Avec le gouvernement, l’ultra-capitalisme « fascisé » suit son cours - Les gauches vont-elles muter ?

Des actus, remarques, et un message vérité de l’intersyndicale, exclusif !

vendredi 27 septembre 2024

Quelques nouvelles du régime Macron/Barnier/RN et quelques analyses.

Les réformismes de gauche ont été un échec

Vu qu’on est dans un régime autoritaire non-démocratique, l’éviction du NFP au profit d’une coalition d’extrême centre et de droite extrême n’est pas un putsch, c’est juste la continuation du même modèle, en toute légalité.

Il n’y aura pas de "sauveur suprême", d’homme ou de femme providentielle.
Les gouvernements, la délégation de la politique à des militants, élus ou experts, font partie du problème.

Attendre une issue positive via les urnes ou les institutions centralisées et non-démocratiques en place est suicidaire. On ne peut pas gagner un jeu truqué où les règles sont faites sur mesures par les dominants et évoluent au gré des besoins, où les "gendarmes" chargés de faire appliquer ces règles agissent au bon vouloir des dominants.
Attendre et suivre les consignes provenant des états majors des partis et des syndicats, c’est être voué à l’échec et à la reconduction du même système, au mieux un peu réarrangé.
On ne peut pas se dégager de la fange en restant dans les mêmes cadres de pensée que l’ennemi et que le système en place qui lui va si bien.

Les réformismes de gauche ont été finalement et globalement un échec. Les petits pas des petites améliorations sociales via l’acception de la guerre économique capitaliste généralisée, de l’Etat totalitaire et de la non-démocratie où la politique est déléguée à des oligarques a contribué à faire advenir un régime néofasciste, de gigantesques catastrophes écologiques et climatiques, une précarité et une misère sociale et matérielle, une résignation et une absence de perspectives.
Les "conquis sociaux" sont de plus en plus rapidement détruits par les droites et pour les besoins du capitalisme et de l’Etat, sous prétexte de compétivité ou d’austérité budgétaire. Le capitalisme et les hiérarchies oligarchiques se sont "naturalisés" et incorporés dans les cerveaux devenus souvent disponibles aux idéologies bourgeoises et méritocratiques.

Les peuples veulent-ils juste se satisfaire de quelques miettes hypothétiques, de plus en plus racies et obtenues au prix du sang, ou veulent-ils tout revoir ?
On ne pourra donc pas s’en sortir avec une resucée du réformisme de gauche, même relooké ou adoptant des accents formels plus offensifs.

Idem sur le plan des moyens de lutte : on ne combat pas "l’armée du Mordor" avec principalement des plumeaux et des "1-2-3 soleil".

Les droites sont comme un poisson dans l’eau évidemment dans le modèle de société en place, ça aide bien, et elles se sont données les moyens de leur hégémonie.
Les gauches vont elles muter et se mettre raccord avec la situation réelle ? Il ne s’agit pas d’utiliser n’importe quel moyen, mais de changer d’objectifs, stratégies, tactiques et modes d’actions. Muter ou périr ? Se transformer radicalement ou disparaître, devenir résiduel ?
Viser d’autres perspectives que la décomposition, la fabrication de la défaite et l’acceptation des pires régimes qui maintiendraient les illusions et un mode de vie (en mode dégradé malgré tout) socialement et écologiquement insoutenable.
Pour commencer, créer un "milieu", une "culture" plus favorable, autre qu’une variante de l’idéologie dominante ou qu’un réformisme tiède qui est peu mobilisateur/stimulant.

Avant la journée du 1er octobre, communiqué exclusif de l’intersyndicale :

Camarades, chers amis,

Nous pensons qu’il est temps de parler vrai, de sortir des mensonges et du déni.
Nous prenons donc acte solennellement de notre impuissance structurelle concernant les grands dossiers nationaux.
Comme nous, directions syndicales, ne voulons pas porter le projet d’une grande grève générale dure et que la plupart de nos adhérents et des salariés n’y sont pas prêts, nous nous cantonnons comme vous le savez à des actions symboliques pour la forme (sauf certaines sections minoritaires qui ravivent parfois la flamme) et pour faire vaguement croire à un semblant de contestation et de contre pouvoir. Il faut bien aussi qu’on justifie nos salaires et vos adhésions.
Mais nous savons bien que nous faisons juste de la figuration, nous nous contentons de quelques petites miettes, si le gouvernement est sympa et veut bien nous les jeter par pitié et charité (ou pour faire croire qu’il y a un peu de contre-pouvoir).
Localement, nous pourrons peut-être apporter quelques améliorations ponctuelles aux travailleurs dans certaines entreprises, mais ne comptez pas sur nous (sur vous) pour de vraies inflexions au niveau national sur les grands sujets.

