Elections en démocrature, ce soir les TV de l’Ordre et du Capital parleront du parti de l’Ordre et du capitalisme

Infos, analyses, envie de révolte...

dimanche 7 juillet 2024

Quelques actus et appels.
Avant les gros bouchons autoroutiers des départs en vacances des pas trop pauvres, des news du Front des racistes et des autoritaires, et aussi des résistances d’hier et d’aujourd’hui.
Ah oui, et ce soir les télés extrêmes droitisées parleront de la réussite de l’extrême droite. (erratum, c’est le NFP qui est en tête !)

Elections en démocrature, ce soir les TV de l’Ordre parleront du parti de l’Ordre

EXPLOSION DES VIOLENCES RACISTES : PAS UNE MINUTE DANS LES JOURNAUX TÉLÉVISÉS D’ENTRE-DEUX-TOURS

- Le média "Arrêt sur Image" a regardé tous les JT de TF1, M6 et France 2 cette semaine : aucun n’a évoqué un seul acte raciste -
Tous les français ont entendu parler du keffieh de Rima Hassan lors d’un discours de Mélenchon. Les Journaux Télévisés et les chaines en continu y ont consacré des sujets entiers et des heures de débats. Un candidat insoumis serait « fiché » parce qu’il lutte contre l’extrême droite ? Des jours en boucle à la télé, et la gauche obligée de se justifier. Les accusations d’antisémitisme mensongères contre Mélenchon ? Les plateaux télé en ont encore parlé tous les jours, comme depuis des mois. Les embrouilles ridicules entre François Ruffin et la France Insoumise ? Des prime time, des « débats » et des reportages. L’explosion des violences racistes dans tout le pays ? Rien. Pas une seconde à la télé.
Ces derniers jours, Mediapart a recensé « au moins trente-cinq événements racistes » sur le territoire. Les gros scores de l’extrême droite ont banalisé le passage à l’acte. Il y a eu des coups de feu aux cris de « mort aux arabes » dans le Gard, par un individu déjà condamné pour des faits de violences et de racisme. Il y a eu une série d’agressions racistes dans l’Herault par un commando roulant en 4X4. Il y a eu cette homme musulman tabassé sur le pas de sa porte aux cris de « sale bougnoule » dans l’Ain. Il y a eu l’exécution d’un algérien sans abris de 7 balles par un policier hors service, qui a ensuite photographié le cadavre. Il y a eu des militants RN armés de matraques semant le terreur devant une école, et ce chauffeur de bus percuté par un raciste hurlant « sale bougnoule » en région parisienne, ou encore des menaces racistes contre des journalistes, un ado maghrébin tabassé à Rouen aux cris de « gratteur d’alloc », et plusieurs lettres de menaces aux propos fascistes. Il y a eu, bien évidemment, ces dizaines de candidats RN ayant tenu des propos racistes, antisémites, homophobes, arborant des symboles nazis. Et la liste n’est pas exhaustive.
Cette série de faits gravissimes auraient dû occuper tous les sujets d’actualité cette semaine. Pourtant, le média indépendant « Arrêt sur Image » a épluché les Journaux Télévisés de TF1, France 2 et M6. Et il a constaté que ces chaines, regardées par des millions de personnes, n’ont pas consacré une seule seconde de la semaine à ces actes racistes. Pas une seconde.
Ces médias influencent lourdement l’élection. Une telle dissimulation modifie profondément le scrutin au profit de l’extrême droite, qui a pu continuer à se normaliser tranquillement. À l’inverse, si ces agressions racistes avaient fait la Une des JT cette semaine, l’ambiance politique serait très différente.
Les médias dominants avaient déjà fait preuve d’une telle "discrétion" juste avant les présidentielles de 2022 : un joueur de rugby international, Federico Aramburù, avait été assassiné en pleine rue par des néo-nazis à Paris, après s’être interposé dans une agression raciste. L’assassin militait dans des cercles proches de Zemmour et Le Pen, et avait des amis policiers. Cette information, cruciale aurait joué en défaveur du RN si elle avait été sérieusement diffusée. Mais les médias l’avaient quasiment passée sous silence, et aucun responsable politique n’avait réagi. Avec les conséquences que l’on sait : Marine Le Pen au second tour peu après.
Ce traitement scandaleux de l’information n’est pas nouveau. L’équipe d’Arrêt sur Image a aussi regardé 46 journaux télévisés en février dernier pour mesurer le traitement du massacre à Gaza par l’armée israélienne. Sur 29 heures d’antenne, au total, le sort des habitant.e.s de Gaza n’a été évoqué… que 5 minutes ! Et seulement sur France 2. TF1, le journal de 20h le plus regardé de France, par 5,5 millions de personnes en moyenne, n’a pas dit un mot du sort des 2,4 millions d’habitant.e.s de Gaza. Comment se faire une opinion, quand la majorité des informations n’arrivent tout simplement pas aux oreilles de la population ?
Sur BFM, la consigne donnée avant les législatives est carrément de mettre à l’antenne davantage « d’éditorialistes de droite et droite + ». Un ordre de la direction de BFM à ses programmateurs, révélait Médiapart il y a quelques jours, avec une liste d’éditorialistes d’extrême droite qu’il faut inviter : un ex-communiquant du RN, le "JDD" et des journalistes de « Valeurs actuelles ». Les « chroniqueurs » du journal d’extrême droite condamné pour racisme sont ainsi invités plusieurs fois par jour sur les plateaux. Le média Arrêt sur Image, avait par exemple comptabilisé les interventions de membres du Valeurs Actuelles : « Du lundi 10 au vendredi 14 juin inclus : pas moins de quatre journalistes du magazine d’extrême droite s’y sont succédés, jusqu’à 7 fois par jour, dans 21 passages au total ».
Une majorité de la population – surtout les personnes les plus âgées – vit dans une bulle informationnelle totalement décorrélée du réel. Elle n’est informée ni des crimes israéliens à Gaza, ni des violences racistes, ni des problématiques sociales. Les médias de masse leur cachent tout, et les imprègnent d’un bain idéologique fascisant, où la gauche serait la « vraie menace » pour la République, et où la France est présentée comme un coupe gorge envahi de migrants, le tout commenté en plateau par des syndicalistes policiers et des militants lepénistes. Il est impossible de faire société avec un tel niveau d’intoxication et de privation d’information.
Si l’on veut espérer éviter le fascisme, débrancher les médias dominants et développer les nôtres sont des priorités absolues.

