L’actuelle municipalité avait signé récemment un contrat confiant la gestion de la Tour de Crest à une entreprise privée. Toujours les mêmes rengaines sont évoquées pour « justifier » toutes les privatisations et autres PPP : le business pour « créer » des emplois, réduire les coûts, renforcer l’attractivité, doubler soi-disant le nombre de tourisme, améliorer le sort des commerçants de centre-ville...
Les premières transformations arrivent devant nos mirettes ébahies. Une guérite sur un socle bétonné a vu le jour au bas de la Tour en contrebas de la grande porte. Elle ne plaît pas à de nombreux habitants et riverains.
Une pétition est d’ailleurs en ligne pour demander sa démolition
Le journal Le Crestois parle de ce problème dans l’édition du 2 août 2019, on apprend avec grand soulagement que le futur ex-maire, responsable de la privatisation de la gestion de la Tour et d’avoir signé l’autorisation d’une guérite, promet d’examiner de plus près le cas de ce cabanon-péage suspect possiblement non-conforme.
Seulement, Le Crestois et les pétitionnaires n’insistent pas assez sur le problème principal de cette guérite grise. Au delà de sa mocheté et de son emplacement pas terrible, le plus enquiquinant est plutôt le fait que l’accès aux jardins du bas de la Tour deviendra de fait privatisé, réservé aux heureux visiteurs ayant payés cette nouvelle sorte d’octroi.
Grâce aux lumineuses idées business plan (dignes des macronistes) de la majorité municipale de Crest, allons-nous retourner au moyen-âge, où l’accès aux villes pouvaient être payantes ?
- Montée sur les bas de la Tour de Crest : privatisée !
La ville de Crest étant peu pourvue en parcs publics, il est bien ennuyeux que les gestionnaires privés, avides d’imposer tous les moyens de faire du fric avec l’adoubement municipal, aient décidé sans consultation des habitant.e.s de rendre les jardins de la Tour payants.
Finies les petites balades au pied de la Tour pour profiter de la vue, du bon air, d’un endroit calme et sans bagnoles, de la belle lumière du soir ou du matin.
Les Crestois conserveront sans doute la gratuité d’accès, mais pour ça il faudra vous munir d’une pièce d’identité et d’une preuve de domiciliation, et faire la queue devant la superbe guérite à péage. Super pratique ! Les ressortissants des bourgs voisins devront eux passer à la caisse et raquer.
De plus, un nouveau bâtiment devrait être construit en bas de la Tour pour multiplier les opportunités de business. Et encore un peu plus de béton, et une réduction de l’espace vert disponible...
De fil en aiguille, le patrimoine et l’espace public sont prioritairement dédiés aux friqués et aux touristes !? Les pauvres n’ont qu’à aller déambuler dans les galeries marchandes (elles sont climatisées de quoi vous plaignez vous) ou à contempler sagement leur TV !
Ici comme partout, les petits tyrans à courte vue inféodés jusqu’à l’os aux dogmes du développement et du libéralisme détruisent l’espace public vivant et populaire en profitant des institutions non-démocratiques en place qui leur laissent carte blanche. Les rues sont alors partout transformées en espaces marchands proprets où les passants doivent surtout circuler et consommer, sans trop faire de bruits, entre des magasins et des terrasses privatisées, sous l’oeil des caméras panoptiques (3 de plus à Crest se vante la municipalité maritonienne) et des multiples patrouilles de gendarmes et de policiers municipaux munis d’armes à létalité réduite qui mutilent et tuent les emmerdeurs.
La mairie de Crest a beau causer « frontage » pour inciter à enjoliver les rues (afin surtout d’améliorer l’attractivité touristique et faire grimper encore les prix exorbitants de l’immobilier sans trop débourser ?), on voit que les indésirables, rebelles et autres fêtards sont écartés et découragés par divers moyens légaux ou pressions au profit des touristes solvables et des bourgeois (et aspirants) propres sur eux (Ailleurs, à Nantes, la police noie les fêtards indésirables dans les fleuves..., mais visiblement ça ne choque plus grand monde).
Par ailleurs, les lois implacables de l’économie de marché et de la gentrification se chargent en continue d’écarter les pauvres en douceur et en toute légalité au profit des plus riches et des plus en cour.
Dormez tranquille braves gens, et souciez vous uniquement de la couleur des prisons et des péages qui vous assomment et vous enserrent chaque jour un peu plus.