Joseph Andras et Kaoutar Harchi ont ceci de commun qu’ils font de la littérature un instrument politique, chacun à leur manière. Ils font perdurer une certaine idée de la gauche, celle qui porte l’inquiétude de son propre échec, celle qui essaye de ne pas plier sous le sentiment de l’inutilité, celle qui tire son engagement des réalités matérielles et non des abstractions théoriques. Les deux écrivains, qui ont fait connaissance via leur éditeur commun, Actes Sud, souhaitaient écrire ensemble un article, voire un livre, sur la littérature et l’engagement politique. Ils ont choisi Frustration Magazine pour amorcer cette réflexion, sous la forme d’un dialogue. Ils nous parlent ainsi des classes sociales, du racisme, du communisme, et au milieu de tout cela, du rôle de l’écriture et de l’espoir porté par les Gilets Jaunes. Aujourd’hui, nous publions la première partie de cet échange ; elle est consacrée à la notion de transfuge, qui nie les rapports sociaux de race. Nous mettrons en ligne chaque semaine la suite de cet entretien en cinq parties.