(post de Contre Attaque)

Elections en démocrature, ce soir les TV de l’Ordre parleront du parti de l’Ordre
Elections en démocrature, ce soir les TV de l’Ordre parleront du parti de l’Ordre

« LA FRANCE EST TISSU DE MIGRATIONS »

Vu à Nantes ce samedi 6 juillet, veille d’élection.
Une immense et belle banderole déployée sur le Château des Ducs de Bretagne, dans le cadre d’une mobilisation contre le projet raciste de nouveau Centre de Rétention Administrative.
Création par le collectif "Chômeuse go on".

Elections en démocrature, ce soir les TV de l’Ordre parleront du parti de l’Ordre

Comment les fascistes et néonazis bâtissent la guerre civile : Enquête au coeur du Terrorgram français

- Comment les fascistes et néonazis bâtissent la guerre civile : Enquête au coeur du Terrorgram français
Reflets a plongé dans les boucles Telegram gérées par ces groupes : racisme total, menaces de mort envers les « migrants », les « bougnoules », les personnes LGBT, appels à la guerre civile, vente d’armes et actions violentes...

Les résultats des récentes élections européennes ont été un électrochoc pour la société française. L’extrême droite parlementaire, dont la dédiabolisation est un succès indiscutable, impose dans le débat public un discours idéologique de « guerre culturelle », rhétorique longtemps confinée dans les groupuscules d’extrême droite radicale. Conséquemment, les néonazis et autres groupes nationalistes radicaux passent à une vitesse supérieure. Reflets a plongé dans les boucles Telegram gérées par ces groupes et qui constituent une base arrière électorale et de propagande idéologique pour le RN et Reconquête. Les fachos voient dans les élections législatives anticipées la pierre angulaire d’un régime totalitaire qu’ils attendent depuis des décennies.
(...)
Cette stratégie de normalisation a porté ses fruits : aux élections européennes, le RN a raflé une part significative des suffrages, affirmant son ancrage dans le paysage politique français. Toutefois, il est essentiel de regarder au-delà de cette image remaniée. Derrière les discours lissés, les fondamentaux du RN n’ont pas changé. Depuis une semaine, plusieurs posts sur les réseaux sociaux et articles de presse démontrent qu’une partie des candidats et candidates qu’investit le RN sont toujours néonazis, antisémites, racialistes, homophobes, transphobes, etc. Nous avons créé un site qui recense les propos racistes, antisémites ou sexistes des candidats de l’extrême-droite : airdehaine.fr.
(...)
Spécialement depuis les dernières élections législative de 2022 la France assiste à une inquiétante escalade de la violence perpétrée par des groupes d’extrême droite extraparlementaires. Ces groupes, opérant souvent en marge des institutions politiques, ciblent systématiquement les lieux associatifs, les locaux des partis et les syndicats de gauche dans une campagne concertée, pour créer un climat de haine, de menace et d’intimidation.
(...)
Actuellement, l’extrême droite parlementaire et ses programmes politiques ne reposent sur rien d’autre qu’une traduction sémantique des idéologies défendues par les franges les plus radicales de l’extrême droite depuis plus de cinquante ans. Les termes comme « guerre civilisationnelle », « submersion migratoire » et, bien évidemment, la « préférence nationale » ou le « grand remplacement » sont des exemples frappants de ce transfert idéologique qui s’opère entre l’extrême droite parlementaire et extra-parlementaire.