Comme nous (vous aussi pour la plupart) ne remettons pas franchement en cause le capitalisme et son système industriel écocidaire et anti-social, pas plus que l’étatisme et ses institutions non-démocratiques autoritaires, nous nous sommes depuis longtemps de toute façon cantonnés à du réformisme supercifiel qui ne s’attaque jamais aux sujets de fond. Vu l’intransigeance dominatrice du bloc bourgeois et vu notre faiblesse, ce réformisme s’est réduit à peau de chagrin.
Nous serons toujours là malgré tout pour occuper le terrain et faire illusion, mais en même temps nous parlerons un langage de vérité, pour mettre chacun.e face à ses responsabilités (nous aussi) et à la réalité de la situation.

Bon courage
Bisous, portez vous bien, prenez soin de vous.
L’intersyndicale (CGT, Solidaires, FSU...)

Interrègne, Partie II - La gauche dans le marécage

(voir aussi sur Putsch Macron/Barnier : remplacer la décomposition inévitable du système par autre chose que le RN et l’autoritarisme au carré ?)

- Interrègne, Partie II - La gauche dans le marécage - Groupe Révolutionnaire Charlatan

Il y a deux semaines, le Groupe Révolutionnaire Charlatan proposait une analyse de la séquence politique nationale actuelle, soit l’Etat des lieux d’une décomposition. Dans cette seconde partie, il est question du NFP, des illusions de gauche et de ces espoirs qui, toujours, font survivre : « si tout le monde acceptait de voir la situation pour ce qu’elle est, il y aurait un cartel d’illusions perdues, comme au début du millénaire, plutôt qu’une grosse mystification confortable. »
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A gauche : Faibles doses de victoire, fortes doses de déni
Les fantasmes et les rêves coupables des électeurs de gauche ne se révèlent jamais aussi pleinement que dans les demi-succès arrachés de haute lutte. Leur euphorie, à l’annonce des résultats du second tour des législatives, cache un déni existentiel. Le vote a été ce qu’il devait être : un geste démocratique impuissant, tout juste bon à prolonger la fuite en avant émotionnelle de celles et ceux qui croient encore aux miracles, qui croient encore qu’une brochette de professionnels providentiels de la politique viendra résoudre leurs problèmes à leur place.
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on préfère s’acharner dans l’illusion d’un « Premier Ministre de gauche » qui viendrait jouer le rôle du président et assumer la fonction de sauveur de la démocratie libérale-progressiste à la place des masses. En attendant, le NFP répète les mêmes erreurs que le Front Populaire historique ; en rouvrant précipitamment le cercueil du PS juste avant sa mise en terre finale, et en achevant de s’empêtrer dans des querelles internes, des positions confuses et des trahisons opportunistes, ce pseudo-succès géré de manière catastrophique risque surtout de donner un vernis supplémentaire de légitimité républicaine à une future victoire du RN.
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Ces gens qui ont si bien renoncé à toute forme de combat retrouvent à chaque revers les chemins de la défaite : le canapé, les petits montages vidéos indignés, la grève de la rentrée. Ce ridicule a pris toute son ampleur dans la dénonciation pathétique du “coup de force” de Macron, comme s’il n’avait pas fallu se battre dans la rue, dans toutes les démocraties, pour rendre tenable une victoire de la gauche dans les urnes.
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Qu’on ne s’y trompe pas : l’alliance effectuée entre Macron et Le Pen signifie que toute perspective de cohabitation avec la gauche est définitivement interdite aux élites de gouvernement du système, et seulement ça. Tout le reste peut partir à l’eau à la première tempête : vote du budget, augmentation des impôts, mouvement social explosif. L’éléphant fasciste est dans la pièce, désormais arbitre de Matignon en lieu et place du centrisme autoritaire piétiné par son chef ; et il est désormais publique que la droite préfère Hitler que le Front Populaire. Mais l’avenir de l’alliance Macro-Lepéniste est tout à fait incertain, l’équilibre s’effectuant simplement aujourd’hui contre le NFP, jusqu’à la prochaine crise.

