Gap : procès des 7 solidaires le 8 novembre : l’injustice est En Marche

Récit sur cette journée pleine de révoltes et de solidarités !

vendredi 9 novembre 2018, par Camille Pierrette.

J’étais au rassemblement lors du procès des « 3 + 4 de Briançon » le jeudi 8 novembre à Gap, dans les Hautes-Alpes.
Ces 7 personnes solidaires avaient participé à une manifestation transfrontalière, le 22 avril, entre l’Italie et la France, de Clavières à Briançon, pour protester contre les frontières et leur extrême militarisation par l’Italie et la France, et aussi contre les gesticulations scandaleuses de militants d’extrême droite du groupe Génération identitaire (GI). A cette marche se seraient joints une vingtaine de migrants.

Gap : manifestation au procès des 7 solidaires le 8 novembre : banderole en tête de cortège

- Tout d’abord, quelques articles sur le procès :

Le procureur requiert 12 mois de prison dont quatre fermes contre deux des accusés et 6 mois de prison avec sursis pour les cinq autres. Le délibéré (jugement) se fera le 13 décembre.
Le délit de « bande organisée » n’a pas été retenu.

- Voici ensuite quelques éléments d’information, qui ne seront pas forcément dans la presse capitaliste, et quelques réflexions sur le fond en fin d’article.

La solidarité a commencé en amont

La veille, un convoi solidaire de plusieurs véhicules bien remplis est parti de Vallée de la Drôme pour rejoindre Gap et le Centre social autogéré Césaï.
Depuis Crest, Saillans..., des vêtements chauds, de la nourriture, de quoi bricoler, des ustensiles de cuisine, des duvets, etc. ont été convoyé mercredi 7 au soir vers ce grand bâtiment occupé rue de l’Imprimerie, où des exilé.e.s sont déjà accueillis, et où diverses activités peuvent se tenir.
Mercredi 07, un rassemblement avait lieu à Crest pour soutenir les inculpés, les exilé.e.s, et dénoncer les politiques françaises et européennes.
D’autres temps de soutien avaient lieu ailleurs, notamment à Guillestre le 7 au soir avec Massilia Sound System et la compagnie KTA.

Gap : rassemblement au procès des 7 solidaires le 8 novembre : banderole sur les morts dus aux pratiques et lois fascistes en france

Un rassemblement et un procès sous tension

De nombreuses personnes ont afflué tout au long de la journée. A la mi journée, plus de 1200 soutiens en plusieurs bandes organisées étaient présents tout autour du tribunal.

Gap : rassemblement au procès des 7 solidaires le 8 novembre : photos et vue du rassemblement

- Les flics étaient en nombre partout autour :

  • des blocs de béton étaient disposés autour du site pour interdire l’accès à des véhicules
  • 13 fourgons de CRS devant la préfecture
  • 1 véhicule blindé anti-émeute avec canon à eau
  • au moins 10 fourgons de gendarmes mobiles
  • des flics en civil
  • des policiers
  • soit plus de 250 membres des forces armées chargées de la violence d’état

Gap : rassemblement au procès des 7 solidaires le 8 novembre : des flics filment depuis les hauteurs du conseil général {JPEG}La flicaille en civil contrôlait parfois les sacs et faisait des fouilles au corps aux abords du tribunal. On a pu apercevoir des flics derrière les fenêtres fumées du conseil général, dont l’un tenait une caméra pour filmer des manifestant.e.s de manière ciblée.

De nombreux contrôles routiers ont eu lieu, avec arrêté préfectoral spécial pour « risque terroriste élevé » ! Rien que ça !
L’état s’invente des terroristes pour justifier l’armada qu’il déploie dans nos rues. Les vrais terroristes sont pourtant à l’Elysée et à Matignon !, là où se trouvent les fous furieux qui veulent nous gouverner par la force et la manipulation.

Les autorités locales, si sensibles, avaient peur qu’il apparaisse des tags rageurs sur des murs de la ville, ils étaient encore trop émotionnés par le carnaval de Gap contre les frontières d’avril dernier.

