Gilets jaunes : on est toujours là !

dimanche 6 octobre 2019, par emiliepoulain.

A l’occasion du rassemblement de soutien à Rouen. Lettre ouverte à ceux qui se demandent pourquoi ils ne nous voient plus, à ceux qui s’en réjouissent, et à ceux qui au contraire veulent savoir pourquoi on continue...

Nous gilets jaunes, de Drôme et d’Ardèche, on est - toujours - là.

Si vous ne nous voyez plus sur les ronds points, ce n’est pas que nous nous sommes fatigués, c‘est que le gouvernement actuel ne veut plus que vous nous voyez. C’est que le gouvernement actuel a compris que tant que nous serions visibles, la petite flamme jaune de la révolte serait entretenue dans vos esprits, prête à s’embraser. Car le gouvernement actuel sait que les raisons d’être révoltés sont nombreuses et donc que la survenue d’un nouvel embrasement de grande ampleur est certaine.

Depuis des mois, le gouvernement nous fait la chasse afin que vous ne nous voyez plus.

Depuis des mois, le gouvernement nous fait la chasse afin que vous ne nous voyez plus, ni sur vos ronds points, ni sur vos écrans.
A la destruction des cabanes, ont succédés les contrôles policiers aux ronds points, les amendes, les procès, au cours desquels sont prononcées des peines de prison avec sursis disproportionnées, pour un mot trop fleuri envers le préfet, pour la détention d’un pétard ou d’un masque, et enfin la prison réelle, par exemple, pour une altercation avec des policiers en civils en train d’arrêter violemment un gilet jaune. Dans les rues de Valence, les personnes identifiées comme actives au sein des Gilets Jaunes subissent des contrôles d’identité à répétition se terminant très souvent par un passage au commissariat. Beaucoup d’entre nous reçoivent des convocation à se présenter au commissariat souvent suivies de perquisitions pour chercher une banderole ou une bombe de peinture.
Dans certains quartiers populaires de nos villes, certains subissent cette pression au quotidien depuis trop longtemps. Nous sommes nous aussi désormais victimes de cet acharnement et de cette volonté de nous faire rentrer chez nous, de nous faire plier, mise en oeuvre par le bras armé de l’état, ainsi que par son bras judiciaire.
Et nous n’évoquons là que la situation locale, dans nos provinces, et pas ce à quoi nous devons faire face lors des rassemblements dans les métropoles. Ces images de femmes et d’hommes, non armés, que l’on tire par les cheveux, dont on écrase la face au sol avec des bottes, sur lesquels on tire, avec pour l’instant des balles en caoutchouc, mais qui éborgnent, défigurent et mutilent à vie, vous les avez vues n’est ce pas ? Si ce n’est pas le cas, arrêtez vous, nous vous les montrerons, et nous vous raconterons ce que chacun d’entre nous a vu et vécu en seulement quelques mois. Mais peut être même là, vous ne voudrez pas nous croire. Peut être même là vous préférerez regarder ailleurs, et vous persuader que tout ceci est exagéré et que nous ne sommes pas encore dans une société autoritaire et qui dérive à marche accélérée vers pire encore.

Les médias grand publics par lesquels vous vous informez nous ont reprochés, entre autres choses, de ne pas avoir de programme. Pour nous décrédibiliser, et pour ne pas avoir à nous écouter réellement. Ils en appellent à des représentants, pour nous canaliser, et pour que nous nous alignons derrière la figure d’un chef, tant ils ne peuvent imaginer un autre fonctionnement.
Mais quel culot de demander à un mouvement spontané de révolte sociale de formaliser un programme alors que le président du gouvernement actuel, quelques mois avant les élections qui, par l’effet du vote contre son adversaire, l’ont mis sur le trône, n’avait aucun programme. Il parlait seulement d’avoir un cap, de « son projet ».

Nous avons un cap, un horizon

Nous aussi nous avons un cap, un horizon. Ce cap est le même depuis le premier jour qui nous a vu sortir de nos torpeurs. Le prix de l’essence n’était que le révélateur de cette colère sourde qui grondait en nous depuis trop longtemps. Ce cap tient en deux mots : la justice et l’équité. Pour que l’équité soit, nous exigeons depuis le premier jour la justice fiscale, sociale et environnementale. La société nouvelle que nous souhaitons se construira au fur et à mesure, à la lumière de nos analyses, de nos expériences et par des débats horizontaux.
A cette lutte pour l’équité, il faut désormais rajouter la reconquête de la liberté. Nous étions nombreuses et nombreux à penser avoir la liberté de nous exprimer en novembre dernier, mais force est de constater qu’il va nous falloir reconquérir ce droit là aussi.

La tragédie que traversent les habitants de Rouen en ce moment, est le révélateur du fonctionnement de nos sociétés, en France et dans le monde entier. Depuis trop longtemps les multinationales et les puissants se gavent bien à l’abris, les états sont à leur service, et nous payons pour eux et crevons à cause des pollutions engendrées par le capitalisme.

Voilà pourquoi, tant que la question d’une remise à plat totale de notre société ne sera pas réellement posée, nous serons encore là.

P.-S.

PS : Ce texte nous a été transmis vendredi soir pour annoncer le rassemblement de soutien à Rouen.
Entre temps, nous avons appris que, alors que cette soirée pacifique se terminait dans le calme, le petit groupe qui se rendait à ses véhicules eu la désagréable surprise de voir surgir 2 personnes sans aucun signes disctinctifs. Ces personnes souhaitaient visiblement s’en prendre à une des personnes du groupe. Nous attendons un texte relatant cette soirée et cet épidose « surprenant ».


Forum de l’article

  • Gilets jaunes : on est toujours là ! Le 13 octobre 2019 à 14:10, par chantal

    Collectif « du concret pour Crest »
    Crest, ville impraticable pour Vélos, Poussettes, fauteuils d’handicapés et piétons… Trottoirs inexistants ou tellement étroits et caillouteux qu’ils deviennent impraticables ; routes secondaires défoncées ; croisements et traversées de rues dangereux. Nids de poules et regards métalliques en saillies sur la voie publique ne facilitant pas les déplacements à vélo.
    La ville de Crest néglige les habitants.
    Rejoignez le groupe d’action pour en parler : le 21 octobre à 18 H 30 à l’Hydre (1 rue de la République).

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