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Un régime pourri peut subsister longtemps sans atteindre son point de rupture ; après tout, beaucoup de constitutions ont été pratiquées n’importe comment dans le monde, et on pourrait penser que la France accentue simplement son aspect de “démocrature gaullienne”. La différence fondamentale étant qu’ici, les conditions de l’exercice du pouvoir sont devenues intenables face à la crise budgétaire, aux perspectives économiques à moyen-terme et à la crise sociale qui peut surgir à tout moment. A terme, ce jeu dangereux auxquels les différents blocs s’adonnent tour à tour prépare les conditions d’un changement de régime réalisé par les pires personnages possibles. Le centrisme autoritaire s’accroche au pouvoir et l’extrême droite triomphante toque à sa porte, pendant que la droite se satisfait de régner sur la décomposition ambiante et que la gauche, se parant de vertu et d’idéalisme, s’apprête pour le prochain sacrifice rituel qui verra son sang arroser l’avènement du nouvel ordre. Quand on aura usé jusqu’à la moelle les tentatives d’union et les déclarations geignardes, se révolter ne sera plus que le geste désespéré des mauvais joueurs n’assumant pas de perdre à ce jeu auquel ils ont tant voulu jouer. Il n’y a pas pire perspective qu’une révolte désespérée “pour la démocratie”, appropriée par les partis réformistes au nom de la restauration d’un ordre parlementaire bourgeois. La victoire d’une telle révolte serait la victoire d’une modernisation avec le faux-nez de la social-démocratie et sa défaite, bien plus probable, le prétexte idéal à l’instauration d’un fascisme de transition, d’une modernisation par la société de contrôle intégral, cybernétique ou policière.

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Si le péril du lepénisme au pouvoir dépasse de loin celui du macronisme, si le fascisme est aux portes, pourquoi ne pas assumer qu’un combat final dans la rue devrait avoir lieu et s’organiser en conséquence ? Tout simplement parce que l’alarmisme a pour fonction de sidérer, de paniquer, de faire planer un risque trop grand pour être calculé, et donc de pousser à considérer qu’il faut jeter toute son énergie dans la dernière chance de salut… les élections.
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La crise a atteint le stade où la gauche modérée et libérale ne peut même plus prétendre trahir son programme pour gouverner dans une coalition centriste, cette option étant lourdement minée des deux côtés, par le centre comme par la gauche. C’est là que la machine insoumise se grippe : sans projet de société radicalement différent de celle existante, elle fait passer pour une “rupture” la perspective d’une rectification et d’une meilleure gestion de celle existante. Certes, les imaginaires changent, et il serait bien présomptueux de postuler qu’aucune mobilisation pour un changement de la vie ne saurait émerger d’une victoire de la gauche. Mais il faut toujours marteler la condition sine qua non d’une telle irruption : elle n’est possible que si l’optimisme, ne se bornant pas à l’apologie et l’exaltation des forces progressistes existantes, se fixe comme objectif de les dépasser et de les contraindre ; en d’autres termes, si l’optimisme laisse place à l’organisation et à l’action, à la réalisation immédiate des idéaux qui mette la gauche devant le fait accompli et l’oblige à l’entériner coûte que coûte.
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Les Insoumis, plus démagos que jamais, dénoncent désormais un scrutin volé, un rapt démocratique, un putsch macroniste, avec toute la tirade habituelle : plutôt que de reconnaître le résultat et se battre à partir de cette brèche, ils geignent et s’indignent. Plutôt que faire un état des lieux et formuler une stratégie, ils transforment à nouveau la situation en bataille d’opinion qu’ils alimentent de grandes déclarations, étouffant un peu plus les possibilités d’organisation concrète.
(...)
Pour le dire autrement : la force de LFI, c’est sa capacité à faire coaguler la fausse-conscience de gauche, dans ses différentes variantes. C’est un amalgame des faiblesses et des chimères de la vieille gauche, une armure sous laquelle réunir toutes les catégories de la population qui feraient une décompensation brutale s’il n’existait pas une force politique de ce type vers laquelle se décharger de toute responsabilité. Tout l’aspect démobilisant de LFI, en premier lieu son besoin de classer toutes les questions derrière celle plus large des élections, peut se résumer à cette caractéristique de synthèse de la décomposition.

