Sur Vice : « Pour une réhabilitation du sabotage comme mode de résistance »

Interview et livre de Victor Cachard

mardi 26 septembre 2023

Alors que l’Etat veut criminaliser et réprimer des actions de résistance et de désarmement en les stigmatisant dans la catégorie terrorisme (qui s’étend au gré des besoins), un historien revient sur l’histoire du sabotage dans les luttes sociales et écologistes.

Pour une réhabilitation du sabotage comme mode de résistance
Interview de Victor Cachard


- Pour une réhabilitation du sabotage comme mode de résistance : « Je crois, au vu de l’actualité, qu’un boulevard est ouvert pour un retour du sabotage. »

La quatrième de couverture de Comment saboter un pipeline finit par : « La violence comporte des périls, mais le statu quo nous condamne. Nous devons apprendre à lutter dans un monde en feu. »

En trois ans, le livre d’Andreas Malm est devenu un classique. Des collègues en ont parlé, un film de fiction s’en est inspiré et l’auteur est invité partout – de BFMTV à Socialter –, au grand dam de types comme Gérald Darmanin. Des phrases fortes, le militant marxiste en balance à profusion, pour ouvrir et rendre accessible le débat sur la légitimité des actions de désobéissance quand il s’agit de lutter contre les infrastructures du capitalisme fossile.

Dans le sillage des nouvelles références du genre, Victor Cachard a publié deux livres aux Éditions Libre en 2022 : Emile Pouget et la révolution par le sabotage et le premier tome d’Histoire du sabotage – le deuxième est dans les tuyaux. À l’heure où le sujet semble gagner du terrain et ses méthodes convaincre certain·es activistes (les autres, on leur rappellera que peu de droits ont été acquis par la politesse), l’auteur et diplômé en philosophie contemporaine nous livre sa vision des techniques de résistance. Les pratiques légalistes, l’impuissance politique et les soupirs de lassitude ne sont pas une fatalité. Il est déjà trop tard, et cibler les responsables du désastre climatique est une nécessité.
(...)

- Suite sur VICE.com

P.-S.

Livres "Histoire du sabotage"

Infos sur les livres de l’interviewé :

- Histoire du sabotage - de Victor Cachard -aux éditions Libre
Tome 1 : Des traine-savates aux briseurs de machines
Tome 2 : Neutraliser le système techno-industriel
Une histoire du sabotage en deux volumes, c’est l’occasion de parcourir les nombreux mouvements qui s’opposent à toutes les formes d’exploitation et d’oppression. Des attaques contre la fortification, durant le Moyen Âge, aux incendies contre les antennes 5G aujourd’hui, en passant par les traine-savates dans les usines et le sabotage de la colonisation, ces deux tomes permettent de comprendre ce qu’est le sabotage et pourquoi il est toujours d’actualité.

Dans le premier tome, il est question de remonter aux origines anarchistes de la pratique. C’est au moment où les militants renoncent à l’assassinat politique que la décision est prise de porter atteinte à la production. Outre le bris de machine, le sabotage se manifeste aussi dans la paresse du travailleur, dans celui qui chôme volontairement, croise les bras et ainsi, ralentit la production, tel Bartleby, le personnage de la nouvelle d’Hermann Melville qui répond systématiquement à son patron : « I would prefer not to ». Dans ce premier tome, la réflexion philosophique sur les différentes techniques de lutte croise les grandes dates du sabotage. Des révoltes méconnues sont décrites et des révolutionnaires oubliés sortent des archives. On apprend que la construction du métro parisien est en lien avec le massacre des grévistes de Draveil et Villeneuve-Saint-Georges. Il est aussi question de l’insurrection contre les bureaux de placement et bien sûr des deux grandes vagues de sabotage que représentent la grève des PTT en 1909, puis des cheminots en 1910. Enfin, en annexe, on y retrouve des textes inédits du révolutionnaire Émile Pouget.

Dans le deuxième tome, il s’agit d’évoquer l’actualité du sabotage. Après les deux grandes Guerres mondiales, le sabotage change de visage. Il sort des industries, quitte le monde du travail pour s’attaquer plus largement aux technologies meurtrières. C’est ainsi que l’on peut interpréter la résistance à la colonisation comme un sabotage des techniques d’invasion. Avec le passage à l’ère post-industrielle favorisé par l’automatisation, le sabotage enrichit son répertoire d’actions. Dans ses formes les plus contemporaines, on retrouve les faucheurs d’OGM, les mouvements pour la libération animale sur terre et en mer, les hacktivistes qui infiltrent les réseaux de communication, les luttes des peuples colonisés, le mouvement antinucléaire, le sabotage des moyens de transport polluants et des grands projets inutiles, etc.


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