A propos de ce rassemblement, la presse capitaliste locale parlait « d’anarcho-zadistes », lol
Des bus ont été arrêtés après l’autoroute, avec menace d’emmener tout le monde au poste pour vérification d’identité si les passagers persistaient à refuser de délivrer leur identité. Finalement ils ont pu passer sans encombres.

Gap : rassemblement au procès des 7 solidaires le 8 novembre : véhicule blindé anti-émeute et fourgons CRS

Contrairement aux ententes qui avaient été faites avec des organisateurs du rassemblement, 3 fourgons de CRS étaient présents sur le parvis du conseil général, réduisant l’espace disponible, voyez cette photo :

Gap : rassemblement au procès des 7 solidaires le 8 novembre : fourgons qui rétrécissent l’espace
Gap : rassemblement au procès des 7 solidaires le 8 novembre : banderole A bas l’état, ses guerres et ses frontières

Plusieurs fois, les juges et le tribunal ont fait du chantage en menaçant d’évacuer la salle d’audience et de faire le procès à huis clos s’il y avait trop de bruits à l’extérieur !
Les organisateurs officiels ont accepté de baisser un peu la sono, et les tambours du Trans Express ont du la mettre en sourdine, sauf pendant la pause de midi.

Gap : rassemblement au procès des 7 solidaires le 8 novembre : les tambours du Trans

La plupart des inculpé.e.s, et aussi des associations organisatrices, avaient émis le souhait que cette journée se passe sans actions qui pourraient déchaîner des violences policières, afin que le tribunal ne puisse pas être éventuellement défavorablement influencé.
Tout le monde a respecté ce choix malgré des désaccords, sans pour autant se priver de quelques moments de colère et de tension.
Mais vu les violences au quotidien des états et du capitalisme, il y aura peut-être, ici ou ailleurs, d’autres moments, moins policés, sauvages, avec des surprises et des émeutes.

Gap : rassemblement au procès des 7 solidaires le 8 novembre : devant le tribunal, tôt le matin

L’après midi, pendant la pause repas, des groupes de manifestant.e.s ont fait résonner des slogans devant le tribunal : « de l’air, de l’air, ouvrons les frontières », « à bas l’état, les flics et les frontières », « mur par mur, pierre par pierre, nous détruirons toutes les frontières »...
Gap : rassemblement au procès des 7 solidaires le 8 novembre : tour en palettes {JPEG}
Une cabane, une tour de guet ou d’alarme ?, s’est construite en palettes et terre en face du tribunal.

Ensuite, une manifestation est partie faire le tour de la ville, avec de belles banderoles et des cris de rage. « Anti-Anti-capitalistes », « Roger Didier au bûcher » (maire de Gap), « 1re, 2e, 3e génération, nous sommes tous des enfants d’immigré.e.s »...
Les flics en armures interdisaient l’accès aux rues du centre ville.
On défilait parfois entre des rangs de CRS, ce qui rappelait un peu le carnaval de Crest de cette année.

Gap : rassemblement au procès des 7 solidaires le 8 novembre : banderole Non aux bandes organisées préfectorales
Gap : rassemblement au procès des 7 solidaires le 8 novembre : banderole « Eux c’est nous »

Pour la suite et les infos sur le procès, voir les articles indiqués au début.

Deux « tendances » parmi les manifestant.e.s présent.e.s

On pouvait observer deux grandes « tendances » sur place, même si bien sûr les positions ne sont pas forcément nettes et que toutes les nuances existent.

- D’une part, celleux qui croient encore qu’on vit en démocratie, qu’il faut faire malgré tout confiance à la justice et à l’état de droit, et ne pas trop faire de vagues pour être entendus. Ils sont ok pour dénoncer certaines lois et certaines pratiques étatiques ou policières, mais finalement acceptent l’ordre établi même si certains aspects sont à revoir. Ils sont pour la solidarité et l’aide humanitaire, mais s’interrogent moins sur le fond du problème et sur les manières sérieuses d’arrêter les systèmes qui amènent à s’exiler de son pays.
Ces positions étaient les plus présentes dans les prises de parole au micro.
Dommage qu’il n’y ait pas eu plus de diversités, et pas de discussions/débats organisé sur le fond. Heureusement, les stands présents étaient assez variés, et il y a avait des tracts et brochures plus radicaux.