Entre la figure de son chef et le profil de ses lieutenants carriéristes, la nature vulgairement populiste du mouvement et les airs pseudo-révolutionnaires que revêt son souverainisme, mais plus encore la répétition des vieilles illusions de la gauche marxiste ou social-démocrate accolées aux théories post-modernes à la mode : le vote Mélenchon représente une voie de sauvetage à la fois pour les boutiquiers de gauche qui ne vont pas au bout de leur radicalité, les vieux pas encore consumés par leurs illusions, les anciens militants donneurs de leçons, les électeurs déçus du PS, certains habitants des quartiers populaires, et toute l’intelligentsia de gauche - professions culturelles et compagnie.

Bref, plusieurs variantes de personnes encore satisfaites : les gens pour qui ça roule mais pour qui ça pourrait aller mieux, qui sont plus ou moins bien insérés dans le système mais sans espoir d’amélioration de leur condition à moyen terme ; les gens qui pourraient attendre de l’État un surplus économique leur permettant d’atteindre la classe moyenne ou la petite propriété, qui voient à leur niveau ce que des subventions supplémentaires, des thunes pour leur mairie, des allocs pour leurs gosses qui veulent faire de bonnes études ou encore des projets culturels subventionnés permettraient en termes d’ascension sociale. D’autres votent pour un surplus moral, pour se décharger du poids d’une conscience parcellaire des problèmes du monde. Tous ces gens qui ont voulu changer les choses mais n’en ont plus la l’énergie, l’âge ou l’envie, et qui sont de toute façon dans des situations enviables aujourd’hui. Le vote Mélenchon est ici le vote de ceux qui souhaitent des professions agréables et un cadre de vie préservé, quelques nouveautés progressistes, et le tout si possible sans trop d’efforts. Bref, que tout change pour que rien ne change
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Le "bloc" électoral de gauche est une foule de solitaires cloisonnés derrière les murs dressés par l’idéologie et les conditions de la survie organisée sous le capitalisme. Tant que les murs ne seront pas tombés, ces personnes échoueront à se retrouver et à formuler une doctrine commune qui dépasse la pensée magique du vote. Tant que ces murs, si lourds et pesants, resteront debout, le "peuple de gauche” ne sera que ce troupeau d’imbéciles inquiets, convaincus qu’il suffit d’être en colère pour être cohérent.
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Conscience-zombie réformiste, qui pousse les classes d’encadrement à toujours demander un État social, mais sans aucun substrat militant pour porter cette revendication. Conscience-zombie révolutionnaire de la jeunesse et de l’extrême gauche, réduites à aligner des formules idéologiques creuses et à ravaler la façade de doctrines périmées. Conscience-zombie syndicaliste, qui s’accroche à son monopole post-stalinien sur la lutte des classes et le monde ouvrier, et qui enchaîne les combats sectoriels et défensifs sans pouvoir renouer avec l’ancien esprit de conquête sociale. Nous vivons bien à l’époque de la conscience collective réduite à son état larvaire, dépossédée de fonction créatrice, condamnée à défiler au pas cadencé, à pousser des râles absurdes et à remplir des pancartes avec les déchets de sa pensée ; ces gens ne se croient conscients que par simple comparaison d’avec le spectacle plus désolant encore de l’idéologie de droite.
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Les poncifs et les mots fétiches s’enchaînent comme s’il suffisait de répéter « populaire », « lutter » ou « solidaire » pour provoquer une réaction à la hauteur de l’enjeu. Une décennie de démobilisation des forces politiques du pays et de réduction systématique des discours et des programmes à une expression démagogique, a totalement fracturé la capacité à se mobiliser en dehors des manifestations syndicales et de la temporalité des scrutins. S’il a fallu se convaincre, à chaque occasion, que voter était utile et pouvait réellement résoudre nos problèmes, c’était au prix de tout ce que l’action politique avait d’autre à offrir.
(...)

