Non seulement le gouvernement Macron est brutal et autoritaire, mais il fait le lit de l’extrême droite

L’extrême droite, l’éternelle roue de secours du capitalisme, des oligarques et bourgeois

jeudi 13 février 2020, par Camille Pierrette.

Un article du magazine Frustration lance des réflexions sur le macronisme et l’extrême droite : Non, Macron n’est pas “moins pire” que ne le serait Le Pen

- Quelques extraits, suivis de remarques persos :

Le nouveau logo de LREM, la république en Marche {JPEG}

« Ils sont réveillés la nuit toutes les deux-trois heures pour être fouillés. Mon fils avait enlevé son tee-shirt et son pantalon pour se faire un oreiller et se protéger de la lumière pour essayer de dormir, un flic est venu dans la nuit et lui a demandé s’il avait froid. Il lui a répondu oui, et ce dernier lui a pris son tee-shirt et son pantalon. Mon fils a vomi pendant la nuit à plusieurs reprises, il a sonné longtemps, très longtemps, personne n’est jamais venu. Il s’est alors mis à taper contre les murs pour que quelqu’un vienne enfin. Un flic est venu et lui a dit d’arrêter et de fermer sa gueule, sans même lui demander ce qu’il se passait. »

Dans une lettre, une mère de famille décrit ce qu’a subi son fils, lycéen arrêté durant une tentative de blocage de son établissement. Un mélange d’absolu arbitraire, d’intimidation féroce qui s’apparente bien à de la torture. Les blocages de lycée, pendant les trente dernières années, ont fait partie des modalités de protestation des jeunes, toujours sujettes à débat, mais démocratiquement acceptées. Au cours des dernières semaines, toute tentative d’exercice de ce droit d’usage a donné lieu à ce genre de situation révoltante, comprenant garde à vue injustifiées, brimades et violences. « Ces gardes à vue massives sont un palier répressif supplémentaire de franchi » ont déclaré les avocates des familles dans une conférence de presse. Ce n’est pas la première fois que le traitement des jeunes en France est « controversé », comme disent les journalistes qui préfèrent rester « neutre », même face à l’indéfendable : en décembre 2018, à Mantes la jolie, 151 jeunes étaient alignés, à genou et les mains sur la tête, contraints par les policiers à tenir ainsi plusieurs heures, sous leurs insultes. L’image avait frappé l’imaginaire, car elle “faisait penser à un régime fasciste”.

« Allez-y franchement, n’hésitez pas à percuter. Ça fera réfléchir les suivants »

C’est une réalité de plus en plus documentée : parce que notre régime politique et les lois « antiterroristes » successives donnent un pouvoir de plus en plus fort au gouvernement sur les forces de police et l’institution judiciaire, celles-ci sont utilisées à des fins de répressions et d’intimidation de la population, afin de juguler et d’écraser ses révoltes de plus en plus régulières

L’objectif ? Faire passer à tout prix les régressions sociales commanditées par la classe bourgeoise. Faire tenir par la force et la peur des institutions qui ne tiennent plus par faute de moyens et de sens. « Nous irons jusqu’au bout », assure le Premier ministre au sujet de la “réforme” des retraites, au grand plaisir des éditorialistes et des gens bien nés. Le prix à payer pour cela ? Un recul sans précédent de nos libertés individuelles, de notre liberté d’expression à notre droit à manifester.

Face à tous ces constats, accablants et qui apparaissent mêmes aux yeux des journalistes les plus bourgeois, pardons, « neutres », le système n’a plus qu’un seul mode de défense, qui se résume en une phrase, mainte fois entendu et sensée mettre fin à nos inquiétudes démocratiques : « Oui, mais on aurait eu Le Pen, ça aurait été pire ».

Et son corollaire « Si on a Le Pen, alors ça sera vraiment terrible ». Sous-entendu : du coup, il va falloir se retaper ad vitam eternam des Macrons de tout type et de toute taille, pour contenir la bête immonde.

Ensuite, Askolovitch entretient l’idée que ce n’est pas déjà l’horreur policière. Que l’arbitraire ne règne pas déjà. Que les preuves contre la police ne s’égarent pas déjà “par hasard”. Que la censure des œuvres d’art qui parlent de victimes de la police n’a déjà pas lieu. Que des jeunes hommes noirs ou arabes peuvent déjà être tués lors d’interpellations violentes sans que cela n’aboutisse jamais à quoi que ce soit de sérieux et de dissuasif pour les prochaines. Ce qu’il veut nous dire, c’est qu’actuellement, sous Macron, « c’est la démocratie ». Mais si jamais Le Pen passe, ce sera « pas la démocratie » et alors là, il faudra vraiment s’inquiéter.