Pour les groupes fascistes radicaux, assister à la banalisation de ces termes dans le monde médiatique et politique indique une forme de « consentement social » qui leur confère une légitimité pour diffuser à tout-va de la haine sur les réseaux sociaux mainstream.
(...)
Mais sur ces canaux Telegram qui partagent la haine vingt-quatre heures sur vingt-quatre, on est loin de se limiter aux opinions et aux slogans. Les néonazis repostent leurs vidéos où ils exhibent leurs flingues, ajoutant des phrases telles que « et les migrants, coup de 12 sur les gauchos ». D’autres néonazis posent avec des armes à côté des affiches LGBT, d’autres encore publient des images concernant la communauté LGBT en les qualifiant de « dégénérés » et appellent à « retirer les drapeaux LGBT dans votre ville ».
Comme dans les médias de masse, ça tape fort sur La France Insoumise. Les fascistes ont même listé les villes où le vote pour LFI a dépassé les 30%, réduisant ce parti au « parti des musulmans ». Ensuite, ils s’en prennent aux « antifas » qui manifestent partout en France, vus par les nationalistes comme des « agents de la macronie », sortant pour « défendre » leurs idéologies : le « LGBTisme, le grand remplacement ou le satanisme ». Mais ce qui réunit identitaires et nationalistes révolutionnaires, c’est leur xénophobie, leur haine pour les « Arabes » et les « musulmans ». L’imagerie raciste et islamophobe ne manque pas, avec certains qui appellent à la chasse aux « bougnoules » ou postent des images « Kalashons les bougnoules ».
(...)
Aujourd’hui, ces fachos 2.0, appellent clairement à la guerre civile, font l’apologie du terrorisme et du nazisme, et idolâtrent des tueurs de masse comme Anders Breivik ou Brenton Tarrant. Leur but dans ces boucles, qui réunissent des dizaines de milliers de personnes, est d’imposer l’idée que la guerre civile et raciale est inévitable.
(...)
La première fois que le public, ainsi que le gouvernement, prend conscience de la puissance du réseau Terrogram en France, c’est avec le la publication des échanges du groupe FrDeter par le compte Twitter (devenu X) Tajmaât. Ce compte met alors en lumière « une vingtaine de groupes néo-nazis infiltrés, appelant au meurtre, menaçant de mort un élu, menant des ratonnades, et impliquant des centaines de personnes, dont des militaires et des policiers ».

Des canaux FrDeter fermés sur l’ordre du ministre de l’Intérieur, mais rapidement, des canaux miroirs FrDeter sont créés, parmi lesquels des canaux de doxxing comme Affiche ton Antifa, aujourd’hui appelé Division Aryenne Française. Entre porno anti-musulman et imagerie antisémite, certains membres de ces groupes appellent à la guerre civile, partagent du contenu néonazi et, dans la ligne idéologique de Terrogram, évoquent le Djihad blanc comme instrument de radicalisation et de déstabilisation totale.
(...)
Au-delà des projets terroristes déjoués et des ratonnades, comme la descente expéditive à Romans-sur-Isère, soit les services de police semblent négliger l’ampleur des violences que ce réseau génère, soit le réseau Terrorgram français est fonctionnel car ces groupes qui ont appris à utiliser Telegram et d’autres outils sont devenu efficaces sur le plan Opsec.

