Retour sur un événement qui aurait du faire un peu plus de bruit médiatique : l’inauguration à Crest le 11 novembre 2016 de la rue Hélie Denoix de Saint Marc.
Alors que cette même inauguration a suscité un tollé à Béziers et Orange, celle de Crest s’est déroulée dans une indifférence quasi générale.
L’opposition municipale a brillé par son absence à la contre-manifestation organisée au monument de l’insurgé par quelques citoyens engagés.
Le carton d’invitation à la cérémonie mentionnait à propos d’Hélie de Saint Marc : « résistant et déporté », ce qu’il a été effectivement, résistance malheureusement assez courte car il a été arrêté rapidement et déporté à Buchenwald.
Mais ce n’est pas ce qui devait le plus intéresser les organisateurs. A la conférence du directeur du Figaro littéraire il y avait une immense majorité d’anciens d’Algérie avec leurs médailles, leurs insultes et leurs menaces quand on a essayé de débattre.
Il est à noter l’attitude exemplaire des gendarmes qui ont évité un déchaînement de violence et préservé un semblant de démocratie.
La carrière d’Hélie de Saint Marc mérite d’être connue : entré dans l’armée à l’issue de la seconde guerre mondiale, il est embauché par le Général Massu en 1957, (chef de cabinet), pour assurer les relations avec la presse et à ce titre justifier la torture.
Quelques années plus tard il participe au putsch des généraux en 1961 à Alger et il est condamné pour ces faits à dix ans de réclusion criminelle. Il en effectuera cinq, et sera réhabilité dans ses droits civils et militaires en 1978.
S’il n’a probablement pas fait partie de l’OAS, il n’a à aucun moment condamné les exactions de cette armée secrète.
On est en droit de s’interroger sur l’attitude de la mairie de Crest et de son édile, qui ont caché aux yeux des citoyens une partie essentielle de la réalité.
Au lieu d’honorer un résistant, on s’est retrouvé avec une clique de revanchards qui veulent refaire la guerre d’Algérie. Cette manière de faire est totalement irresponsable. La pêche aux voix de la droite extrême ne justifie pas tout.
Le bon coté de la chose, c’est que j’ai pu à cette occasion m’intéresser à la carrière du Général Jacques Paris de Bollardière, authentique résistant de la première heure, baroudeur en Indochine et en Algérie, qui s’est insurgé dès 1957 contre la torture institutionnalisée, et qui est devenu pacifiste, (que ce soit au Larzac ou à Mururoa).
Une vie exemplaire !
Mais ce sera l’objet d’un prochain article.
Il sera alors toujours temps de demander qu’une rue de Crest lui soit attribuée.
Roger Poulet