C’est beau et impressionnant toute cette énergie mise pour aller chercher Macron, pour interpeller ses ministres et ses députés dès qu’ils tentent une apparition publique.
C’est utile pour leur mettre la pression, ça nous fend la poire et ça désacralise les dignitaires macronistes, mais hélas ça ne permettra pas de faire tomber le régime, ni même de le faire plier vraiment.
Depuis le départ, la volonté farouche des gilets jaunes d’aller chercher Macron, même si elle a permis de grandes et belles choses essentielles (actions, fraternisations, prises de conscience, révéler la brutalité du régime et de ses flics et merdias, montrer l’absence de démocratie...) sur lesquelles on peut s’appuyer pour la suite, est une mauvaise stratégie en réalité.
N’oublions pas en effet que, comme les précédents gouvernements, les politiciens macronistes ne sont que des larbins, des exécutants, des ectoplasmes, ils sont au service des milliardaires, des multinationales, des lobbys des grands groupes, des blocs bourgeois, des banques et fonds de pension, bref ces politiciens sont les serviteurs zélés du capitalisme, et au-delà de la civilisation industrielle.
Il est donc temps de passer vraiment à une autre étape.
A présent que Etat et Capital ont complètement fusionné, le rôle des politiciens au pouvoir est double :
- Enfumages et mensonges : pour essayer faire passer en douce les mesures prises pour favoriser l’oligarchie des riches et grands capitalistes, le pillage organisé des biens communs et services publics sur fond de destruction de l’humain, du climat et de la nature
- Répression par la force brutale et barbare : si les peuples ne se laissent pas enfumer et résistent, alors toute la flicaille est envoyée pour faire taire à coup de matraque et de LBD dans la gueule
Dans ce cadre, faire peur aux politiciens du régime, les pourchasser dans la rue, murer leurs permanences et pourrir leurs vœux n’est pas inutile, mais il faut avoir bien conscience que ça ne fera pas bouger le régime, il continuera de plus belle en criant juste aux « atteintes inacceptables à la démocratie et au dialogue républicain ».
Au mieux, certains d’entre eux démissionneront et seront remplacés par d’autres aussi pires.
Comme c’est le capitalisme qui gouverne le monde tel qu’il va, seules les atteintes à l’économie (ou mieux encore bien sûr, la remise en nos mains de l’économie), aux bénéfices et au PIB, peuvent faire réellement pression sur les classes dirigeantes, et donc également et indirectement sur les politiciens macronistes chargés en bout de chaîne de faire passer la pilule aux naïfs et de sonner la répression des gueux trop révoltés.
Rappelez-vous : le seul moment où Macron a lâché un peu de lest aux gilets jaunes c’est quand il y a eu de grosses émeutes à Paris en décembre 2018. Les grands bourgeois et grands patrons ont eu un peu peur que ça dégénère, que ça atteigne leur sécurité et surtout leurs business, alors ils ont appelé Macron pour lui dire de lâcher quelques trucs.
Le harcèlement des politiciens ne doit pas devenir le pis aller qui compenserait notre impuissance à bloquer et atteindre l’économie.
- On bloque tout !
Au fond, le vrai problème n’est pas Macron ni même son gouvernement, le problème c’est l’économie, c’est le capitalisme - Ne luttons pas en vain contre les chiens policiers et les larbins politiciens, mais contre le système qui tient leurs laisses.
Macron a beau être un tyran extrémiste, un sociopathe cynique et méprisant, bref un fou dangereux, sa démission ne changerait pas grand chose aux problèmes qui nous accablent. Un autre guignol prendrait sa place pour, de gré ou de force, mener à peu près la même « politique » ultra-capitaliste de la terre brûlée.
Idem pour la démission du gouvernement macroniste ou la dissolution de l’assemblée nationale des députés LREM fantoches.
Ces événements feraient toujours plaisir et marqueraient une victoire, mais ils ne seraient que de petits apéritifs, des friandises pour aiguiser nos appétits de transformations radicales.