En ce qui concerne le fichage et le doxxing des personnes de gauche opérés par les membres des groupes du Terrorgram, bien qu’une partie des informations contenues dans ces listes soit récupérée à partir d’articles de presse, de tribunes, d’appels à manifestations, etc., 90 % des informations répertoriées dans ces dossiers, concernant des centaines de personnes, sont sûres et vérifiables. On parle d’un travail colossal de recherche et d’identification issu de sources sur l’internet, mais aussi d’un travail de terrain qui passe par l’infiltration dans les événements et manifestations dites de « gauche ».
(...)
Dans une première phase, l’objectif de ce genre d’opérations de fichage et de doxxing publiées sur Telegram est de déclencher une forme de cyber-harcèlement pour installer la peur chez leurs victimes. Reflets a pu contacter quelques-uns de ces numéros de portable qui circulent dans les listes Telegram publiées par des néonazis et les interviewer. La plupart savaient qu’ils étaient fichés par ces groupes, cela les a effrayés, mais ne les a pas empêchés de continuer leur vie. Néanmoins, Pierre*, militant chez les Jeunesses Socialistes dans le Bas-Rhin, confesse que « ça craint » en ce moment : « La seule chose que les fachos attendent, c’est de pouvoir déchaîner leur violence. »

En ce qui concerne les institutions, associations, etc., même si on ne peut pas établir de lien direct entre la publication de ces listes sur Telegram et les violences d’extrême droite, il est difficile d’ignorer certaines « coïncidences » rapportées par la presse locale. En mars 2024, le groupe publie une liste des locaux de l’association Utopia 56 dans plusieurs départements ; quelques semaines plus tard, Utopia 56 Toulouse est vandalisée par un groupuscule d’extrême droite. De même, après une liste mentionnant plusieurs locaux de la Cimade, plusieurs associations sont taguées à Montpellier, dont l’ancien local de la Cimade, aujourd’hui Famille Au Grand Cœur.
(...)
Le réseau Terrorgram englobe dans son acception large (nationalistes, accélérationnistes, active clubs, etc.) des dizaines de milliers de personnes qui lisent les contenus. Si ces canaux sont gérés par une poignée de militants, leur puissance sémiotique et sémiologique attire ces dizaines de milliers de personnes et les submerge d’idéologies de plus en plus radicales.

La DGSI affirme qu’elle infiltre ces réseaux pour les surveiller. Cependant, les laisser prospérer jusqu’à ce que certains groupes se militarisent semble être un prix élevé à payer et une négligence stratégique.

Cette approche finit par laisser la radicalisation prendre pied et banaliser les idéologies les plus nauséabondes et dangereuses, comme le néonazisme, le suprémacisme blanc et la haine anti-LGBT.

De plus, cette stratégie et l’inaction du ministre de l’Intérieur semblent s’aligner sur une logique perverse de « l’ennemi de mon ennemi est mon ami » Car cette approche méprise totalement la souffrance et la violence que subissent des centaines de personnes, sachant que les cibles sont majoritairement des élus, des associations et des militants de gauche.

- Article en entier : sur Reflets.info :https://reflets.info/articles/comment-les-fascistes-et-neonazis-batissent-la-guerre-civile

« Les gardes-côtes de l’ordre racial » - Ou le racisme ordinaire des électeurs du RN

en podcast et en vidéo :

https://youtu.be/db7O9IxK-1w

- « Les gardes-côtes de l’ordre racial » - Ou le racisme ordinaire des électeurs du RN : Un lundisoir avec Félicien Faury
On entend souvent « à gauche » cette petite musique condescendante à propos des électeurs du Rassemblement National. Ils seraient « fachés mais pas fachos », simplement trompés par la communication dédiabolisée du parti d’extrême droite. Il s’agirait donc de leur apporter la lumière, de leur prouver que derrière les beaux discours populistes se cache du racisme crasse, leur démontrer qu’ils se trompent quand ils votent et comprennent mal leurs intérêts de classe. Le sociologue Félicien Faury a mené une enquête au long cours sur ces électeurs dans le Sud-Est de la France et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il complexifie et radicalise ces analyses de plateaux télés : on ne vote pas RN par méprise ou manque d’éducation mais pour défendre un ordre du monde, racial et dominant.