L’accumulation des différentes formes de fausse conscience, autant que la matérialisation dans l’imaginaire collectif des formes sociales du capitalisme tardif, se dévoilent ici : plus personne ne sait quoi faire, plus grand monde ne fait quoique ce soit, et quiconque fait l’effort d’essayer de réfléchir à sa capacité d’agir ou à l’agir collectif de son groupe, bute sur des abstraction. Le vote, comme réalisation d’une abstraction, devient alors le point de cristallisation de cette dépossession totale de l’agir
(...)
En bref, dans la naturalisation présente des rapports sociaux, s’impose un sentiment d’impuissance totale, renforcé par l’omniprésence de la médiation marchande des rapports sociaux. Cette médiation s’impose à gauche comme ailleurs, où le happening, les réseaux sociaux et tout le reste de la culture publicitaire ont achevé de s’imposer en lieu et place de la formulation critique (même idéologique) d’un ensemble d’idées sur la société. Dans ce cadre, les gestes concrets - l’émeute, la formulation d’idées, l’organisation même sans ambition - sont vécus comme des gestes “abstraits”, c’est-à-dire privés de signification finale, et qui ne contiennent pas l’aspect transformateur pour l’individu que les idéologies individualistes modernes suggèrent de rechercher dans toute interaction. Tandis que le geste abstrait, c’est-à-dire plié à une idée dont la puissance est déterminée par l’adhésion collective au consensus - cela marche pour le vote comme pour le prix -, paraît être devenu le dernier refuge du concret. Cette inversion réelle est le liant déterminant des différentes fausses-consciences de gauche, qui se manifestent à travers milles et uns phénomènes.
(...)
Méga-incendies, dérèglement climatique, inflation, montée de l’extrême droite en Europe, enfermement criminel des demandeurs d’asile, mesures d’austérité, guerres pour les ressources dans des pays lointains : ce n’est encore que le début. Que deviendront tous nos alarmistes, tous nos « éveillés » aux problèmes du monde, quand ces problèmes poseront sérieusement la question d’une remise en cause de leur mode de vie ? Les donneurs de leçons et les moralisateurs sont avant tout des sous-bourgeois, des salariés-consommateurs nombrilistes pour qui la défense des causes vertueuses est surtout une manière d’affirmer leur propre moralité. Depuis les Comités Vietnam jusqu’aux délires quasi-sectaires d’Extinction Rébellion, cette face de la gauche a toujours existé, composée de ces gens qui n’ont pas que leurs illusions à perdre, mais qui s’en trouvent toujours de nouvelles, pour mieux sauvegarder leur routine aliénée. En limitant le devoir de résistance à quelques actes symboliques - pisser sous la douche, manifester une fois par mois, et autres sermons bien connus et déjà critiqués - on conditionne au renoncement, à l’acceptation de la défaite, et donc au retour à la « normale ».Une fois que la planète commencera à cuire pour de bon, l’éco-anxieux moralisateur pourra admettre, cette fois pour de vrai, que tout cela est au-dessus de ses capacités et qu’il ne lui reste plus qu’à profiter de sa chance d’être dans un pays plutôt protégé. Le fascisme de notre temps ne trouvera pas ses meilleurs collaborateurs dans les masses de paupérisés en proie à l’hystérie raciste : le bon client restera toujours celui qui a quelque chose à perdre de sa routine compensatoire. Les consommateurs anxieux et les bourgeois randonneurs d’hier seront les premiers à savoir profiter des bienfaits d’un État fort, gestionnaire du désastre - ce qu’ils ont au fond toujours cherché.
(...)
Tout cela revient à montrer de quelle manière une critique incomplète de la société moderne, qui ne se porte pas vers la totalité de ses catégories, dérive rapidement en une simple défense du droit d’un groupe de consommateurs.
(...)

