Dès ses débuts, le mouvement des gilets jaunes s’est en partie distingué d’autres mobilisations sociales par son hostilité envers toute forme de hiérarchie et sa réticence à désigner en son sein des représentants ou des porte-parole. Une telle attitude ne fait pas du tout l’affaire des médias audiovisuels, qui conçoivent en grande partie l’information sur les mouvements sociaux sous la forme rituelle d’interviews de leurs représentants-vedettes, habitués des plateaux. Et si le mouvement social ne produit pas de tels clients, ou pas ceux qui leur conviennent, les médias se chargent eux-mêmes de rectifier le tir [1], avec l’éventuelle complicité active de quelque candidat en quête de notoriété.
L’histoire médiatique toute récente (et pas encore terminée) de Benjamin Cauchy, pseudo porte-parole des gilets jaunes, illustre bien ce phénomène, qui n’est autre qu’un des « pouvoirs des médias » : celui de co-construire puis de promouvoir la visibilité publique de ceux qui seront désignés aptes et légitimes à s’exprimer « au nom de »…
Suite de l’article sur Acrimed : L’irrésistible ascension médiatique de Benjamin Cauchy
Heureusement, l’immense majorité des gilets jaunes n’est pas dupe de ces basses manoeuvres politico-médiatiques destinées à nous faire rentrer à la niche. Notre méfiance et notre rejet tant des politiciens que des merdias s’est renforcée.
Mais on peut craindre qu’une partie des autres français qui regardent encore les merdias se laissent enfumer (complaisamment ou pas) par ces manipulations grossières et récurentes.
Communiquons ces infos et continuons à critiquer les merdias et à rejeter les pseudo portes paroles.
On peut s’organiser sans devenir un parti, un machin mou avec chefs et despotes. Il suffit par exemple de faire régulièrement des assemblées horizontales pour faire émerger l’intelligence collective au fil des discussions (si nombreux.ses, c’est bien de faire parfois des temps en petits groupes), et de choisir plusieurs référent.e.s (et pas un.e seul.e) temporaires révocables pour chaque rôle éventuel (en évitant celles et ceux qui veulent à tour prix le job).