Vous connaissiez les forces de l’ordre et les gardiens de la paix. Vous n’avez pas encore rencontré les gardes-côtes de l’ordre racial. Les électeurs du Rassemblement National, à la lisière de l’ordre propriétaire, mais ne pouvant en jouir qu’à politiser le racisme et en faire, ainsi, un motif réel et direct de vote. Le problème n’est pas que le racisme est une pure pulsion pathologique ; c’est qu’il présente une multitude d’avantages socio-économico-symboliques pour celles et ceux qui sentent que le centre s’apprête à les déchoir avec mépris. Le problème est que la politisation du racisme est rationnelle, voire même raisonnable, une fois pris acte le caractère racial de la structure générale du monde dans lequel nous vivons.

Nous recevons, ce vendredi soir, fidèles à notre rythme effréné d’interviews presque quotidien, le sociologue Félicien Faury pour son livre Des électeurs ordinaires. Il s’agit d’une enquête sociologique portant sur le discours et les conditions du discours de certains électeur•ices du FN/RN dans le sud-est (PACA). Deux choses nous ont particulièrement intéressé :

1) d’une part, le tournant identitaire de l’affect racial méridional qui, contrairement au Nord désindustrialisé et ouvrier, fixe sa détestation des « étrangers » et des citoyens français racisés, non plus sur la peur de perdre son emploi dans le cadre d’une compétition avec la force productive racisée bon marché, mais sur la colère face à la prétendue injustice d’une force improductive racisée, chômeuse, profitant paresseusement des aides sociales et, grosso modo, de l’assistanat. Ce point manifeste une première chose : le racisme opère dans le sud non pas dans le cadre d’une précarité du travail et de l’emploi, mais dans le cadre d’un déclassement symbolique et résidentiel, où les petits propriétaires voient leurs biens dévalués. Un élément à noter, relativement à ce premier point, consiste à dire que la logique de vote pour le RN dans le sud repose moins sur une sorte de reprise raciste de la critique du dumping social libéral, que sur une reprise raciste de la critique libérale de la redistribution sociale et de l’État providence. À travers des concepts sociologiques comme « la conscience sociale triangulaire », Faury montre bien comment les classes socio-professionnelles moyennes inférieures comme les artisans, commerçants, petits retraités, qui ont accès à la propriété de leur résidence, se sentent acculées entre la pression du système immobilier exercé par les classes supérieures et la pression, par en bas, des « étrangers » venus s’installer dans des zones que la dévalorisation des biens leur rend accessible. Cette triangulation en fait, selon lui, « les gardes-côtes » de « l’ordre racial » - ceux qui sont au seuil de cet ordre. C’est pourquoi, selon Faury, le racisme devient une véritable cause politique : elle leur permet de se maintenir du bon côté de l’ordre racial et d’espérer en bénéficier économiquement et matériellement, au moment même où ils semblent prêt à faillir de l’autre côté.

2) D’autre part, ce qui est à la fois extrêmement fin et sophistiqué dans l’étude de Faury, c’est la jonction permanente entre la racialisation et les autres domaines de l’existence, soit : le fait que le racisme n’est pas un pur et simple effet superficiel et contingent des choix politiques des électeurs par ailleurs déterminés par l’économie ou on ne sait quelle autre cause plus acceptable, le racisme est une cause, une cause déterminante, positive, effective, réelle : c’est par le racisme que l’on vote RN. C’est par le racisme que la protestation devient RN. Comprendre cela, c’est comprendre les modes d’enchaînement du récit racialisant du politique, c’est comprendre comment des thèmes divers (genre, économie, loyers, école) se croisent, se rencontrent et se fondent l’un l’autre comme ouvrant la voie vers le RN. Bref, l’évidence du racisme des électeurs RN est ici magistralement démontrée, non pas naïvement, et sans excès.