Gap : rassemblement au procès des 7 solidaires : banderole sur les violences des systèmes autoritaires sui écrasent les pauvres

- D’autre part, celleux qui savent que les pays européens et la france ne sont que des apparences de démocraties. Car la démocratie réelle est impossible dans des systèmes étatiques centralisés baignant dans le capitalisme partout et pour toustes.
Ceux là, dont je fais partie, considère donc que le gouvernement n’est pas légitime, que ses lois ne sont pas forcément légitimes, et donc que la prétendue Justice est une mascarade sinistre, que ce procès, comme tout les autres, ne vaut rien.

L’émotion et les faits scandaleux, c’est bien, mais il faut aussi songer à analyser globalement la situation, et agir en fonction.

En réalité, ce n’est pas « le peuple » qui fait les lois, mais une clique d’oligarques, de haut-fonctionnaires et de lobbies, et donc les juges ne sont que des marionnettes chargées d’appliquer des lois issues d’institutions non-démocratiques. Les lois françaises portent la marque de la loi du plus fort, du plus friqué, du plus puissant.
Les juges, s’ils sont humains et démocrates, doivent au minimum démissionner, se mettre en grève illimitée. On ne peut pas lutter de l’intérieur, le système fera d’autres lois encore plus iniques, vous mettra au placard, changera de lieu pour le procès, renverra aux juridictions supérieures, etc.
On se retrouve comme au temps de Pétain, doit-on collaborer ou rejoindre la résistance ?!
Combien faut-il de morts et de souffrances supplémentaires pour que bien davantage de personnes quittent leur zone de confort et leurs postes dans les rouages de la machine à broyer ?!

En réalité, on vit dans un système totalitaire, qui produit des lois et des répressions autoritaires, voir par exemple :

Il nous faut ouvrir les yeux sur la réalité, et ne pas se faire abuser par les grandes déclarations et les jolies images médiatiques.
Le capitalisme et les états tuent, les frontières et le néo-colonialisme tuent (pour le profit des industries d’armement et de haute-technologie), la civilisation industrielle tue partout, nous sommes en guerre.
Les gouvernements européens tuent et sont alliés (ou valet) du capitalisme.
La non-démocratie française, ses déclarations tonitruantes et ses élections sont un paravent pour qu’on reste tranquille, pour cacher le sang, pour qu’on se contente de manifester en paix et de voter.

Rappelons-nous aussi que la démocratie factice et le capitalisme (=système autoritaire) mènent souvent à l’extrême droite, et par les urnes.
Alors, j’invite les gens « de gauche », les citoyennistes, ceux qui veulent un état fort pour les « protéger » du capital, les anciens et nouveaux entrepreneurs du capitalisme « vert » ou « social », les militants de partis, les syndicats et ONGs à bien réfléchir à leurs engagements. S’ils persistent à soutenir l’état, ses institutions non-démocratique et le capitalisme, c’est l’extrême droite qui peut advenir, comme au Brésil en ce moment.
En effet, une crise financière, écologique, sociale d’ampleur peut pousser les gens à bout, les plus pauvres, dans les bras grands ouverts de l’extrême droite ou de ses avatars (Laurent Wauquiez, Gérard Collomb), d’autant que le système en place, ses capitalistes et ses médias préfèrent ça à une vraie insurrection contre eux.
L’extrême droite apparaît à tord comme une « solution » quand il n’y a pas d’autres voies (telles que : sortie du capitalisme, écologie radicale, démocratie directe locale, autogestion généralisée...) suffisamment présentes, car rejetées et combattues par les réformistes de tout poil, qui crient leurs peurs irrationnelles de l’anarchisme, des bris de vitrines, des tags et des confrontations virulentes avec le système totalitaire en place, et préfèrent au final le conservatisme confortable et leurs petits privilèges à de vrais changements.

Rejoignons la résistance ! et agissons chacun.e à notre manière.

Gap : rassemblement au procès des 7 solidaires le 8 novembre : des banderoles

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