La démission du tyran ou la dissolution de l’assemblée nationale pourraient même être une ultime manoeuvre visant à neutraliser la révolte et à nous enfermer dans le marais gluant des élections et des jeux de partis au sein d’institutions antidémocratiques inchangées investies par les riches et les notables.
En effet, on voit bien que les gouvernements sont encore davantage qu’avant dominés et infiltrés par les pouvoirs capitalistes et financiers. C’est le système capitaliste qui imposent ses vues et intérêts par ses lobbys, son fric et des chantages divers.
(...)
Donc, si on veut de vrais changements, on ne s’en prend pas aux chiens et aux larbins, mais aux vrais maîtres.
(...)
En conséquence, impossible de se limiter au retrait de la dérisoire contre-réforme retraites du régime, impossible de se contenter de la démission de Macron ou de son gouvernement, c’est bien le capitalisme qu’on doit détruire, destituer, réduire au point de le rendre inoffensif.
En conséquence, le rôle des syndicats lucides et responsables n’est donc plus d’être de trop dociles partenaires sociaux de l’Etat et des capitalistes, de négocier et de discuter avec le régime la longueur ou la couleur des chaines.
Les syndiqués de base doivent forcer à présent leurs syndicats les plus combattifs à renouer avec leur passé révolutionnaire et anticapitaliste.
Les idéaux communistes et anarchistes, remis au goût du jour et renforcés des idées écologistes, devront revenir au premier plan pour chasser pour de bon les impasses réformistes et les illusions de l’ancien monde. C’est ça la gilet jaunisation générale.
Il faudra développer une culture de résistance dans chaque territoire, avec des assemblées de lutte permanente, la coopérations des alternatives, etc.
(...)
Quand les institutions politiques et l’économie de marché ont totalement échoué à enrayer les catastrophes climatiques/écologiques (dont elles sont en réalité responsables et qu’elles ne peuvent ni ne veulent enrayer) et ne pensent qu’à sauver leurs peaux, fini de les respecter et de leur demander d’écouter. Elles n’ont plus ni autorité ni légitimité ni crédibilité.
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Comment atteindre l’économie : grève, émeute, blocage, sabotage
Vu qu’une émeute généralisée ou une manifestation géante qui tournerait à l’occupation permanente durable, et donc au blocage économique, des centres urbains et industriels ont peu de chance de se produire pour l’instant, comment atteindre l’économie ?
Bloquer et atteindre l’économie pour faire chuter le régime et mettre le capitalisme au pas :
- Par la grève générale, longue et dure, surtout pour les secteurs clés de l’économie (logistique, ports, transporteurs, énergie, raffineries...). C’est le seul moyen légal efficace (un moyen que le régime fait tout pour réduire et rendre impossible ou inoffensif)
- Par les blocages d’entreprises clés : là il faut du monde déterminé vu le niveau de répression. Si des secteurs moins clés pour l’économie (culture, éducation...) sont en grève, ils peuvent venir renforcer les blocages économiques
- Par les sabotages clandestins et ciblés de secteurs clés de l’économie : soit par interruption non destructive (coupures de courant, vannes fermées, arrêts d’urgence provoqués...), soit par la destruction (incendie, casse, grains de sable dans les rouages...)
Le régime et le capitalisme tendent à ignorer et empêcher les moyens légaux de pression (grève, manifestation, expression, pétition), tandis que l’élection est prise au piège des institutions antidémocratiques et du poids croissant des notables, riches, merdias de milliardaires, lobbys capitalistes, et la puissante pression de la finance...
Les contestataires se voient donc obligés d’utiliser des moyens dits illégaux, comme l’émeute, le blocage et le sabotage.
Sur ce le régime s’empresse évidemment de crier au terrorisme, à l’extrémisme radicalisé, à l’atteinte insupportable à « la-démocratie », ce qui lui permet de réprimer encore plus fort.
Ca fait des années que ce cycle se répète.