Ce que nous voulons dire, en définitive, c’est que nous sommes confrontés à un risque bien réel : la barbarie fasciste, la société de contrôle cybernétique intégrale, et nous voyons bien le point de convergence entre les affects qui se formulent à droite, et le vide à gauche construit sur la même dépossession. Et sans bousculer cette inertie psycho-sociale, tous ces gens qui luttent ou voudraient bien lutter contre l’avènement d’une société fasciste aujourd’hui, auront trop à gagner à se satisfaire du consensus dans le futur - la fabrique du collaborateur se situe donc autant à gauche qu’à droite, dans la formulation d’idéologie de crise et dans le prolongement de la dépossession.
(...)
La troisième et dernière partie de cette analyse essayera de prolonger cet examen vers la frange de la société qui s’estime radicale, pour qu’elle devienne le lieu de tous les possibles, plutôt que l’ultime impasse du sentiment de révolte.

DIVERS

  • Gouvernement Barnier : mais qui sont tous ces tocards ? - Enfin, Michel Barnier a réussi à former son gouvernement, deux mois et demi après les élections législatives qui avaient placé la coalition du NFP en tête. Le résultat est à la hauteur des craintes qu’on avait : la liste de ministres annoncée ce samedi doit faire peur à tout le monde, à part les grands bourgeois dont les intérêts sont renforcés. Mélange de vieux briscards du RPR et de fidèles de Macron, ce gouvernement n’est là que pour assurer le fragile équilibre qui vise à éviter la censure du RN et à satisfaire les injonctions de la Commission européenne à réduire le déficit, sans pour autant augmenter les impôts des riches. Petit tour d’horizon de ces hommes et femmes sans qualité, dont le point commun est l’absence d’égard pour la population qu’ils sont censés gouverner et leur mépris des droits des femmes et des minorités. Un pas supplémentaire est franchi, par rapport aux précédents gouvernements, sur la pente du macrolepénisme, en témoigne notamment le nombre impressionnant de ministres opposés au mariage pour tous et à la constitutionnalisation de l’IVG.
  • « C ce soir », conformisme bourgeois et illusion démocratique - En septembre, c’est le grand retour des émissions d’idées et de débats, à l’image de « C ce soir » sur France 5. Une émission bourgeoise et conformiste qui en dit long sur notre rapport à l’audiovisuel public et à sa longue déchéance éditoriale.
  • Comment Macron a pillé la France - “La situation budgétaire que je découvre est très grave” : la sortie du Premier ministre issu du Coup d’Etat institutionnel de Macron est un classique des gouvernements bourgeois. Dramatiser la situation financière du pays permet de légitimer par avance des politiques de destruction des services publics. Déjà en 2007, le premier ministre de Nicolas Sarkozy, François Fillon, le disait “je suis à la tête d’un État qui est en situation de faillite”… et ce alors que lui-même faisait partie du précédent gouvernement, sous Jacques Chirac. Tous ces gens au commande du pays depuis trente ans s’accusent mutuellement des déficits publics, s’en déresponsabilisent et surtout les exagèrent pour alimenter leurs politiques antisociales. Mais ce coup-ci, les faits sont là : de l’argent a été massivement dépensé durant 7 ans, creusant considérablement la dette publique. Or, cet argent n’a pas servi à améliorer nos conditions de vie, par exemple via des services publics de qualité. Au contraire, ils se sont considérablement dégradés. Alors où est passé l’argent ? Puisque le journalisme mainstream à la mémoire courte, retour chronologique sur les principaux vols commis par le macronisme en 7 ans, où l’argent est passé de nos poches à celles des possédants.

- NOTE : En réalité, l’option vivable, ce n’est pas de faire passer l’argent des poches sans fond des possédants aux nôtres (ça ce n’est qu’un pis aller, au mieux une mesure d’urgence temporaire), c’est de brûler l’argent, de détruire le système capitaliste qui nous enchaîne à l’argent et au travail, de démanteler cette machine économique qui fabrique de l’argent en détruisant les humains, la vie sociale, la biosphère et tous les vivants, le climat et l’avenir, d’en finir avec le règne de l’Economie.
Car le capitalisme/productivisme et son argent, c’est la ruine et le sang partout, que l’argent aille majoritairement vers les actionnaires ou à l’inverse vers les prolétaires.