DIVERS

  • GISLATIVES : L’ÉTAT INTERDIT UNE MANIFESTATION DEVANT L’ASSEMBLÉE ETPLOIERA 30.000 POLICIERS DIMANCHE (...) Avec ces manœuvres autoritaires de dernière minutes, le gouvernement clôture les élections législatives anticipées par une énième démonstration sécuritaire, probablement la dernière de Darmanin en tant que ministre de l’Intérieur. Alors que la macronie pourrait s’affaiblir comme jamais, ce déploiement policier vise à présenter également, à quelques jours du second tour, la macronie comme le « garant de l’ordre » face aux artisans du « chaos ».
    Darmanin et Macron montrent une nouvelle fois la couleur que prendrait un gouvernement de coalition s’il venait à voir le jour : comme depuis 2017, Macron prévoit avec ou sans le RN de poursuivre l’offensive autoritaire, la répression et la criminalisation du mouvement social. (...)
  • Mort de Julien « Brigada »« L’idée c’était pas juste de casser du faf, c’était de dire aux gens qu’il fallait réagir » - ulien "Brigada" est mort en début de semaine : nos pensées vont à sa famille et à ses proches, on sait qu’il laisse une place vide dans le cœur de nombreux et nombreuses antifascistes. Adepte d’un antifascisme de rue, il s’est opposé toute sa vie aux fafs, d’abord au sein des Red Warriors, puis dans le SO de la CNT, et toujours aux côtés de celles et ceux qui ne se payent pas de mots.
    On vous propose l’interview qu’il avait donné au début des années 2000 pour le livre « Comme un Indien métropolitain » paru aux éditions No Pasaran, dans laquelle il revient sur sa jeunesse et la genèse des Red Warriors.
  • Dans les flammes de l’été : les émeutes pour Nahel et l’hypothèse communiste - Cet article constitue la seconde partie d’un dossier sur les luttes de classes en France en 2023, dont la première partie sur le mouvement des retraites a été publiée sur notre site.
    Rappelant que c’est en partant de l’activité du prolétariat dans les luttes telle qu’elle est que l’on peut véritablement mener l’analyse des émeutes suivant la mort de Nahel, cet article interroge dans quelle mesure ces dernières ont esquissé ce que pourrait être une insurrection communiste. Il entend penser les émeutes à partir de la situation particulière du prolétariat racisé afin de comprendre la situation générale du prolétariat depuis la dernière restructuration du mode de production capitaliste.
Elections en démocrature, ce soir les TV de l’Ordre parleront du parti de l’Ordre

S’embraser, maintenant : pour Nahel, pour Kanaky, pour la Palestine, et pour Nous

Face aux appels et injonctions toujours plus nombreux à faire la campagne électorale de la gauche, on se propose de revenir sur la révolte de l’été 2023 en France, l’insurrection actuelle en Kanaky, le mouvement pro-palestinien d’actions directes. Pour des perspectives insurrectionnelles plutôt qu’électorales, maintenant plutôt que dans un futur lointain.
(...)
Quelle ambiance morne ! Pile un an après une révolte de cette ampleur, on essaierait de nous faire croire que pour vaincre le fascisme, il faudrait aller faire campagne pour faire élire toutes les pires crapules que la gauche a ressorti de ses tiroirs. Au nom de l’union, des anarchistes abandonnent toute cohérence et réflexion anarchistes pour faire élire Hollande, des antifascistes attaquent les dissident.es qui osent s’attaquer à de pauvres vitrines (!) à coup de projectiles et de violences paternalistes.

Au même moment, l’insurrection débutée le 13 mai dernier reprend de plus belle en Kanaky. Contre la domination coloniale de la France et ses provocations, la révolte s’étend, se prolonge, flambe de nouveau. Les barrages réapparaissent un peu partout, des commissariats et locaux de la gendarmerie sont réduits en cendre , la rentrée scolaire est encore une fois reportée suite à de nouveaux incendies, les mines et usines de nickel restent à l’arrêt dû aux barrages et sabotages, un blindé des gendarmes est incendié et d’autres ont leur pneus crevés, une maison coloniale vieille de 120 ans prend feu, la permanence d’un député colon est incendiée, une mutinerie détruit 60 des 230 cellules de la prison de Nouméa... Sur les barrages, de nouvelles relations et façons de vivre se créent. Kanaky se soulève pour son indépendance et ses prisonnier.es, et sa lutte nous inspire.

