Même bio locale plein air, la viande provient toujours de l’exploitation d’animaux

A Noël et le reste de l’année : pourquoi continuer à manger de la viande ?

dimanche 26 novembre 2017, par Camille Pierrette.

Souvent, dans notre belle Vallée de la Drôme, et ailleurs aussi, on entend une phrase du genre : « ce qu’il faut éviter c’est l’élevage industriel qui méprise et violente les animaux, mais manger de la viande bio locale plein air, avec un-e éleveur-euse qui respecte les bêtes, c’est bien et éthique ».

Comme je n’ai pas envie de répéter ad nauseum mon argumentaire à chaque fois que j’entends ce type de phrase, je vais le faire une bonne fois ici, publiquement.

Tout d’abord, il est bien sûr évident que les animaux vivront un bien meilleur sort dans un petit élevage bio plein air où l’éleveur-euse prend réellement en compte leurs besoins que dans n’importe quel élevage industriel, surtout les non bios 100% cage.
MAIS !
MAIS...
Mais même dans le meilleur élevage à viande du monde, avec des humains au petit soin pour chaque animal, le fait est que les animaux sont toujours destinés à être tués dans la force de l’âge (et même souvent dans leur tout jeune âge) pour être mangés par des humains.
Même si on tente laborieusement d’évacuer le problème de la souffrance horrible des animaux d’élevage lors de leur mise à mort ou de viser des tueries moins horribles (mise à mort à la maison, abattoir mobile, éleveur-euse qui tue « ses » animaux à l’abattoir...) que ce qui se passe actuellement dans quasiment tous les abattoirs (voir vidéos et enquêtes de L214), le problème de l’assujettissement des animaux aux désirs humains reste entier.

Ce problème reste entier pour deux raisons principales :

1. Parce qu’il est prouvé depuis longtemps, empiriquement et scientifiquement, que nous les humains, qui sommes omnivores, pouvons vivre tout aussi bien sans manger du tout d’animaux. La viande n’est aucunement nécessaire à notre bonne santé.

2. Parce que le fait de tuer des animaux sans leur consentement est une forme de meurtre avec préméditation. En effet, un animal destiné à la boucherie pour égailler fugacement nos si délicates papilles gustatives, comme tout être vivant, désire vivre sa vie. Tout comme nous, même s’il ne peut le dire avec des mots, il n’a aucune envie d’être fabriqué sur mesure pour être la Chose d’autres être vivants.
Les animaux, comme nous, sont des êtres sensibles (sentients), et ils préfèrent être libres autant que possible, ils ne veulent pas être les esclaves d’autres êtres, ils ne veulent pas que leurs petits soient tués pour être mangés lors d’un banquet festif, ils ne veulent pas être le jouet éphémère de nos habitudes culinaires et gustatives, ils ne veulent pas être tués quand la qualité de leurs chairs est en adéquation avec la possibilité de leur commercialisation en petits morceaux.

Si on était vraiment obligé, comme peut-être certains carnivores, de manger de la chair animale pour vivre, on pourrait se faire une raison, et s’obliger à élever et tuer certains animaux pour manger leurs cadavres découpés en attendant d’autres solutions et évolutions.
Mais heureusement ce n’est pas le cas, donc nous mangeons les autres animaux uniquement pour suivre des traditions plus ou moins anciennes et pour des plaisirs gustatifs pour lesquels nous avons été formatés pendant des générations par notre culture.

En conséquence, pour nous les humains, manger des animaux est un crime gratuit, donc particulièrement vain, cruel, barbare, archaïque, sadique, irresponsable, immoral, inhumain pourrait-on dire.
Il y a donc préméditation et aucune circonstances atténuantes si ce n’est, pour les plus jeunes humains, l’excuse de l’ignorance et de la contrainte sociale soigneusement entretenue avec force par l’éducation, les médias, les lobbies de la viande et cette société.

