Voici quelques éléments, surtout factuels, sur cette journée de blocages filtrants à Crest sur sur plusieurs ronds points, de ce que j’ai pu voir ou qu’on m’a rapporté, et quelques réflexions personnelles cinglantes en fin d’article.
Le blocage filtrant a commencé au rond point en face du Casino (croix de Romans) avant 8h. De plus en plus de monde a afflué, puis des gendarmes aussi.
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, rond point Casino entrée de Crest
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, rond point Casino entrée de Crest
Des pancartes et des inscriptions révoltées ont fleuri un peu partout.
Macron, ce gouvernement, et les politiciens en général, n’avaient pas bonne presse autour du rond point. On hésitait sur le meilleur moyen pour se débarrasser d’eux : la prison, la guillotine, la révocation, le bûcher ?
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, pancarte de colère
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, slogan de colère
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, rond point Casino entrée de Crest
Dans la matinée, deux automobilistes ont eu un comportement dangereux, heureusement sans blessés.
Le premier a accéléré dans ce rond point, en se dirigeant rapidement vers une sortie du rond point où se trouvaient des personnes stationnaires.
Le deuxième a embarqué 3 personnes sur son capot.
Ces deux fous du volant ont été appréhendés par des gendarmes.
Les gendarmes avaient raison de rappeler des consignes de sécurité en direction des manifestant.e.s « novices », mais parfois certains en faisaient un peu trop dans le moralisme (pensez aux gens qui risquent de perdre une journée de travail) et la volonté de rendre la manifestation totalement inoffensive.
On a pu voir aussi des pancartes et inscriptions variées :
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, pancarte de colère
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, slogan de colère
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, slogan de colère
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, pancarte de colère
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, pancarte de colère
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, pancarte de colère
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, pancarte de colère
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, pancarte de colère
Ensuite, vu qu’il y avait déjà du monde à ce rond point de Casino (plus de 100 personnes), un groupe s’est rendu au rond point de Grane en sortie de Crest pour diversifier les blocages.
Tout c’est bien passé, quelques pancartes ont fleuri :
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, rond point sortie de Crest
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, rond point sortie de Crest
Après la pause repas, faite plus ou moins à tour de rôle, j’ai participé au blocage filtrant du rond point Intermarché Aouste.
Quel plaisir de voir les parking d’Intermarché et des autres enseignes plutôt déserts un samedi après-midi ! La banderole et l’affiche démagogique et hypocrite du patron d’Intermarché n’ont trompé ni arrêté personne.
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, parking vide
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, parking Intermarché vide
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, parking Intermarché vide
Le barrage filtrant des entrées et sorties de Crest fonctionnait bien.
Des automobilistes avaient parfois du mal à être solidaires en n’allant pas consommer et à accepter le blocage des entrées parking. D’autres soutenaient ou allaient se garer plus loin.
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, rond point Intermarché Aouste
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, rond point Intermarché Aouste
Des conducteurs de quelques véhicules se sont faits menaçants, et avançaient leur capot lentement juste devant des jambes.
Un autre, tout de suite arrogant et énervé dans sa grosse voiture, a contourné un piquet et a roulé sur le pied d’un manifestant, rien de grave. Les gendarmes ont grondé le manifestant qui se rebiffait, mais pas le furieux en bagnole.
Mais tout s’est bien passé, avec café, tours de rond point à pied (pour chercher du boulot ;-) ), quelques chants : « Macron en prison, les politiciens en prison, ...avec tous les capitalistes ».
Des personnes ont recueilli des paroles de colères :
- Drôme : manifestation Gilets Jaunes à Crest le 17 novembre, pourquoi es-tu en colère ?
Conclusion
Pour une manif peu organisée avec beaucoup de personnes qui n’avaient jamais manifesté, c’était réussi. Des personnes très diverses ensemble (de manière éphémère ?) pour un ras le bol plus ou moins profond.
L’ambiance était dans la colère simple et directe contre Macron, les gouvernements, les politiciens. Simple coup de gueule passager ? Début d’une révolte plus profonde ? Si oui, contre quoi au juste, vers quoi ?
Demain matin dimanche, ça devrait peut-être continuer...
...à suivre ?
Quelques remarques personnelles complémentaires
#1. Je n’ai vu aucun entrepreneur local du capitalisme vert, aucun « écolo » (petit) bourgeois de Crest. Ceux-ci ne semblent pas vouloir se mélanger à la plèbe ou se compromettre dans une manif un peu « floue » (ou une manif tout court), ils préfèrent gérer leurs petites affaires lucratives entre eux, développer leur « pureté » intérieure en stages, « travailler » sur eux au lieu de changer les conditions matérielles du travail aliénant et destructeur qui broient les autres pour qu’ils aient tout les services nécessaires à leurs ambitions personnelles, rafler les bons postes et les bonnes payes grâce à leurs relations et leur culture, se présenter aux élections la bouche en coeur, tant pis si les autres crèvent et que la planète qui fait vivre tout le vivant part en vrille sous les coups du système qu’ils aiment et soutiennent.
#2. Plusieurs personnes semblaient confondre le -salutaire à mon sens- rejet des partis politiques et des politiciens avec le rejet de la chose politique en elle-même, et c’est logique car c’est ce que le système leur a appris pour les rendre soumises et impuissantes. Elles ne se rendent pas compte que manifester et faire des barrages, exprimer une colère, c’est le début d’une action politique.
Et si on ne développe pas de manière autonome une pensée politique, des stratégies, des objectifs, des solidarités organisées, et bien on risque de rester impuissant.e.s et divisé.e.s avec nos colères, encore enfumés par les médias et les politiciens, et sans autre choix que se résigner ou se ranger encore sous la coupe d’un parti, d’une élection. L’extrême droite de Lepen et autres, Mélenchon, Wauquiez et d’autres n’attendent que ça : faire venir sous leur coupe paternaliste et protectrice les pauvres brebis égarées et désemparées, en leur promettant des pluies d’argent et la protection du papa Etat contre les autres, les méchants politiciens des autres bords, et, suivant leur étiquette, les capitalistes qui abuseraient un peu trop de leur puissance, les exilé.e.s supposés envahisseurs et voleurs d’emplois ou les terroristes islamistes.
La politique ce n’est pas caca, ce qui est sale et pourri c’est la guerre infecte des partis et des chefs pour le pouvoir, les élections pièges à cons, la non-démocratie généralisée et instituée, notre impuissance voulue et organisée par l’Etat et le capitalisme, la misère sociale qui découle mécaniquement du système en place, cet Etat français totalitaire centralisé qui veut qu’on reste des moutons et les esclaves des riches, ce capitalisme mondialisé qui broie les humains et tout le vivant pour en extraire du profit.
Il n’y a donc plus rien à attendre ni même à demander à l’Etat, aux partis et aux institutions, c’est bien à nous d’être solidaires, organisés et déterminés, bref de faire de la politique, pour nous, par nous, dans l’intérêt commun.
Et ça vaut aussi bien pour la politique et la démocratie, que pour l’économie ou l’écologie.