Qu’est-ce qu’un vote pour une gauche nationaliste et coloniale changerait-il à l’ordre actuellement remis en question par les insurgé.es ? On l’affirme sans l’ombre d’un doute : la répression coloniale qui a lieu sous l’extrême néolibéralisme aurait tout autant lieu sous l’extrême droite que la gauche social-démocrate ; prendre le pouvoir en France implique le maintien de l’ordre colonial. Quand nous disons que l’insurrection Kanak nous inspire, nous pensons aussi aux incendies de bureaux de vote, aux blocages de l’accès à ceux-ci, aux incendies de matériel de vote.

Quel genre de solidarité proposons-nous à nos compagnon.nes Kanak lorsque nous mettons toute notre énergie à parler du fascisme qui vient plutôt que du fascisme déjà existant, qu’ils et elles subissent de plein fouet ? Que pourrait faire Macron, ou Bardella ou Mélenchon ou n’importe quelle raclure qui aimerait nous gouverner, si la France s’embrasait du même feu que Kanaky ? Des milliers de gendarmes, de compagnies de CRS d’élite, de gadgets militaires technologiques n’ont cesse d’être envoyés en Kanaky, et la flamme ne s’éteint toujours pas un mois et demi plus tard. Ce n’est qu’avec la collaboration des pacificateurs et la mobilisation de tous les flics possibles et imaginables que les flammes de l’insurrection de 2023 furent éteintes. Que pourrait cette police, loin d’être aussi omniprésente et omnipotente qu’elle essaie de nous faire croire, si tout s’embrasait et que les foyers d’insurrections se multipliaient de toutes parts ?
(...)
l nous faut défendre précieusement les squats qu’il nous reste, en ouvrir des dizaines et dizaines d’autres et les tenir aussi longtemps que possible, occuper l’espace public comme privé : c’est le seul mode d’action dont nous disposons pour adopter des modes de vie différents, pour nous rencontrer, pour faire vivre la solidarité dans les territoires que nous habitons. Peu importe qui gagne les élections, le gouvernement défendra la propriété privée, expulsera à tour de bras squats et locataires précaires (comme la gauche le fait déjà dans toutes ses mairies), préservera les frontières meurtrières, criminalisera l’autoréduction.

Il nous faut urgemment échapper au travail : que ce soit par la grève, par le sabotage, par la fraude aux allocations, ou tout autre moyen de nous y soustraire. Peu importe qui gagne les élections, le gouvernement nous y forcera et obéira à ses lois, celle du Capital, ne changeant que cosmétiquement les variables pour maintenir les chaines qui nous volent chaque jour nos vies.
(...)

Elections en démocrature, ce soir les TV de l’Ordre parleront du parti de l’Ordre

🔻 PAROLE D’ANCIENSISTANT : LÉON LANDINI

Léon Landini est un communiste et ancien résistant de 98 ans.
Il est le dernier survivant des Francs Tireurs Partisans – Main d’Oeuvre immigrée – FTP-MOI – ce groupe de résistants d’origine étrangère qui a combattu le nazisme en France durant l’occupation.
Son groupe, dirigé par l’arménien Missak Manouchian, a été décimé pendant la guerre. Les nazis voulaient faire de ces combattants immigrés un exemple de leur répression en stigmatisant leurs origines. Ils avaient placardé une affiche rouge, raciste, pour exposer le groupe présenté comme « terroriste » à la vindicte d’une France pétainiste.
80 ans ont passé. Léon Landini n’a rien perdu de sa force admirable ni de son engagement. Dans une interview donnée à Blast, il rappelle qu’il a combattu les fondateurs du Front National les armes à la main, et qu’aujourd’hui encore, s’il entend dire "du mal des arabes", il mettra des patates. Seule manière, selon lui, de "calmer" les racistes. Pour Léon Landini, d’origine italienne, les racistes n’ont "pas leur place en France".
Dans cette période dominée par la bassesse et la bêtise de notre classe politique et médiatique, écouter et partager les dernières voix justes et claires des héros de la résistance, avant qu’elles ne s’éteignent, est crucial.

- vidéo : https://fb.watch/tapyDdiW_O/

(post de Contre Attaque)


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