Acte II du quinquennat

l’horizon s’obscurcit

mercredi 12 juin 2019, par Etienne.

« Chacun a compris l’importance de l’écologie » affirme Maltese 26 de la liste Ensemble pour Crest, dans les colonnes de Ricochets . Une affirmation que confirme Edouard Philippe, premier ministre, ce mercredi devant l’assemblée nationale. « Plus personne aujourd’hui n’a le monopole du vert ».
Et le premier ministre, ex-cadre d’Areva, de continuer : « Je ne suis pas un défenseur de la décroissance, je crois en la science et je voudrais que nos décisions soient davantage éclairées par elle. ».

Personnellement je ne suis pas capitaliste et ne crois pas au jambon beurre. Quel rapport ? Aucun.
Quel rapport entre croissance et science ? L’obscurantisme. La science n’est pas une croyance, un credo : c’est un doute, un outil et une pratique. Mengele torturait scientifiquement parce qu’il croyait à la supériorité de la « race » aryenne. La science n’est pas une philosophie : elle n’en est que l’adjuvant. Elle est parfaitement miscible dans la superstition.

Je tiens à la liberté d’acheter mes chemises à Hong Kong

Ne mélangeons pas credo et science. Edouard Philippe aurait pu rappeler l’un des tout premiers mots de la profession de foi d’En marche : le Progrès. Les marcheurs croient au Progrès. Un progrès de technicien, un progrès d’ingénieur, un progrès d’économiste, un progrès de riche : « Je tiens à la liberté d’acheter mes chemises à Hong Kong, répondait je ne sais plus quel microcéphale à Bruno Clémentin, un Casseur de pub, sur les ondes de France culture. Toujours plus : plus de technique, plus de gadgets, plus de croissance, plus d’ordures, plus de misère, plus de guerre (bientôt le troisième) : tout cela grâce au progrès, à leur progrès…avec qui sait, Dieu au bout, l’homme enfin l’égal du Père, maître de tout : l’illusion d’un cerveau bien petit incapable d’apercevoir ses propres limites, qui confond le cuir de ses œillères avec l’horizon. Jamais l’humanité n’est tombée si bas qu’avec le Progrès ! Hochet infantile du vieux monde !

« En novembre dernier, continue l’ex-maire du Havre, nous avons rencontré la colère. [...] elle nous rappelait à notre promesse de promouvoir le travail… » D’où vient ce mythe que l’homme aimerait le travail ?
Jamais l’humain n’a autant travaillé. Pour le pire. Conséquence directe : jamais l’humain ne s’est si mal porté, jamais la planète n’a tant souffert. Or le travail est comme Janus : doux aux rares riches ou puissants (l’otium, le travail créatif qui change le monde), qui le monopolisent, pour ne laisser à la masse que le travail aliénant, la torture quotidienne (le tripallium) qu’inventa le capitalisme, et singulièrement Taylor, pour le malheur du plus grand nombre. Le travail : un autre mot pour dire exploitation, injustice, accroissement des profits, destruction de la planète, désespoir. A quand le retour au XIXe siècle, les journées de 16 heures, sans repos jamais ? A quand le retour des bottes de métal (rapport Villermé de 1840) pour empêcher les petits enfants de tomber de sommeil devant les machines. A quand la régression vers les extraordinaires taux de mortalité infantile de la première industrialisation, supérieur même à ceux connus par les tribus sans médecine (dit taux naturel) ? Voilà leur progrès. Derrière toute leur logorrhée, une seule crainte : perdre le pouvoir.

Gilets jaunes ? C’est quoi ça ?

Alors, diminuons les impôts, propose Edouard. 27 milliards. Encore raté : la moitié des Français ne paie pas l’impôt. Ou plutôt paie au taux de 20 %, celui de la TVA. Mais ce dernier sans abattement, sans niche fiscale, dès le premier euro, même si les enfants ne bouffent que des patates. Gilets jaunes ? C’est quoi ça.
Allons Edouard, allons Emmanuel : vous appartenez à une ère révolue. Le futur vous échappe. Vous ne reproduisez que les ornières d’un vieux monde périmé, dont le dogme s’appelle science. Ou plutôt scientisme. Car à l’heure des sciences du complexe, du vivant, du discontinu, vous en êtes encore à Copernic.
Mais, il faut le reconnaître : vous savez, telle l’Universelle areigne [1] que régner, c’est promettre ce que l’on ne peut donner.

Notes

[1Louis XI, bien connu dans nos parages dauphinois


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