Avec le gouvernement, l’ultra-capitalisme « fascisé » suit son cours - Les gauches vont-elles muter ?

LE RN DEMANDE, LE GOUVERNEMENT OBÉIT

Deux anecdotes survenues ces 24 dernières heures en disent long sur l’extrême droitisation de nos dirigeants. En France désormais, on trouve au sommet de la hiérarchie politique le Rassemblement National, qui donne ses ordres aux ministres, qui lui obéissent.

Par exemple, le tout premier acte du nouveau Ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau aura été d’accepter la demande d’un élu l’extrême droite, et de s’en prendre à un élu de gauche pour le censurer.
Lundi 23 septembre au soir, l’ancien policier et eurodéputé Matthieu Valet fait le fier sur la chaîne LCI : il déclare qu’il a croisé le nouveau ministre de l’Intérieur en bas des studios, et qu’il lui a « demandé de déposer plainte contre l’élu Raphaël Arnault ». Ce député insoumis avait dénoncé les violences policières commises en Kanaky, inacceptable pour Matthieu Valet, porte parole d’un syndicat policier d’extrême droite et coqueluche des médias de Bolloré depuis des années.
Le lendemain, mardi 24 septembre, le Ministre de l’Intérieur intervient sur la chaine d’extrême droite Cnews, et martèle qu’il se mettra « en travers de la route » de tous ceux qui dénoncent la police. Il ajoute qu’il a saisi le procureur contre Raphaël Arnault, et qu’il poursuivra « à chaque fois » ceux qui s’en prennent verbalement aux forces de l’ordre. En quelques heures seulement, l’extrême droite a ordonné et le nouveau gouvernement a obéi. Et le pire, c’est que tout cela est assumé, par tweets et interviews interposées.

Deuxième anecdote, le nouveau Ministre de l’économie Antoine Armand a naïvement déclaré à la radio que sa porte resterait fermée aux élus lepénistes, et a ajouté que « le RN n’est pas dans l’arc républicain ». Immédiatement, non seulement le ministre a été désavoué par Michel Barnier, mais le premier ministre en personne a appelé Marine Le Pen pour lui présenter ses excuses ! "Encore une comme ça et dehors" aurait crié Barnier à son Ministre selon Europe 1. Interdiction de critiquer le RN, sous peine d’être viré. Ça marche comme ça désormais.

C’est bien la famille Le Pen qui est aujourd’hui au pouvoir, conformément au souhait de Macron lorsqu’il a dissout l’Assemblée au début de l’été.

Avec le gouvernement, l’ultra-capitalisme « fascisé » suit son cours - Les gauches vont-elles muter ?

Le RN est au pouvoir, et c’est le RN qui le dit

Le nouveau gouvernement, c’est l’extrême droite qui en parle le mieux.

Le 25 septembre, le porte-parole du Rassemblement National, Laurent Jacobelli, expliquait tout sourire sur France Info : « Bruno Retailleau a très bien appris notre programme, il le récite à la perfection et pratiquement à la virgule près, je ne vais pas dire que ça ne nous satisfait pas. » Il oublie une chose, Bruno Retailleau a toujours été du même bord que lui, puisqu’il a commencé sa carrière politique dans un parti d’extrême droite vendéen.

Jacobelli poursuit : « Ce qui nous inquiète c’est son entourage, c’est M. Migaud à la Justice […] l’autre grande inquiétude c’est le ministre des affaires étrangères, qui est un européiste et un universaliste. » En clair, le RN est satisfait du gouvernement, mais se plaint que le coup d’État ne soit pas total, et que Macron n’ait pas encore offert l’intégralité des postes à des ministres ayant les mêmes idées que le RN.

Jacobelli conclut : « Nous sommes des pragmatiques, si demain il y a un projet de loi qui vient du gouvernement et qui reprend nos mesures, nous le voterons. Sinon nous serons patients, et nous le proposerons nous même aux français, après la prochaine dissolution, qui nous l’espérons arrivera très vite ».

