets jaunes, sont parties depuis le Champ de Mars en direction de la préfecture.
Il y a avait toute sorte de slogans, de pancartes, de nombreux rapprochements entre justice sociale et justice écologique, comme : « le climat mérite l’insurrection, justice sociale et écologique ».
- 8 décembre manif pour le climat à Valence, les pollueurs sont aussi nos exploiteurs
Des gilets jaunes écologistes ont lu des textes appelant à agir sérieusement contre les systèmes destructeurs du climat et de la nature : « les marches et les pétitions ne suffiront pas, Macron et les multinationales s’en foutent », « nous devrons bloquer, désobéir »...
Les responsables du désastre ont été parfois nommés : Monsanto, Total, Vinci, Eiffage, Intermarché, Carrefour, Auchan, Zara...
Extrait d’un texte lu : Les vrais pollueurs sont aussi les vrais exploiteurs. Ceux qui pillent les ressources, de la Terre et des gens, ceux qui exploitent (es gisements et les travailleurs, ceux qui détruisent toutes les diversités, qui assèchent les sols et affament les populations.
Qui ferment les petites gares non rentables et ne veulent plus qu’on prenne la voiture, qui éloignent les hôpitaux et voudraient qu’on économise sur les trajets en ambulance.
- 8 décembre manif pour le climat à Valence, le climat mérite l’insurrection, justice sociale et écologique
La colère de la plupart des marcheurs pour le climat n’était pas très sonore hélas, malgré quelques « Macron en prison, avec les exploiteurs, et tous les pollueurs », « on est plus chaud, plus chaud que le climat ».
Après une courte halte devant la mairie, le cortège est arrivé devant la préfecture, gardée comme un château fort par les fourgons et les CRS.
- 8 décembre manif pour le climat à Valence, CRS massé devant la préfecture
- 8 décembre manif pour le climat à Valence, ça repart vers le centre ville
Ensuite, une bonne partie des manifestant.e.s a continué à marcher.
Une halte a été faite devant le commissariat pour demander « libérez nos camarades », les CRS se sont massés devant le commissariat, menaçants, les manifestant.e.s ont continué.
- 8 décembre manif pour le climat à Valence, « libérez nos camarades » devant le commissariat
Un gros groupe s’est retrouvé près de la mairie.
Précisons qu’il n’y avait aucune destructions de quoi que soit, ni projectiles ni gestes d’agressions envers des policiers.
Assez vite, plusieurs voitures de gendarmes ont déboulé, ont gazé, menacé, ont essayé d’attraper une personne, qui a réussit à s’enfuir, mais qui a été rattrapée plus loin et mise en garde à vue. Des témoins disent l’avoir vue en sang, mais on sait les pompiers n’ont pas eu à intervenir.
Devant la mairie, un gars qui se trouvait là a été immobilisé puis battu à coups de matraque alors qu’il était au sol !, et a été arrêté. Peut-être simplement une saloperie de « déli de faciès » ??! car il avait le look punk. Dégueulasse
Un retraité a été bousculé au passage, les passant.e.s sont interloqués par la violence des policiers.
- 8 décembre manif pour le climat à Valence, devant la mairie, des policiers matraquent violemment un homme à terre
- 8 décembre manif pour le climat à Valence, arrestation violente d’un simple manifestant devant la mairie
Après un temps de tensions, le groupe est reparti, pour s’arrêter Place des Clercs, toujours en chantant des slogans : « Macron démission », « tout le monde déteste la police », « à bas le capitalisme », « Macron en prison », « à bas tous les gouvernements », « on est plus chaud, plus chaud que le climat ».
- 8 décembre manif pour le climat à Valence, place des Clercs, manif tranquille avant intervention policière
Ensuite, à nouveau des gendarmes ont déboulé, et se sont rapidement jetés sur une fille qui ne faisait rien de spécial, ont gazé alentour, et l’ont arrêtée malgré la foule en colère.
Voir cette vidéo de son arrestation
Ensuite, face à la colère des manifestant.e.s, « cassez-vous », « les casseurs ils sont au gouvernements », « les casseurs se sont les multinationales, les entreprises qui polluent, qui détruisent le sol, l’eau et les humains », ils ont du reculer et partir.
- 8 décembre manif pour le climat à Valence, place des clercs, après une arrestation arbitraire, gendarmes obligés de reculer
A ce stade, les manifestant.e.s se sont un peu dispersés après avoir salué la colonne de 300 à 500 motards en jaune qui défilaient en remontant les boulevards.
Un gros groupe, auquel se sont agrégés des passant.e.s, est resté un bon moment à l’intersection boulevard/av Victor Hugo.
La colère était encore vive : « Macron démission » accueillait les sourires et encouragements des passant.e.s, « Macron en prison, avec les exploiteurs, et tous les pollueurs » a connu aussi un bon succès, d’autres appelaient au boycott, à l’arrêt de la consommation, au boycott du commerce de Noël, « y a pas de démocratie dans ce pays », « pouvoir au peuple », « marre que les riches s’engraissent sur notre dos », etc.
- 8 décembre manif pour le climat à Valence, occupation du boulevard et défilé de centaines de motards
- 8 décembre manif pour le climat à Valence, occupation du boulevard
Puis, l’envie a mené le groupe devant l’entrée du centre commercial Victor Hugo pour le bloquer. Assez vite, les vigiles ont fermé les portes. Les mêmes slogans ont continué, « Noël n’aura pas lieu », « boycott », « boycott de Mc Do », « à Noël on mangera des soupes sur les barricades ».
Malgré tout la plupart des passant.e.s semblaient surtout préoccupés de leurs emplettes, la question sociale, les inégalités comme les catastrophes climatiques et écologiques leur passaient au dessus.
Après une présence au carrefour suivant le groupe s’est à peu près dispersé.
A ce stade, on parle d’une vingtaine d’arrestations ce jour sur Valence !
Rond point KFC Valence sud, vers 18h
- Valence 8 décembre, gilets jaunes au rond point Valence sud
Beaucoup de monde à ce rond-point, un feu, des banderoles et écriteaux partout, un tas de sable pour bloquer une des voies, ça discute de partout, d’autres gilets jaunes se réchauffent près du feu ou prennent une collation.
Pendant se temps, le péage de Valence Sud est toujours barré/filtré, a priori interdit aux camions.
Re-blocage au rond-point du plateau des Couleures
On apprend que le rond-point au plateau des Couleures est à nouveau occupé.
Plusieurs personnes du rond point KFC y retourne.
Là bas, une large barricade occupe toute la largeur du rond-point et bloque la circulation.
- Valence 8 décembre, 18h30, re-blocage du rond-point plateau des Couleures
Les motards de la police ont été corrects.
Après discussion un peu confuse et des désaccords, une décision semble prise d’ouvrir au moins une voie (vers 18h45) pour éviter le mécontentement des automobilistes.
La démocratie c’est difficile, mais on apprend tous les jours.
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