Aussi, c’est sur les actes et non les symboles que la plupart des gens normaux évaluent une politique. Pas les bourgeois. Pour eux, comme Macron est un gars chic, jeune, dynamique, il ne ressemble pas à un fasciste. Il n’a ni bottes noires, ni passé colonialiste. Il maîtrise les codes de la modernité bourgeoise. Il ne tient pas de propos raciste en public, même si de temps en temps il s’est laissé allé à ce racisme instinctif dont les bourgeois peuvent faire preuve, comme lorsqu’il blague sur les « kwassa kwassa ». Mais sur le plan des symboles, il est clean.

Mais avec Macron, ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles, leurs intérêts bien au chaud, la population tenue en laisse par la répression et la peur, sans pour autant devoir vivre avec. Car c’est à ça qu’on reconnaît un bourgeois : le besoin irrépressible de passer pour quelqu’un de bien, qui a mérité sa place, qui contribue à la bonne marche de l’humanité, et qui respire l’intelligence et la sagesse.

La réalité de notre pays, après deux ans de macronisme, est donc bien la suivante : celles et ceux qui, durant l’entre-deux tours, ont refusé le chantage au « barrage », avaient raison. L’extrème-libéralisme et l’extrème-droite n’ont pas le même style, mais leurs politiques ont les mêmes effets : les dominants sont confortés, à tous niveaux. Les pauvres sont accablés et marginalisés. Les étrangers et les minorités, parce que plus exposés à l’injustice économique et sociale, sont toujours les premières victimes. La police, confortée et protégée, se donne à cœur joie à ses pulsions et ses rancœurs. Les bourgeois, à de rares exceptions, se taisent et approuvent en silence. Ceux qui luttent en chient, parfois en meurent.

Remarques persos

Je souscris pas mal à cet article, mais je continue néanmoins à penser que le FN (RN) reste pire que le macronisme sur CERTAINS points (traque des exilé.e.s, nervis qui pourchasseraient davantage gauchistes et personnes LGBT, brutalités policières encore plus fortes, virilisme).

Pour le reste, il n’y a guère de différences sur le fond, FN et macronisme sont tout deux pour la répression, la surveillance, le capitalisme, la sacralisation du travail et de la Croissance, la hiérarchie, la poursuite de la démocrature, l’étatisme autoritaire et centralisé.
FN et macronisme sont tout deux prisonniers (volontaires) de l’idéologie capitaliste et de ses lobbys puissants, et à l’intérieur de ce cadre leurs marges de manoeuvre sont de toute façon étroites.

C’est ce que j’expliquais déjà en 2017 dans cet article Ni Le Pen Ni Macron ? La non-démocratie en vigueur rend plus dangereux le FN - Voici une série de réflexions sur le vote du 7 mai, le FN, la démocratie....
Au 2e tour des présidentielles de 2017, je m’étais forcé, comme beaucoup, à voter Macron (sic) pour être sûr de ne pas avoir LePen. Certains jours, je regrette..., il aurait peut-être mieux valu que Macron gagne avec le moins de voix possible.
En 2022, si la même configuration se présentait, je ne suis pas encore certain de ce que je ferai, mais je crois bien que j’appellerai plutôt à une abstention massive.

Si le système oligarchique anti-démocratique capitaliste n’est par malheur pas destitué d’ici 2022 par des révoltes d’ampleur, on risque fort d’avoir à nouveau un duel Macron (ou autre avatar ectoplasmique similaire) / Extrême droite au deuxième tour des présidentielles.
Et je pense pour l’instant qu’il vaudra mieux alors continuer à travailler à la destitution du système par l’abstention et la révolte généralisée que de voter pour le moins pire du moment.
Si le candidat Macron (ou tout autre sbire interchangeable de l’ultra-capitalisme) gagne avec très peu de voix, il sera encore moins légitime qu’il ne l’est actuellement, donc plus facilement destituable.
Si l’extrême droite l’emporte, ça entraînera peut-être une révolte encore plus forte, et ça mettrait en valeur pour tout le monde l’absurdité du système électoral et des institutions anti-démocratiques en place (ce que nombre de gens « de gauche » et autres lettrés se refusent encore à reconnaître franchement, se faisant les complices du macronisme et de l’oppression).

Heureusement, depuis 2018, les gilets jaunes ont surgi, ils ont considérablement élargi le champ de la contestation et ils ont largement repoussé la tentation de l’extrême droite, jumelle du macronisme. Davantage de gens ont compris que le FN-RN était similaire aux autres partis majoritaires, et notamment au macronisme, et n’apportait aucune solution satisfaisante.
Et puis des jeunes, des syndiqués se radicalisent positivement face aux destructions sociales et écologiques orchestrées par les gouvernements tous aux ordres et/ou soumis par l’ordre totalitaire capitaliste.
Reste encore à approfondir la critique et le rejet de l’étatisme (centralisation, hiérarchie, non-démocratie) et des rouages du capitalisme (propriété, travail, croissance, marché, concurrence...), et on est bon ! ;-)

En attendant : continuons la résistance !

P.-S.

- Voir aussi :


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