A chacun.e de voir en conscience : un simple plaisir gustatif éphémère et culturel est-il plus important que la vie et la liberté d’un être de chair et de sang ?

Les éleveurs peuvent toujours se reconvertir, les plaisirs gustatifs culturels peuvent facilement changer et trouver à se fixer ailleurs, sur des aliments végétaux, mais les agneaux, les chevreaux, les boeufs, les thons, les moutons, les canards, les cochons assassinés et violentés ne ressusciteront pas, et nous porterons leur mort et leur esclavage sur notre conscience.
Personne n’est parfait, mais vraiment, arrêter de manger des animaux est beaucoup plus facile que de sortir du capitalisme ou d’abolir la propriété privée immobilière.

Du temps de l’esclavage d’êtres humains (qui tend d’ailleurs à revenir en masse dans les valises avariées du capitalisme « moderne »), il y avait quantité de gens qui pensaient que c’était une bonne chose, une culture utile et saine, un système économique rentable et indispensable, que les esclaves noirs ou autres n’étaient pas des êtres humains ou des humains inférieurs bons pour servir, et qu’il n’était pas bon pour l’économie de mettre en difficulté le lobby des entreprises esclavagistes ni celles qui en tiraient profit.
Pendant longtemps, peu d’humains se sont révoltés contre l’esclavage de leurs semblables. Puis l’évidence est apparue à (presque) tous.
Les animaux d’élevage ne sont pas de la même espèce que nous, pourtant ce sont nos frères en temps qu’êtres vivants.
Comme pour l’esclavage des humains en général, ou pour l’assujettissement des filles ou d’autres catégories sociales, il n’y a aucune raison valable pour continuer de soumettre les animaux à notre bon plaisir, fusse-t-il un plaisir bio local plein air vanté par nombre d’écologistes.

J’insiste aussi pour dire que la question animale en général, et la question de la viande, ne sont pas des questions personnelles, une simple affaire secondaire de goût personnel ou de sensibilité particulière, mais bien une question pleinement politique, tout comme celle du capitalisme, des migrants ou de la démocratie.
On est ici face à des choix politiques essentiels, personnels ET collectifs, des choix de société fondamentaux qui concernent tout le monde.

Ici, je cherche surtout à exposer les faits et quelques évidences logiques, pour que chacun.e ait bien conscience de ses actes, de pourquoi il les commet, et ait le courage de les assumer en pleine connaissance de cause le cas échéant.

Sur ce, bonnes fêtes de fin d’année, qui, selon les habitudes et prévisions commerciales, verront une fois de plus des millions d’animaux innocents tués, dépecés et mangés, pour célébrer la convivialité, la famille, la grandeur et la beauté de l’humanité. Et je ne vous parle même pas de l’abomination traditionnelle du foie gras, pourtant toujours consommé en masse, y compris parfois parmi d’illustres représentants du monde bio-local-écolo.

Comme d’habitude ces fêtes seront éclairées vaguement de loin par le sempiternel récit chrétien « laïcisé » fait d’amour, de compassion, de souci de l’autre et de l’étranger quel qu’il soit !
Jolie théorie, que les humains restent hélas très largement incapables d’appliquer à leur espèce, et encore moins vis à vis des autres animaux.

Comme d’habitude, on se souhaitera bonne année, tout en continuant, sauf quelques minorités pas assez nombreuses, organisées et volontaires, à travailler activement à la poursuite de la destruction complète de ce monde et/ou à laisser faire.

BEURK !

Et si j’entends « mais une entrecôte c’est tellement bon ! », je répondrai par une autre provocation : « la cuisse de petit enfant grillée (bio local plein air) c’est aussi sans doute très bon en bouche, mais on s’abstient pourtant d’en manger ! » ;-)

P.-S.

Voici quelques sites pour aider à changer nos habitudes :

Vous trouverez sur internet des textes sur la question animale comme question politique, comme :


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