On l’a compris : il n’y aurait aucune différence si le RN était arrivé en tête des élections en juillet et si Bardella avait été nommé Premier Ministre, comme le souhaitait Macron. Bardella aurait d’ailleurs sans doute lui aussi nommé quelques ministres « d’ouverture » issus du camp macroniste. Le gouvernement serait donc globalement identique.

Enfin, si, il y aurait une grosse différence : il y aurait probablement plus de luttes sociales, les Jeux Olympiques ne se seraient pas déroulés comme sur du velours, et les directions syndicales ne seraient pas dans le coma depuis 3 mois. D’une certaine manière, c’est donc même pire, sans parler du non-respect du résultat des urnes, qui crée un précédent gravissime. À présent, le RN ne cache même pas son désir d’une nouvelle dissolution, qui pourrait arriver dès l’été prochain, qui lui permettrait cette fois de triompher pour de bon et de bénéficier de tous les leviers du pouvoir.

Laurent Jacobelli incarne à merveille l’imbrication entre le monde des médias, celui de l’argent, et celui de l’extrême droite. Il a été contrôleur de gestion à TF1 de 1994 à 1998, puis directeur des programmes de TV5 Monde – donc le service public – de 2005 à 2008. En 2009, il est secrétaire général de Zodiak Kids une entreprise française de production audiovisuelle appartenant au groupe Banijay, qui produit de nombreuses émissions de télé-réalité ou encore l’émission d’Hanouna, et qui a pour actionnaire Bernard Arnault. C’est le monde médiatique qui amène le RN au pouvoir, et le monde médiatique qui fait corps avec le RN. Sur les plateaux télé, le porte-parole du RN discute presque avec ses collègues.

Dans le grand n’importe quoi ambiant, Laurent Jacobelli, peut raconter n’importe quoi dans les médias sans être jamais contredit. Par exemple, il déclarait le 17 juillet sur LCI : « aujourd’hui l’extrême droite s’appelle la France Insoumise ».

Le 13 octobre 2023, Laurent Jacobelli proférait des propos racistes au député Renaissance Belkhir Belhaddad : il lui demandait « Il va bien le Hamas ? » puis, quand ce dernier lui avait répondu, Laurent Jacobelli répliquait « Joue pas ta racaille ». Il n’avait pas vu qu’il était filmé.

Le même mois, à l’Assemblée, il demandait au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin de dissoudre les « mouvements antifas », notamment à Rennes, où un meeting d’extrême droite avait été empêché par une mobilisation antifasciste un an plus tôt. Quelques jours plus tard, Darmanin lui avait obéi et prononçait la dissolution du groupe rennais Défense Collective.

Comme Retailleau, l’ancien ministre de l’Intérieur avait lui aussi « très bien appris » le programme du RN.

NOTE : le député RN Jean-Philippe Tanguy et le transfuge Eric Ciotti disent également que Retailleau reprend le programme du RN à l’identique.

(postés par Contre Attaque)

Réunion de préparation manif 1er octobre 📣

A Toulouse, des personnes s’organisent hors des méthodes et objectifs voués à l’échec des gauches réformistes :

▶️ Mardi prochain à l’appel des syndicats : « match retour contre la réforme des retraites ». Cette fois le mot d’ordre s’affiche clairement : le but n’est plus d’imposer un rapport de force qui avait échoué à gagner lors des mobilisations d’il y a un an mais d’obtenir une abrogation de la réforme par un vote des députés.

On se fait rouler dessus par le capitalisme, la vie n’à jamais été aussi chère, les espaces de libertés aussi réduits ; bref c’est l’étouffement généralisé. Et la gauche, que ce soit en partis ou syndicats, nous sort encore la grosse douille de la réforme, des « voies démocratiques ». Gratter des miettes insuffisantes qu’ils n’arrivent de toute façon même plus à négocier !

🌊Ce dont nous avons besoin, c’est de se soulever contre ce système dans son ensemble, abattre le capitalisme et l’Etat !
La révolution est à construire et ça se passe ensemble, dans la rue, au travail, face au patron, au proprio, à la police, dès maintenant. Nous n’avons plus le temps d’attendre la vague révolutionnaire, il faut la préparer.
(...)


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