Il faudra bien que les contestataires et insurgés parviennent à le briser.
En dehors d’une vraie grève générale longue et dure, un des moyens serait d’assumer, soutenir largement et revendiquer la désobéissance civile et les actions illégales en expliquant bien que le système ne laisse pas d’autres choix, et démontrer l’absence de démocratie réelle et la réalité de la tyrannie.
Ainsi, le régime pourrait être délégitimé davantage tandis que le bon droit des révoltés serait renforcé.
Mais il persiste divers freins à la mise en route à large échelle des stratégies assumées d’atteintes à l’économie :
- La peur de la répression (brutalités policières, garde à vue, prison). Pas facile d’y échapper : pour ça développer un surcroît de solidarité, d’entraînement, de furtivité ?
- La croyance persistante que la France serait une démocratie, ce qui laisse de faux espoirs envers les institutions et la classe politicienne, et empêche de s’en prendre aux vrais donneurs d’ordre, à savoir le système capitaliste et son économie
- La réaction épidermique (logique) face aux mensonges, magouilles et cynisme des dirigeants politiques. Les macronistes, leurs petites affaires et leurs insultes font paravent, ils servent de punching ball tandis que les multinationales et leurs lobbys avancent dans l’ombre leurs pions sans entrave.
- Un trop grand « respect » pour les entreprises, le travail et les outils de production. Les travailleurs restent prisonniers de l’idéologie capitaliste, et ne pensent pas assez hors de son cadre. Souvent ils n’osent pas s’en prendre à ce qui leur octroie de quoi survivre et « s’insérer socialement ». Là il y aurait un énorme boulot d’analyse et de déconstruction des mythologies pernicieuses du travail et de l’emploi...
- La croyance aux bienfaits et aux progrès de la civilisation industrielle, alors qu’elle a engendré catastrophes climatiques et écologiques sur fond de pillage et l’exploitation des peuples et du vivant en général, et qu’elle a suscité le capitalisme et la domination étatique. Cette confiance empêche de vraiment quitter l’idéologie dominante et de s’engager résolument dans d’autres directions, et amène à croire à tord qu’une civilisation techno-industrielle bio, durable, équitable et démocratique serait possible.
On s’énerve contre les politicards qui mentent et taxent notre pognon, mais on « aime » les patrons qui soi-disant nous fournissent du travail. Sans vraiment se rendre compte que les premiers sont les simples exécutants et soutiens des seconds, et que c’est l’hégémonie totalitaire du capitalisme, donc du pouvoir exorbitant et non-démocratique des patrons, banques, investisseurs, grands propriétaires et actionnaires, qui crée nos problèmes de fin du mois et de fin du monde.
Quelques articles sur cette question du travail et de l’emploi :
- Au delà de la critique des politiciens et des institutions politiques, il faudra s’attaquer à la question de l’Etat et de l’économie - Grèvistes et insurgés se limitent souvent à quelques revendications et réformes, sans s’attaquer au fond des problèmes
- Grèves et contre-réforme retraites, l’occasion de remettre en cause radicalement et concrètement l’économie et le travail
Bref, je ne ne peux que rappeler ce que disent depuis longtemps syndicalistes et ouvriers révolutionnaires, on doit toucher au porte-monnaie des capitalistes pour obtenir ce que l’on veut.
Et il faudrait détruire le pouvoir des capitalistes, donc les exproprier, pour vraiment en finir avec cette économie totalitaire, et donc reprendre nos vies en main.
Des formes d’organisations politiques démocratiques suivront.
En résumé, prenons le problème à l’endroit.
Au lieu de faire pression en vain sur les gouvernements pour qu’ils nous protègent des menées capitalistes, il faudrait virer les capitalistes pour pouvoir créer des formes démocratiques qui empêcheront tout retour du capitalisme.
Des sociétés humaines ne sont soutenables et vivables seulement si l’Etat et le capitalisme ont été soit éradiqués complètement soit réduits et mis en laisse courte avec forte muselière.
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